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Peintre et graveur, Gabriel Belot (1882-1962) a illustré la très belle édition de Marie‑Claire dans les éclectiques du livre (janvier 1932). De bonne heure orphelin comme Marguerite Audoux, il vit une enfance triste. S'il est obligé d'être relieur pour gagner sa vie, c'est aussi en autodidacte qu'il peint (dès l'âge de six ans) puis grave (à partir de 1913). Entre 1910 et 1914 il se fait petit à petit reconnaître, notamment des Indépendants. Les lettres et les enveloppes qu'il envoie à la romancière sont magnifiquement illustrées (notamment par une aquarelle) et constituent un bon exemple de ce qu'est l'art postal.
- Sur l'article de Descaves - Édouard Monod-Herzen et son épouse
Paris ce 19 janvier 1926[1]
Chère Madame,
Il faut bien mettre une formule en haut d'une lettre mais, en vérité, mettre sœur était ce qui m'avait tenté ; je n'ai pas osé, par fausse honte ; en tout cas, ce nom de sœur, permettez que je le porte en mon cœur – J'ai eu la bonne fortune d'acheter ce matin Le Journal, et un article signé Descaves[2] m'a montré non pas qui v[ous] étiez, mais votre visage car, qui v[ous] étiez, je le savais de longue date et ce n'est pas sans émotion douce que je me souviens de ma visite chez vous en compagnie de M. et Mme Monod[3]. J'ai encore dans les yeux votre doux et probe visage, et permettez-moi d'être un des premiers à vous féliciter d'être publiée bientôt dans Le Journal[4], si fermé à mon avis au véritable artiste qui, lui[5], n'est pas littéraire[6]…
Veuillez trouver ici, chère Madame marguerite Audoux, l'expression émue d'un homme qui, je pense, a fait ses preuves p[our] prouver qu'il reste digne d'écrire à l'auteur si pur de Marie-Claire.
De cœur.
Gabriel Belot