Archives Marguerite Audoux

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Lettre d'Edmond Rocher à Marguerite Audoux

Auteur(s) : Rocher, Edmond

Description
  • Critique laudative de De la ville au moulin - Noyade de la petite fille de sa compagne - L'Âme en friche et L'Île nocturne
  • Edmond André Rocher (né en 1873) est illustrateur, lithographe, graveur et écrivain. Il expose au Salon des Artistes français. Léautaud précise, dans son Journal, que Pergaud lui a donné un manuscrit de La Guerre des boutons (celui de la « remise au net »). [Léautaud, Paul, Journal, Mercure de France, 1986, tome deuxième, p. 975 (Vendredi 20 mai 1932)].


Texte

Paris, le 7 avril 1926[1]

7, rue Le Brun, 13e[2]

Madame et amie,

J'ai eu une vraie joie à recevoir De la ville au moulin, ce beau livre si sain, d'écriture si savamment simple, que j'avais suivi dans Le Journal. Mais je le tiens de vous, avec une chaude dédicace, et cela efface mes remords. Vous avez bien voulu vous souvenir de moi, qui semblais vous avoir oubliée, ce qui n'était. Depuis notre dernière entrevue chez vous, tant de choses m'ont enfermé, m'ont retenu !! J'ai pris une femme – pas libre hélas ! mais délaissée – et ma vie en fut un temps très compliquée. Je lui ai parlé de vous, de votre petit[3] – qui doit être grand -, mais n'osais me permettre de vous faire visite avec elle. Comme elle a été heureuse de vous lire : d'abord Marie-Claire, puis L'Atelier, et enfin De la ville, mais nous avons eu une grosse misère. Sa petite fille, une enfant de treize ans, s'est noyée dans le Loir, au cours de nos dernières vacances. Nous avons été très malheureux, mais notre peine s'apaise malgré le vivace souvenir.
Comme j'étais heureux de l'intérêt que Descaves vous a porté, au Journal[4] ! Et c'était justice pour ce livre si simplement, si humainement beau.
Je n'osais plus vous écrire, vous demander de vos nouvelles, de celles de l'enfant qui avait mal au genou je crois. J'ai été sot de n'avoir su faire confiance à l'indulgence de Marguerite Audoux.
J'ai beaucoup travaillé depuis L'Âme en friche[5] mais je vais lentement, mes loisirs étant maigres, et je recopie deux ou trois fois avant que de faire taper mon ouvrage. Mais je pense donner L'Île nocturne[6] en octobre. Vous ne serez pas oubliée dans la répartition du service d'amis, croyez-le.
En attendant, chère Madame amie, je vous prie d'agréer les hommages cordiaux de votre dévoué admirateur et ami

Edmond Rocher

Ma femme me prie de vous dire l'admiration qu'elle a pour votre œuvre.

[1] Lettre envoyée le 8
[2] Le papier (double feuille en pelure de petit format) comporte un en‑tête stylisé (E R) en haut à gauche de la première page. À droite, le lieu de création et l'adresse sont également imprimés, avec un champ à renseigner (Paris, le…………… 192…).
[3] Paul d'Aubuisson, qui va avoir vingt ans
[4] Descaves, Lucien, « QUINZE ANS APRèS ‑ Un Nouveau livre de Marguerite Audoux », in Le Journal, 19 janvier 1926. Voir la note 5 et la partie DESCRIPTION de la lettre 306.
[5] Roman publié aux Éditions du monde nouveau (1922)
[6] Sans doute s'agit‑il d'une réédition, car cette œuvre, sous‑titrée Sylves à Sylvie, paraît en 1918 avec d'autres dans une édition de luxe (Le Beau Livre – Georges Champenois). L'Île nocturne ne figure pas dans la bibliothèque de Marguerite Audoux (ce qui ne veut pas dire qu'elle ne l'a pas reçue). Précisons qu'en 1931, Edmond Rocher lui fait parvenir Au soleil d'Algérie et, en 1932 La Muse au moulin.
Lieu(x) évoqué(s)Le Loir, Paris

Géolocalisation

Notice créée par Bernard-Marie Garreau Notice créée le 17/12/2017 Dernière modification le 20/05/2022