Lettre de Jean Psichari à Émile Zola du 1 avril 1898
Auteur(s) : Psichari, Jean
Transcription
1 avril, 1898
77, rue Claude Bernard, 77
Très cher Maître,
J’exulte, je ne vous le cache pas. Et pourtant vous savez mon noir pessimisme. Vous savez aussi que je voulais la prison. Mais, je m’en console, je vous assure, et vous vous en consolerez aussi à cause du triomphe moral qu’aura été cette cassation. Je n’en croyais pas mes yeux en lisant le compte rendu. Quel que soit le motif retenu et surtout si c’est celui des l’incompétence des poursuites, les esprits simplistes ne verront qu’une chose, c’est que c’est vous qui aviez raison. Et pour le fond de l’affaire, pour la justice qui vous tient surtout à cœur, quel pas gigantesque vient d’être fait ! Ah ! je vous en félicite bien ! Je vous admire et je vous aime davantage chaque jour.