Archives Marguerite Audoux

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Lettre d'Henri Bachelin à Marguerite Audoux

Auteur(s) : Bachelin, Henri

Notice biographique
La lettre en question n'est que de seconde main, ou plutôt d'une "seconde première main", puisque Bachelin l'insère, de mémoire, dans une lettre qu'il adresse à Gide. Avant la fameuse lettre reconstituée, nous reproduisons donc le paragraphe qui l'introduit, visant à éclairer le destinataire.


DescriptionL'affaire Bachelin
Texte

Paris, Mardi matin [23 mai 1911]

[…]

Quant à l'histoire de M[arguerite] Audoux – qui, décidément, me paraît être un peu trop friande de cancans vulgaires et de potins, ‑ pas un seul instant je ne me suis énervé, mais j'ai riposté, je vous l'avoue, vertement. Je vous envoie la lettre qu'elle m'a écrite[1] en réponse à celle que je lui avais envoyée à la réception de votre mot. Et, pour qu'il n'y ait point confusion, je vais tâcher de reconstituer la seconde lettre que je lui ai écrite[2] en réponse à celle, d'elle, que vous pourrez lire ci‑incluse.

[21 mai 1911[3]]

Chère madame,

Mais il n'y a rien de plus grotesque, de plus puéril que de planter, de ses propres mains, un épouvantail pour se faire peur à soi‑même. Vous me dites que ceux que vous appelez les amis de Philippe ont pris peur à l'annonce de cette nouvelle. Mais je persiste à considérer comme un imbécile celui qui l'a lancée, cette nouvelle. Car jamais, entendez‑vous bien, jamais il n'est venu à l'idée de Gide, jamais il ne m'est venu à l'idée que l'on pût mettre mon nom soit au commencement, soit à la fin, soit au milieu du livre de Philippe. Et qu'il soit bien entendu aussi que ce n'est pas cette protestation idiote qui ait fait changer quoi que ce soit. J'ai fait un travail de copiste, de dactylographie, et je ne sache pas que jamais sur un livre recopié on ait eu l'idée de mettre le nom du copiste, de la machine à écrire.
Je me rends compte que ce qui a fait tout le mal en l'affaire c'est ma candeur – oui, je maintiens le mot, mais je le remplace, au fond de moi‑même par le mot imbécillité. J'avais pensé, tout simplement, que l'on serait heureux à l'idée de pouvoir lire enfin, au complet, ce livre de Philippe… Mais va te faire fiche ! Ce ne sont que protestations, inventions ridicules !…
Et vous me parlez d'excès d'affection !… Mais est‑ce que je n'ai pas la permission, moi aussi, d'aimer l'œuvre de Philippe ? Prétendent‑ils[4] s'en réserver le monopole ? [5]



[1] Cette lettre, non datée (sans doute du 20 mai 1911) est conservée à la Bibliothèque L[a]r[b]aud à Vichy. [Note des éditeurs]. (Lettre 120)

[2] Nous n'avons pas trace, rappelons‑le, de la première.

[3] Rappelons que dans la lettre du 21, Bachelin affirme à Gide : Et, de cette même plumée d'encre, je vais lui riposter de nouveau. » [Henri Bachelin, Correspondances avec André Gide et Romain Rolland, Centre des Correspondances, CNRS, UPR 422, faculté des lettres, Brest, 1994, lettre 44 de Bachelin à Gide, p. 107]. Il est donc quasi sûr que la présente lettre de Bachelin à Marguerite Audoux, reconstituée par l'épistolier, soit du même jour que celle qu'il adresse à Gide, donc du 21.

[4] Les « amis de Philippe »

[5] Et Bachelin de poursuivre à l'adresse de Gide : « Il y a certains passages que je ne me rappelle plus. Mais ne craignez pas que la querelle n'en soit échauffée : ils ont, là, le vraiment mauvais rôle, de toute évidence. Et mes deux lettres auront mis les poings – j'écris bien les poings – sur les I. Mais si M[argueri]te Audoux avait eu pour un liard de sens commun, elle n'aurait pas pu croire une seconde à l'exactitude de cette idiotie. Quant à l'inventeur, ‑ et je crois bien ne pas me tromper en vous affirmant qu'il ne peut être que l'un des deux dont je vous ai déjà parlé [ ? ], ‑ c'est le dernier des crétins. […] » (Ibid., p. 108).

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Notice créée par Bernard-Marie Garreau Notice créée le 17/12/2017 Dernière modification le 03/05/2024