[1599_TJI_Coust] 016 O dur mary! en ayant imposée

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Titre de la pièceElegies.

Incipit non moderniséO dur mary ! en ayant imposée

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Collection Édition : 1568c. - Trésor des joyeuses inventions - veuve Bonfons

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Présentation de l'exemplaire

Formatin-12

Date1599

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Transcription du poème

TexteO dur mary ! en ayant imposée
Songneuse garde a ta jeune espousée,
Tu ne fais rien : car chacune par elle
Se peut garder par bonté naturelle,
Si sans contrainte aucune est preu de femme,
Celle-là seule est chaste, & sans diffame :
Mais s’elle laisse a venir a l’effect,
Par ne pouvoir certes elle fait,
Quant le corps donc tu auras bien caché,
Le cœur sera d’adultere entaché,
{C1v}Ne pour moyen qu’on tienne, possible est
D’en guarantir une si ne luy plaist,
Tu peux ta porte & tes meurs remparer
De son desir tu ne peux emparer,
Car ou entrer ne pourroit une mousche,
Si sentira son esprit à l’escarmouche,
Et ayant mis dehors le demeurant,
Dedans sera l’ennemi demeurant,
Croy moy (mary) celle qui peut meffaire
Est celle-là qui le moins le veut faire,
Car le pouvoir dont elle est iouyssante
Rend son envie estainte & languissante,
Ne vueillez pas croistre pour la rigueur
Le vice foible & le mettre en vigueur,
Tu viendras mieux à tes fins & attaintes
Estant traictable, & ostant toutes craintes,
Je vy n’agueres un cheval qui prenoit
Son mors aux dents, & quant on luy tenoit
La bride roide, ainsi qu’on les arreste,
Il deslogeoit comme foudre & tempeste :
Puis ce voyant un peu lascher le frein
Il s’arrestoit, & alloit petit trein :
Ainsi est-il quant on nous veut retraire
D’aucun meffait, nous voulons le contraire,
Et sommes tous enclins quant tout est dit
A desirer ce qui est interdit,
Le patient demande tout expres
L’eau deffenduë, & tousjours est apres,
Et qui voudroit l’estimer plus clair voir,
Que fit Argus que l’on disoit avoir
Cent yeux au front & cent autres derriere,
L’eust-on pensé laisser rien en arriere,
Et toutesfois amour qui ne voit goute,
Trompa & luy & sa lumiere toute,
{C2r}Dequoy servit construire & est oster
La forte tour du marbre, & de fer
Pour Danaé tousjours vierge y tenir,
Si mettre en fin elle y sçeut devenir ?
Et d’autre part quel dommage advient-il
A Ulixes eloquent & gentil,
D’avoir laissé sa femme en sa maison
Seule sans garde en si longue saison
Pour mille amans & toute leur menee,
Elle ne fut en rien contaminee,
Le larron cerche une proye estimee,
Si faisons nous femme plus enfermee,
Et ne voit-on gueres gens qui s’adonnent
A pourchasser ce que tous habandonnent,
Ni sa beauté a ce tant nous enhorte
Que l’amitié que son mary luy porte :
Car chacun pense en elle estre compris
Je ne sçay quoy que si fort l’en ay pris,
Et la sentant au mary porte hayne,
Nous en prenons plus en gré nostre peine,
Et estimons sa crainte un plus grand pris
Que son corps mesme, & ce qui en est pris.
Croy moy mary encor qu’il te desplaise
Qu’un bien receu a haste & en mal aise
Est trop plus grand & mieux solicité
Que cil qu’on prent en grande seureté,
Et celle là plus aimee nous semble
Qui dit j’ay peur, & de qui le cœur tremble,
Et toutesfois ce n’est pas la raison
Que femme honneste & de bonne maison
Sous si grand guet soit veuë & r’encontree,
Cela se fait en barbare contree,
Et ne voit point dequoy ce guet là serve,
Fors de donner au Cerf & à la serve.
{C2v}Qui sont en garde occasion de dire,
C’est moy qui fais qu’on n’en puisse mesdire,
Hà, il n’est pas compagnable a demi,
Qui ne veut point que sa femme ait d’ami,
Ni les façons & coustume de Rome,
Sont bien à plain cogneuës d’un tel homme,
Ceux qui premier la maistresse en acquirent,
Non sans grand crime & interest nasquirent :
Car si creance aux livres il y a :
Mais engendra de la belle Illia,
Choses Nonnain, Romulus & Remus.
Dont tant de biens au monde furent meus.
Si tu aimois si fort la loyauté,
Qui t’adressoit à si grande beauté :
Sçavois-tu pas sans vouloir l’esprouver
Que ces deux biens joints on ne peut trouver ?
Monstre toy donc gracieux & plus sage,
Et ne sois plus de rigoureux visage
A ta compagne, oubliant tous les droits,
Que comme maistre alleguer tu voudrois,
Si ses amis acquis tu entretiens,
Elle en fera prou d’autres estre tiens
Par ce moyen, sans peine recevoir,
De maints pourras la bonne grace avoir,
Et si seras appellé aux banquets,
Et jouyras des amoureux caquets
Des jeunes gens, & (qui est un grand point)
Tu auras femme en ordre & en bon poinct.

Forme poétiqueÉlégie

Emplacement du poème

Rang dans le recueiln° 016

FoliotationC1r, C1v, C2r

Présentation typo-iconographiquePas d’illustration

Informations sur la notice

Contributeur(s)Bohnert, Céline

ÉditeurÉquipe Joyeuses inventions ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

Mentions légales

Fiche : Équipe Joyeuses inventions ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Image(s) : Copy digitized: Houghton Library

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Notice créée par Équipe Joyeuses Inventions Notice créée le 22/06/2017 Dernière modification le 04/11/2021