Archives Marguerite Audoux

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Lettre de Marguerite Audoux à Valery Larbaud

Auteur(s) : Audoux, Marguerite

Description
Traductions de Marie-Claire - Nouvelles des Jourdain - Correspondance éditoriale - Versatilité de Michel Yell - Mon Bien-Aimé - Questions domestiques

Texte


10, Rue Léopold Robert[1]

[Début mars 1911[2]]

Mon cher Valery,

Madame Garling‑Palmér[3] (Jean de Suède[4]) qui a traduit Marie‑Claire en suédois me demande un[5] rendez‑vous pour quelques renseignements avant de donner le livre à l'impression. Naturellement, je l'envoie chez toi[6]. Tâche[7] de bien t'[8]expliquer avec elle, et puis, gros veinard, tu auras peut‑être la chance qu'elle soit une jolie femme, ce qui ne gâtera rien.
Aujourd'hui nous avons eu les Besson, nous nous sommes promenés dans le soleil, la verdure et les fleurs. Je crois que dans une quinzaine de jours il fera ici un temps délicieux, mais nous avons besoin de faire du feu tous les jours à partir de 5 heures et il m'arrive d'avoir encore froid la nuit. À part ce petit inconvénient tout va bien, les enfants sont superbes et désagréables comme de petits diables, Agathe a repris son aplomb, Francis commence à travailler, et moi je continue à répondre à des lettres[9] pressées et souvent ennuyeuses[10]. J'ai donné hier l'autorisation d'une traduction en espéranto[11]. Cela m'amusera bien d'avoir toutes ces traductions dans ma bibliothèque. Si tu vois Arnold Bennett, dis‑lui qu'il use de son pouvoir pour me faire envoyer un volume ou deux. J'ai reçu une longue lettre de Michel[12]. Il attend que je sois disposée à m'unir à lui, mais j'ai dans l'idée que sa nouvelle lubie lui passera très vite[13]. Je te remercie de La Revue bleue et des Marges[14]. As‑tu vu Jean Royère[15] ? Et penses‑tu que je puisse lui envoyer « Mon Bien‑Aimé » [16] ?
Je suis allée à Nice hier. J'ai vu des vieilles rues bien étonnantes et j'ai acheté une quantité de madras pour garnir ma chambre, car les meubles d'ici sont plutôt moches, comme dit Baboulo. Nous avons une servante italienne ; elle ne comprend pas toujours ce qu'on lui demande mais elle est pleine de bonne volonté et très dévouée, aussi nous décidons de la garder quoiqu'on nous offre une perle de Nice. Moi je me méfie un peu des perles savantes.
Penses‑tu à m'envoyer ma montre ?
Madame Chale[17] a‑t‑elle un peu nettoyé ma chambre et fait enlever mon linge pour le blanchissage ?
Au revoir, mon cher Valery. Je t'embrasse bien affectueusement ainsi que Fargue, Werth, Madame Fargue, et Régis et Jeanne si tu les vois.

Marguerite Audoux

Dis‑moi si les Nocturnes[18] s'avancent.



[1] En dépit de cet en‑tête, la lettre provient de la Côte d'Azur, puisque la romancière fait allusion à une excursion à Nice.

[2] Marguerite Audoux évoque l'envoi à Royère de « Mon Bien‑aimé » , l'un des poèmes en prose qui paraîtront le 20 mars dans La Phalange. (Voir la lettre 111).

[3] Signe Garling-Palmér est une traductrice scandinave. Deux traductions de sa main sont répertoriées à la Bibliothèque nationale de France : Le Coup de feu, pièce en trois actes de Ernst Didring (1868‑1931) et Le Pèlerinage de Sainte Brigitte, de Verner von Heidenstam (1859‑1940). Sign Garling‑Palmér fut conservatrice de la Bibliothèque nordique (un département de la Bibliothèque Sainte‑Geneviève) de 1916 à 1926.

[4] Allusion codée qui nous échappe. Un ouvrage ou un auteur qu'elle a traduit ?

[5] Un qu' se trouve entre demande et un.

[6] Le pronom se trouve au‑dessus d'un vous.

[7] Le z de Tachez est barré.

[8] Le pronom suit un vous.

[9] Le mot est précédé d'un correspondance barré.

[10] Apparemment de la correspondance administrative concernant son roman, voire des réponses à des lecteurs

[11] Cette traduction verra le jour. Un volume se trouve au Musée Marguerite Audoux.

[12] Nous n'avons pu retrouver cette lettre.

[13] La suite de cette histoire nous montre la clairvoyance de la romancière.

[14] La Revue bleue est probablement celle du 24 décembre 1910 qui contient un article de Lucien Maury : « Les Lettres : œuvres et idées / Les jeunes et les prix littéraires. / Gaston Roupnel. Nono (Plon). / Louis Pergaud. De Goupil à Margot. Histoires de bêtes. (Mercure). / Marguerite Audoux. Marie‑Claire. Roman. Préface d'Octave Mirbeau (Fasquelle). », p. 822‑825 (p. 825 pour Marguerite Audoux). Quant aux Marges, il s'agit de la revue d'Eugène Montfort.

[15] Voir les lettres 36 et 63

[16] Pour mémoire, l'un des trois poèmes en prose (avec « Petite Abeille » et « Nouveau Logis » ), écrits en 1901 et 1902 et parus dans La Phalange de Royère du 20 mars 1911. Voir la lettre 111 pour la reproduction de ces trois poèmes

[17] Femme de ménage trouvée par Marguerite Audoux (la fille de madame Chasles, dont l'orthographe a ici été simplifiée, habite le même immeuble que la romancière)

[18] Les poèmes de Fargue (voir la note 8 de la lettre 71)

Lieu(x) évoqué(s)Paris, Saint-Jean-sur-Mer
État génétique
Premier paragraphe : un qu' barré se trouve entre demande et un ; toi se trouve au-dessus d'un vous barré ; le z de Tâchez est barré ; le t de t'expliquer suit un vous barré.

Deuxième paragraphe (des lettres pressées) : lettres est précédé d'un correpondance barré.


Géolocalisation

Notice créée par Bernard-Marie Garreau Notice créée le 17/12/2017 Dernière modification le 03/05/2024