FamiliLettres

FamiliLettres : Correspondances de Jean-Baptiste André Godin et Marie Moret


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Auteur : Moret, Marie (1840-1908)
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Marie donne de ses nouvelles à la famille Cros : sa dernière lettre à Juliette Cros remonte au 25 avril 1900 ; la famille Moret-Dallet a quitté Nîmes un mois plus tard, laissant Auguste Fabre avec Jules Prudhommeaux ; elle est avec Émilie Dallet au Familistère depuis 10 jours, Marie-Jeanne Dallet étant restée à Paris avec des parents [de Corbeil] pour voir l'Exposition universelle ; les affaires de l'Association du Familistère vont bien. Marie Moret poursuit sa lettre en décrivant ses études sur la matière. Elle indique à Cros qu'elle a lu dans la Revue scientifique l'article de G. Le Bon sur la lumière noire et l'article sur la pluie et l'électricité atmosphérique. Elle s'est abonnée à la Revue générale des sciences pures et appliquées, dont elle a acquis l'année 1899. Elle écrit : « La formule de Claude Bernard, « Les propriétés vitales ne sont autre chose que des complexes des propriétés physico-chimiques » me paraît se vérifier d'une manière éclatante. » Elle mentionne des expériences chimiques et physiques d'Armand Gautier, de Bredig et von Berneck, et de Loeb [décrites dans les numéros de 1900 de la Revue générale des sciences pures et appliquées], qui lui semblent confirmer cette idée. Elle a pris connaissance du programme du prochain congrès international de physique présenté par Charles-Édouard Guillaume et Lucien Poincaré dans la Revue générale des sciences pures et appliquées, et se dit impatiente de lire les exposés : « Convaincue que la science me fournira des conclusions appuyant les vues de Claude Bernard, Berthelot, W. Crookes, etc., etc. sur les relations entre le vie et le mode de mouvement dit matière, c'est-à-dire voyant que j'aurai une belle réponse de la science aux aspirations de Godin, je vais – en attendant le congrès d'août – préparer les pages de mes « Documents biographiques » qui doivent amener les données scientifiques en cause, en commençant par montrer le mouvement de la pensée de Godin, de 1856 à 1859, lorsqu'après l'échec de la tentative du Texas, il reprend l'idée de fonder lui-même une cité ouvrière modèle, se livre à ce sujet à des études doctrinales et architecturales et s'arrête enfin aux vues philosophiques et sociales exposées dans son volume "Solutions sociales", vues que je désire tant appuyer de conclusions scientifiques du jour. » Marie Moret ajoute que dans ces études scientifiques, elle « voit arriver la démonstration du mot de Swedenborg : "L'amour est la substance même." »

Auteur : Moret, Marie (1840-1908)
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Marie Moret informe Auguste Fabre qu'Émilie Dallet a rejoint sa fille Marie-Jeanne à Corbeil. Elle lui indique les points principaux de la lettre qu'elle a écrite la veille à Antoine Médéric Cros. Elle a acquis l'année 1899 de la Revue générale des sciences pures et appliquées et les numéros depuis le début de 1900, revue dont le bibliophile Herr, recommandé par Jules Prudhommeaux, lui a confirmé qu'elle était de premier rang, et dans laquelle elle a puisé beaucoup d'informations sur les rayons X et les ions. Elle s'intéresse au prochain congrès international de physique présenté dans la revue par Guillaume et Poincaré, et, en attendant, elle rédige les pages [des « Documents biographiques »] qui décrivent le mouvement de la pensée de Godin de 1856 à 1859, après l'échec de l'essai au Texas, « pages qui doivent amener et le rappel des conclusions philosophiques-pratiques exposées par Godin dans Solutions sociales, et l'indication de l'accord qui existe aujourd'hui entre ces conclusions de Godin et les faits acquis pour la science d'aujourd'hui ». Elle espère que les données présentées au congrès de physique seront en accord avec les vues de Claude Bernard, Marcellin Berthelot ou William Crookes. Elle mentionne des expériences chimiques et physiques décrites dans les numéros de 1900 de la Revue générale des sciences pures et appliquées (Bredig et von Berneck, Klebs, Loeb) qui lui semblent concorder avec la conception de Claude Bernard du rôle biologique des ferments solubles : « Vous voyez, Grand, que la continuité va se démontrer peu à peu entre les propriétés physico-chimiques et les propriétés vitales, celles-ci n'étant, affirmait Claude Bernard, que des complexes de celles-là. » Elle demande à Fabre si sa « marche intellectuelle » avec Jules Prudhommeaux va bien « harmoniquement », elle transmet ses affectueuses pensées à Sophie Quet et fait mention d'un brouillard « comme en hiver » à Guise.

Auteur : Moret, Marie (1840-1908)
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Marie Moret écrit à Antoine Médéric Cros à propos de sa lettre du 21 octobre 1899, où il cite la préface d'Henri Poincaré de son livre sur la thermodynamique, qu'elle rapproche du discours du même auteur au Congrès international de physique, « Physique expérimentale et physique mathématique. » Elle relève l'affirmation de Poincaré que l'effet est une fonction continue de la cause ; elle pense qu'il faut aller « plus profondément » que la particule pour expliquer le fond des choses, car la particule est un effet ; elle comprend avec Berthelot que les corps simples sont des valeurs multiples indéfiniment transformables. Elle imagine que les modes divers de l'énergie « ont jusqu'à l'intelligence et la conscience dans la vibration nerveuse », en se référant à Charles Richet et Colding. Elle cite William Crookes, « dans la vie, je vois la promesse et la source de toutes les formes possibles de la matière », qui se rapproche du fond des choses selon elle. Elle conclut : « Alors le principe même de la Vie, celui qui est en soi et non par quelque autre, la source des lois immuables dans l'Univers, l'Inconditionné, celui par qui existe le relatif, tel est le problème à envisager. En face de lui, homme ou particule, tout système est régi par de mêmes lois ; c'est l'Unité universelle. "Les manifestations vitales sont des complexes des propriétés physico-chimiques" a dit Claude Bernard. » Elle envoie les affectueuses pensées de la famille Moret-Dallet à Antoine Médéric Cros et à Juliette Cros, et signale à celui-ci qu'Auguste Fabre vient de recevoir une lettre de celle-ci.

Auteur : Moret, Marie (1840-1908)
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Marie Moret remercie Antoine Médéric Cros pour sa lettre du 9 décembre 1900. Elle l'informe qu'elle n'a pas encore reçu le premier volume des rapports du Congrès international de physique mais qu'elle l'a réclamé et qu'elle a commandé les Procès-verbaux sommaires du Congrès. Elle cite la lettre d'Antoine Médéric Cros qui lui signale que le principe de la moindre action est distinct de celui de l'entropie, qui s'applique aux phénomènes chimiques réversibles. Elle cite ensuite le discours d'Henri Poincaré [ Les relations entre la physique expérimentale et la physique mathématique] qui affirme que le principe de moindre action s'applique aux mêmes phénomènes. Elle conclut qu'il s'agirait du même principe. « La particule, écrit-elle à propos du principe de moindre action, en subit l'influence dans ses combinaisons ; et nous-mêmes ne la subissons-nous pas ? Ne cherchons-nous pas généralement l'état où nous pouvons demeurer avec le moins de tensions, d'efforts ? N'est-ce pas pourquoi le devoir semble parfois si difficile à accomplir ? C'est qu'il nous sors du repos de la quiétude. » Elle juge que les conclusions de Stanoiévitch que Cros a copiées pour elle sont un appoint précieux et que « tout cela va à l'appui de la conclusion de Claude Bernard : "Les manifestations vitales ne sont que des complexes des propriétés physico-chimiques." En spiritualisant la matière, c'est-à-dire en montrant qu'elle dérive de l'énergie, qu'elle en est une forme et qu'elle y retourne, nous avons, me semble-t-il, accompli le pas le plus difficile à faire. » Elle reconnaît ensuite avec Charles Richet que les vibrations extérieures aboutissent par la vibration nerveuse à l'intelligence et à la volonté, et estime que la science est en train de démontrer le principe de Swedenborg : « L'amour est la substance même. » Elle s'intéresse à ce qui demeure constant dans les diverses manifestations de l'énergie qui composent l'Univers, la cause qui provoque les effets : « alors, l'effet que nous avons d'une matière quelconque est fonction continue des ions qui s'y trouvent compactés ? » Elle rapproche cette question des degrés continus et discrets de Swedenborg. Elle transmet les pensées affectueuses de la famille Moret-Dallet et celles d'Auguste Fabre à Antoine Médéric et Juliette Cros.

Auteur : Moret, Marie (1840-1908)
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Marie Moret remercie Antoine Médéric Cros pour sa lettre du 21 décembre 1900 et les renseignements qu'elle contient sur le principe de la moindre action. Elle commente ce principe et celui de la dégradation de l'énergie en faisant référence au rapport de E. Carvallo dans le 2e volume des Rapports du Congrès international de physique et à la discussion faisant suite au rapport de monsieur Lippmann dans les Procès-verbaux sommaires du même congrès : « C'est précisément le côté philosophique qui m'attache tout particulièrement à bien connaître les diverses dénominations de ce second principe. » Elle fait référence à la lettre d'Antoine Médéric Cros du 25 novembre 1900 dans laquelle celui-ci citait les extraits de la Thermodynamique d'Henri Poincaré et mentionnait les dénominations diverses du principe de la dégradation de l'énergie. Elle cite le rapport d'Henri Poincaré dans les Rapports du Congrès international de physique concluant à une unité prochaine de la physique expérimentale et de la physique mathématique, la 15e édition de 1896 du Dictionnaire des sciences de Bouillet sur le principe de moindre action, fait référence au livre de Jouffret sur la théorie de l'énergie ; elle cite le rapport de Lucien Poincaré au congrès de physique sur les théories de la pile voltaïque, celui de C. Y. Boys sur la constante de gravitation, et le Traité de physique de Daguin. « En résumé, si tout ce qui se manifeste révèle un antécédent, l'Univers dans son ensemble ne peut être sa cause à soi même. Il est donc perpétuellement alimenté par ce qui ne peut être que l'Inconditionné, l'Absolu, sans confusion possible avec ce qui existe. C'est l'idéal inaccessible dont parlent Kant et Berthelot ; le principe des lois éternelles, immuables ; la Vie source de toutes les formes de matières indiquée par W. Crookes ; et c'est aussi le principe qu'a voulu indiquer Godin. » Elle achève sa lettre à propos d'Auguste Fabre, qui s'occupe de réunir une collection de vues sur le mouvement coopératif français et demande à Antoine Médéric Cros si monsieur Ruyssen lui a restitué les « vues ». Elle transmet les sentiments affectueux de la famille Moret-Dallet à Juliette et Antoine Médéric Cros.

Auteur : Moret, Marie (1840-1908)
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Marie Moret écrit à des messieurs Bernard, « frères » de Claude Bernard, sur la recommandation de J.-B. Baillière et fils. Elle explique à messieurs Bernard qu'elle publie depuis 1891 dans Le Devoir, une revue mensuelle non commerciale tirée à 330 exemplaires, des « Documents pour une biographie complète de J.-B. A. Godin », fondateur du Familistère de Guise, qu'elle doit établir « comment les conclusions de la science appuient les vues philosophiques de Godin », et qu'elle voudrait reproduire une trentaine de pages [des Phénomènes de la vie de Claude Bernard]. Marie Moret demande l'autorisation de citer l'ouvrage en mentionnant la source. Elle précise que les « Documents pour une biographie complète de J.-B. A. Godin » sont tirés à part à 100 exemplaires après leur publication dans Le Devoir.

Auteur : Moret, Marie (1840-1908)
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Marie Moret écrit à des messieurs Bernard, « frères » de Claude Bernard, sur la recommandation de J.-B. Baillière et fils. Elle explique à messieurs Bernard qu'elle publie depuis 1891 dans Le Devoir, une revue mensuelle non commerciale tirée à 330 exemplaires, des « Documents pour une biographie complète de J.-B. A. Godin », fondateur du Familistère de Guise, qu'elle doit établir « comment les conclusions de la science appuient les vues philosophiques de Godin », et qu'elle voudrait reproduire une trentaine de pages des Phénomènes de la vie de Claude Bernard. Marie Moret demande l'autorisation de citer l'ouvrage : « il me paraîtrait tout à fait intéressant de signaler au lecteur des paroles mêmes de Claude Bernard, concernant quelques points physiologiques de très haute portée morale quand on les applique aux faits sociaux ». Elle précise que la source des citations serait mentionnée et que les « Documents pour une biographie complète de J.-B. A. Godin » sont tirés à part à 100 exemplaires après leur publication dans Le Devoir.

Auteur : Moret, Marie (1840-1908)
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Marie Moret écrit à mesdemoiselles Bernard, filles de Claude Bernard, sur la recommandation de J.-B. Baillière et fils. Elle explique à mesdemoiselles Bernard qu'elle publie depuis 1891 dans Le Devoir, une revue mensuelle non commerciale tirée à 330 exemplaires, des « Documents pour une biographie complète de J.-B. A. Godin », fondateur du Familistère de Guise, qu'elle doit établir « comment les conclusions de la science appuient les vues philosophiques de Godin », et qu'elle voudrait reproduire une trentaine de pages des Leçons sur les phénomènes de la vie de Claude Bernard. Marie Moret demande l'autorisation de citer l'ouvrage : « il me paraîtrait tout à fait intéressant de donner des paroles mêmes du grand Claude Bernard, concernant quelques points physiologiques de très haute portée morale quand on les applique aux faits sociaux. » Elle précise que la source des citations serait mentionnée et que les « Documents pour une biographie complète de J.-B. A. Godin » sont tirés à part à 100 exemplaires après leur publication dans Le Devoir. Dans le post-scriptum, elle annonce qu'elle joint à son courrier un exemplaire de la brochure Le Familistère illustré.

Auteur : Moret, Marie (1840-1908)
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Marie Moret explique à la banque qu'elle cherche à obtenir l'autorisation de reproduire dans sa revue Le Devoir des passages d'un texte de Claude Bernard et qu'elle a écrit en vain aux filles du physiologiste, spécialement à mademoiselle Tony Claude Bernard au Grand Cerf à Bezons en Seine-et-Oise. Elle demande à la banque de lui faire savoir combien il existe de demoiselles Claude Bernard, si Tony est l'aînée, quel est l'âge des demoiselles Bernard et si elles résident actuellement à l'adresse indiquée.

Auteur : Moret, Marie (1840-1908)
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Marie Moret accuse réception de la somme de 2 000 F en billets de banque envoyée par la banque le 4 mai 1901. Elle demande à la banque si elle a bien reçu ses lettres des 23 et 24 avril 1901, par lesquelles elle demandait des renseignements sur les ayant-droits de Claude Bernard et l'informait de l'envoi d'un chèque de 300 F à Jules Pascaly.

Auteur : Moret, Marie (1840-1908)
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Marie Moret écrit à Antoine Médéric Cros avant son départ de Nîmes ; elle reprend la lettre de ce dernier du 10 mai 1901 en accord avec Auguste Fabre : Fabre a reçu la liste des diapositives sur le Familistère que détient Cros et le colis d'effets envoyé par celui-ci ; elle remercie Cros pour ses mots à propos du refus des demoiselles Claude Bernard d'autoriser Marie Moret à citer le texte d'œuvres de Claude Bernard, et lui indique qu'à son retour au Familistère, elle va « s'adonner à plein cœur » au travail d'écriture des idées « dont les notions sont maintenant pleinement reposées en moi ». Elle l'informe que la famille Moret-Dallet quittera Nîmes jeudi prochain. Sur des travaux de maçonnerie à faire par Fabre au 12, rue Bourdaloue. Elle remercie Cros pour sa citation de l'ouvrage Voyage à terre libre qui traite de l'individualisme dans l'association. Elle lui fait part qu'Auguste Fabre l'informe qu'il a reçu la police de la filature signée Boudon de la part de monsieur Dumas d'Uzès, qu'il a été intéressé par la conversation de Cros avec le docteur Lacaze relative à Juliette Cros et au Familistère, et qu'il lui enverra une ou deux diapositives avant la conférence qu'il donnera à Toulouse. Elle lui transmet le meilleur souvenir de Jules Prudhommeaux.

Auteur : Moret, Marie (1840-1908)
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Marie Moret remercie Antoine Médéric et Juliette Cros pour l'envoi d'une boîte de pêches. Elle demande des nouvelles de la famille Cros-Fabre et signale qu'Émilie et Marie-Jeanne Dallet sont depuis quinze jours au bord de la mer à Granville, d'où Flore Moret vient de rentrer, et qu'elles comptent y rester encore une douzaine de jours. Elle écrit que son travail à partir de Kant, Berthelot et Claude Bernard mûrit peu à peu.
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