Transcription
24 juin, 1893
Maître,
L’autre jour, quand j’ai reçu ce mot de vous, une grande émotion m’a saisi, non pas tant, je vous l’avoue, parce que je possédais le cher autographe, mais surtout parce que ce mot me disait que quelques pages de moi avaient été lues de ces mêmes yeux qui voient si loin, qui voient si juste et si grand.
Mon admiration pour vous - très ancienne - n’est plus désormais une admiration purement intellectuelle. Il s’y mêle aujourd’hui un souvenir pieux. Je n’oublierai jamais que la Débâcle est le dernier livre dont nous fîmes cet été la lecture à notre père. Votre œuvre l’avait beaucoup frappé. Revenu à Paris quelques jours avant sa mort, il m’en parlait encore. Il la défendit même devant moi contre certaines critiques qui furent faites alors. Vous savez d’ailleurs qu’il serait venu à vous et je me rappelle que votre première visite lui avait fait grande impression. C’était avant tout un homme simple, sincère et convaincu. Ces mêmes qualités de votre esprit lui furent aussitôt sympathiques.
Je n’ai pas osé vous envoyer un petit livre de moi, paru récemment. Je m’y risque aujourd’hui. Dans le second de ces romans minuscules j’ai essayé de faire de la vérité dans du rêve et dans le premier un peu de poésie sans chimère, de la foi dans l’incroyance. Quand vous serez en humeur de regarder des pygmées, vous y jetterez les yeux.
Si vous voulez me le permettre, je vous soumettrai tout ce que m’a inspiré le Docteur Pascal, dont le don très précieux me comble.
Et pourtant, ce n’est pas encore assez. Oui, depuis longtemps, j’ai ce désir de vous connaître. Ne me traitez pas d’indiscret et jetez une carte à la poste avec un chiffre, - l’heure où je pourrai accourir.
De tout respect, votre admirateur,
Jean Psichari.
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