Archives Marguerite Audoux

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Lettre de Marguerite Audoux à Antoine Lelièvre

Auteur(s) : Audoux, Marguerite

Description
Sur la vente de Marie-Claire, le temps qu'il fait et Saint-Jean-sur-Mer

Texte

LE GRAND JARDIN

SAINT-JEAN-SUR-MER

(ALPES MARITIMES)[1]

[10 février 1911]

Cher Monsieur,
Votre lettre m'a causé un très grand plaisir, un peu à cause des renseignements que vous me donniez sur la vente de mon livre[2], et beaucoup parce que j'ai eu l'impression que je bavardais tranquillement avec vous de toutes les choses dont vous me parlez. Je trouve tout de même étonnant que Marie‑Claire ait un tel succès de vente. On dirait même que les libraires tiennent à le vendre de préférence à un autre. Je n'entre pas ici chez un marchand de bouquins sans qu'on m'offre aussitôt ce livre. Hier j'achetais des cartes postales à la porte d'un petit magasin ayant une demi‑douzaine de livres en vitrine[3]. Vite, le marchand sort et m'offre Marie‑Claire. Comme je faisais un geste de refus, il dit : « Vous connaissez, sans doute ? » Et moi j'ai répondu : « Oui, je connais même très bien ! » Mais j'en suis restée émotionnée pendant quelques instants, tout comme si j'avais dit un gros vilain mensonge.
Le temps n'est pas très beau ici, et le pays a quelque chose de factice qui me donne souvent de la tristesse. Pourtant, le grand jardin est plein de citronniers et d'orangers qui s'affaissent sous le poids des fruits. L'allée qui conduit à notre maison est bordée de deux haies pleines de roses. La mer change de couleur chaque fois qu'un nuage se déplace. Je regarde tout cela en me disant que c'est très beau, mais je n'en ai aucune joie. Je pense parfois que je dois être une créature bien difficile à contenter.
Au revoir, cher Monsieur.
Croyez à ma sympathie affectueuse.

Marguerite Audoux


[1] En‑tête surmonté du dessin d'un arbre (sans doute l'œuvre de Francis Jourdain), le tout imprimé en haut à gauche

[2] Peu après le Femina, Marie‑Claire en est déjà à son dix‑huitième mille. Voir la lettre 72 adressée à Valery Larbaud, et la lettre 103 du 25 février 1911 à Lelièvre, qui mentionne que le quarante‑troisième mille est en vente.

[3] Un dans rayé précède le en.

Lieu(x) évoqué(s)Paris, Saint-Jean-sur-Mer
État génétiqueen vitrine : un e rayé précède le en.

Lettres échangées


Collection Correspondants

Cette lettre a comme destinataire :
LELIEVRE, Antoine

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Géolocalisation

Notice créée par Bernard-Marie Garreau Notice créée le 17/12/2017 Dernière modification le 03/05/2024