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Richmond, Mercredi 13 septembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
4 heures
Voici une lettre de Lord John que vous me rapporterez demain. Je viens de faire mon luncheon chez la Duchesse de Cambridge. La princesse de Parme était venue la voir hier. Très grand éloignement de Louis Philippe. Rien n’indique qu’elle consente à les voir, au contraire. Le choix de la maison, pur hasard, étonnement de se trouver si près. Je vous dirai plus au long demain. Pahlen vient dîner chez moi aujourd’hui. Quel froid. Adieu. Adieu.
Il me semble que cela devient bien gros à Paris contre la dictature. Article bien fort dans les Débats au reste, je n’ai pas lu, j'ai parcouru. Adieu encore à demain. J’ai de bien mauvaises nouvelles sur mon appartement à Paris.
Mots-clés : Circulation épistolaire, Femme (politique), Réseau social et politique, Salon
Richmond, Vendredi 15 septembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Mots-clés : Elections (France), Politique (France)
Richmond, Samedi 16 septembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Onze heures.
Je vous écris un mot seulement de bonne heure afin que vous l’ayez encore aujourd’hui mais c’est précisément pour cela que ma lettre ne vous porte rien. Je n'ai rien vu, rien reçu. Si fait, une lettre de Constantin de Peterhoff, où il me dit qu’on attend le Général Flo, & qu’il sera bien reçu. Tout ce qu'on redoute là est une nouvelle secousse à Paris ; qui amènerait la république rouge.
J'avais pensé à aller à Londres, aujourd’hui. Mais j’attends mon fils. C'est là ce qui m’empêche. Bulwer devait revenir de Paris hier. J’ai écrit hier à M. Reboul j'en ai gardé copie que voici. Adieu. Adieu, à demain 5 h. Holland house. Adieu.
Richmond, Mardi 19 septembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
6 heures
J'ai été à Surbiton. Tout le monde en visite depuis hier chez la Duchesse de Glocester. On ne revient que demain ils y auront passé 3 jours. Voici une lettre que vous intéressera vous me la renverrez car je l’ai à peine lue. Elle m’arrive dans ce moment. Pas la moindre nouvelle à vous dire. Je n’ai vu que les Willoughby et lu que les journaux. Vous avez donc la plus pauvre lettre. Je crois que Cavaignac persistera à envoyer ses commissaires. Question de Cabinet au moment des élections et peut-être d’émeutes, la Chambre aura peur. Et il fera sa volonté ! Il me parait d’après la lettre de Nesselrode qu’il n’avait pas reçue celle que je vous ai remise dimanche et qui devait partir par une occasion. Je suis sûre que je lui mandais là votre retour. Demandez si elle a été portée à M. Reboul. Adieu. Adieu.
Richmond, Mercredi 20 septembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Lutterotte me mande en date de hier, qu'on remanie le ministère. La montagne a déclaré se séparer tout-à-fait de Cavaignac il doit donc chercher du renfort dans le parti modéré, sa majorité étant désorganisé. Ainsi décidément changement de Cabinet. Voilà tout ce que je sais, n'ayant vu que les habitants de Richmond qui ne savent jamais rien. Votre lettre me dira demain matin quand je puis vous attendre ; où je dois vous allez chercher.
Je suis un peu furieuse de ce que Lutterotte m’a mal arrangé mes affaires. On me prend une chambre, & il faut que je paie comme avant ? Cela n’est pas juste. Adieu. Adieu.
Que dira-t-on à Claremont de la lettre du Prince de Joinville à son frère écrite un mois avant la révolution, la prévoyant, et parlant très mal de son frère ? Le Roi cause de tout. Cette lettre est dans tous les journaux moins les Débats, vous l'aurez lue dans le Times. Adieu.
1 heure
Louis Bonaparte est élu partout & à la tête de tout à Paris. Après lui Raspail & Cabet, Fould député dans quelques arrondissements. Voilà mes dernières nouvelles de hier 6 h. du soir Paris.
Richmond, Vendredi 22 septembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Un de mes journaux le Corsaire donne le prochain ministère Dufaure, Vivien, Bedeau, [?] , Dupin, Maleville, Goudchaux Baudin, Tourret. En tout cas Cavaignac me parait malade & la république aussi. Serait-il possible que le Prince Lichnowsky ait été massacré ? Pauvre Mad. de Talleyrand ! Vous voyez je ne vous donne que les journaux. Je n’ai vu personne, je ne sais rien, sinon qu'il fait très chaud, très beau & que je rentre d’une longue course. Hier valait mieux. Adieu. Car je suis au bout. Si j'avais quelque chose d'ici à midi demain je vous écrirai, peut-être ma lettre vous serait elle remise le soir. Sinon à Holland house dimanche. Venez y à 4 1/2. Adieu. Adieu.
Lord George Bentinck est mort.
Richmond, Samedi 23 septembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Onze heures
J’ai vu Koller hier soir. L’Autriche est bien décidé à garder Lombardie, Venise, enfin tout ce qui est à elle. On a accepté la médiation du bout des lèvres. On traitera peut-être du sort de Modène et Parme. On parlera d’institutions à donner aux Lombards voilà à quoi se bornera le congrès. Autriche, France Angleterre, Piémont. Palmerston reçoit tout les envoyés d’Istrie, de Venise de partout, il les écoute, il discute. Et puis il dit à Koller, qu'il pourrait voter à la main, prôner qu'on a le droit d’intervenir entre l’Autriche & tout ce monde-là. Blaguerie, car il ne songe pas à s’armer de votes pas plus que de canon.
Koller craint que nous verrons encore du pire en Allemagne. Francfort n’est pas fini. Quelle horreur que la mort de ce pauvre Lichnowsky ! à Berlin certainement il y aura une crise violente tout à l’heure. Et Paris, comment échapper à du très gros aussi. Je trouve que partout on est trop porté à dire et à laisser la révolution s'user. Si la troupe y passe, tout est perdu, et en temporisant ou s'expose à cette chance. à Berlin, à Paris le soldat commence à être ébranlé. Comment perdre du temps alors ? Voilà mes réflexions sagaces. Peel est délivré du plus ardent de ses ennemis. Adieu. Adieu, à demain, mais là, la causerie va mal. C’est égal, il faut y venir. Adieu.
Richmond, Lundi 25 septembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
6 heures
J’ai été un peu malade cette nuit et j'essaie de me remettre en jeunant ; mais tout cela me met en pauvre humeur. Je vous envoie une lettre que vous me rapporterez demain. Ne l'oubliez pas. Lutterotte m'écrit aussi, pas gaiement. Il dit : " Tout cela terminera par une véritable anarchie en haut et une lutte armée en bas. " J'espère que vous me direz que votre rhume passe, et que je vous verrai demain ici. Adieu. Adieu. Adieu.
Je trouve les journaux bien bêtes. Tout le monde est bête.
Mots-clés : Presse, Santé (Dorothée), Santé (François)
Richmond, Mercredi 27 septembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Il ne faut jamais m'écrire avant cinq heures, car les lettres ne me sont remises que le lendemain. J'espère que vous allez mieux. Je compte aller vous faire visite demain & y voir moi-même si je n’étais pas venue jusqu’à 4 heures. Ecrivez-moi, je vous en prie.
On me dit qu'il y a dans l’Assemblée nationale un article sur M. de. Beaumont et sur moi, des mensonges, mais qui pourraient lui faire du tout. L’avez vous lu & qu’est-ce que c’est ? Je vous envoyé ce que j’ai écrit aujourd’hui à mon correspondant. Albrecht m’écrit d’avant-hier 25. " Notre situation est plus grave que jamais, nous touchons à la crise il faut se prononcer pour la république ou pour autre chose. Cavaignac est fini, je crois, quand il dit que la France veut la république il sait bien qu'il ment. Les votes de confiance ne signifient rien. Nous pourrions goûter de l'Empire tellement les masses de la France tiennent du Fran[?] cela ferait planche pour arriver à autre chose." Il continue, il ne croit pas à la bataille dans la rue.
Je n’ai vu que Montebello & Jumilhac je ne sais donc rien. Lisez cet insolent & stupide article du National ! Adieu.
La semaine prochaine je quitte certainement Richmond. Les soirées y deviennent bien longues et les journée pas très gaies & l'air très humide. Votre rhume serait vite guéri auprès de la mer. Adieu, Adieu.
Savez-vous que je ne comprends pas ce que vous me dites sur le procès ? Vous savez bien que l'oncle est prêt à la transaction mais que voulez-vous donc qu'il fasse ? Personne ne vient à lui, & même la nouvelle venue qui était une occasion, le fait & le dit. Dans cette situation il n’a autre chose à faire qu'à attendre si mes affaires doivent avancer faites donc un pas. Quand on est pressé, il faut se presser ; je répète que je ne comprends pas & mon avocat pas plus que moi.
Richmond, Jeudi 28 septembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
4 heures
Ne venez pas demain. Je suis obligé d’aller en ville. J’irai vous soir. J’ai reçu une longue lettre de Lady Palmerston. Elle ne m’a pas l'air content des affaires. Elle dit que rien ne se terminera, & que les embarras s'accroissent. Je viens de déjeuner chez la duchesse de Cambridge. La princesse de Jarnac y vient sans cesse. Elle me semble une petite personne un peu légère, fort gaie. Elle veut acheter une terre, s’établir en Angleterre tout-à-fait. Elle ne croit plus du tout à son retour à Parme. Je trouve tout ce qui se passe à Paris triste, car cela promet d’être bien long. Je suis très découragée. Et voilà le choléra à Hull, trois personnes attaquées, toutes trois mortes. Il ne faut pas rester à Londres, pensez-y. Nous en causerons.
Samedi matin 10 heures.
J'avais laissé ma lettre pour la fermer au dernier moment. Je me suis trompée de 5 minutes, et la voilà encore je réponds à la vôtre reçue dans ce moment, je vous attends donc à dîner, c'est charmant. Et, cela vaut mieux, car me voilà prise pour le luncheon chez La Duchesse de H[ ?]. Il y a certainement quel qu'évènement à Holland house. Lequel ? A tantôt. Ma voiture sera au chemin de fer à 5 3/4. J’envoie Jean pour vous porter ceci. Adieu.
Le Times disait hier soir ces trois choses. Le vote pour la chambre unique sera rapporté. Thiers sera président. Cavaignac est entré dans l'Assemblée tenant Louis Bonaparte sous le bras.
Richmond, Vendredi 29 septembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Vendredi 29 sept.1848
Richmond, Samedi 30 septembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Rien de nouveau hier soir. Normanby règne et amasse. Cavaignac séduit tous les dangers pas sa simplicité et sa bonne tenue. Paris a très bon air, plus de blouses dans les rues. Adieu. Adieu.
9 heures Samedi
Richmond, Dimanche 1er octobre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
6 heures
Malade cette nuit. Des crampes d’estomac, grande frayeur du Choléra. Le Médecin ce matin, qui me rassure, mais qui me défend de bouger & de manger. Me voilà donc dans ma chambre par un très beau temps.
Bulwer, C. Greville, Lord Holland. Le précieux. Sans nouvelles sur son compte. Attendant Paris ou Rome épousant quand il aura un poste, & disposé à convenir des arrangements que propose Lady C. Parlant très mal de la conduite de l'Angleterre dans toute l'Europe. C. Greville en grande critique aussi de Lord Palmerston, pas de nouvelle, ne sachant rien de Holland house. Enfin Lord Holland un peu embarrassé, disant que sa femme est malade d’un rhume de poitrine, qu'il ne sait pas s'il part, s'il ne part pas. Une grande incertitude ; tout son langage de nature à confirmer les soupçons autant qu'à les détruire. Je reste flottante. Je ne sais pas. Est-ce des embarras de fortune ? Impossible de rien démêler. En grande critique de lord Palmerston. Selon ces trois messieurs la Sicile est-ce qui lui fait le plus de tort. Labouchère est allé chez C. Greville pour gémir & se plaindre et interroger, car il ne comprend rien, et il trouve très mal.
La Reine a couru des dangers vendredi, une tempête effroyable. Elle a été jetée sur la côté. Elle revient par le chemin de fer. Voilà toutes mes nouvelles. Adieu. Je prendrai un bouillon, voilà tout. Adieu Adieu.
Le médecin dit que ce ne sera rien du tout. Je l'espère.
Richmond, Dimanche 1er octobre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
9 heures Dimanche. 1er oct. 1848
Brighton, Lundi 30 octobre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Je suis tout à fait triste de ne pas savoir un mot de vous depuis vendredi soir, triste et fâchée. J'ai vu hier Aggy. Effrayante. Une vielle femme. Le front ridé, les dente noires, quelques rares cheveux, du ventre, du reste un squelette. Pâle comme un linge et cependant elle a plutôt l’air convalescente que malade. Alvandy bien vieilli, ne pouvant pas bouger. Mais l’esprit serein, drôle, sensé. Je n’ai pas été chez la Metternich. Ils sont venus chez moi sans me trouver. Aujourd’hui j’irai là, si l'avenir m'y pousse. M. Morrier est venu me voir. Homme d’esprit, homme du monde. Sachant causer de tout, parlant très bien le français et très mal de Lord Palmerston. Je n’ai pas vu de journal encore aujourd’hui.
Mon ménage n’est pas monté. Je vous écris aux sons de la voix de Jenny Lyard, elle est au dessus de ma tête. Voix bien pure, bien juste très remarquable vraiment, méthode un peu allemande et imitant très bien, un violon bien doux. Ce n’est pas ce qu'on demande à une voix.
4 heures. Pas un mot. Tout est venu de Londres pour tout le monde. Rien pour moi. Je suis bien misérable. Avez- vous voulu me punir d’être venu à Brighton ? Je ne vous dirai plus rien. Je ne sais rien. Je m’agite et m’inquiète. Adieu. Adieu.
Brighton, Mardi 31 octobre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Enfin une lettre, deux lettres. Voilà mon cœur reposé. Je fais comme vous, je ne comprends rien à cette énigme du vote de l'Assemblée. Il faut attendre. Je doute qu'à Paris même on y comprenne quelque chose. Le Constitutionnel a un silence assez compromettant. La Presse aidera-t- elle à la candidature ? Elle y pousse bien. Au fond, le discours de Louis Bonaparte est tout ce qu'il y avait à dire. Il est clair & il est sincère et simple. Je le trouve bien conseillé. Je ferai écrire à Mad. de la Redorte par Marion. Je n’ai vu hier que cette bonne Marion et M. Morrier. Je suis allée chez le Prince Metternich le soir. Mais ils étaient encore à dîner. Je ne suis pas remontée. Il marche quatre heures tous les jours et on dit qu'il se porte à merveille. comme [?] dure ! Je crois cependant que nous devons apprendre ce soir ou demain qu’il s’est rendu. Mrs. Dawson Damer est morte hier. Son mari ne se doutait pas d'une fin si prompte lorsque nous l’avons rencontré à dîner l’autre jour.Lord Cowper se marie. Il épouse une très jolie Miss Tollemache connue de Lady Aglesbury. Cela ne vous intéresse guère, ni moi non plus.
Vous n'oubliez pas que ma lettre d’hier est au post office à Cambridge. Envoyez la prendre. Voici ce qu’il y a de plus saillant d'un long article de la Presse du 29. À-propos le 29 ! C’était votre anniversaire. Le temps est assez beau ici. Je marche, je m’ennuie tant que vous serez à Cambridge. Je trouverai que je fais bien d’être à Brighton. Après cela nous verrons. Adieu. Adieu. Qu'il y a d’excellentes choses dans vos projets de discours et comme il y a de l'à propos pour le moment actuel. Il faut que celui qui publie cela ait du sens et de la bienveillance.
Brighton, Mercredi 1er novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Trois lettres hier. Deux le matin, & ce soir celle que vous m'avez écrite hier matin de Cambridge. C’est trop à la fois, je vais tout à l’heure me plaindre de mes richesses après avoir gémi sur ma pauvreté. Je suis un peu malade ce matin. La bile en mouvement. L'air de la mer produit cela quelque fois. Si cela continue je quitte la mer. En attendant, j’ai envoyé chercher un Médecin.
J'ai vu hier le Prince Metternich. Décidément c’est trop long. Et pour moi, intolérable. A propos, on lui a assuré que vous voulez que le duc de Bordeaux promet qu’il n’aurait pas d’enfants et s'il en avait qu'on les mettrait de côté pour faire place au comte de Paris. Je l’ai assuré que vous ne pouviez pas avoir dit cette bêtise. Que vous étiez d'avis de la fusion, et qu'on ne parlât pas de postérité. Le comte de Paris étant naturellement l’héritier présomptif. Il a été charmé. L'Autriche l'inquiète, on travaille les populations dans les provinces. Il ne croit pas au bombardement de Vienne.
Mon Dieu comme il parle ! Je crois vraiment qu'il est devenu machine à vapeur. Sa femme est en grand soin pour moi, Le Prince se vante que vous vous êtes exprimé comme elle sur la candidature de Bonaparte. On dit que vous allez être élu ? à Caen, le croyez-vous ?
2 heures. Le médecin ne prescrit rien et dit que cela passera. Voilà un bon médecin.
4 heures. Voici les journaux de hier qui m’arrivent. Je n’ai pas eu le temps de lire. Je cours vite au dernier mot d'un long article du Constitutionnel. " M. Thiers n’a point l’honneur de connaître le prince Louis Napoléon. Il n’a pas de relation politique avec lui. Il n’est pas appelé à en avoir. Est-ce clair ? " Adieu car voici le moment où ma lettre doit aller à la poste. Adieu. Adieu.
Brighton, Jeudi 2 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Votre lettre de hier matin m’est arrivée hier soir. Cela me prouve que vos commissionnaires de Cambridge sont plus exacts que ceux de Brompton. Je vous exhorte fort de ne jamais confier vos lettres à votre servante. Le letter box ne peut pas être bien loin de chez vous, Guillaume ferait bien cette promenade. Tout cet été j’ai été victime des négligences de votre house maid. Voilà pour l’article lettres.
Passons à la visite. C’est bien shabby. Arriver à 4 heures, pour repartir le lendemain à 7 h. du matin. Mais voici deux autres observations. Je ne me sens pas bien, comme il n’y a pas de ma faute, il faut que cela tienne à l'air. Le médecin est un peu porté à le croire. Je contiendrai l’essai aujourd'hui et demain. Si je ne vais pas mieux je quitte Brighton et je vous reviens. Ce serait samedi. De plus, les samedis tout le monde arrive pour passer ici le Dimanche. Je ne serais pas sure d’une chambre au Bedford hôtel, ni à tout autre. Ainsi dans aucun cas ne venez samedi. Reposez- vous, attendez-moi. Et si je ne reviens pas, faites moi lundi ou mardi une visite plus honnête. Partez avec le train de midi comme j'ai fait. Vous serez ici à 2 heures. Alors je vous laisse repartir le lendemain matin.
Je n’ai pas un mot à vous dire sur ma journée d’hier. Je l'ai passée comme une marmotte. Toujours assoupie, sans manger, point d’appétit et un délabrement d’entrailles. Je n’ai vu personne que Marion. Je vous envoie le Constitutionnel dont je vous avais transcrit les derniers mots. Lady Palmerston m'écrit inquiète de la chance de Bonaparte. Pour moi décidément je l'aime mieux que Cavaignac. Le journal des Débats, indique Molé. Quelle bêtise ! Vous ne croyez pas cela possible n’est-ce pas ?
Le temps est superbe ici. Beauté trompeuse, pour moi au moins. Voici la lettre de Lady Palmerston. Adieu. Adieu.
Brighton, Vendredi 3 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Brighton, Vendredi 3 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Voici Aberdeen, renvoyez le moi. J’ai vu Alvandy chez lui, la Princesse Meternich & M. Morrier chez moi. Rien de nouveau. Envoyez-moi du nouveau, Metternich persiste à douter qu'on bombarde Vienne. La Duchesse de Glocester est arrivée, le temps est affreux. Je vais un peu mieux Ceci est la seconde lettre aujourd’hui. N'oubliez pas de me dire à quelle heure vous l’avez reçue, Adieu. Adieu.
Brighton, Samedi 4 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
10 heures
J'essaye toutes les heures. Voyons si ma lettre vous arrivera encore ce soir. J'ai reçu la vôtre hier, et l’Assemblée nationale. Voici le National répondant à Thiers. Dites-moi si vous viendrez Lundi, ou Mardi, ou Mercredi. Arrangez-vous selon vos convenances. J'ai si peur de vous gêner. Je veux seulement savoir pour m’assurer de la Chambre.
Je vais mieux, on me dit que le choléra augmente à Londres. Cela me tracasse. Adieu. Adieu. Ma troisième lettre en moins de 24 heures. Adieu.
Brighton, Dimanche 5 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
J’ai eu deux fois deux mots de vous en date de 8h. du matin hier. Je crois y trouver l’assurance que vous viendrez me voir demain. Je ne vous écris donc que pour le cas très improbable, où vous ne viendrez pas. Il me semble que vous voilà occupé, de quoi je l’ignore mais votre visite à Claremont est sans doute quelque chose. Certainement il y aura à Paris catastrophe, ou tout au moins événement. Nous n’arriverons pas tranquillement au 10 décembre. Mais ira- t-on au pire ou au mieux ? That is the question. Adieu, adieu. Aujourd’hui tempête. J'espère pour demain le beau temps.
Brighton, Mardi 7 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Je n’ai rien à vous dire que mon plaisir et mon regret, mais je veux encore vous avoir dit cela aujourd’hui. Que ces 8 heures ont été courtes, & charmantes ! Le temps s’est soutenu très beau, j’ai marché. J’ai vu Alvandy, et puis chez moi M. Morrier. Les Holland étaient venus pendant que j’étais à la promenade. Je ne sais absolument rien. Le National dit que le Bonapartisme est en déclin. Il est désolé de la reddition de Vienne, mais il a encore quelqu'espoir. Adieu. Adieu.
Et encore merci, ce que vous allez trouver très bête. Adieu.
Brighton, Mercredi 8 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
J’ai eu votre petit mot ce matin. Merci. J’attendrai avec curiosité vos nouvelles nouvelles de Paris. Décidément je crois à une crise avant le 10 Xbre. Mais je crains, si Cavaignac y gagne un surcroit de pouvoir, que l’assemblée n’envoie promener l'élection par le suffrage universel. Cependant la France supporterait-elle cela ? C’est bien complexe. Il est bien difficile de se tirer de là.
Les Holland sont venus me voir hier soir. Très dégagés parce que mon accueil était cela. Je tacherai de les garder ici un peu. Ils ne savent encore s'ils iront à Paris ou à Londres. Je suis pour Londres. Ma vieille Duchesse est toujours heureuse de mes visites. Je la trouve toujours seule avec sa dame.
7 heures pas de nouvelles à vous dire. J’ai lu enfin tous les Débats retardés. Je suis très contente. Je suis fort contente aussi du discours de Thiers à là réunion Poitiers. Ne trouvez-vous pas qu'on se met assez à son aise pour dire qu'on n’aime pas beaucoup la république et qu'on n’y croit pas ? Les Holland sont revenus ce matin. Les Metternich aussi mais ceux-ci sans me trouver. Adieu, adieu.
Je suis fort d’avis que vous alliez à Drayton. Je crois de jeudi à lundi maximum. Mais avant ce temps, Brighton. Adieu encore.
Brighton, Jeudi 9 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Voici la lettre, & merci beaucoup de me l’avoir envoyée. Relisez-la elle est pleine de sens pour les avis qu’elle vous donne et c’est bien là à quoi je vous ai exhorté. Pas un mot de vous à personne. J’espère qu’il n’y a rien dans les deux lettres que vous avez écrit à la Duchesse Galliera qui puisse vous embarrasser. Mais tenez pour certain que pour l’avenir ce que vous avez de mieux à faire est de ne plus lui écrire du tout. Et si vous m’en faisiez la promesse je serais plus tranquille. Elle n’est pas autre chose qu’une intrigante second rate.
Pour en revenir à la lettre. Quel coquin que [Thomine] ! (langage de Mad. de Metternich). Je crois qu'il faut un démenti très simple et court à ce qu’on débite sur vous et vos opinions. Vous n’êtes pas appelé à juger de choses & de situations que vous ne connaissez pas. Et ne nommez personne. Le Calvados vous n'en voulez pas. (Vous restez loin jusqu’après votre procès. Ceci est inutile.) Enfin bref & simple. Pourquoi votre travail si pressé ? Ce ne sera pas dans un moment de bouleversement qu'on le lira vous avez le temps de l'achever à votre aise. J’aime Bertin de tout mon cœur, et le narrateur aussi. Relisez la lettre. J’espère que vous aurez ceci dans la journée. Windisch Graetz se conduit à merveille, et de quatre ! Paris, Francfort, Milan, Vienne. Je crois que cela fera passer le goût d'insurrection dans les capitales. Vous verrez cependant qu’il y aura tout à l'heure quelque chose de très gros à Paris. Adieu. Adieu, et encore merci de m'avoir […]
Brighton, Jeudi 9 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
7 heures
Voici pour vous divertir. Je me suis promenée. Le temps est charmant. Lady Holland, et Vandermeyer sont venus. Il a de l’esprit mais pas tant que je pensais. Je suis devenue difficile. Vous aurez eu ce soir ma lettre de ce matin avec son incluse. La Duchesse de Glocester vient d’offrir au roi sa maison dans le parc. Les Holland vont lui offrir Holland house. Vraiment ils seront trop mal au Star & Garter, quant à mon appartement on le ferme en hiver, parce qu’il est trop froid. Adieu. Adieu. Bugeaud dit de Cavaignac c'est une vache dans une peau de tigre.
Je vous prie ne citez à personne ce que je vous envoie là. Cela pourrait revenir à mon informateur, et il m'en demande fort le secret. Louis Bonaparte à d'Orsay. 29 octobre. " J’ai appris avec peine que le ministère Anglais avait écrit très défavorablement à mon égard. Il me semble que par ma conduite en Angleterre, et par les sentiments que j'ai manifestés, j’avais droit d’attendre plus de bienveillance. Dites-là où vous êtes que j’espère qu'on reviendra sur mon compte ? D'Orsay ajoute. Je ne crois pas que le gouvernement anglais aurait été si imprudent et s'inquiète. Car malgré qu'il se mêle si infructueusement partout, sa prudence l'empêcherait de n'avoir rien à faire avec le choix d’un président en France, et il serait trop juste pour n’avoir pas oublié que Napoléon a couru le risque de la popularité en se faisant dire spécial constable ici, par respect pour les lois de ce pays, qu'il vénère. (plus loin) mon ami sera le véritable Napoléon de la paix. Il ne compromettra pas l’entente cordiale pour des questions dynastiques & &&
J’ai copié textuellement. Je vous dirai quand je vous verrai à qui la lettre est écrite. J’ai l'original qu'il faut que je renvoie beau français !
Autre bout de lettres dont je ne connais pas l’auteur, mais qui me vient de la même source. " tu me fais sourire quand tu me parles des Orléanistes. Nous ne connaissons ici que la république simple, la rouge, démocratique et sociale. Les Légitimistes (parti formidable). Puis enfin les Bonapartistes. ce qu’il y a de certain c’est qu’en cas des mouvements je crois que la garde nationale resterait chez elle, que la ligue fort jalouse de la mobile ne s'unirait point à elle, et qu’il est presque impossible au milieu de ce chaos d'imaginer quels seraient les assaillis ou les assaillants ! Quant à l’artillerie de la garde nationale elle est d'un rouge effroyable ! Voilà ce que je sais, & je défie bien que de tout ceci on puisse tirer une conclusion quelconque.
Brighton, Vendredi 10 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Je n’ai eu que ce matin votre lettre d'hier 9 h. du matin. C’est ridicule. Hier je vous en ai écrit deux. Ce que vous me dites sur Paris est fort triste. Cela va dégénérer en guerre civile. Ce ne sera plus guerre sociale, mais les partis politiques aux prises. C'est mieux mais cela peut devenir plus gros. Avez-vous lu l'excellent article du Times de ce matin sur Palmerston à propos de l'Espagne ?
Vous me direz n'est-ce pas in time quel jour de la semaine prochaine je puis vous attendre ici. Il faut que je le sache pour m'assurer de votre chambre. Hier soir toujours ma vieille princesse anglaise. Aujourd’hui toujours beau temps, beau soleil, & la promenade. Je vous quitte pour elle, et parce que je n’ai rien à vous dire je n’ai rien reçu, & vu personne qui sache. 8 heures. J’ai vu les Holland, W Lamb Alvandy. Les Holland très agréable, mais point de nouvelles. Mes journaux français me manquent. Quelle stupidité ils adressent hôtel Brighton à Bedford, et voilà. Adieu, adieu. Demain je vous écrirai de bonne heure un mot avec l'espoir qu’il vous sera porté le soir, car dimanche, rien hélas. Adieu. Adieu.
Brighton, Samedi 11 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
9 heures
Je vous renvoie la lettre du Duc de Noailles. Sensée. Tout ce que vous me dites & tout ce qui revient de là prouve encore de l’incertitude sur la présidence, et Cavaignac m'apparait toujours comme un grand malheur. Mais avec l’autre aussi quelle confusion. C'est égal j'aime mieux l’autre. Votre élection dans le Calvados me trouble horriblement. J'espère encore qu’elle ne se fera pas. Prenez-y de la peine. Mais si le malheur voulait que vous fussiez élu, ne serait-il pas simple de leur écrire que ne pouvant par les servir de la prison vous les priez d’attendre, ou d'en prendre un autre. C'est bien clair que vous ne devez pas aller à Paris, à aucun prix. Dites-moi que c’est votre avis.
Peel m’invite à Drayton, mais évidemment avec peu d'espoir que j’accepte. C'est trop loin, je ne suis pas capable de ces tours de jeunesse. Je n’ai rien à vous dire ce matin. Les journaux anglais ne sont pas là encore, et mes Français vont se promener à Bedford. On prend l’hôtel pour la forme. Adieu. Adieu. et toujours Adieu.
Malgré les conduites et les citernes je trouve les accidents de Claremont un peu équivoques. Savez-vous, ce qu’ils comptent faire, car Richmond ne doit pas être tenable ? Adieu. Adieu.
Lady Holland me dit qu'on adore Cavaignac au foreign office, on est convenu avec lui de certains arrangements dans l'Orient. Contre nous sans doute. Normanby et Jérôme Bonaparte qui étaient amis intimes sont brouillés tout-à-fait depuis le mois de Mai, je vous conterai cela, rappelez le moi. Adieu. Adieu.
Brighton, Dimanche 12 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Vous avez été charmant hier deux lettres. J’ai reçu la première hier soir. La seconde à mon réveil ce matin, et toutes les deux très intéressantes. Je suis bien contente qu'on ne vous porte pas pour le Calvados.
Je n’ai pas lu le journal des Débats depuis le 8. Il se promène en Angleterre. J’ai écrit à Paris pour me plaindre. Rien de nouveau d'ici. Une lettre de Lord Brougham de Cannes du 6 amusante mais rien de nouveau. Le militaire à Lyon, fanatique pour la Bête impériale.
Je me réjouis extrêmement de Mardi. Je suppose que vous arriverez comme l'autre jour. S'il y avait un changement dans les heures mandez le moi demain. Nicolay est venu ici pour la journée. Je le fais dîner avec moi. On meurt assez à Pétersbourg et encore du choléra, entre autres ce Prince Dolgorouky homme d’esprit dont vous devez-vous souvenir, et que j’aimais beaucoup. Lady Holland vient me voir tous les jours. Je vous raconterai quelque chose sur elle qui vous divertira organiser l’état de siège, pourquoi pas la révolution, pourquoi pas le bombardement de Paris. Il faut tout prévoir. C'est trop de non sens. Adieu. Adieu
Brighton, Lundi 13 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Rien de vous encore, ce qui est très naturel, mais très ennuyeux. Je prends patience, puisque demain est si près d’aujourd’hui.
Voilà donc Berlin tout près d'un grand dénouement. Metternich dit que la monarchie y périra, et il déduit cela assez bien. Je l'ai vu deux fois aujourd’hui chez lui et chez moi. La journée a été merveilleuse mais je ne me suis pas sentie très bien, et j’ai moins promené que de coutumes Je désire bien ce beau temps pour demain, mais je saurais fort bien me consoler du mauvais. Je suis charmée qu’il ait fait un si vilain temps hier à Paris. Voilà le journal du soir qui me l'annonce Adieu. Adieu.
A demain quel plaisir !
Brighton, Jeudi 16 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
9 heures
Le bavardage de Marion hier soir m’a fait manquer la poste de 10 minutes. J'en ai été au désespoir, mais pas de remède. Je viens me confesser, et vite je vous adresse deux mots à l'aube du jour bien en courant pour ne pas manquer la porte de ce matin. Je n'ai fait que lire votre petit mot pas encore les incluses. Je vous les renverrai par la poste de 2 h. Vous aurez cela ce soir ou au plus tard demain de bonne heure.
Je suis consternée du journal des Débats. Une querelle parmi les modérés dans ce moment, mais c’est criant. Qu’est-ce qui peut être arrivé. Cela me parait un grand malheur. Je crois que je ne rendrai jamais au journal des Débats mon estime. Kielmannsegge est ici et y reste. Audran lui a dit que Francfort a envoyé à Berlin le député Basserman pour donner appui au roi et l’encourager à chasser son Assemblée nationale. Audran va venir ici.
Je suis charmée de la fin de votre procès mais cependant j’ai quelque envie d'en avoir peur. Vous voudrez retourner, pas à présent mais vous commencez à y songer. Et moi. quoi ? M. de la Redorte écrit à Marion. Cavaignac est usé, personne n'en veut. Louis Bonaparte est inconnu, il vaut peut-être mieux, mais je ne sais pas. Je ne m'intéresse plus à rien et puis trois pages de bonheur domestique qu'elle n’a pas. les Cambridge arrivent la semaine prochaine, aussi au Bedford. Adieu. Adieu bien vite.
Hier, avant-hier charmants. Votre absence et si loin va être insupportable. Je crois encore que vous pourriez abréger et retourner Lundi. Adieu, adieu mille fois. Ayez bien soin en arrivant là de dire vous même à la house maid To warm your bed, and bring a bedpan when you go to bed. Les chambres & les lits sont toujours froids dans les châteaux. Adieu.
Brighton, Jeudi 16 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Voici la lettre, très curieuse. Vous verrez que ce sera Cavaignac c'est bien mauvais. J’ai encore espoir dans les 3 semaines qui restent. C’est si changeant chez vous ! Ce sera peut-être moi. On y va rondement à Berlin. J'en suis bien aise. C’est dommage que vous ne lisiez pas le Morning Chronicle tout est intéressant.
A Vienne on fusille un député de la diète de Francfort. Franchement, c’est fort, sans jeu de mots. Beau soleil, vent du midi, c’est bien joli, mais vous n’y êtes pas ! Adieu. Adieu.
On dit que Melbourne & Beauvale sont tous les deux bien mal. Cela m'expliquerait le silence.
Brighton, Vendredi 17 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
11 heures
J'ai bien peur que mes craintes ne se vérifient et que nous ne voyons arriver Cavaignac. Comment pardonner jamais aux Débats l’énorme faute qu’ils viennent de faire ? Comment se fier à la parole d'un français ? I've your pardon. Il y a toujours des exceptions à la règle. Mais la règle est cela. Ou bien quelles têtes de linottes ! Je suis enragée. Le roi a tort de trouver 1000 francs par jour trop. C'était bien là dans mes proportions ce que je payais et au-delà ; pour deux, miss G. & moi. Car mes gens sont à part. 2 d'entretien. Et bien, ils sont 19 maîtres sans les valets. C’est cela, et de plus ils sont chauffés. Et moi je ne faisais pas de feu.
J'ai eu une lettre du petit Welloughby, sans rien en raison. S'il a cru que je la montrerais. Il se trompe ; je n’en ai seulement pas parlé. elle essaie de toutes les façons de me raconter ses chagrins. J'esquive. J'avais copié quelques passages frappants de la lettre de votre hôtesse de Paris, et je les ai envoyés à Metternich pour attraper de ces réponses qui nous amusent tant. J’ai été attrapée, car sa réponse est spirituelle. Voici la copie. La Coterie de Bedford hôtel grossit. Lady Charlotte Greville est venue. La Duchesse de Cambridge vient samedi prochain. Le Prince & la princesse de Parme aussi vers ce temps-là. Cela sera drôle. Moi, je n'ai plus de visite à faire.
Je vous prie soignez-vous je crois que je vous ai mal dit hier. C'est warming pan, qu'il faut dire pour bassinoire. J'espère que vous aurez cette lettre demain matin. Adieu. Adieu.
On me répète que Melbourne est mourant, & Beauvale bien malade. Le fils de Lord Cattenham colportait ici la nouvelle que Lord John se retire que Clarendon sera premier ministre, Palmerston leader de la Chambre basse et Hardinge vice roi d'Irlande. La France est mieux placée que les autres parties du continent que le feu, qui a si longtemps été pris pour la lumière a gagné. Elle a eu sa faveur, l'habitude des chutes. Cette habitude quelque chère qu'elle soit à contacter, finir par offrir un bon côté pour les corps politiques. Ils se retrouvent avec plus de facilité dans la déroute. Je suis ainsi moins en peine pour la France que pour l’Allemagne. Entre Vienne, Berlin et Francfort, c’est Vienne qui est le mieux placée, car les théories se sont présentées en armes dans les rues. A Berlin la position ressemble à une partie aux échecs entre le Roi, par la grâce de Dieu, et le pouvoir par la grâce du peuple. Francfort enfin ne ressemble qu'à lui même. Une assemblée constituante à la recherche de l’état à constituer est un spectacle nouveau dans les fastes de l'histoire. Dieu seul connait le terme auquel arrivera ce gâchis général. Je n'ai à cet égard plus une idée après avoir usé toutes celles que j’ai trouvé à ma disposition pour retarder, sinon pour empêcher que le mal n’arrive à son comble.
Brighton, Samedi 18 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
9 heures
Je vous écris de bonne heure afin que cette lettre parte de Londres encore aujourd’hui. Merci de vos nouvelles de Richmond. J’étais sûre que les gestes de la Duchesse d’Orléans ne pouvaient pas plaire au roi. En général la chute royale me parait avoir porté une rude atteinte à l’harmonie dans l’intérieur ; plus de subordination et de tristes découvertes. Soyez tranquille sur vos confidences. Voici la lettre de Stutgard assez curieuse. A propos, le Roi de Hanovre n’entend pas du tout se soumettre à la Prusse si elle devenait omnipotente. Il dit que le Hanovre a toujours été l’allié respectueux de l'Autriche & qu'il le restera.
J’ai vu hier Mme Lamb au moment où elle montait en voiture pour se rendre à Broket hall, les nouvelles du matin lui aprenant que Lord Melbourne était à l’extrémité. Beauvale va mieux, les Palmerston, sont là. Rien, rien de Brighton. La Duchesse de Glocester hésitait à recevoir le soir Lady Holland à cause des commérages. Cela affligeait la petite beaucoup, j’ai un peu arrangé cela, elle sera reçue ce soir. Au fait elle me fait de la peine ; évidemment elle est malheureuse dans son intéressée, et elle a assez d'esprit pour craindre & pour voir que la société ne lui fasse sentir quelque dédain. Elle persiste à trouver que le seul remède est de rester en Angleterre, c’est possible. Il faut braver la tempête.
Je voudrais être à Drayton. J’ai des regrets. La Présidence m’occupe sans relâche. Comme je suis curieuse des explications qui vous viendront de Paris sur les Débats ! Elles tardent bien. Adieu, adieu. Lundi vous ne pouvez rien recevoir. C’est donc à Mardi à Brompton. Adieu.
Brighton, Dimanche 19 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Votre lettre de Drayton d'hier matin, m’est arrivée hier soir. C’est être très bien servi. Je suis charmée que vous abrégiez d'un jour ; je l’espérais. Cette lettre va donc vous attendre à Londres. Quand vous me direz le jour où vous voulez penser à Brighton, souvenez-vous que Lundi le 27 je ne serai pas libre le soir, car c'est un jour de fête dans la famille royale.
Andrieu est arrivé et demeure aussi au Bedford. Je le verrai sûrement. On dit que l'Angleterre l'ennuie à périr. Kielmannsegge me dit que Bruxelles est choisi pour le lieu des conférences italiennes. Le plénipotentiaire anglais est Lord Minto !! Et le Français Toqueville. Je ne sais qui sera l’Autrichien et l’Italien. Je trouve assez étrange ce choix de Bruxelles. Dans toute autre résidence il y aurait un ministre de Russie, qui pourrait prendre une part officieuse aux conférences. Là il n'y en a point. Il est possible que cela ait fait pour Palmerston un motif de préférer Bruxelles. Au reste je n’attache aucune valeur à ce congrès. C'est de la pure comédie. Il n’aboutira pas. C’est bien gros d’avoir fusillé Bluhen à Vienne. Comment Francfort s'arrangera-t-il de cela ? A Berlin la conduite n’est pas assez énergique, ou bien elle l’a été trop. Comment laisser siéger l'Assemblée ?
J’ai vu hier un Rothschild Antony, il pense très mal de Berlin, & dit que rien ne pourra aller tant qu’il y aura le roi. A Paris l'on commence à croire que ce sera Cavaignac qui l’emportera, et on accuse entre autre le journal des Débats. Rothschild est convaincu qu'on lui a donné de l’argent. Un bel ami que vous avez là. Les propos de Beaumont de viennent beaucoup plus républicains et surtout Cavaignac. Voilà tous mes commérages.
Hier les Hollands chez la Duchesse de Glocester, c'était un peu plus animé que de coutume. On dit que Melboune est fini par la tête. Cela c’est bien triste. J’ai écrit à Lady Palmerston pour avoir de ses nouvelles. En attendant son fils William se marie après demain.
8 heures. Andrin est venu mécontent de Berlin, de ce que le gouvernement n’a pas assez de courage. Très content de Vienne. Disputant un sur Bluhen. Rien de nouveau. Tansky écrit en date du 17 que les chances sont toujours pour Bonaparte. Thiers sera bien président, Barrot à l’Intérieur, Bugeaud gouverneur de Paris et de toutes les troupes aux environs. Drouyn de Lhuis affaires étrangères. Walesky ambassadeur à Londres.
On fait beaucoup la cour à Jérome. Les grandes dames y vont. Madame de la Redorte joue. La duchesse de Mont[?] elle ne veut pas rencontrer les dames du nouveau régime. Mad Roger Ditto Mad. Thiers approuve. Tout cela est fort amusant. Tansky n’explique pas le journal des Débats. Quand me l’expliquerez-vous ? Adieu. Adieu.
Brighton, Lundi 20 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
8 h. du soir.
Votre esprit a été atteint de distraction à Drayton. Vous m'écriviez samedi. " Je repartirai lundi à 9 h. pour être à Londres à 2 h." Bon, je vous adresse ma lettre d’hier soir à Londres. c'est clair. Dimanche vous m'écrivez " Je pars après demain Mardi à 9 h. du matin." Permettez-moi de ne pas trouver cela si bon. Un tour car il n’y a pas de ma faute si ma lettre d'hier n’est pas allée vous chercher à Drayton. Puisque vous étiez distrait vous ne l'aurez peut-être pas remarquée. Voilà votre paquet fait.
Je n’ai pas de nouvelles du tout à vous dire. Lord Holland est venu me prier de vous faire l’explication suivante. Il croit, que le Roi refuse Holland house par délicatesse et pour ne pas se trouver dans des obligations envers lui. Or lord Holland est prêt à dire qu'il loue son château au Roi, en même temps il ne veut pas qu'il le lui paye. Il veut l'honneur de lui avoir rendu ce très petit service, car décidément d'ici au mois de Mars, il ne l'habiterait dans aucun cas, il croit que nulle part le Roi ne serait mieux. Ce qui est vrai. Et si au bout de tout ce temps le roi lui donnait son portrait pour Holland house, il serait comblé. Voilà le message fait. Eh bien, je ne vois pas pourquoi il n’accepterait pas. Encore une fois Holland dira qu'il l'a loué.
Il y a une forte tempête aujourd’hui, je n’ai presque pas pu marcher du tout. J’attendrai avec impatience vos nouvelles de Londres. Vous saurez quelque chose de Paris. Berlin traîne. On dit à présent qu'on s'arrange, je ne vois pas bien comment. Adieu, J’espère que je vous ai montré de l’humeur, c'est bien mon intention. Adieu.
Brighton, Mardi 21 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
8 heures du soir.
Lady Palmerston et lord Beauvale m’écrivent tous les deux, deux mots seulement pour me dire que Lord Melbourne est mourant. Ils me font entendre que sa tête est partie. Tous deux fort tristes. J'espère que de Londres vous m’appendrez quelque chose sur Paris, car à Drayton vous n’avez sans doute pas reçu de lettres. Ce que j’apprends de sources peu importantes. C'est que Louis Bonaparte a toujours le plus de chances. Je voudrais bien que ce fut vrai. Moi je n'ai rien de nulle part. C'est bien curieux Berlin ! Batterman envoyé de Francfort pour pousser le Roi à tout ce qu’il vient de faire, et maintenant Francfort tournant contre lui, et l’invitant à la reculade. J'ai des tracas chez moi, impossible de tenir avec ma dame. C’est très ennuyeux. Mais vraiment elle me rend malade, & cela ne vaut pas la peine. Adieu. Adieu.
Brighton, Mercredi 22 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Toujours la soirée chez la Duchesse de Glocester. Bonne excellente femme. A propos elle m’a dit hier, que la première fois que vous viendrez elle serait charmée que vous lui fissiez visite. Comme à cette époque, la duchesse de Cambridge sera également ici. Je me figure qu’il est possible qu'on vous prie pour la soirée. Apportez donc votre col blanc et le reste, un [ ?] Apportez aussi votre toison au cou. Je vous dirai pourquoi. Miss Gibbon me quitte aujourd’hui. Tout à coup, pan, sans donner une raison. Je ne la demande pas. Elle m’a fait dire cela par Marion. Une étrange personne, que je ne regretterai pas. Maintenant où trouver le remplaçant ? Ici je puis presque m'en passer, mais à Londres impossible. J’y suis trop seule & trop tristement logée.
Comme l’Allemagne se brouille. Lisez donc l’article Francfort dans le Times d’aujourd’hui. Quel tableau Bass [?] a fait de Berlin dans son rapport à l’Assemblée de Francfort. Je viens de voir Metternich impayable, et cependant sensé. Pédant galimatias mais vraiment drôle. La société se compose d’individus. L’année se divise en quatre saisons. C'est le développement de tout cela. La politique a les même phases que l'année. Enfin, enfin Nicolas Pahlen est ici, aussi au Bedford, avec Lord [Elincare].
7 heures Votre lettre d'hier ne m’est pas arrivée encore. C’est long. Voici le Duc de Noailles. Renvoyez le moi, & puis vous me direz ce qu'il faut que je réponde. J'ai envie de dire que je ne sais pas pour qui vous voteriez, mais que je sais pour qui vous ne voteriez pas Cavaignac. Adieu. Adieu, & adieu.
Brighton, Jeudi 23 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
J'ai eu deux lettres, hier soir, & ce matin. Je suis renvoyée à Mardi. C’est bien long, mais puisque vous pouvez rester si longtemps sans me voir. Il faudra bien que je le puisse. Cela fera quinze jours ! Marion a reçu plusieurs lettres de Paris. Je vous en envoie une, renvoyez la moi.
Mad. Roger écrit aussi. Bien choquée des Normanby qui ont donné leur premières soirées depuis un an, le jour de la proclamation de la Constitution. Cela a fait que personne n’a voulu y aller. Ils se sont divertis avec les Marast & C°. Mad. Royer très contre Cavaignac. Bonapartiste sans enthousiasme ; dégoutée, triste de tout. Et moi aussi. Les Neumann & Koller sont ici aujourd’hui. Je les verrai sans doute. Je ne puis m’empêcher de croire que Miss Gibbons est un peu folle. Elle est dehors, c’est fini depuis hier, elle ne me manque encore que par le plaisir que j'éprouve à ne plus subir les attaques de son humeur. C'est comme cela que j’y pense.
Les nouvelles de Berlin sont assez bonnes. Le corps diplomatique y est revenu. Depuis mars. il habitait Potsdam. Mais Potsdam même est devenu un peu mauvais, ce qui fait que la famille royale s’est fortifié dans le vieux château. Ordinairement chacun des prince demeurait dans sa maison de plaisance, & le Roi à Sans souci.
8 heures
Tansky écrit que Mad. Kalergis est de retour à Paris. Molé a couru chez elle. Amoureux fou, et voulant l'épouser. Tout Paris en parle. Thiers le rival, mais pas pour épouser. Les chances égales pour Cavaignac et Bonaparte. Mais on s'anime beaucoup dans les salons, on s’aborde avec le nom du candidat dans quinze jours on le battra et on se tuera. Marseille et environs. Tout pour Cavaignac. Le télégraphe dit que Rossi ne mourra pas des coups de poignard. Dans le nord de la France, on crie beaucoup vive l’Empereur. C’est aujourd’hui la St Clément je ne l’ai appris que tard j’ai été faire ma politesse. Longue visite de Neumann mais rien de nouveau. Adieu. Adieu.
Mots-clés : Bonaparte, Charles-Louis-Napoléon (1808-1873), Circulation épistolaire, Conditions matérielles de la correspondance, Diplomatie, Elections (France), France (1852-1870, Second Empire), Politique (Allemagne), Politique (femme), Politique (France), Politique (Italie), Relation François-Dorothée, Réseau social et politique, Rossi, Pellegrino (1787-1848), Salon
Richmond, Lundi 7 août 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
11 heures
J'ai été hier à Holland house. J'y ai rencontré assez de monde. Voici le butin. La France et l'Angleterre travaillent en commun à une médiation entre l’Autriche et Charles Albert. La France fera appuyer cela par une démonstration militaire, mais la guerre non. Ce qui préoccupe le plus la France & tout autant l'Angleterre, c'est l’Allemagne. Ni l'une et l’autre ne veulent de l'unité allemande. Surtout par lord Palmerston. Partout il prêche la réaction, & la fomente avec la même ardeur qu'il mettait à prêcher la révolution. Le mouvement en France est très vif, mais le Roi & le gouvernement comprennent. Quels insensés ! On ne sait pas comment se sera passée la journée d’hier. L’hommage. Peut être y aura-t-on renoncé. Le sentiment public à Hanovre mauvais. Le roi avait été soutenu d’abord chez lui, mais depuis comme aucun souverain ne l’a invité, on a perdu courage et on l’abandonne. On blâme beaucoup la fuite du Roi de Wurtemberg. Lui aussi est allé se divertir & se reposer avec une actrice. la grande Duchesse Olga dans le mouvement ! Est-il possible ? Kielmansegg affirme. Bunsen n’aura pas les Affaires étrangères à Francfort Mais il sera probablement nommé Ambassadeur du [?] ici. Et ici on est très décidé à ne pas reconnaitre la nouvelle Allemagne. En général à ajourner le plus possible toutes les reconnaissances. Etrange situation négocier avec des gens qu'on ne reconnait pas. Conclure des conversations peut être, avec la France & n’avoir aucune relation officielle. On dit qu'on pousse à la république à Vienne pour se ménager les droits d'aller y rétablir la monarchie à la tête de l'armée, alors seulement l'Empereur y rentrera. Far fetehd plan. Les bruits de Paris sont que Cavaignac ne tiendra pas longtemps. Après lui [Lamartine] & Thiers. Après ceux là Changarnier ramenant la Monarchie. L’échec de Goudchaux faisait du bruit, mais on ne dit pas cependant qu'il se retire. Toutes fois c’est le Ministre du dictateur battu. Parmi les choses que m’a dit Ellice j’ai oublié je crois de citer que c’est décidément Marast qui sera envoyé à Londres, si le National règne encore quand on nommera un ambassadeur.
2 heures
Je suis contente, mais seulement à demi contente. L'Ecosse à bas, bon. Mais pourquoi les bannir de ceux en Norfolk, et pourquoi pas près d'ici sur la côte méridionale. Je ne comprends pas. Je vous adresse toujours ici chez M. Boileau. Il faudra me dire où [?] & quand je dois changer d’adresse. Je vous plains de n’avoir pas vos journaux. Vous voyez que toute cette invention de voyage était mauvaise j'espère que l’accident de Pauline n’aura point de suite. Comment n’avez vous pas su dire non quand elle vous a demandé de la laisser monter à cheval ? Sachez bien qu’il n’y a pas un cheval bien dressé en Angleterre, de même qu'il n’y a pas un garçon ni une jeune fille qui ne soit très bon Cavalier. Et bien, excepté Guillaume je crois tout le reste du ménage très peu exercé. Melle Chabaud, je ne sais pas, peut-être, mettez-la à cheval. Je vous conjure donc de n’y pas monter. Sachez donc une fois m’accorder ce que je vous demande. Je m'en vais me mettre à penser à votre Cromer dont je n'ai jamais entendu parler. Je compte que vous vous y amusiez bien, que vous aurez soif de causerie. Enfin, c’est certainement mieux que l’Ecosse. Mais ce n’est pas si bien que vous auriez pu faire. J'ouvre mes journaux. Le National de Samedi ne m’est pas arrivé. je découpe le leading article du journal de hier dimanche. J'ai souligné, ce qui me parait Capital. On laisse à l’Autriche. la Vénétie. Adieu. Adieu. J’ai le cœur plus léger depuis qu’il n’y a plus d’Ecosse. Je voudrais l’avoir content . Cela viendra, quand vous viendrez. Adieu.
Richmond, Mardi 3 octobre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
7 heures
Un mot seulement pour vous dire que vous me trouverez demain à Minarts Hotel Brook Street. Venez-y après votre dîner. J’espère que cela veut dire au plus tard 8 1/2. Je trouve les Débats bien sombres, bien menaçant aujourd’hui. Les choses ne peuvent pas durer longtemps comme elles sont aujourd’hui. Mais quoi après. Savez-vous l'arrivée de la reine des Belges à Claremont ? Adieu. Adieu, votre lettre d'hier est bien intéressante.
Bedford hotel Brighton, Dimanche 29 octobre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Je commence Brighton bien mal. Votre lettre n’est pas venue. Pourquoi ? Vous êtes maladroit en expéditions de lettres. Sans doute trop tard à la poste, car je ne veux admettre, ni maladie, ni oubli, ni paresse. Je vous en prie, ne me faites pas de ces mauvais tours. Vous savez que tout de suite je m'inquiète. Quel temps hier, quel voyage ! Pas même Gale, personne. Avec la multitude d'amis et d’obligés, je manque toujours d’obligeants, tandis que tout le monde en trouve. J'ai eu bien peur, j’ai eu bien froid. Je trouve ici une tempête, de la tristesse, de la solitude, un joli salon mais petit comme une cage avec des courants d'air de tous côtés. Je ne sais comment je pourrai y tenir. La bonne Marion est venue deux fois me recréer la vue & me réjouir le cœur. Aggy va décidément mieux. J'irai la voir aujourd’hui, si la tempête me permet de sortir. Vous ne m'avez pas donné votre adresse pour Cambridge.
Voici Brougham amusant. Hier pas un mot de politique et je n’y ai pas pensé ; savez vous que cela repose. Et que cette continuelle agitation, excitation est très malsaine. Je ne m’agiterai tout le jour, aujourd’hui, que de votre silence, mais c’est bien pire que la politique. Je serai en rhumatisme, en choléra, cependant tout cela n’aurait pas empêché un bout de lettres, et je crois que je resterai encore un peu plus fâchée qu'inquiète.
Le Constitutionnel raconte le discours de Louis Bonaparte. Sans commentaire. La Prusse appuie cette candidature à défaut de Lamartine qu’il regarde comme impossible faute de votants. Je découpe ce qu’il dit sur Thiers ; et que je trouve très bien.
Adieu, Cambridge est loin, bien loin de Brighton. Je voudrais être à vendredi pour vous tenir plus prés. N’allez pas trop manger ou boire dans ce ménage anglais. Dites-moi votre adresse, je crains que vous ne l'ayez pas fait, de sorte que demain j'adresserai ma lettre tout bonnement à Cambridge. Envoyez la chercher à la poste. Adieu. Adieu
Brighton, Lundi 1er janvier 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
A vous ma première pensée, ma première parole. Voilà un bouquet qui m’arrive ce doit être de vous. Cela me touche & me plait. J’espère que c'est de vous & que personne d’autre ni s’avise de m'en m'en donner. Marion sans doute m'expliquera cela. Mes yeux vont mieux. Mais je les ménage extrêmement. Après-demain Quel plaisir. Voilà donc déjà un changement. dans le ministère. Je voudrais que Louis B. rendit la vie dure à tout le monde. S’il pouvait être déporté comme il se ferait honneur. Adieu, adieu. Il est de vous, merci, merci.
Mots-clés : Politique (France), Relation François-Dorothée
Brighton, Lundi 1er janvier 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Brighton Lundi 1er Janv.
8h du soir.
Je vous ai écrit ce matin moi-même. Le soir cela ne m’est pas possible. Mais je dicte deux mots parce que j’ai appris que la publication anglaise doit avoir lieu déjà le 5. Cela ne me parait guère convenable. Il me semble que vous pourriez attendre que votre écrit eût paru à Paris. Je viens de recevoir votre lettre d’hier. J’espère bien que vous ne vous laisserez pas enlever à votre repos. Je ne trouve pas le moment venu, pour aller affronter les intrigues. Laissez les autres barbotter dans leur gâchis. Il y a bien de la dignité à se tenir en dehors de tout cela et aucun moyen d’échapper à ces intrigues. Si vous vous présentez trop tôt. Ce sont des luttes qui ne vous vont pas. Mais nous causerons bien au long de tout cela et je me réjouis bien de mercredi. & & Adieu. Adieu.
Mots-clés : De la Démocratie (ouvrage), Politique, Politique (France), Posture politique
Brighton, Mardi 2 janvier 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Je vous ai écrit ce matin. Je réponds ce soir à votre lettre. Puisque vous voyez aujourd’hui Duchatel. Je vous attends bien surement demain. Lord Aberdeen sera ici vendredi. Il m'écrit de Drayton. Lord Beauvale est très mal.
Adieu. Adieu.
Brighton, Mardi 2 janvier 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
2 heures. Mardi
Je suis si heureuse en pensant à demain ! Cependant si vous aimez mieux rester un jour à Londres pour voir vos amis Duchatel & & Ne vous gênez pas, car selon votre lettre, la semaine est libre. Enfin faites comme cela vous arrange le mieux. Moi tout m’arrange, car enfin, vous viendrez, & je vous tiendrai. Je garde ici une lettre de Tansky curieuse comme détails de cour. Cela marche bien vite. Il y aura l’Empire. mais pour how long ? La mort de lord Auckland est un événement. Beauvale est mourant. Me yeux pas si bien qu'hier. Adieu. Adieu. A demain, adieu.
Aberdeen viendra certainement me voir cette semaine
Brighton, Vendredi 5 janvier 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Je dicte parce que mes yeux me font bien mal ce soir Lord Aberdeen est là - bien en regret de vous avoir manqué, et tout en train de vous rencontrer ici les premiers jours de la semaine après la prochaine - fixez moi le jour pour que je le lui mande & Ellice est venu aussi. Lord John Russel n’adore pas Lord Palmerston. Tous les ministres pensent sur son compte ce que nous pensons. Il est possible que Normanby soit nommé à l'université. Mais il n’y a rien de décidé encore. Que dites-vous de l’amiral Luille ambassadeur ici ? Je crois me souvenir que Vous aviez bonne opinion de lui. Adieu. Adieu.
Brighton, Samedi 6 janvier 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Mes yeux ne me permettent vraiment pas. Mais vite deux mots pour ces deux choses ci. Narvaez demande la médiation de Léopold pour se raccommoder avec l'Angleterre. Il est fort à faire toutes les platitudes moins une seule. Jamais on ne permettra à Bulwer de remettre les pieds à Madrid même pour une heure et c'est précisément là ce qu'exige Palmerston. Palmerston est en querelle avec nous sur les Affaires d'Orient. Le voilà donc brouillé avec tout le monde.
Je veux dire adieu moi-même. Les médecins disent que cette petite reprise n'est rien. Adieu. Adieu. La Reine a [ ?] beaucoup d’éloignement de recevoir Napoléon B. c'est pour cela sans doute qu'on a nommé Luille.
Brighton, Dimanche 7 janvier 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Pauvres yeux, mais il vous faut deux mots. Le roi ne tient pas sur votre compte un langage qui plaise à Lord Aberdeen. On rend justice à votre habileté votre droiture mais on se récrie sur votre impopularité. Le roi appuie sur cela beaucoup. Quand aux princes ils s’expriment très mal. Puisque le roi [?] comme cela à Lord Aberdeen il faut qu’il le dise bien plus à d’autres. Voici une lettre de Constantin. Le Constitutionnel nomme les visiteurs du jour de l'an. Que des députés. Ni Thiers ni Molé. Le premier a écrit son [?] tout, le second pas même cela.
8 h. du soir
Il faut que je dicte à cause le la lampe. Ma petite voisine au [?] douloureux a des nouvelles très fraîches de Paris. Pierre Bonaparte, et la Montagne commencent, à s'exercer quelqu’influence sur le président. Celui-ci tout-à-fait abandonné par Thiers, fort peu soutenu par Odilon Barrot qui ne le voit qu'aux heures de Conseil pourrait bien se laisser entrainer et donner déjà quelques indices de cela. Ainsi, à la réception du jour de l'an où il n'a presque parlé à personne. Il a fait un accueil très gracieux et très remarqué à M. Guinard chef de l’artillerie de la garde nationale République rouge tout- à-fait. Cet état de choses a commencé à donner de l’inquiétude - Thiers, Molé, Beaugrand, Changarnier Rémusat & se sont réunis et sont convenus qu’il fallait donner de l’appui au gouvernement sous peine de passer de nouveau à la lutte dans la rue et Rémusat a été député à Léon Faucher pour lui promettre sont ici sincères et actifs du parti modéré. On se dit à l'oreille que Bonaparte a l'habitude de boire. Voilà mes nouvelles d’aujourd’hui. Il parait qu'on est triste à la bourse à Paris Adieu, adieu.
Brighton, Lundi 8 janvier 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Rien à vous dire du tout, beaucoup à attendre et de vous et des journaux. Mallak vous a-t-il rendu compte de sa conversation avec Thiers. Dites-moi, si c’est Lundi ou Mardi que vous viendrez afin que je fixe Lord Aberdeen. 8 h. du soir. Pas possible à la lumière. - Quelle intéressante lettre que celle que vous venez de m’écrire. La discussion de Samedi est des plus curieuses aussi. - Eh bien parmi tous les personnages celui qui me parait le plus à son aise c’est Louis Bonaparte. On l'a mis là, il faut bien qu'on le soutienne. J'ai assez idée que Thiers & Molé s’y mettront. Il me semble que parmi les ministres vous ne devez de procédés qu'à L. Lansdown. Celui-là a été vraiment poli pour vous. - Edition française absolument. Je ne comprendrais pas la convenance de l'envoyer à Lord Palmerston, et comme il pourrait y avoir impolitesse flagrante, à l’envoyer à Lord John. J' [?] pour Mais, il faut que vous vous borniez absolument si lord Lansdowne en fait de ministre. Quant aux Princes, en vérité vous en êtes meilleure juge que moi. Je ne leur veux pas beaucoup de bien depuis ce que je vous ai mandé hier L'adresse de Lady Alice est Livermere. Bury St Edmunds Norfolk. Je recommence. Quel curieux état de choses à Paris ! N'oubliez pas Marion quand Vous avez votre livre en Français.
Adieu. Adieu.