Lettre de Marguerite Audoux à Valery Larbaud
Auteur(s) : Audoux, Marguerite
Mon cher Valery,
Ce n'est pas malheureux que tu aies quitté ton île du Diable pour revenir à ta Lawrence Mansions[2].
Je quitterai sans doute Paris vers le 28 juillet pour l'Île‑d'Yeu[16].
[1] Lettre sans doute concomitante de celle, du 9 juillet 1911, où Ray écrit notamment à Larbaud : « Accablé de chaleur, de paresse et de besogne, je n'ai pas eu depuis mon retour de Paris et n'ai guère encore le temps ni le goût de vous écrire aussi longuement qu'il faudrait. […] J'ai logé chez vous, sans votre permission, et sur les instances de Marguerite, pendant les 6 jours que j'ai passés à Paris. » (Leur correspondance, Gallimard, p. 126‑127).
[2] Installé dans cette maison à Chelsea depuis la mi‑mai, Larbaud vient de passer une semaine dans l'île de Man (« l'île du Diable ») pour échapper à l'agitation londonienne à l'occasion des fêtes du couronnement de George V (qui eut lieu le 22 juin 1911). C'est lors de ce séjour anglais que Larbaud rencontre Gide, qu'il corrige les épreuves d'une nouvelle traduction de La Chanson du vieux marin de Coleridge et qu'il achève une étude sur Coventry Patmore, qui servira de préface aux Poèmes de Coventry Patmore, traduits par Paul Claudel (NRF de septembre et octobre 1911).
[3] Quand Larbaud quitte Londres, au début du mois d'août, c'est pour Vichy, où il reste six semaines dans une mauvaise condition physique.
[4] Allusion à des démarches indélicates dont nous ne saurions dire, faute de traces écrites, si elles ont été évoquées par Larbaud
[5] Marcel Ray
[6] Ray, rappelons‑le, a passé six jours dans l'appartement de Larbaud, aidé par Marguerite Audoux pour les détails d'ordre ménager.
[7] Les impôts
[8] Les trois mots soulignés par Marguerite Audoux ont été ajoutés dans l'interligne.
[9] Sans doute la romancière a‑t‑elle voulu dire : « si nous avons filé, ma Louise Dugué et moi, […]. » ou encore : « si j'ai fait filer […] », hypothèse cependant moins probable.
[10] Chez l'éditeur Louis Conard. Il s'agit à l'évidence d'une distribution de Marie‑Claire demandée par Larbaud.
[11] Marcel Ray, qui n'est pas titulaire de son poste à l'Université de Montpellier, va être contraint de quitter cette ville, évincé par Albert Lévy, un collègue qui a l'appui d'Albert Thomas (1878‑1932), député socialiste de Sceaux, lequel est pourtant un ancien condisciple et un futur collaborateur de Ray. Les démarches entreprises à Paris par l'ancien normalien visent donc son avenir professionnel. Il compte en particulier sur Eugène Rouart, qui pourrait lui servir d'intermédiaire auprès de Jean Cruppi, alors ministre de la justice. Ce qu'évoque Marguerite Audoux laisse entendre l'insuccès de ces manœuvres. Le possible départ pour Nancy s'explique par le fait que Lévy, alors en poste dans cette ville, avait d'abord souhaité permuter avec Ray. Ce dernier pourrait en effet tenter de se rabattre sur cette très fragile possibilité. On sait qu'en réalité il quittera l'enseignement pour le journalisme (on le retrouve à Berlin, puis à Vienne où il est correspondant du Figaro) et la politique.
[12] de ce pauvre Marcel a été ajouté dans l'interligne supérieur. Le « ministère qui tombe » est le gouvernement d'Ernest Monis, qui n'aura duré que trois mois, sous la présidence d'Armand Fallières.
[13] son est ajouté avant un l' barré, et entrée est suivi d'un de Marcel également biffé.
[14] Le se remplace en surcharge un s'en.
[15] Amie non identifiée
[16] Elle partira effectivement pour la Vendée à la fin du mois.