[1554_TJI_Grou] 121 De juste gain et loyale promesse

Présentation générale du poème

Titre de la pièceImitation du sixiesme Baiser de Jan Second traduit &c., par G. C.

Incipit non moderniséDe juste gain & loyale promesse

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Présentation de l'exemplaire

Formatin-16

Imprimeur-libraireGroulleau, Étienne

Date1554

Lien vers la notice du catalogue de la bibliothèque où est conservé l'exemplairehttp://id.lib.harvard.edu/alma/990072143900203941/catalog

Type de numérisationNumérisation totale

Transcription du poème

Texte

De juste gain & loyale promesse

Vous me devez, ó ma seule maistresse !
Douze baisers à mon chois bien assis,
Dont je n’en ay seulement eu que six
Et toutefois, commɇ en nombre parfait,
Vous me voulez contant & satisfait,
Disant chacun avoir de son quartier
Baise six fois, & fait le conte entier.
Ainsi par fraudɇ, en droit mal entendu,
M’ostez un bien justement pretendu
Et aprenez à chiche devenir,
A bien promettrɇ & à tresmal tenir,
Et voz faveurs distribuer par conte,
J’en fais pour vous conscience & ay honte
Du larrecin, qui sans vostre avantage,
{F3v}A voz amys porte si grand dommage
Car pensez-vous qu’une bouche vermeille,
(Bien qu’elle rende heureux l’œil & l’oreille
Par doux parler & un ris gracieux)
Puisse nourrir un cueur ambicieux
D’un seul espoir, sans gage & seureté
Du dernier bien qu’Amour à merité ?
Et s’elle en donne, à elle rien plus cher
Que par baisers de l’amy s’aprocher,
Et respirant atiedir ses grans flammes
Confondre en un deux diferentes ames,
Tant que du corps, sans ce pourtant qu’il meure,
Chacune sorte & face ailleurs demeure,
Ou elle treuve un nouveau paradis,
Si voz baisers me sont doncq’ interdis,
Et d’un captif il vous plaist triompher
Qu’atens-je plus, autre peine, ou enfer ?
Qui me tient plus en ceste prison vive,
Si vostre languɇ a conclud d’estre oysive,
Et oublier ses mouvemens divers
Qui eschauffoient les plus gelez hyvers ?
Quand je pourrois fuyr la mort si proche
Si ne voudrois-je apres vostre reproche
Demourer vif pour ne vous voir blasmer
D’avoir si mal sçeu cognoistrɇ & aymer,
Ne laisiez doncq’ tomber, o chere amye ?
Moy en danger, & vous en infamie
{F4r}Recompensez ce mal d’un plus grand heur,
Non pour mon bien : mais pour vostre grandeur
Qui perdoit trop de son authorité
Si j’avois moins que je n’ay merité.
Et ne pensez que le cas que j’en fais
Soit pour ma debtɇ & baiser douze fois.
Douze est bien peu aupres de l’infiny,
Dont mon desir doit estre difiny.
Car quand j’aurois cent mile fois baisé,
Mon cueur encor’ n’en seroit apaisé.
Amour est Dieu, & nous fumée & ombre,
Ne luy sçaurions satisfaire par nombre :
Ce qui m’esmeut est, que vous me semblez
Cognoistre mal les honneurs assemblez
Du ciel en vous, & ce qui vous fait estre
Loing par dessus toute chose terrestre :
Car vous usez de respectz obstinez,
Mal convenant au lieu que vous tenez
Vous proposant je ne sçay quelz difames
Comme s’estiez au reng des autres femmes
Qui n’ont que peuple en leur opinion,
Ou vous n’avez part n’y communion.
Vous departez souz nombre limité
Ce, dont despend vostre sublimité :
Respondez moy, trouverez vous plaisante
Une forest beaux arbres produisante
Dont en plain May, & saison oportune
{F4v}On peult conter les fueilles une à une ?
Vistes vous oncq’ en un pré, ou l’eau vive
Seme de fleurs & l’unɇ & l’autre rive,
Qu’on s’amusast à vouloir conte rendre
Combien de brins il y a l’herbe tendre.
Et qui feroit sacrifice à Ceres
S’elle donnoit aux terres & gueretz
Precisement certain nombre d’espiz
Sans esperer avoir d’elle que pis ?
Quand Jupiter la terre seiche arrose,
Ou que le ciel à orage il dispose,
On ne va point conter la gresle toute,
Ny calculer la pluye goute à goute :
Soit bien, soit mal, ce qui nous vient des dieux
Vient sans mesure & sans nombre odieux.
Et ces dons là, profusement jettez,
Sont convenans à haultes majestez.
Vous doncq’, amye, en beauté comparée
A l’immortelle & blonde Citherée,
Que n’usez vous de liberalité,
Apartenant à l’immortalité ?
Pourquoy nous sont les graces departies,
De voz baisers par contes & parties ?
Et les tourmens qu’à grand tort nous donnez,
Nous sont sans conte & sans nombrɇ ordonnez
C’estoient ceux là, ou par meilleure ofice
Il vous faloit exercer avarice,
{F5r}Non aux baisers : ou espargnant ceux cy,
Les maux devez nous espargner aussi.
Faites le doncq’ & me recompensez
Du deuil qui a mes sens trop offensez
Retribuant en volontez unies
Infiniz biens pour peines infinies.

Emplacement du poème

Rang dans le recueiln° 121

FoliotationF2v, F3r, F3v, F4r, F4v, F5r

Présentation typo-iconographiqueIllustration entre le titre et la pièce sur le folio F3r.

Informations sur la notice

Contributeur(s)Réach-Ngô, Anne

ÉditeurÉquipe Joyeuses inventions ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

Mentions légales

Fiche : Équipe Joyeuses inventions ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Image(s) : Copy digitized: Houghton Library

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Notice créée par Équipe Joyeuses Inventions Notice créée le 22/06/2017 Dernière modification le 04/11/2021