[1554_TJI_Grou] 129 Quand à Eunice un baiser gracieux

Présentation générale du poème

Titre de la pièceLe 24. Edition de Theocrite auteur grec fait latin par Heob. Essus, & depuis mis en françoys, par Lazare de Baif le jeune.

Incipit non moderniséQuand à Eunicɇ un baiser gracieux

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Présentation de l'exemplaire

Formatin-16

Imprimeur-libraireGroulleau, Étienne

Date1554

Lien vers la notice du catalogue de la bibliothèque où est conservé l'exemplairehttp://id.lib.harvard.edu/alma/990072143900203941/catalog

Type de numérisationNumérisation totale

Transcription du poème

Texte

Quand à Eunicɇ un baiser gracieux

Voulois donner, d’un regard furieux
Me regardant & se prenant à rire
Ces motz piquans ou semblables va dire
Retire toy, veux tu, estant vacher
Ord & vilain, de me baiser tascher ?
Retirɇ toy : car ma petite bouche
A ces pitaux de village ne touche,
Pour la baiser tu n’es assez habile,
C’est mieux le cas de ces mignons de ville,
N’y preten plus tout pour neant tu y songes :
Car seulement à ma bouche par songes
Ne toucheras : voyez quel doux regard,
O quel parler ! quel visage hagard
Quel plaisant jeu quel honnestɇ entretien
{G8r}Quel poil folet couvrant le menton tien
Quelz molz cheveux, que tu as les mains salles
Que ton gros bec est enlevé de galles
O quel odeur sort dessouz ton pourpoint.
Fuy t’en de moy, & ne me souille point.

Ces motz finiz par troys foys tout soudain,

Crachɇ en son sain, comme par un desdain,
Et son regard asseuré sur moy met,
Me contemplant des piedz jusquɇ au sommet
Et rechignant regardoit de travers
Tenant ses yeux commɇ à demy ouvers,
Incontinent que j’ouy ces motz dire
Mon sang esmeu se prit à bouillir d’ire
Et de courroux, tant que pour la douleur
Tout le mien corps print vermeille couleur.

Lors s’en alla, me laissant un remord

Dedans le cueur, qui me poind & me mord
D’avoir esté moqué d’une paillarde,
Combien que j’ayɇ une gloire gaillarde.
Gentilz pasteurs, dites moy, sans salace,
Suis-je pas beau & plein de bonne grace ?
Mais quelque Dieu a il point estrangé
Beauté de moy ? m’auroit il point changé ?
J’ay veu le temps que de mon corps yssoit
Une beauté, qui en moy florissoit,
Et mon menton de barbɇ ayant coronne
Sembloit un tronc que le lierrɇ environne.
{G8v}Mes sourcilz noirs rendoient la couleur vive
Du large frout [[front]] & sa blancheur naïve.
Quand à mes yeux, cest honneur me reserve,
Qu’ilz (en beauté) passoient ceux de Minerve
Plus que caille ma bouche souevɇ estoit,
Et un doux miel de voix dehors jettoit :
Car j’ay la voix douce, soit sur la fluste,
Sur chalumeaux, cornetz, ou que j’ajuste
Par bons accordz mes flustes impareilles,
Mon chant tousjours est plaisant aux oreilles.
Outre cela, ces filles de vilage
Par ces hautz montz vont louant mon visage,
Et bien souvent à me baiser s’amusent,
Ou celles là des villes me refusent,
Sans m’escouter pource que suis champestre,
Menant aux champs les mienes vaches paistre
N’ayant egard que le filz Heuilé
De les mener autresfois s’est meslé,
Et que la merɇ à cest aveuglɇ archer
Folle devint de l’amour d’un Vacher
Tant qu’avec luy par bossues montaignes
Vaches guidoit & par plaines campagnes.
N’a ellɇ aussi gardé dedans les boys ?
Son Adonis, & plaind à haute voix
Quel homme estoit Endimion l’ancien ?
N’estoit il pas aussi du mestier mien ?
N’a il esté poursuyvy de la Lune
{H1r}Gardant les Boeufz le long de la nuyt brune ?
Du mont Olympe au lict mien est venuë
Voir son amy se mettant toute nuë,
Pour à son aysɇ avecques luy gesir :
Et toy Cybelɇ as-tu pas desplaisir
Pour un vacher, que pleures & lamentes ?
Qui est celuy pour lequel te tourmentes
O Jupiter n’est il pas vray qu’il meine
Vaches aux champs ? Eunice seulɇ, hayne
Portɇ aux vachers : pensɇ elle estre plus belle
Que n’est Venus, la Lune, ne Cybele ?
Puis qu’ainsi va, Cytherée Princesse,
Besoing seroit que ton amour print cesse :
Ne hante plus mont, ville, ne villette,
Mieux vault dormir la nuict froide seulette.

Emplacement du poème

Rang dans le recueiln° 129

FoliotationG7v, G8r, G8v, H1r

Présentation typo-iconographiquePas d’illustration

Informations sur la notice

Contributeur(s)Réach-Ngô, Anne

ÉditeurÉquipe Joyeuses inventions ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

Mentions légales

Fiche : Équipe Joyeuses inventions ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Image(s) : Copy digitized: Houghton Library

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Notice créée par Équipe Joyeuses Inventions Notice créée le 22/06/2017 Dernière modification le 04/11/2021