Lettre de Marguerite Audoux à André Gide
Auteur(s) : Audoux, Marguerite
DescriptionMarguerite Audoux prévient Gide de l'état de santé de Charles-Louis-Philippe.
Texte
[Paris, vendredi 17 ou samedi matin 18 décembre 1909]
Monsieur,
Charles‑Louis Philippe est en ce moment très malade de la fièvre typhoïde[1]. Hier il m'avait demandé de lire sa correspondance et de la lui expliquer en quelques mots. Comme je lui disais ce que vous attendiez de lui, il a fait un geste de contrariété. J'ai compris qu'il était ennuyé de ne pouvoir vous prévenir et je lui ai offert de le faire à sa place, il a accepté aussitôt et il est devenu plus tranquille. Je vous dis cela pour que vous ne pensiez pas que je suis assez sans‑gêne de me permettre de vous écrire de moi‑même.
Je profite de l'occasion pour vous dire aussi que j'ai lu La Porte étroite[2] pendant que j'étais à Sorèze[3], et que ce livre m'a causé une émotion profonde.
Veuillez agréer, je vous prie, mes meilleurs sentiments.
Marguerite Audoux
[1] Il se trouve rue de la Chaise, dans la clinique de Jean‑Louis Faure, le frère d'Elie Faure, lequel tentera désespérément de sauver son ami.
Notes
A propos du passage de la lettre " Comme je lui disais ce que vous attendiez de lui " :
« André Gide venait de lire les premiers chapitres de Charles Blanchard afin d'en commencer la publication dans la NRF de janvier 1910. Il désirait rencontrer Philippe, lui parler de cet ouvrage dont la lecture l'avait vivement ému, et il se proposait de lui consacrer une étude. »
« André Gide venait de lire les premiers chapitres de Charles Blanchard afin d'en commencer la publication dans la NRF de janvier 1910. Il désirait rencontrer Philippe, lui parler de cet ouvrage dont la lecture l'avait vivement ému, et il se proposait de lui consacrer une étude. »
[Note de la rédaction du Bulletin des Amis de Charles‑Louis Philippe (Cahier n° 12, juillet 1963, p. 9)].
On se reportera, plus précisément encore, à la lettre suivante, d'André Gide à Charles‑Louis Philippe :
« [Décembre 1909
Cher ami,
Il me tarde bien d'écrire mon article sur toi. Ton Charles Blanchard avive encore mon désir. Je voudrais te dire déjà le plaisir que m'ont fait ces pages ; mais j'attends pour t'en bien parler de te retrouver au dîner où les intimes de la NRF se proposent de se réunir, Mardi 21, 8 h du soir – chez Marguery.
Pas d'habit ; nous ne serons que quelques‑uns qui nous désolerions de ne pas te voir parmi nous.
Très ton
André Gide
P. S. 10 f. par tête ; prière d'envoyer vite son adhésion à Jacques Copeau 11 bis rue Montaigne. »
[Médiathèque Valery-Larbaud de Vichy, sans date, ni lieu, ni enveloppe. L'original est dans Le Livre d'or, t. I, p. 36. Une copie dactylographiée a été réalisée par François Talva. Cette lettre autographe est reproduite dans : Gide (André), Correspondance avec Charles‑Louis Philippe et sa famille (1898‑1936), édition établie, présentée et annotée par Martine Sagaert, Centre d'études gidiennes, MCMXCV, p. 21‑22].
On notera l'ironie du sort : Philippe meurt précisément le 21 à neuf heures du soir…
Lieu(x) évoqué(s)Paris