Guizot épistolier

François Guizot épistolier :
Les correspondances académiques, politiques et diplomatiques d’un acteur du XIXe siècle


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Collection : 1850-1857 : Une nouvelle posture publique établie, académies et salons (La correspondance croisée entre François Guizot et Dorothée de Lieven : 1836-1856)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Voici mon Camélia. Il ne vous dira pas tout ce que je vous dirais. Ma contrariété est très vive de ne pas vous voir aujourd’hui. Mais, quoique je sois très bien, j'aurais tort de sortir par tant de neige, après tant de froid.
Depuis le 18 Janvier 1838 c’est la 17e fleur que je vous envoie au 1er Janvier. Cette année qui commence m'inquiète. J'y vois moins clair peut-être que dans aucune autre. Plus de ténèbres et plus d’orages que jamais. Que Dieu vous garde et vous laisse ici ! Qu’il vous garde partant, mais vous ne pouvez être bien qu'ici. Adieu, Adieu.
Je viens de me lever. J’ai très bien dormi. Dans deux ou trois jours, à moins d'accident ou de 20 degrés de froid, je reprendrai ma liberté. Adieu.

Dimanche 1er Janvier 1854

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Voici mon Camélia. Il ne vous dira pas tout ce que je vous dirais. Ma contrariété est très vive de ne pas vous voir aujourd’hui. Mais, quoique je sois très bien, j'aurais tort de sortir par tant de neige, après tant de froid.
Depuis le 18 Janvier 1838 c’est la 17e fleur que je vous envoie au 1er Janvier. Cette année qui commence m'inquiète. J'y vois moins clair peut-être que dans aucune autre. Plus de ténèbres et plus d’orages que jamais. Que Dieu vous garde et vous laisse ici ! Qu’il vous garde partant, mais vous ne pouvez être bien qu'ici. Adieu, Adieu.
Je viens de me lever. J’ai très bien dormi. Dans deux ou trois jours, à moins d'accident ou de 20 degrés de froid, je reprendrai ma liberté. Adieu.

Dimanche 1er Janvier 1854

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Voici mon Camélia. Il ne vous dira pas tout ce que je vous dirais. Ma contrariété est très vive de ne pas vous voir aujourd’hui. Mais, quoique je sois très bien, j'aurais tort de sortir par tant de neige, après tant de froid.
Depuis le 18 Janvier 1838 c’est la 17e fleur que je vous envoie au 1er Janvier. Cette année qui commence m'inquiète. J'y vois moins clair peut-être que dans aucune autre. Plus de ténèbres et plus d’orages que jamais. Que Dieu vous garde et vous laisse ici ! Qu’il vous garde partant, mais vous ne pouvez être bien qu'ici. Adieu, Adieu.
Je viens de me lever. J’ai très bien dormi. Dans deux ou trois jours, à moins d'accident ou de 20 degrés de froid, je reprendrai ma liberté. Adieu.

Dimanche 1er Janvier 1854

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Voici mon Camélia. Il ne vous dira pas tout ce que je vous dirais. Ma contrariété est très vive de ne pas vous voir aujourd’hui. Mais, quoique je sois très bien, j'aurais tort de sortir par tant de neige, après tant de froid.
Depuis le 18 Janvier 1838 c’est la 17e fleur que je vous envoie au 1er Janvier. Cette année qui commence m'inquiète. J'y vois moins clair peut-être que dans aucune autre. Plus de ténèbres et plus d’orages que jamais. Que Dieu vous garde et vous laisse ici ! Qu’il vous garde partant, mais vous ne pouvez être bien qu'ici. Adieu, Adieu.
Je viens de me lever. J’ai très bien dormi. Dans deux ou trois jours, à moins d'accident ou de 20 degrés de froid, je reprendrai ma liberté. Adieu.

Dimanche 1er Janvier 1854

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Voici mon Camélia. Il ne vous dira pas tout ce que je vous dirais. Ma contrariété est très vive de ne pas vous voir aujourd’hui. Mais, quoique je sois très bien, j'aurais tort de sortir par tant de neige, après tant de froid.
Depuis le 18 Janvier 1838 c’est la 17e fleur que je vous envoie au 1er Janvier. Cette année qui commence m'inquiète. J'y vois moins clair peut-être que dans aucune autre. Plus de ténèbres et plus d’orages que jamais. Que Dieu vous garde et vous laisse ici ! Qu’il vous garde partant, mais vous ne pouvez être bien qu'ici. Adieu, Adieu.
Je viens de me lever. J’ai très bien dormi. Dans deux ou trois jours, à moins d'accident ou de 20 degrés de froid, je reprendrai ma liberté. Adieu.

Dimanche 1er Janvier 1854

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Voici mon Camélia. Il ne vous dira pas tout ce que je vous dirais. Ma contrariété est très vive de ne pas vous voir aujourd’hui. Mais, quoique je sois très bien, j'aurais tort de sortir par tant de neige, après tant de froid.
Depuis le 18 Janvier 1838 c’est la 17e fleur que je vous envoie au 1er Janvier. Cette année qui commence m'inquiète. J'y vois moins clair peut-être que dans aucune autre. Plus de ténèbres et plus d’orages que jamais. Que Dieu vous garde et vous laisse ici ! Qu’il vous garde partant, mais vous ne pouvez être bien qu'ici. Adieu, Adieu.
Je viens de me lever. J’ai très bien dormi. Dans deux ou trois jours, à moins d'accident ou de 20 degrés de froid, je reprendrai ma liberté. Adieu.

Dimanche 1er Janvier 1854

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L013_00011.jpg
Paris Dimanche 2 Juin 1850

Quelle admirable morceau sur l'Emp. dans votre lettre, & comme cela roulera. J’ai vu hier votre visiteur de jeudi matin. A propos de bottes, il m’a parlé de son contentement, de son admiration, quelle force de raisonnement, quelle simplicité quelle frappante rédaction de ses idées. Enfin dans l’enthousiasme. J’ai dit que je vous avais vu un moment & que vous m'aviez l'air d’un égal contentement. Je suis inquiète La Redorte est noir, féroce. Féroce contre le gouvernement Changarnier. Il faut que le Président le brise. S'il ne le fait pas il se couvre de honte. Mais mon Dieu pourquoi, qu’est- ce que ce bruit. Il est resté dans les généralités. Il faut qu’il obéisse, le P[résident] est le maître & & &. Ce qui m’a frappée, c’est qu’ayant rencontré le soir le général. Il m’a dit. Je puis être paralysé, un nouveau [?] peut se produire tout est possible. Vous avez lu l’article du Moniteur d’hier Je vous ai dit hier je crois qu'Ellice regarde le vote de censure s'il avait lieu, comme d’une portée immense c'est le mot. The Whole cabinet would resign. Mais il ne croit pas que St[ratford] & Ab[erdeen] soient in earnest. Pardonnez-moi si je rabache. Chang[arnier] me disait hier qu'on ne conclurait pas avant le 7. Pal[merston] marchande.
1 heure. Grande consternation. Tout le monde s’attend à une explosion entre Ch[angarnier] & P[almerston] Je viens de voir K[isseleff]. Je n'ai qu’une minute. Adieu Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23014_00378.jpg
Paris Dimanche le 5 octobre 1851

Je n'ai vu hier personne que Stockhausen & Richard le matin, & Stockhausen & Richard le soir aux français. J’ai été voir les Demoiselles de St Cyr. Il y a un bon acteur. Cela m’a médiocrement amusée. Pas un mot de nouvelle à vous dire.
M. Royer le Ministre de Belgique est revenu de Bruxelles hier chargé d’assurer que le roi est & restera complètement étranger & ignorant de toute l’intrigue pour la candidature. M. Baroche a reçu le comte Batthyany. Je ne puis pas cesser de rire de la lettre de Londonderry. Antonini est parti pour Bruxelles, Hatzfeld va à Berlin, Hubner pérégrine dans le midi de la France. Montebello absent, Dumon va l’être. Il ne me restera rien. Adieu. Adieu. Voilà une belle lettre.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23014_00030.jpg
Paris, Dimanche 6 Juillet 1851
9 heures

J’ai vu hier au soir M. de Corcelles et M. de Rémusat. Le rapport de M. de Tocqueville est prêt et sera le demain à la Commission où il n'excitera point de vif débat. Il n'a rien d’irrévocablement républicain. Le droit divin de la république y est fortement nié et combattu. L’idée d’un vote qui limiterait les pouvoirs de l'Assemblée constituante, et la contraindrait de se renfermer dans le cercle des institutions républicaines, y est également repoussée. La nécessité actuelle de la République et de l'expérience républicaine légalement prolongée voilà le thème. On croit que le Rapport sera lu Mercredi à l’assemblée. Berryer, qui est encore à Londres, ne l’entendra probablement pas lire demain, dans la commission M. de Rémusat croit que la discussion pourra se compliquer et embarrasser assez les ministres. Il y a des gens qui la dirigeront surtout contre eux. On leur demandera ce qu'ils comptent faire tant que la Constitution ne sera pas révisée, si le président se portera candidat, s'ils donneront aux administrateurs ordre d’appuyer sa candidature s’ils feront exécuter envers et contre tous la loi du 31 mai & on tendra devant leurs pas tous les pièges de la légalité.
J’ai retrouvé, dans la conversation de M. de Rémusat, tout cet esprit d'opposition quand même que j'ai tant vu à l’œuvre. Cela pouvait aller sous l'ancien régime, quand l'opposition n'était qu'une causerie de salon, très longtemps vaine. Cela va en Angleterre où le Gouvernement est assez fort pour supporter tout ce que l'opposition peut dire. Ici et aujourd’hui. C'est autre chose ; le gouvernement n’est pas en état de vivre devant une opposition qui ne s’inquiète pas de le tuer.
La poste vient d’arriver, et ne m’a rien apporté de Cologne.

Onze heures
Je vous reviens après ma toilette. J'espère que le beau temps vous revient aussi, comme à nous. Vous n'aurez eu la pluie que pour abattre la poussière devant vos pas. C’est charmant.
Savez-vous que sans les sergents de ville que M. Cartier avait eu la précaution d'envoyer à Châtellerault, le Président y aurait personnellement reçu quelque grosse insulte ?
J’ai vu hier Mad. Mollien qui part aujourd’hui pour Claremont. J’y ai trouvé la maréchale Lobau toujours très bonne femme et ouvertement fusionniste, et en dépit de sa Princesse qui le lui pardonne, mais qui la laisse volontiers à Paris. Mad. Paul de Ségur a accompagné Mad la Duchesse d'Orléans à Portobello, et y restera auprès d'elle tout le temps du voyage. M. le duc de Nemours a donné rendez-vous à sa femme à Leipzig et ne va la prendre que là. Il ramène en Allemagne la Princesse Clémentine qui manquera seule (avec le duc de Montpensier) à la réunion de famille du 26 Août. Le Duc de Levis, qui est venu me voir hier ne m'a laissé aucun doute sur l'intention, pleine de regret, du comte de Chambord de ne pas aller à Londres. Il regrette le profit, mais ne veut à aucun prix, courir le risque.

1 heure
Adieu, adieu. Voilà le Général Changarnier qui entre et l’heure de la poste me presse Adieu. G.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23014_00032.jpg
Paris, Dimanche 6 Juillet 1851

M. Paget vient de m’apporter deux lettres de Lord Aberdeen, des 28 juillet et 4 juillet. M. d'Harcourt après l’avoir promis, avait négligé d’envoyer chercher la première, ou de donner son adresse. Légèreté française comme vous diriez. Longue lettre. Voici les points intéressants. Le Roi Léopold point hostile à la fusion, mais croyant que les Princes ont peu à y faire ; tenant le même langage que le feu Roi ; se plaignant de la déraison impertinente de quelques légitimistes, surtout autour du comte de Chambord. Celui-ci serait convenablement reçu à Londres, s'il y allait. Les désirs de la famille d'Orléans, surtout de la Reine et du duc de Nemours, y seraient pris en grande considération. Le Cabinet anglais, plus discrédité que ne l'a jamais été aucun gouvernement ; mais il achèvera la session. " We are threatened with a new reform bill at the commencement of the next session ; and although lord John looks to this as the means of acquiring additional strength, it may very possibly lead to his ruin. This is a matter upon which all conservatives might act cordially together. "
Changarnier s'est montré fort perplexe. Il craint une grosse majorité pour la révision. Des hommes sur qui il comptait pour voter contre, M. de Maleville et M. de Rémusat, par exemple, voteront pour dans leur intérêt électoral. Il insiste ardemment pour qu’on prenne d'avance des mesures législatives contre l'élection des trois candidats inconstitutionnels. Il regarde, en ce cas, sa propre élection comme certaine, avec toutes les meilleures conséquences. Mais il doute beaucoup que l'Assemblée le fasse. Il dit les mêmes choses que vous lui avez entendu dire, avec moins d’assurance. J’irai lui rendre sa visite avant mon départ. Quelques autres personnes ce matin, mais rien de nouveau. Décidément les affaires commerciales reprennent assez.
Le public a moins peur de 1852, sans savoir comment, il se croit sûr qu’il s’en tirera, à assez bon marché, et il ne demande rien de plus. La chute d’ambition est encore plus grande que la chute de puissance.

Lundi 7 9 heures
Votre mot de Cologne m’arrive. J'espère que demain je vous saurai arrivée et établie à Ems. Cela me plaît de connaître les lieux, maison et pays. J’irai me promener avec vous à Nassau. J'espère aussi que vous aurez pensé à m'écrire au Val Richer, à partir de Mercredi 9. Rien n’est changé dans mes projets.
Je n'ai vu personne hier soir. Je reçois ce matin une lettre de Donoso Cortes qui me croit et m'écrit au Val Richer. Voici le dernier paragraphe : " Mon Dieu ! je suis émerveillé de voir combien sont faciles les choses difficiles. Je crois, par exemple, qu’il se peut que le salut de l’Europe tienne à ce qu’un homme, qui est à Val Richer, le veuille ou ne le veuille pas. Le voudra-t-il ? " Comprenez-vous ? La lettre roule sur l’Eglise catholique qui peut seule sauver le monde, parce qu’elle en sait plus que le monde, et aime plus que le monde n'aime. Et la question est de savoir si je voudrai me faire catholique. Suis-je assez flatté pour me décider ? Qu'en pensez-vous ? Adieu, adieu.
Dites-moi, je vous prie, à quelle heure vous arrivent mes lettres et partent les vôtres. Adieu. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris le 7 novembre 1852

Le suffrage universel Dimanche le 21. J’ai vu hier Castellane et Caumont sortant du Sénat et Morny. La commission s’est mis d’accord avec le gouvernement, & le rapport de M. trop long conclut à la suppression de l’article 4 qui donnait l’hérédité à Jérôme. Il rentre dans l'ensemble de la famille. Il n’y a plus que descendance directe et adoption. Ce dénoncement cause la plus grande satisfaction à tout le monde moins Jérôme qui du Luxembourg où il était depuis 3 semaines est allé hier coucher aux Invalides. Aujourd’hui le Sénat se réunit pour voter, de là il se rend tout entier à St Cloud pour présenter le Sénatus consulte au Prince. Et voilà le premier épisode fini et très bien fini. Persigny seul y était très opposé. Ces deux jours derniers ont été fort amusants. Les péripéties dramatiques. Kisseleff a été reçu admirablement par l’Empereur. Il est comblé. Il reviendra, je ne sais pas le jour. Hatzfeld & Hubner sont chez moi tous les jours, et Kourakin aussi. Le Marquis Antonini est revenu. Lord Granville est ici pour deux jours. On ne sait à qui sera donné la présidence du Sénat, naturellement Jérôme la quitte. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris dimanche 7 octobre 1850

Je n’ai pas le cœur à une lettre, car mon cœur est gros de diverses peines. Je croyais que vous auriez plus de pitié de moi, & j’ai peur, en vous écrivant de vous trop montrer ma susceptibilité sur ce point. Je ne voulais donc pas vous écrire aujourd’hui. Mais moi, j’ai pitié de vous et je ne veux pas vous donner le chagrin de rester un jour sans lettre. Mes deux conseillers aussi s'étonnent. Passons.
Thiers n’arrive à Paris qu’aujourd’hui. Il s’est arrêté à Lille. Montebello sera à Paris demain. C’était au moins son projet. La commission s’assemble demain extraordinairement pour interroger le ministre de la guerre, sur le vin de Champagne. Cela commence à faire crier tout le monde les officiers sont très mécontents. Le 62ème de Ligne qui devait quitter Paris (c'était son temps) reste à Paris. C’est celui qui à la première revue a crié “ Vive l'Empereur ”. M. de Persigny est devenu l'habitué chez Madame Kalergi. Il est comme le Président sûr d'aboutir. Le gouvernement français est très mécontent de l’affaire Fronzoni et le témoigne je crois à Turin. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris Dimanche le 7 Septembre 1851

Plus j’y pense, plus je suis contente de ce que vous avez fait à Claremont. Comme cela a éclairé la situation ! & puisque vos princes sont de si pauvres gens, tant mieux que cela soit proclamé. Quelle mauvaise race et comme la bonne aura toujours raison de se défier d'eux.
Carlier a dit hier à [Kisseleff] qu'on a saisi surtout des papiers importants. L’affaire n’ira pas devant le jury. Elle sera jugée plus sommairement. La grande chose à présent c’est les élections. On les veut très prochaines. A la question si cela serait encore cette année, il y a eu doute à cause de mouvement de [communes] du nouvel an, mais certainement cela sera au mois de janvier. J’ai vu hier Hatzfeld, Dumon & Kisseleff. J’avais fermé ma porte aux autres. J’étais trop fatiguée. Hatzfeld est d’opinion que les arrestations sont un prélude. Le public ne s’est pas ému le moins du monde. On peut aller de l’avant & de degrés en degrés faire un coup d'Etat qui n’a pas l’inconvénient d’un coup de tonnerre. Je crois qu’on serait fâché à l’Elysée de voir la candidature Joinville tout à fait morte, car elle sert à effrayer les légitimistes et à les rapprocher de l'Elysée. Quant à nous autres nous sommes très décidément pour le Président. Il n'y a pas mieux, il n’y a pas si bien, il n'y a même personne.
Je n'ai plus entendu parler de Morny. La Redorte est parti depuis plusieurs jours. Je n'ai pas encore fait savoir à Changarnier mon retour. Je le ferai demain. Je vous ai dit qu'il va aujourd’hui à Champlatreux avec Montebello. Molé m'écrit pour me presser beaucoup d'aller le voir. J’irai dans la semaine mais pour quelques heures seulement. Comme vous dites bien sur Lamartine ! J'ai un peu dormi cette nuit, pas beaucoup. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris le 9 juin dimanche. 1850

La commission détestable. De grands doutes que la dotation soit accordée. Quoi alors ? Le chaos. J’ai dîné hier avec Thiers (chez Mad. Kalergi) il part demain pour St Léonard, il y a passera deux ou trois jours. Il a ouvertement proclamé à dîner son orléanisme. Il a dit et soutenu des thèses très extravagantes. Molé est venu après le dîner. Tous les deux prévoyant le rejet de la loi. Tout le monde frappé de l'ordre du jour de Changarnier. Remis complètement à sa place vis-à-vis du Président et la dernière phrase très bonne à propos de la garde municipale. Longue visite de Morny, bien content de ce que vous m'avez mandé à propos du projet. Quelques avances vers nous, j’ai expliqué comment il fallait les adresser autrement, et que vraiment ceci n’avait pas encore l'air d’un gouvernement. Très ferme résolution de rester ferme vis-à-vis de l'Angleterre. Il n'y a rien de conclu. Molé & Thiers ont laissé pour la possibilité que ce ne soit pas encore fait avant la discussion de Lundi 17.
Montebello part ce soir mais ils sont convenus lui & Thiers qu’ils ne se trouveraient pas à St Léonard ensemble. Thiers très attendri en parlant de l’état où il va trouver le Roi. Broglie a dit à Molé que d’Haussonville revenu de là dit qu'il y a des hauts et des bas dans la santé. Voilà tout ce que je sais. Les Ministres ont déclaré dans les bureaux, qu'ils voulaient la loi telle qu'elle a été présente, et que si on la rejette ou l’amende, ils se retirent. Je suis très pressée, tant de gens à voir ce matin. Et beaucoup à écrire. Je voudrais bien donner à K[isselef] & Chreptovitz quelque chose de mon activité & surtout de ma haine, je me reposerais. Adieu, adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris dimanche le 9 Novembre 1851

Molé hier soir gêné sur l'affaire de questeurs. [?] sur l'affaire Faucher, en tout de mauvaise humeur. Mérade en grand blâme. Je lui ai dit ce que vous vouliez qu'il sût et dans les termes convenables. Il rendra cet avertissement. Il est bien temps que vous reveniez. Il me semble qu'on perd la tramontane. Cela fera gagner le Président. Il y a deux jours que je n’ai vu Fould. La santé ne va pas mal. Un peu de fatigue hier soir parce qu'on est resté jusqu'à 11h. passées ! La nuit s'en est un peu ressentie, mais cependant tant bien que mal il y a eu 7 h. de sommeil. Voilà toute ce que j'ai à dire. Adieu. Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Paris, Dimanche 11 août 1850
Sept heures

Je n’ai pas eu de lettre hier. J'espère être mieux traité aujourd’hui. Je suis revenu d'Allemagne avec bien peu d'estime pour les postes allemandes, exactitude, et promptitude. Du monde hier toute la journée. Jaÿr, Muret, de Bort, Frezel, Granier de Cassagnac, Lavalette, un pêle-mêle de tout ce qui reste à Paris de toute les opinions. Tout cela confirme l'idée que nous nous faisions de la situation en nous promenant sur la route de Nassau. Cela ne peut pas durer, cela durera ; on passe et on revient sans cesse d’une phrase à l'autre. L’Elysée voudrait bien continuer les dîners de sous officiers ; mais c’est difficile ; le premier s’est passé avec les sous officiers de la garde républicaine, jadis municipale, corps d'élite, peu nombreux ; tous les officiers et les sous-officiers ont pu être invités. Cela n’est pas possible avec les régiments de ligne ; il faut faire un choix, un choix fort restreint. De là beaucoup de jalousie et d'humeur dans les régiments ; en sorte que les dîners pourraient bien tourner contre leur but et faire plus de mécontents que de dévoués. On hésite, on s'arrête. Comment se passeront les voyages ? C’est la question à l’ordre du jour. Je crois plutôt au succès, c’est-à-dire au succès extérieur, apparent ; mais je ne crois pas aux résultats du succès. Il en sera comme pour les dîners ; on hésitera et on s'arrêtera, faute de confiance et de vraies bonnes chances. De part ni d'autre, il n’y a de force pour agir ; on ne peut qu'empêcher et le paralyser mutuellement.
En revenant de Bruxelles, Mad d’Hulot m'a dit qu’elle avait lu une lettre de la Duchesse de Fitzdame qui affirmait avec grande joie, que Madame la comtesse de Chambord était grosse. On le nie ici absolument. Vous devriez bien, de Schlangenbad, tâcher de savoir ce qui en est. Cela en vaut la peine.
J’ai manqué hier Salvandy qui est venu pendant que j'étais sorti. J’en suis fâché. Je le verrai peut-être d’ici à après-demain, s'il n’est pas reparti. On m'avait dit qu’il ferait, à l'Académie française, un discours très politique. Il n’y paraît pas, dans ce que rapportent les journaux. Je me suis trompé sur cette séance. Je croyois qu’elle devait avoir lieu hier samedi. Elle a eu lieu jeudi dernier. On a été surpris, et un peu piqué, dans l'Académie que ni le Duc de Broglie, ni son fils, ni personne de la famille, n’y assistât, à propos de l'éloge de Madame de Staël, couronné dans cette séance et proposée autant pour plaire aux vivants que pour rendre justice aux morts. Ils (les vivants) sont tous partis deux jours avant la séance. M. Villemain surtout est assez piqué, dit-on.
Voilà votre lettre. Pour dire vrai, cela me fait plaisir que moi parti, vous ayez eu froid, et mauvais temps. J’espère que cela n'aura pas duré. Je suis bien aise que vous ayez un bon appartement à Schlangenbad. Mais j'aurais mieux aimé que la Princesse de Prusse y fût restée et que vous eussiez fait connaissance avec elle. Un peu pour ce que vous lui auriez dit et plus encore pour ce que vous n'en auriez dit. J'aime à connaitre les gens qui sont quelque chose dans le monde, et je ne crois les connaître que par moi-même ou par vous. On me remet avec votre lettre un billet de Salvandy et son discours à l'Académie. Il est reparti. c’est un singulier esprit. Il y a, dans son discours des embryons de belles idées, et de belles paroles, presque grandes, mais toutes dans cet état nébuleux et inachevé où la beauté et la grandeur disparaissent au moment même qu’elles se font entrevoir. Ma lettre a en effet fait de l'effet ici. La conduite, et la lettre ont été approuvées. Je ne veux pas faire autre chose que saisir les bonnes occasions quand elles viennent naturellement de reparaître [...]

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris le 12 octobre 1851 Dimanche

Je n'ai absolument rien à vous dire sur la crise. Je n’ai vu personne hier qui put m'en donner des nouvelles en me rappelant ma dernière conversation avec [Fould]. Je suis portée à croire qu’il y aura modification à la loi, & modification dans le Ministère. Je ne crois pas à [?] tranchée.
J’ai passé 10 heures bien inutilement dans mon lit. Je n’ai pas dormi du tout. Ces insomnies accusent un bien mauvais état de nerfs. Je suis accablée aujourd’hui. J’essayerai de dormir en calèche. Je ne vaux rien pour ce soir, et cependant, il faudra ouvrir ma porte. Montebello est à Passy. Je ne l’ai pas vu encore. Il parait que sa femme n'était pas encore partie pour Tours. Adressez lui donc votre lettre à Paris 73 rue de Varennes. Je serai curieuse de causer avec lui.
Le pauvre Constantin a perdu son second fils âgé de 12 jours seulement. Il répète qu'Alexandre ne peut pas subir un pareil qu arrêt et que l’Empereur ne peut pas l’avoir ordonné. C’est le mot d’ordre, nous verrons. Si vous vous attendiez à des nouvelles, ma lettre va vous désappointer. Cela n’est pas ma faute. Adieu. Adieu

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23015_00322.jpg
Paris le 12 Septembre Dimanche 1852

Pauvre journée hier. Je n'ai rien recueilli que des commérages : ainsi, scènes entre le Prince Jérôme et Fould à propos de l'adoption. C’est possible et même probable. [La grande duchesse] a un ministre affirmait encore hier que le mariage se poursuivait et se ferait. Voilà, je n'ai rien de plus à vous dire, nous nous dirons un peu plus Mardi. Adieu. Adieu.
J’ai eu des nouvelles d’Alexandre.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23013_00483.jpg
Paris le 13 octobre 1850 Dimanche

Je n’ai vu à peu près personne hier. Le duc de Cases est venu, il part aujourd’hui pour Ostende. Il arrive de la province toujours le même dire. On ne sait que désirer. Il croit lui que la solution doit arriver à travers le prince de Joinville, et qu'il serait insensé à lui de refuser d’être l’artisan des rétablissements de sa famille. Je vous donne de Cases. Je voudrais que vous puissiez lire les journaux Belges. Le désespoir, la tristesse misérable.
A propos le roi a fait partir depuis quinze jours tout son ménage clandestin, ils sont tous en Allemagne. Bonne précaution. J'avais hier soir ici Viel Castel mais comme il est survenu des indifférences et qu’ils étaient peu nombreux je n’ai pas pu reprendre la conversation. intime. Le blâme est général pour les cris de Vive l’Empereur. On trouve cela sans excuse. Décidément il y a eu invitation de pousser ce cri, de très haute part & personnelle, sur les lieux mêmes. Voilà ce que m'ont redit les témoins oculaires & auriculaires.
Mon estomac me tracasse. La tracasserie morale résonne là, et y reste. Une longue lettre d’Aberdeen que je n’ai pas lue ; je vous l'enverrai demain si elle le mérite. Adieu. Adieu.
Je vais à l’église. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris dimanche le 14 septembre 1851

J’ai vu hier Montebello. Kisselef ; le soir Dumon, Viel Castel, Antonini & Hubner. Celui-ci revenait de Champlatreux où je vais faire visite ce matin. Le Times est toujours un sujet de causerie. On ne me dit pas sur cela tout ce qu’on pense mais au fond on regrette qu'il y ait prétexte à vous attribuer les matériaux de ces articles. & tout ce ce que j’accorde c’est que vous avez peut être trop dit à des bavards. Je crois que la rancune sera longue à Claremont. Andral dit que le duc Decazes est perdu. Saint-Aulaire m’a dit l’autre jour tout le contraire.
Marion me manque et me manquera toute la semaine. Votre fille va être à Hyéres dans une grande solitude, mais le climat. est dit-on charmant. Pas de nouvelle du passeport cela m'inquiète tous les jours davantage. Adieu, vous voyez qu’aujourd’hui je suis maigre.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris dimanche le 15 septembre 1850

J’ai vu hier matin Kisseleff le soir lui encore, les Douglas Mad. [Kalergis], Mad. Sebach, Viel-Castel, Frantenansdorff & &. Point de nouvelles. Le président & Lahitte sont revenus nègres, tant ils ont été brûlés par le soleil. On mande que la reine de Hollande & la princesse de Prusse se disputent Thiers. Elles en raffolent. Il se laisse prendre volontiers. Il va au salon tous les soirs. Là des coteries ce sera drôle à entendre raconter par les revenants de Bade. Mad. [Nariclekin] sera compétent.
Voici votre lettre. Vraiment votre réponse sur Fleichmann est trop compliquée, je ne me charge pas de redire ce que vous me dites. Ecrivez- moi bel et bon une lettre que je puisse envoyer, cela vaut bien mieux & dites quelque chose de net. Pourquoi donc Mlle de Wiit ne continuerait-elle pas à vivre sous le toit de sa tante ? Avec cela et 1200 francs qu’ils auraient ensemble pour commencer il y a de quoi aller ? Enfin cela ne me regarde pas. Et je ne me charge que de transmettre la lettre que vous m'écrirez. En attendant comme Fleischmann père m’avait prié avant qu'il fût question de mariage de protéger son fils auprès de Rothschild, je ferai cela la première fois que je le verrai.
Mon rhume dure sans augmenter. C’est toujours cela. Mad. Sébach avait dîné hier chez Lamoricière à 3 avec son mari. Il ne leur a donné que du poisson, parce que c'était samedi & qu’il fait maigre tous les vendredis & samedis. Il part pour 15 jours. Voyez comme j’ai peu à dire, c.a.d. rien du tout. Adieu. Adieu

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Dimanche 17

Je suis positivement très malade, car les douleurs se joignent à tous les autres accidents. Chomel, Andral ... ne parlons plus de ma santé jusqu'à ce qu'on ne parle plus de moi.
Tout a été superbe hier, on est venu voir de chez moi, je n’ai rien regardé, rien ne m’intéresse. Le Prince a vu hier matin Abdel Kader à Amboise & lui a rendu la liberté il attendra seulement à Amboise ou au Trianon, comme il voudra que l’arrangement soit conclu avec la porte. C’est Mouchy qui est venu me dire cela, il accompagnait le Prince. Aujourd’hui conseil à l’Elysée. On dit qu'il faut prôner l’Empire, d’autres affirment qu’il n’arrivera que dans six semaines. Pas d’enthousiasme hier mais très bon accueil et tout le monde content. Le spectacle superbe. La mauvaise humeur contre la Belgique est en grand progrès et si sa presse continue moi je croirais à l'invasion, et alors, bonjour. Adieu en attendant. Adieu.
Aggy redemande sa lettre de Marion.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris dimanche le 19 octobre 1851

Je n’ai vu personne hier qui put me donner des renseignements nouveaux. Rothschild m’a fait dire que Billault avait refusé. Voilà tout ce que je sais.
Mad. [Marichkein] a trouvé le Président très triste et préoccupé. Il n’a pas dit un mot de la crise. Si j’avais été sa voisine à table j’aurais su m'y prendre. Mad. de la Redorte est revenu me voir hier. En grand blâme du Président, très convaincue que l'Assemblée ne votera pas le rappel du 31 mai. Son mari arrive demain, j’en suis bien aise.
Montebello n’est pas revenu de Tour où il a conduit sa femme. Le départ de Dumon le laisse tout-à-fait sec. J’ai oublié de vous dire hier que Génie est venu me voir. Il était intéressant. Je verrai peut être quelqu’un de la commission de permanence ce matin, mais trop tard pour vous en redire quelque chose. Je vous quitte. Je verrai Chomel. Je commence à m’inquiéter de moi. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris Dimanche le 20 octobre 1850

All right. C'est moi qui avais mis le pain [?]. Paresse de sonner pour de la bougie, Hubner hier soir, très préoccupé, mais très décidé. On poussera jusqu’au bout Que fera la Prusse ? Cela ne peut plus traîner dans quelques jours le dévouement, c.a.d. qu’elle laissera faire, ou qu’elle s'en mêlera. Et alors belle mêlée ! [?] est fini, officiellement enterré. A présent la Prusse au lieu de l'Union, veut [?]. Hubner ne comprend pas la distinction. Dans tout cela Hubner dit que nous sommes coupables de n’avoir pas tranché la question alle mande dès le mois de mai à Varsovie. Nous le pouvions alors, nous avons été timides. Je crois qu'il a raison. Aujourd’hui c’est très ouvertement qu'on parle de 200 000 [?] prête à entrer en cam pagne d accord avec l'Autriche. M. de Heckern qui était ici hier soir, (Ah mon Dieu quelle façon ! Je ne crois pas que je le tolère) avait vu le ministre de la guerre furieux du Constitutionnel, il a couru à l’Elysée. Il en est revenu le visage long [?]. Mad. de Contades disputait cela et prétendait savoir qu’il resterait, elle venait de dîner chez lady Douglas. Thiers & Changarnier sont à Ferrières pour deux jours.
Voilà toutes mes nouvelles. Alexandre m'écrit de Naples ce qu'il n'a pas voulu m'écrire de Töpliz, qu’ayant vu le comte Nesselrode tous les jours, jamais il n’a prononcé mon nom, ni demandé de mes nouvelles ; très incommodé de ma correspondance avec l'Impératrice. Je ne puis pas lui épargner ce déplaisir. Mais je comprends que cela ne soit pas commode. J'ai écrit à Duchatel. Je regrette beaucoup. Dumon, je n'ai plus de discoureur agréable et confortable. Personne ne sait le moindre mot de Salvandy. Du moins je n'ai rien appris quoique j'ai demandé. Adieu. Adieu.

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Paris le 21 septembre 1851

J'ai vu hier Morny longtemps. Il venait une querelle, vous quereller de ce qu'on lui a redit qu’il ne voulait plus d’Assemblée. Ce n’est ni à vous, ni à moi qu'il l'a dit. Moi je l'ai deviné à son sourire, on n’est pas bien coupable de dire que Morny rit. Tout ce que cela me prouve c’est qu'il ne pense pas tout-à-fait ce qu’il pensait il y a trois semaines. Certainement il est plutôt sombre que gai. Il ne m’a rien dit que je puisse relever mais mon impression générale est du découragement. Il doit être raccommodé avec le Constitutionnel car il admire fort ses articles politiques. Il ne voit aucun moyen de compter sur le courage de l'Assemblée en supposant même qu'on se rapproche des hommes importants, ce à quoi on ne me paraît pas trop songer. J'ai manqué hier soir M. Fould.
Le samedi je suis en vacances. J’ai été le passer chez la jeune comtesse avec Ribeaupierre & Kisseleff. Aujourd’hui le temps est atroce. Montebello vient tous les jours. Sa femme l’inquiète mais c’est toujours la même chose. Je ne vois rien à ajouter à ma lettre. Adieu. Adieu.

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Paris dimanche le 22 août 1852

J'ai vu une lettre de Berlin racontant le 15. La police a défendu l’illumination & le Te deum. Mantenffeld & le reste a refusé d’aller au dîner. Pas un Prussien n’y a été. Petit dîner en habit bourgeois, & de tout le corps Diplomatique rien que l'Anglais & le Bavarois. Voilà, partout je crois cela aura été de même ; on ne peut pas célébrer la mémoire de l'homme qui est venu saccager, opprimer, humilier tous les pays. Pourquoi le Prince ne s'est-il pas borné à dire que c’était sa fête à lui ? On la célébrerait volontiers. Tout cela est très maladroit. Castelbajac a un congé. Il revient comme Kisseleff va partir, il n’y aura pas d'affaires du tout. Car ce n’est pas le Prince Kourakin qui saurait les faire.
Je vous envoie la lettre d’Ellice qui vous intéressera. Renvoyez la moi je vous prie. Tout le monde a comme moi lu votre Cromwell avec beaucoup d’intérêt, mais tout le monde se demande, & mon plaisir une fois passé je me demande aussi pourquoi vous l'avez fait paraître. C'est de la désobligeance pour le moins. C’est inutile & cela pourrait vous attirer et à d’autres des désagréments. Cela ne vous ressemble pas de faire de la malice pour de la malice. What use ?
Je ne sais rien de Rémusat. Je n’ai point vu les Delessert depuis deux jours. Je les vois beaucoup, elle me plait tout à fait. Ce pauvre Auguste est revenu il est allé voir mourrir sa femme et l’enterrer. Hier on a enterré le petit Tolstoy. En ai-je fini des tragédies ? Mes jambes vont mieux, mais la débilité générale est extrême. Adieu. Adieu.

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Paris le 22 septembre 1850 Dimanche

Saint-Aulaire a dîné hier avec moi. Je lui ai beaucoup plus appris que lui n’a pu me dire. Bonne & charmante conversation. Le soir quelques personne. Bois-Le-Comte entre autres. Esprit très sérieux et très sensé. Il m’a plu. Il dit aussi. La république a déjà fait de bonnes choses, Elle doit en faire encore. Il ne faut pas se presser & la renverser, il faut lui. donner appui. Madame de Castelbajac est venue tard. Elle a laissé son mari à Pétersbourg & elle y retourne. L'empereur à parlé du Président avec estime. Il l'approuve pour beaucoup de choses. Il trouve à redire aux légitimistes. Ils sont trop pressés. Elle est sous le charme de l’Empereur et de la famille impérial, mais on en approche rarement, et la société de Pétersbourg ne me paraît pas lui plaire excessivement. Que dites-vous des deux lettres, Barthélemy & Larochejacquelin ? Celle-ci la suite obligée de l’autre mais enfin quel effet cela va-t-il faire ? C'est bien certainement ce que le duc de Noailles m'a dit être, la pensée & la volonté du comte de Chambord, avec cette manie, il faut que la nation reconnaisse qu’il n'y a de salut que dans le droit, & alors le droit reprend sa place. Je ne sais pas de nouvelle du tout. Lady Dufferin est à Bade. J’ai prié Sainte-Aulaire de lui demander des détails sur les querelles des Princesses ; elle doit les savoir ; le prince de Prusse est à ses pieds. Certainement tout cela m’aurait bien divertie, mais ma tranquilité de Paris me convient bien, et je ne puis pas regretter les auberges. J’ai peur que mon fils Alexandre ne retourne à Naples, au lieu de venir ici. Grand rabat joie pour moi. Adieu. Adieu.

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Paris le 23 Juin Dimanche

Je suis bien mécontente de cette brusque solution en présence de ces publications anglaises dépêche de [Wyze] & deux de Normanby qui ne me paraissent nullement agréables au g[énéral] de Lahitte. Aberdeen en juge ainsi de ces dépêches, il les trouve insultantes, & il pense bien que l’affaire ne sera pas conclue, il m'écrit fortement sur l’utilité qu’elle ne le soit pas avant lundi. J’ai montré cela mais l’affaire est faite ; les regrets n’avancent rien n'effacent rien. Un malentendu, dit-on, a empêché hier que le Moniteur continue une réfutation (de la dépêche de Wyze), publiée sur la Patrie. Il faut au moins que cela paraisse aujourd’hui.
Il devait y avoir un grand dîner à Ferrières, aujourd’hui tout à coup hier, les convives décommandés parce que Mad. de Rothschild est partie subitement pour l'Angleterre & M. de R[othschild] pour le Havre. Vous concevez que cela fait quelque bruit. L[ord] Aberdeen, Ellice, Greville, Beauvale, tous me disent que la dernière phrase du discours de Lord John à Paris des plus insolents pour l'Europe. L’intention était à l’adresse de Lord Aberdeen, mais c’est trop fort & les grandes puissances dit-on ne peuvent pas avaler cela. Ellice pense, que si le g[ouvernement] porte, la chambre des Pairs rejettera toutes les propositions du g[ouvernement] tous les bills venant de la ch[ambre] des Communes. La confusion, l’irritation, les commérages sont au comble à Londres. Beauvale dit que c'est un enfer. Meyendorff m'écrit que rien ne s’arrange en Allemagne. 300 [mille] Russes toujours en Pologne. Le Prince de Prusse arrive demain à Londres pour le bateau du Prince nouveau né. J’ai été interrompue la tête branlante l'heure avance, il faut écrire à notre ami A.[berdeen]. L’acceptation ici a été conçue dans des termes [?]. Drouyn de Lhuys ne retourne pas encore. Adieu. Adieu.

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Paris dimanche le 23 octobre 1853

J’ai des nouvelles de [Greville] enfin rien de remarquable. On travaille à une nouvelle note, et on attendait avec curiosité ce qu’aura dit l’[Empereur] de la déclaration de guerre des Turcs. (cela n’est pas inquiétant !) Les meeting en Angleterre sont a complete failure. Pas un homme considérable n’a voulu y prendre part.
La neutralité de l’Autriche et de la Prusse est due à la fermeté de M. de Manteuffel. Voilà toute la lettre, accompagnée d’assez de dégoût de toute cette affaire. Le Cabinet devait se réunir la semaine prochaine. On me mande de Berlin que nous resterons sur la défense tout l'hiver, et que nous accueillerons toute proposition venant de Constantinople ayant pour but de finir à l'amiable. Cela n’est pas fier! Quelle sotte affaire !
Je vous ferai réponse après demain sur M. Monod. Je ne sais point de nouvelle de Compiègne. Marie [Meiringen] y est. On passera quelques jours de la semaine à St Cloud, et puis Fontainebleau. Les Hatzfeld sont revenus contents & pas bavards. Hübner est toujours aigre. Dumon est réparti. Viel Castel aussi de sorte que je suis assez abandonnée. Adieu. Adieu.
Offrez je vous prie mille voeux de ma part à votre fille. J’espère que ce voyage réussira. Adieu.

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Paris dimanche 24 octobre 1852

On dit que l’inquiétude revient dans le camp de Jérôme. Que tout l’entourage travaille contre eux. Les Paris sont ouverts. Le Père ne cesse de dire " il n'y a pas d’Empire sans le frère de l’Empereur." Si c’est une continuation de dynasties, il a raison enfin nous verrons dans 15 jours. Les articles du J. de Francfort étonnent tout mon cercle. Je ne puis pas continuer. Adieu. Adieu.

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Paris dimanche le 26 octobre 1851

Je n’ai rien à vous mander. aujourd’hui. Vous voyez que Billault est fini. Hier on travaillait à Ducos. M. Fould me semble avoir raison. On ne trouvera pas de Ministres. Les propos des Elyséens sont très vifs. Tout leur est égal. Et s'ils périssent au moins auront-ils le plaisir de voir le pays tout entier périr avec eux. C'est M. Persigny qui a dit cela. Douce satisfaction. Encore le Chancelier hier soir. Mais pour le coup il n’y avait pas de quoi l'amuser. Je suis réputée en vacances le samedi.
On me défend cependant encore les Italiens, et je n’avais ici que la diplomatie. Viel Castel aussi, qui revenait de chez le duc de Broglie. Il croyait trouver M. de [Bourgeoly] aux Aff. étrangères. Il n'a rien trouvé, pas même Baroche qui est à la Campagne. Le duc de Noailles est reparti pour Maintenon.
En me rappelant le peu de paroles de M. Fould avant hier je crois me souvenir qu’il voulait laisser croire que rien n'empêchait le président de transiger. " Il n’a reçu dit d’officiel encore. Il n’est pas compromis.“ On me dit que l’antipathie du Président pour M. Léon Faucher est énorme. D’un autre côté tout le monde regrette Léon Faucher comme un ministre très vigilant, très ferme et fort honoré [?] par les Préfets. En tout on continue à blâmer, blâmer beaucoup, le Président. L'émotion est très vive sur le continent. Vous avez beau temps pour l’événement de falaise. La Redorte est revenu. J'en suis charmée. Je le verrai aujourd’hui. Adieu. Adieu.
On dit que le [Journal] des Débats tourne à la fusion est-ce vrai ?

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Paris Dimanche le 26 Septembre

M. Fould est venu hier me raconter la découverte de la machine infernale à Marseille. Très préoccupé de cela. On a pris tout le monde. Il croit à des ramifications à Londres. [Brignoles] il est très monté contre les [gouvernements] libres. On le fera sentir. Sentir aux uns, dire à un autre. Mais ceci peut même loin. Il faut voir l'influence que cet événement de Marseille aura sur le reste du voyage, il y a trois semaines encore. Dimanche le 16, il rentre à Paris. Entrée solennelle. Molé est venu hier très frappé de l’événement et triste, Dumon triste aussi. On croyait les fusillés oubliés. Les proportions de ceci étaient affreuses. De centaines de personnes y périssaient. Du reste Molé content de la pensée qu'on va être affranchi en même temps de la République et du suffrage universel ; Fould ne disait hier encore qu’il sera brisé après l’Empire. Celui ci est bien décidé, je ne sais si l'événement de Marseille le rapproche. (Voici votre lettre. Comment vous ne comprenez pas pourquoi la Reine ne fait pas seule. Mais ce serait son argent, elle aime mieux que ce soit celui de Parlement parenthèse) Vous voyez que c’est Hardinge qui commande l’armée. Choix très convenable. On s'occupe beaucoup à Londres de l’idée d'une descente. Le duc de [Wellington] la croyait très possible. et le Times peut la rendre vraisemblable autant que le complot de Marseille. Quoi ? Si l'on demandait à l'Angleterre l’éloignement des exilés ? It will end by war, voilà ce que répète Ellice depuis 4 ans 1/2.
J'ai montré à M. Fould ce que vous m'avez dit du discours du Prince à Lyon, cela lui a fait plaisir, mais quant à la remarque sur ce que le [gouvernement] de [Lord Palmerston] a rendu des respects à la mémoire de Napoléon, il dit qu'il courait après la popularité et que l’ayant reconnu là, la statue et les cendres ensuite ont eu cela pour à l'Angleterre l’éloignement des exilés ? It will end by war, voilà ce que répète Ellice depuis 4 ans 1/2. J'ai montré à M. Fould ce que vous m'avez dit du discours du Prince à Lyon, cela lui a fait plaisir, mais quant à la remarque sur ce que le [gouvernement] de [Lord Palmerston] a rendu des respects à la mémoire de Napoléon, il dit qu'il courait après la popularité et que l’ayant reconnu là, la statue et les cendres ensuite ont eu cela pour mobile. Il n'y a rien à répliquer c’est vrai quant à la légitimité elle n’y avait rien à faire. Pardon du petit bout de papier, je suis avare. Adieu. Adieu.

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Paris le 27 octobre 1850

J'ai négligé de vous dire, qu'on dit qu'à Frohsdorff outre le service funèbre, & le deuil pris en apprenant la mort de la reine des Belges on a encore et de nouveau chargé Salvandy de porter à Clarmont le message de sympathie & de condoléance, & que Salvandy au lieu de s’en acquitter en personne a écrit à Clarmont les paroles mêmes du comte de Chambord. Les nouvelles d’Allemagne sont très contradictoires, cependant vous allez être bien étonné si je vous dis qu’on croit que c'est l’Autriche qui reculera. Voici : les Prussiens entreront ou traverseront en vertu du traité avec la Hesse. Les Bavarois qui doivent y être entrés déjà, se replieront aussitôt l'entrée des Prussiens, en protestant, & resteront l’arme au bras à la frontière. Comprenez moi, je ne comprends pas. On annonce toujours que l’Empereur & [Schwarzemberg] vont à Varsovie mais ils n’y sont pas. Hier Hubner avait l’air de trouver que c'est mon Empereur qui doit une visite au sien. Tout cela est drôle.
J'ai été hier soir chez les Normanby. Lahitte ne savait rien, Viel-Castel que j’avais laissé chez moi n’en savait pas davantage. Chaque heure peut porter une nouvelle curieuse. On soupçonne lord Palmerston de vouloir faire une malice à la France & à la Russie en laissant croire sur leur compte les bêtises qu’a dit le Times et qui ne dément pas absolument le Globe. Je crois qu’en réalité on voulait ici une démarche collective conservatoire & menaçante & que l'Angleterre a été d'avis de notes simultanées. Lady Jersey part Jeudi. Voulez-vous dîner avec elle ici Mercredi ? J’aurai Sainte-Aulaire, Montebello, quelques diplomates, Viel Castel. Si vous disiez non, il faut me le dire, afin que j’ai le temps de vous remplacer mais dites oui. Demain je lui donne à dîner aussi. Adieu. Adieu.
Je serai charmée de voir finir ces adieux là.

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Paris dimanche 28 septembre 1851

J'ai vu Granville, plus questionneur que discoureur. Montebello qui avait reçu de M. Moulien une mauvaise lettre, mauvaise sur la fusion. Le Prince Paul très sourd, très malade, très anti Joinville. L'unanimité sur ce point est remarquable. Si on savait cela à Claremont il est impossible que cela ne fasse pas d’effet. J’ai vu les Delessert aussi. Madame, très vive dans le même sens. Tout le monde en critique sévère de Thiers. Pas de nouvelle de la journée. On est tranquille et on le restera probablement pendant le mois d’octobre.
Montebello part après demain pour Brest où il établit son fils dans la marine. De là il ira probablement rejoindre sa femme à Tours. On s'y transporte. Beauséjour n'a pas réussi. Je n’ai pas vu Dumon depuis jeudi. Il part le 10 octobre pour sa province. Adieu. Adieu.
Voici la lettre de Gladstone. Je l'ai relue. C'est un sot.

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Paris Dimanche le 29 mai

Le Moniteur vous annonce le départ du Prince Menchikoff. Il a longtemps attendu quatre délais successifs. C’est fini. [Kisseleff] croit aux coups de canons immédiats.
En dépit des réflexions du Moniteur, il n'y a que cela de convenable après le fracas, les lenteurs et tout ce que nous avons vu depuis trois mois. Je ne crois pas que l'Angleterre nous fasse la guerre, & la France ne fera rien & ne peut rien faire seule. L’Alarme est grande ici. Voici la lettre d’Ellice d'hier vous y verrez que le ton de Brunnow est devenu un peu arrogant.
Enfin toute cette affaire est une affaire, et les conséquences peuvent être grandes. Ce qui m'effraie c’est la colère où va entrer mon Emp. Si on s'avisait de dire qu'il a manqué à sa parole. Il n'y a pas manqué. Nous n’avons élevé aucune prétention nouvelle. Nous demandons la consécration du rien, & nous les demandons sous une forme plus obligatoire que les firmans, parce que nous avons fait l’expérience de peu de valeur des firmans, témoin Lavalette.
Que de choses curieuses j'aurais déjà eu à vous dire depuis 2 jours ! Je n’ai pas vu Fould. Flahaut est toujours très bien. Noailles a la tête perdue. Que sera ce quand le canon aura tiré ? J'ai eu hier des données détestables sur le professeur Allemand que je voulais prendre. Il faut que j’y renonce et je n’ai personne, et cela à la dernière heure ! Vous me voyez m’agitant ? Comment n'ai-je encore rien eu de vous depuis votre départ. Adieu. Adieu.

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Paris Dimanche 29 septembre 1850

J'ai eu hier toute la journée la tête prise par une violente migraine. C’est un peu passé aujourd’hui. Ce qui ne passe pas c’est mon rhume de poitrine. Je prévois que je le trainerai tout l'hiver. Je n’ai presque vu personne. hier. Le Prince Paul. Madame Kalergis, Balabrice, & Tolstoy vous conviendrez que c’est du régime. Mad. Kalergis voit beaucoup M. de Persigny ; je vous ai dit qu’il est à Londres, & pourquoi il y est. Voilà donc Radony aux affaires étrangères. Cela va nous réjouir ! Je reste sans lettre de Constantin, c’est inconcevable quant à mon fils, je n’aurai de ses nouvelles que de Naples, Cela va encore être bien long.
Vous ai-je dit que Marion est ici depuis dix jours & que je ne l’ai pas vue encore ? Elle m’a écrit de Brighton pour me dire de l’ignorer complètement, que cela lui était nécessaire pour régler le reste de son hiver. Ainsi pas même un petit billet vert, j'obéis. Ils sont tous ici, tout le monde les a rencontrés, & j'en reste là. Je ne comprends pas son calcul, & je crois qu’elle fait une inconvenance et une bêtise. J'oubliais la princesse de Ligne qui est venue me voir hier, le reine des Belges est au plus mal. Voici une lettre de Lady Allice qui a vu la reine à Clarmont dans le désespoir à propos de sa fille. Elle veut aller la voir le 5 octobre. Le duc de Nemours dit qu’il laisse à sa mère cet espoir mais que sa pauvre soeur sera morte avant. Comme c’est triste ! Beauvale me mande que Schwarzenberg demande à l'Angleterre réparation pour l'outrage commis sur la personne du général Haynau et que c'est l’armée autrichienne qui l’exige. Schwarzenberg cite Pacifico, qu’y a t-il à répondre ? Cela peut encore devenir une affaire.
Enfin une lettre de Louise. Constantin absent avec le roi aux manœuvres. Pas de catastrophe, & j’ai été une sotte. J'enverrai à Fleichmann votre première feuille. Adieu. Adieu.

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Paris Dimanche le 30 Juin 1850

Me voilà encore. J’étais si lasse hier que je n’ai pas pu faire mes derniers arrangements. Londres m’a troublée aussi, & le parlage chez moi. Enfin je ne suis pas partie ce matin, comme j’avais voulu le faire & ce n’est que mardi matin qui je m'embarque pour cet ennuyeux voyage. Je ne m’explique pas la majorité de 46. Pour le ministère. Le Général Lahitte m’a envoyé la dépêche télégraphique hier avant 5 heures. Très bien, rien que le chiffre. Je suis curieuse des détails. Qu’aura fait Peel ? Le coup au visage de la Reine est quelque chose dont on ne revient pas. L'histoire du monde n'offre rien de semblable. Cette brutalité révolutionnaire ! Car l'homme n'est pas fou.
Morny est venu hier, ayant l’air fâché du succès de Pal[merston]. Je lui ai dit que tout le monde l'était, moins un, le Président. Il a peu disputé. Le Prince croit que Pal[merston] est son ami, & qu'Aberdeen serait son adversaire. Comme c’est jugé faussement ! Voilà donc les pièces. Certainement la réponse de Lahitte est sèche. Drouyn de Lhuys va repartir. Il n’y a pas de motif pour ne pas retourner à Londres, & je crois que Mareschalchi est un pauvre correspondant.
Midi. Voici Ellice & lady Allice. Le premier embarrassé. Disant que c'est la guerre entre les deux chambres, & qu'au besoin Lord John pourra bien appeler à son secours les moyens révolutionnaires ou à peu près. La lettre n’a pas de valeur. Lady Allice dit, au moins voilà les partis mais, Peel, Graham, votant avec les Conservateurs & Protectionnistes. Personne ne dit si Peel a parlé. Je croirais que non. De l'aveu de mes deux correspondants, John a fait un mauvais discours. Disraeli aussi. Personne ne dit un mot du coup de canne à la figure de la Reine. J’espère avoir un mot, d’Aberdeen, Cela vient plus tard. Flahaut très Palmerstonnien, voilà ce que me dit lady Allice et ce que vous aviez dit avant elle.
2 h. Je viens de parcourir le Times bien rapidement. Peel a parlé & fortement & bien, du moins c'est ce qu'il me semble avec mes pauvres yeux. Tout cela est d'un longueur excessive. Il ressort de ce débat que les partis sont unis sur la question étrangère. C’est assez bon. Adieu. Adieu. Que vous dites vrai sur les points pas touchés ou faussement touchés par Palmerston Mais what use now ! C’est fait et j'espère que l'Angleterre aura une petite révolution. Adieu. Adieu.

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Paris le 31 octobre 1852

Hier il n’y a pas eu moyen. de vous écrire. Depuis midi Cowley & la reste de l'Europe. sans désemparer. Chacun se conte sa nouvelle. Je n'ai rien de direct. Pas un diplomate n’approche de St Cloud. Cela ira comme cela jusqu’à près l'Événement, car que peut- on se dire à présent ? Et moi aussi je n’ai rien à dire, rien à vous conter. J'écris à l’Impératrice par des occasions un peu le bavardage de mon salon, je n’en ai pas d’autre.
Le 4 est attendu avec curiosité. Ma rue est remplie de curieux pour voir Abdel Kader. On le dit superbe. Le Moniteur vous en régale aujourd’hui. Callimachi prend sa destitution assez gaiement. On dit que lui, Lavalette & Monssouron? qui est à [?] ont fort bien arrangé leurs affaires. Je ne sais pas du tout si nous nous sommes mêlés de ce qui s’est fait à Constantinople. Stratford Canning travaille beaucoup à se faire nommer à Paris, je doute qu’il réussisse. Hatzfeld arrive aujourd’hui. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris dimanche le 3 octobre 1852 hier

Je n’ai pas pu vous écrire. entre mes souffrances & ma profonde tristesse, il valait mieux ne pas essayer. Ne me parlez pas de ma santé, c’est inutile. Les paroles et des louis n'y font rien. Parlons de ce qui se passe. Rien de nouveau.
Le lac français fera une petite affaire. Il faudra désavouer. [Drouin de Lhuys] a blâmé et l’a dit. Les Holland sont ici. Ils ont diné à Meudon. Jérôme est très inquiet. Il ne sait pas quel sera cet empire. Il leur a dit qu'on a offert à son fils de choisir à l’étranger tel poste qu’il voudrait. Il a tout refusé. Il ne bougera pas. Quoique je vois beaucoup de monde le matin et le soir, je n’apprends rien. Tout le monde attend [?]. Le moment de l’Empire reste tout incertain. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris dimanche le 5 Septembre 1852

J'ai manqué la petite princesse hier. Elle m’a fait attendre. Je suis partie sans elle, de sorte que je ne sais rien de sa journée de St Cloud. J’ai vu du monde le soir. Pas Molé, il était aux pieds de Kalardgi arrivée dans la journée et trop fatiguée pour venir chez moi, de sorte que je n’ai pas joui des premiers transports. Mad. Roger est venue me voir. Elle a passé quelques semaine en Suisse auprès de la Duchesse d'Orléans, qui est en assez mauvais état de santé. Elle va à Eysenach mais il n’y a rien de là pour l’hiver.
Comme la description de la bataille de Waterloo est belle dans Lamartine ! L'avez vous lue ? C'est charmant. Molé trouve qu’il ne sait pas le français et que tout est menti dans son ouvrage. Lamartine ne trouve pas M. Molé un grand homme. Adieu, car je n'ai rien à vous dire. Il pleut aujourd’hui ; j'aime mieux, cela que le beau temps, parce qu'alors je me résigne mieux à Paris. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris Dimanche le 29 août 1852

Aujourd’hui grand mal de tête. Je ne pense plus qu'à mes maux. Quel ennui ! La rentrée en faveur de Radowitz fait un effet déplorable en presse. On est furieux. J’ai vu hier un moment Montebello. Il passait par Paris retournant en Champagne. Vous n’avez pas d’idée comme Paris est vide, c’est très humiliant d’y être. Comme mon été a été massacré. Génie est venu me voir un moment. Il me dit que votre fille Pauline n’est pas bien. Vous ne ne m'en parlez pas. Qu'a-t-elle donc ? Voilà le choléra à Vienne et à Berlin. Que ferai-je quand il sera ici ? Le plus sensé est de s'en aller, mais où ? Ah quelle misère que la vie ! Et la vie quand on vit seule. Je ne trouve rien, rien du tout à vous dire. Je vois beaucoup de monde, mais tout cela si peu intéressant. Hubner me soigne sans rien m’appendre. Brandebourg vient pour appendre, & je n'ai rien à donner. Je n’ai pas ouï dire que Cowley soit revenu. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris le 2 octobre

Je me suis trompé en écrivant ou vous en lisant. Je parlais de la lettre du Times dans le temps & vous avez lu Thiers. Je veux ajouter à ce que j'aurais pu vous dire hier ceci. Fould en me parlant de la proposition Creton & de ses chances me dit : moi-même si je ne servais pas ce gouvernement-ci, je me croirais obligé de voter pour la proposition. Et puis Thiers avait dit à Marion en parlant du Président : " Changarnier a eu tous les torts dans la rupture. " Dumon se dit malade. Le soir, il vient chez moi le matin. Il est vrai qu'il a mauvais visage. Il a rectifié le dire de Fould en ce sens. - Si l'Assemblée veut décider la révision à la majorité des voix, je la soutiendrai. - Cela change beaucoup le sens, & rend la phrase irréprochable. vous savez que je parle de messages présumés. Tous les jours les perplexités augmentent c.a.d. dans l’opinion des bavards irresponsables & ignorants.
J'ai vu hier la duchesse Decases. Elle croit que le Président perd. Il me semble qu’elle le désire, le corps diplomatique devient tous les jours plus ardent pour le succès du Président. L'article de Véron ce matin me paraît fort bon. J'avais hier soir Viel Castel, Stratford Canning est très embarrassé. Il avait donné au sujet du chemin de fer à la Porte des assurances que la conduite du Conseil anglais à Alexandrie a démenti. Ce sera un démêlé entre Palmerston & Canning. On refuse à Kossuth de traverser la France et on trouve fort mauvais qu'on lui ait permis de mettre pied à terre à Marseille. Adieu voilà tout je crois. Adieu

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris jeudi le 2 Septembre 1852

J'ai encore revu Lord Granville hier, il reste pour dîner demain à Saint Cloud. Cela m'amuse qu' il y dîne. Je n’ai vu hier soir que Valdegamas et le nonce. Voldeganas est original et me plait. Personne n’a la moindre nouvelle à dire. C'est un vide extraordinaire. Chomel est revenu ce matin il est content de ma société, mais moi je voudrais être plus contente de ses ordonnances. Je continue. Molé doit venir aujourd'hui. Kalerdgi aussi, cela va m'égayer. Il y a quelques anglais. Les [Bruce] que j’ai vu hier, ils trouvent Paris charmant quelque ennuyeux qu'il nous paraisse. Voilà qu'on m’interrompt, cela ne vous prive de rien car je n'ai rien de mieux à vous envoyer qu'Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Paris, Jeudi 3 Juillet 1851
6 heures

Je me lève. On m'a apporté le discours du Président hier à 6 heures. Celui-ci n'est pas agressif. Des compliments pour tous. La royauté et la révolution, le peuple et les chefs des Assemblée, Charles VII et l'Empereur. Et derrière les compliments, les dangers ; la société toujours près de s'abîmer sur elle-même. Faute d’union et de tranquillité durable. Excellent plaidoyer pour la fusion, et pour lui-même en attendant la fusion. Je n'ai vu personne hier soir, ni lu encore aucun journal ce matin. Je nous donne là ma première impression, et la mienne seule.
M. Molé m’a écrit hier soir qu’il viendrait me voir aujourd’hui entre 11 heures et une heure. Notre point de réunion nous manque. Il faut se chercher et s'avertir. Le Messager de l'Assemblée d’hier soir dit : “ Les paroles du Président de la République à Poitiers ne sont point de nature à fournir un élément sérieux aux discussions actuelles... son discours est un progrès en arrière sur celui de Dijon ; il vaut mieux que celui-ci, même après les corrections de M. Faucher. "

2 heures
Molé et Duchâtel sortent d’ici. Même impression que moi sur le discours du Président. Celui qu'il a tenu à Châtellerault a été encore plus net et plus vif, dans le même sens. A cette occasion, j'ai insisté sur la nécessité de se tenir, envers lui, dans une attitude tout-à-fait impartiale, l'approuvant ou le blâmant librement, avec des égards dans l’indépendance. Nous ne sommes et ne voulons pas être dans sa barque. Nous ne devons pas être non plus dans la barque d’où l'on fait feu sur lui à tout moment et à tort et à travers. C’est un enfantillage passionné, et vain qui ne nous convient pas. Avant le discours, sur la route et à Poitiers même, l’accueil avait été décidément froid, presque malveillant. Après le discours, il a été beaucoup meilleur.
On m'assure que la Duchesse d'Orléans est partie avant-hier pour Edimbourg. On ne sait pas encore précisément ce que feront la Reine et les Princes...
Chabannes est entré comme j'écrivais. La Reine et les Princes partiront lundi 7 pour aller rejoindre Mad. la Duchesse d'Orléans à Edimbourg. C'est le Prince de Joinville qui a décidé ce voyage général. L’Ecosse lui plaît assez. Ils y passeront quatre ou cinq semaines Mad. Mollien partira le 10 Juillet pour aller passer deux mois auprès de la Reine. Le Général Aupick est venu aussi ce matin. Il part pour Madrid. Molé part samedi pour aller je ne sais où. Il reviendra Jeudi 10. Je ne vous parle que de départs. La dispersion devient complète.
Adieu, adieu.
J'attends un mot de Bruxelles. Tout mon monde va bien. Armand Bertin ne va pas à Hombourg, Sacy, qui le remplace toujours dans ses absences, est gravement malade. Adieu. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris jeudi le 3 octobre 1850

Vous avez lu cette abominable lettre. Vous avez vu l'agitation, le trouble où elle m’a jetée. Mais vous ne vous ne ferez jamais une idée exacte. J’ai passé une journée et une nuit affreuses. Ce matin j’ai envoyé chercher votre petit homme il n'était pas de retour. Je me suis décidée à prier Dumon de passer chez moi. Il va venir. Sans doute vous approuverez que je prenne & [?] son conseil. Quel sera-t-il ? Je ne pense pas à autre chose. Lord Beauval m'écrit : " Si la Prusse tient bon, la guerre paraît inévitable. Mais pour qu’elle tienne bon, ne faut-il pas des fous d’une autre espèce que ceux qui la dirigent. (& je ne comprends pas trop ceci).
On assure ici que Bunsen reste toujours en communication avec les [Halstiniori] pour les [?] La Prusse a apparemment pensé venir à ses fins par des intrigues, mais c'est l’épée qui décidera. Midi 1/2 Dumon trouve ceci très grand. Renvoyez-moi au plus vite la lettre, j'espère que vous l'avez fait. Le délai expire demain. Je n'ai reçu cela que hier. Y a- t-il intention ? Votre petit homme arrive. Il espère que vous venez demain et moi aussi je l’espère, mais je lance ceci à tout hasard. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris le 4 Nov.

Aujourd’hui message du Prince au Sénat. Une commission de 10 Sénateurs sera nommé pour dresser le Sénatus Consulte le rapport sera lu demain, la délibération et adoption samedi. Le corps législatif sera convoqué pour le 23, tout sera fini pour le 1 Xbre. Il y aura 8 millions de voix. Il s’appellera Napoléon III réponse. Vengeance politique des traités qui excluaient la race. ni roi d’Algérie ni protecteur des lieux saints, on y a renoncé. Voilà mes nouvelles. c’est bien laconique sur papier vert. Ce ne serait pas si court si je parlais. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris le 4 septembre 1851

Vous recevez j’espère le Constitutionnel. Qu'il est curieux celui d’aujourd’hui ! Quel excellent leading article. Et le récit de Claremont d'où vient-il ? Dumon est venu me voir hier matin, il arrivait. Je l'ai mis au courant, il n' avait encore vu personne. La Redorte & Montebello avant le dîner. Parfaitement d’accord qu'il faudrait se rapprocher. La Redorte indique Molé comme la personne la plus propre à cela, lui, Falloux Montebello peut-être. On devrait comprendre cela.
Je n’ai vu le soir que Mercier & Antonini. Je ne sais où étaient mes grandes puissances. Je commence à dormir, mais mes nerfs ne vont pas bien toujours les pieds froids. La Duchesse de Maillé est au plus mal. Il est fort douteux qu'on la sauve. Je ne verrai personne d'ici à la poste, je n’ai donc rien à vous mander aujourd’hui. Le temps se relève, je me fais traîner de 3 à 5. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Jeudi le 6 juin 1850

Hier soir Piscatory, Morny Berryer. Celui-ci disant qu'il n’y aura pas 60 voix pour donner l’argent. Bêtise ! Piscatory enragé aussi, disant : C'est une Révolution. Nous ne pouvons pas voter pour, nous ne serions plus réélu. Bêtise aussi. Je l'ai assuré qu'il voterait les 3 millions. Il s’est un peu fâché. Je parie que j'aurai raison. Morny dit que tant qu'on pouvait croire à un arrangement plus en grand qui aurait impliqué une dotation On n’avait pas pu porter la question d’argent, mais à présent il faut cependant manger, & on est criblé de dettes. Et voilà. Il n’y a de fâcheux là dedans que l'opportunité Viel-Castel était ici aussi, il m’a assuré qu’il n’y avait rien de fait, & qu'il doutait que ce fut terminé à temps pour servir lord Palmerston dans la discussion de demain. J’ai conjuré Morny aussi d'empêcher que cela ne fut fini aujourd’hui. Il est de cet avis & y travaillera.
Normanby a dit hier à [ ?] qu'on ne lui donnait pas réponse ici à sa dernière proposition d’avant hier qu’il croyait très acceptable. Que ce délai était désolant parce qu'il avait de l’inquiétude pour demain. J'avais eu une lettre de Lord Aberdeen disant combien il était désirable qu’on ne conclût pas avant vendredi. J’en ai fait usage. J’ai du misgivings pour demain. On me dit que les Evêques voteront contre la motion de Lord Stanley. Je ne sais rien de la santé du roi. Duchâtel était ici hier soir. Dumon hier matin, ni l’un ni l’autre n’avait de nouveau. Je vous ai dit que Montebello ne partait pas. Je dine aujourd’hui chez M. de Hubner. Il attend après demain des nouvelles de John. Sur ce qui se sera dit et fait à Varsovie. Molé est toujours malade. Je le verrai un moment chez lui. Adieu. Adieu. J’en reste toujours à mon plan. Le 25 je pars pour Aix-la-Chapelle. Peut-être viendrez-vous avant ! Quel plaisir ! Si vous allez en Angleterre il est clair qui c’est d'ici que vous partirez avec Broglie.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris le 7 octobre 1852

Il y a si peu de monde à Paris dans ce moment que j’en suis à prévoir une complète solitude après le départ de Kisseleff. Je n’ai pas un habitué. C'est désolant. Quelle perte que Stockhausen ! Molke vient tous les matins, mais il ne le remplace pas. Je ne sais rien d’hier. On dit que le conseil est divisé sur la question de la réception à faire au Président. Faut-il ou ne faut-il pas de fracas ? Les plus sages Fould & & veulent le convenable, l'ordonnance. Les autres voudraient des arcs de triomphe de l’étalage. On ne sait pas ce que veut le Prince. Je tiens toujours mon pari avec Molé, pour l’Empire avant Le 1er Janvier. L'armée autrichienne rend de grands honneurs funèbres au Duc de Wellington. Il ne sera sans doute de même chez nous au retour de l’Empereur. Sans doute il y aura de partout des députations pour assister à ses funérailles. On dit qu’elles sont fixées au 13 Novembre. On disait hier aussi que le Parlement s’assemblerait le 26 octobre. Nous saurons cela bientôt.
Voilà la petite Princesse qui m'interrompt et l'heure qui presse. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris lundi 11 Novembre 1852

Voici ma dernière lettre dieu merci. Hier soir Fould et Berryer. Le premier accompagne aujourd’hui le Président à Fontainebleau. On y restera plusieurs jours ; brillantes chasses & & le Sénat chomera jusqu'à l’Empire. Je crois que le 3 Décembre on y portera un Sénatus consulte pour l'hérédité éventuelle de Jérôme. Jérôme s'en croit tout-à-fait sûr, & je ne vois rien qui démente cela. Les sénateurs venus aujourd'hui pour une séance seront attrapés. Je ne sais rien du tout quoique je vois beaucoup de monde. Toujours beaucoup la diplomatie. Pas d’apparence encore du retour de mon fils. Adieu.
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