Archives Marguerite Audoux

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Lettre de Marguerite Audoux à Antoine Lelièvre

Auteur(s) : Audoux, Marguerite

DescriptionCorrections à faire sur des Marie-Claire - Remerciements pour les nouvelles de Paris - Propos météorologiques
Texte

Saint‑Jean‑sur‑mer[1] [28 mars 1911]

Cher Monsieur,

J'ai reçu ce matin les Marie‑Claire et je me suis mise au travail aussitôt[2]. Seulement, Francis Jourdain m'a dit que j'avais fait du mauvais travail, et que j'aurais dû faire les corrections sur la marge du bord. Je pense que cela n'est pas bien grave et j'ai la paresse de recommencer.
Je vous remercie encore pour toutes les nouvelles de Paris que vous me donnez. Vous êtes vraiment aimable et je ne peux pas assez vous dire le plaisir que j'en ai. J'ai reçu aussi la carte que vous m'avez envoyée du Grand‑Logis[3]. J'avais vu sur la lettre de faire‑part que votre deuil n'était pas d'une parenté directe[4]. Je sais par expérience que cela ne veut rien dire, et que souvent nos parents éloignés sont plus près de nous que nos parents très proches[5]. Aussi je souhaite pour vous que ce deuil ne vous donne pas de chagrin.
Je pense rentrer à Paris dans la deuxième quinzaine d'avril[6]. Ici nous avons mauvais temps depuis huit jours. Un gros orage qui nous avait apporté beaucoup de bruit et de la neige, a dérangé le temps et il ne se remet plus. Le vent souffle à démolir notre maison, la pluie se plaque contre les vitres, et la mer chante avec entrain.
Au revoir, cher Monsieur, et à bientôt.

Marguerite Audoux[7]


[1] 10, rue Léopold Robert (imprimé) est rayé au-dessus.

[2] Sans doute s'agit‑il de menues corrections pour une réédition.

[3] Lieu de résidence des Lelièvre en Mayenne. Carte introuvable, comme le reste de la correspondance de Lelièvre.

[4] Jacques Lelièvre, le fils d'Antoine, pas plus que la petite‑fille qui archive les souvenirs familiaux, n'a pu nous éclairer sur ce deuil lointain.

[5] Affirmation fondamentale, qui rejoint toute la thématique alducienne développée dans notre thèse. La famille de Marguerite Audoux échappe aux structures traditionnelles. Son statut d'orpheline, les nombreuses éconduites qu'elle subit, la mort d'un enfant biologique qui la rend définitivement stérile, tous ces abandons, toute cette constante déréliction ne lui font pas baisser les bras. Sa famille, c'est la nièce et les trois petits‑neveux qui lui servent d'enfants ; c'est Alain‑Fournier, autre fils ; Charles‑Louis Philippe, le frère ; Mirbeau, le père.... C'est une famille recomposée, littéraire, affective, humaine, sans limites, et qui procède de nombreux transferts ; Marguerite Audoux aura tout adopté, jusqu'à son propre nom. Ce principe se retrouve aussi bien dans la vie (dont la correspondance est un des témoignages) que dans l'œuvre.

[6] Voir la lettre précédente, qui mentionne une étape à Fronton vers le 10 avril 1911. On trouve à Montpellier, le 6 avril 1911, une trace fugitive de Marguerite Audoux. Voir la correspondance Ray‑Larbaud, Gallimard, tome deuxième, p. 96, lettre du 7 avril 1911 de Ray à Larbaud : « Hier, passage de Marguerite à Montpellier. Malgré toutes nos supplications, elle n'y est restée que 25 minutes, pressée d'arriver le soir même à Toulouse pour y retrouver Michel, lequel se débat dans des difficultés mystérieuses que Marguerite n'a pas eu le temps de nous expliquer. ». La romancière pressent déjà, en effet, la pusillanimité et la versatilité de Michel Yell par rapport à ses promesses de mariage. Rappelons qu'il épousera Marie Duran l'année suivante.

[7] Marguerite Audoux a ajouté verticalement en haut à gauche sur deux lignes (de droite à gauche, la dernière étant soulignée) : Mon bon souvenir à Monsieur Madeleine. [Il s'agit là d'un employé de chez Fasquelle, qui s'occupe notamment du service de presse – voir les lettres 121 (note 3), 261 (note 6) et 265 (note 2)].

Lieu(x) évoqué(s)Paris, Saint-Jean
État génétiqueL'en-tête imprimé (10, rue Léopold Robert) est rayé au-dessus du vrai lieu de création manuscrit (Saint-Jean-sur-mer).
Marguerite Audoux a ajouté verticalement en haut à gauche sur deux lignes (la dernière étant soulignée) : Mon bon souvenir à Monsieur Madeleine.

Géolocalisation

Notice créée par Bernard-Marie Garreau Notice créée le 17/12/2017 Dernière modification le 03/05/2024