Guizot épistolier

François Guizot épistolier :
Les correspondances académiques, politiques et diplomatiques d’un acteur du XIXe siècle


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Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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59 Paris jeudi le 8 septembre 1853

Merci de la lettre de Lord Aberdeen. Je crois que nous accepterons, mais la nouvelle-ci n'est pas venue encore, ce qui étonne cependant je ne pense pas que nous évacuions avant l'envoi d'un ambassadeur Turc porteur de la note. Il me semble qu’en Angleterre. On s’inquiète outre mesure. Lord [Aberdeen] est dans le vrai.
Je vois les diplomates le matin, ils ne savent absolument rien, mais Kisseleff & Hübner sont tranquilles, les deux empereurs vont se voir à [Olnentz]. à moins de grand événement ceci sera ma dernière lettre. Le temps est toujours affreux. Très froid.
Nous avons passé toutes ses dernières soirées à trois avec Viel Castel, que nous trouvons charmant. Il part aujourd’hui pour Broglie. Il ne me reste plus personne et je vais courir le soir je ne sais où. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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58. Paris le 6 septembre 1853

On attend toujours. Enfin aujourd’hui on doit apprendre les réponses de Pétersbourg, elles arrivent ce matin à Berlin de là le télégraphe.
J’ai vu hier Cowley longtemps. Il est inquiet. Il a fini Dieppe & va à Chantilly. Walensky a passé quelques jours auprès de l’Empereur. Il a refusé de voir D. de Luys. Cela n’a pas l'air de contrarier le maître. L’Empereur a l’air fatigué & changé. L'[Impératrice] a bonne mine elle n’est pas grosse.
Lord Normanby demande le poste de Florence ! Quelle chute ! Bulwer n’a pas envie d'y retourner.
Il n'y a personne à Paris et comme je me couche à 9 1/2 on ne vient pas le soir. (les seules qui puissent venir les diplomates) j’ai peur que vous ne vous ennuyez, mais moi je me réjouis bien de vous revoir.
Marion vous remercie de votre petite lettre, vous l'avez convertie. Au reste elle est bien mon ennemie et celle de Lord Aberdeen. Lord Harry Vane est ici, mais il ne sait rien. Lansdowne arrive ce soir, mais il ne fait que passer. Il va en Allemagne. On parle d'un voyage de Lord Palmerston (unichieff).
Je suis très divertie des Mémoires de Mme d'Oberkerich, de vieux souvenirs pour moi. Dumon est parti. Viel. Castel vient un peu causer avec moi. Conversation charmante. Adieu. Adieu.

P.S. Dans ce moment une lettre très intéressante de Greville. On craint en [Angleterre] que l’Empereur ne refuse. On croit à une révolution à Constantinople, le sultan déposé. Son frère à sa place. On est perplexe, on ne sait que faire de la flotte. Retirer. Honteux, [avancé], c’est violer le traité. Enfin tous les embarras du monde.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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57 Paris le 3 septembre 1853

Il n’y a vraiment rien de nouveau à vous dire. Et quoique, j'ai vu tout le monde je ne sais rien. Kisseleff est en très good spirits & très content de D. de L'aigle. Hubner ne doute pas que nous accepterons. C’est aujourd’hui qu'on peut le savoir. Le duc de Noailles est venu me voir, bien engraissé encore. Fort content, très acclimaté à ceci. Tout le monde dit que l’Empereur a beaucoup gagné dans l'opinion grande popularité à Dieppe mais il s'y ennuie. ils vont recevoir bientôt. Le pauvre Molé est menacé de cécité. Il y a longtemps qu'il a perdu un oeil, c'est le bon qui est attaqué aujourd'hui. Il ne peut plus ni lire ni écrire. Il fait bien froid à Paris. Je continue. Quel vilain été ! Un peu ma vie des eaux, je me couche avant 10 heures. On vient depuis 8. Cowley est à Dieppe. C’est le seul diplomate que je n’ai pas encore vu. On le dit très noir. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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52 Schlangenbad le 24 août 1853

Me voilà encore. La chaleur a été si forte que je n’ai pas où me mettre en route. Elle se dissipe un peu, et samedi je pars. Je serai à Paris sauf nouvel incident ou accident. Mardi le 30. Meyendorff était très affir matif en me mandant que Constantinople avait accepté l’Ultimatum. Une lettre de Kisseleff reçue hier l’est moins, mais cela nous est bien égal. La faute serait aux autres.
Je ne vois plus une âme, il n’est resté personne à Schlangenbad. Ce repos me plait beaucoup, seulement il ennuie mon fils. Je n’ai pas l'ombre de nouvelle à vous dire. Mariage à droite, à gauche, voilà le seul aliment des journaux. Adieu. Adieu. On a bien des Bavaroises déjà en Autriche, cela ne plaira pas.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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45 Schlangenbad le 11 août 1853

Mon fils Alexandre est arrivé hier, il est vieux de Paris. Je suis plus franchement informée par Meyendorff, mais il me rapporte l'impression des Russes de France, qu’après tout nous avons fort avancé nos affaires, quoique au prix de notre bonne réputation. Celle-là restera fort endommagée. Hier la porte a totalement manqué à Schlangenbad. C’est odieux, ni lettres, ni journaux. Constantinople n’est plus pour moi que question de curiosité.
Les Princes du voisinage se croient obligés quand ils viennent faire la cour au roi de Wurtemberg et à la Princesse Charles de Prusse de se présenter chez moi aussi. C’est ainsi que j’ai vu l’autre jour le Prince régnant de Waldek, beau garçon de 22 ans, timide, embarras sé, labourant le Français avec une peine infinie, à la torture pour trouver un mot. Une scène de comédie ; son premier. ministre était avec lui. important, empesé, grotesque J'ai bien ri après. Marion me fait une collection de portraits des personnes qui viennent chez moi. Elle a un talent rare. Elle se souvient le lendemain matin des visages de la veille, des ressemblances frappantes. Mon fils trouve ceci charmant et ne demande pas mieux que de prolonger notre séjour. Je me laisse aller sans arrêter de place. Le froid diminue voilà tout ce que je puis dire du temps. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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40. Schlangenbad le 1 août Lundi 1853

J'ai enfin reçu une longue lettre de Meyendorff. Je la ferai copier par Marion pour vous l'envoyer. Le dernier mot du 29 est que les Turcs trainent en dépit des conseils de tout le monde et que cela peut durer encore par leur fait, car aujourd’hui tout le monde y va de bon cœur. Le sultan se grise.
Il y a ici la Princesse Charles de Prusse et sa fille. La mère & la fille belles, mais bêtes à un degré étonnant c' est à qui en évitera. Vous comprenez que j’en suis là aussi, et à faire des impertinences. Le roi de Wurtemberg est toujours aimable et assidu. Changarnier part demain je crois, car Mad. [Rotschild] part. Je répète qu'il est très convenable et que moi au moins, je n’ai pas entendu une parole aigre ou amère. Il se croit à Malines pour longtemps. Je vous avoue qu'il ne m’amuse pas. Il parle trop de lui, et il n’est pas naturel. Marion qui le voit beaucoup dit qu'il est beaucoup plus agréable hors de ma présence. Mais elle aussi n’a pas relevé un mot qui ne peut être dit à Paris sur la place publique. C’est un parti pris, ou bien vraie conviction.
Le temps est atroce, parfaitement froid, j’ai repris toute ma toilette d’hiver je me baigne malgré cela. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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39 Schlangenbad le 30 juillet 1853

Le silence de Meyendorff m'inquiète. Constantin en rentrant à Berlin a trouvé Budberg parfaitement ignorant. Il n’avait pas reçu une ligne cependant de tous côtés on croit à la paix. J’ai été assez frappée dans les deux dernières lettres de Greville de ce qu'il dit que l’obstination de Lord Aberdeen à crier la paix sur les toits a dû encourager mon Empereur, & qu’on trouve qu'[Aberdeen] en a fait & dit assez et trop dans ce sens. Malgré cela, il est évident que le pays aussi ne veut de la paix.
James Rothschild va venir ici compléter le congrés de famille. Je suis furieuse et tout le monde ici avec moi de la porte de ce petit endroit. Les lettres & journaux y viennent tard & une fois le jour seulement. On vient hier de faire un nouvel essai par d’autres routes, cela a si bien réussi qu’il n’est rien venu du tout. Il faut attendre ce soir.
J’ai tous les soirs quelque personnes que je renvoie à 9 heures. Rien d’intéressant et pas mal bigarré. Une comtesse Sacy charmante, jolie & spirituelle. Le prince de Croy bête. Le comte de Brie qui [?] les princes Belges fort distingués, un général autrichien Lochi, un peu bouffe italien. Ma nièce dîne toujours avec moi et y est le soir aussi. Marion dîne souvent chez les Rothschild, cela l’amuse. Le temps est toujours variable. Je fais peu de chose de la princesse Charles de Prusse. Elle m’invite chez elle, je n’y vais pas, elle est trop ennuyeuse. Sa cousine la reine de Hollande l’a complètement oubliée l’autre jour elle en est furieuse.
Adieu. Adieu, car je n’ai plus rien à dire.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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37. Schlangenbad le 26 juillet Mardi 1853

Votre lettre n’est pas arrivée hier. Cela m'ennuie. Je n’ai rien ici de nulle part, je n’ai que les journaux. Il me paraît que la négociation sera longue nous resterons quelques temps dans les principautés, les Turcs auront leurs embarras intérieurs. On voudra les secourir, nous comme les autres peut être, et cela peut devenir une drôle d’affaire et grosse au bout. Au fond le gouvernement Anglais est dans l'embarras.
Je ne parle politique qu’avec vous et le Roi de Wurtemberg, mais il n’est pas tout-à-fait sincère avec moi. Il a bien de l’esprit. Il vous plairait beaucoup Il me parle beaucoup de vous. Je ne sais si votre petit ami est dans les environs. Vous devriez lui faire savoir que je suis ici au cas qu'il se trouve sur le Rhin. Constantin m’a quittée hier. Je ne suis pas tout à fait abandonnée, il y a quelques causeurs le soir, et deux ou trois femmes, pas grand chose. Ma journée est assez remplie par la promenade, le bain, le repos qu'il faut prendre après. Je végète. Je ne remarque pas du tout. que cela me fasse du bien, je suis comme j’étais. Voilà une misérable lettre Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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36. Schlangenbad samedi 23 juillet 1853

Je n’ai rien au monde à vous dire, mais je suis curieuse de savoir ce que vous avez dit de la circulaire de Drouyn de Lhuys. Moi je l’ai trouvé très bien faite simple, claire, et sans réplique. Très supérieur à Nesselrode. Est-ce de la rédaction de Thomanel ou du chef ?
Le roi de [Wurtemberg] a passé ici deux jours en courses pour faire visite à ses filles. Je ne l’ai pas vu. Mon fils Alexandre a été malade à Naples. Cela retarde son arrivée. Il ne sera à Paris que la semaine prochaine, & ici sans doute quand je voudrai. Ce sera alors que je déciderai où aller. Je n’ai pas grande envie de me remuer pour autre chose que pour rentrer dans mon home. Je ne crois pas qu’à tout prendre mon voyage n’aura fait beaucoup de bien ; il me donne avant tout le goût du repos. Adieu, voici une pauvre lettre. Du Val Richer il y a au moins les commentaires, mais que voulez vous qui vienne de Schlangenbad. Adieu. Adieu.

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35 Schlangenbad jeudi 21 juillet  1853

D'abord ma santé. Elle est comme vous l'avez vue. Ems m'a laissée comme j'étais. Attendons Schlangenbad.
J'ai eu deux longues lettres de C. Greville la dernière du 18. On avait reçu à Pétersbourg, les propositions de la France, et nous en étions contents. On voulait seulement encore l’aboucher avec l’Autriche, mais cela était fait et convenu avec elle entre temps. La proposition anglaise qu'on dit meilleure encore pour nous aura par conséquent été mieux reçu encore. Les projets pleuvent de tous les côtés. La paix ne peut pas manquer de sortir de tout cela. La réponse de Drouin de Lhuys arrivera après coup et ne dérangera rien. Voilà le point de vue de Londres et je le crois exact. Je trouve cette réponse très bien faite, on ne pouvait pas se dispenser de la faire.
Le roi de [Wurtemberg] m’a fait encore hier une longue visite, trop longue, car même avec beaucoup d’esprit Il ne faut pas me tenir trop longtemps. Je ne puis pas le renvoyer comme un autre et voilà que les impolies angoisses me gagnent. Il y a perdu son dîner et moi ma promenade. Nous arrangerons cela mieux à l'avenir. Il sait beaucoup de choses & moi je lui en apprends quelque unes. Le 22 Constantin m’est arrivé hier inopinément. Il a déserté pour deux jours. Les nouvelles sont bonnes. On va à la paix seulement cette avalanche de projets fait de l'embarras. Il faudra donner la préférence à l’un d’entre eux. Votre Empereur est très bien, tout le monde se loue de lui, Cowley aussi bien que Kisseleff. Menchikoff reste à Sébastopol chef apparent de l’armée de mer & de terre, mais au fond en disgrâce. Il voulait renverser Nesselrode. Beaucoup de petites nouvelles curieuses. Le Prince Emile de Darmstadt est venu de Wisbade hier pour me voir. Toujours charmant le plus charmant Prince que je connaisse.
Adieu. Adieu. Je me baigne tous les jours, malgré ce mauvais temps.

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33 Schlangenbad dimanche 17 juillet 1853

Je suis arrivée fatiguée. Je trouve ici la température de la Sibérie, beaucoup de monde, pas une connaissance, ma nièce qui a ici ses parents, le Roi de Wurtemberg arrivé hier aussi. Comme on ne dispose pas des rois, je ne sais trop s'il me fera une ressource. Les journaux et les lettres arrivent ici tard, je serai bien arrivée, et vous êtes plus loin que jamais. Votre dernière lettre est du 11. Au fond l'été est ma plus mauvaise saison. Je ne sais jamais l'employer. On dit qu’on va me regretter à Ems. J'y avais un vrai salon. Les princes de Prusse et [Panin] & Platen étaient le fond, cela avait fini par être agréable, après avoir bien mal commencé. Il fait très froid ici, froid comme en octobre. J’attends la porte, si elle m’apporte quelque chose, j’ajouterai, si non et en tous cas. Adieu. Adieu.

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30 Ems dimanche le 10 juillet 1853

J'ai eu vraiment un grand plaisir à apprendre le succès de votre fils. Je vous prie de lui en faire mon compliment très sincères. Je comprends la joie que cela vous aura donnée.
Voici la dernière proposition comme à Paris je crois, comme par nous et appuyé par l'Autriche à Constantinople. La Turquie nous enverrait un ambassadeur muni de la certaine note signée. Il nous la remettrait & recevrait en échange l’assurance écrite que nous ne ferons usage de notre protectorat du culte orthodoxe que dans un but religieux, & jamais politique On me demande le secret sur ce projet. Je vous prie donc de le garder. Il doit réussir à moins que Stratford rascal ne s’y oppose.
Je suis charmée de la remise du débat au Parlement. Tout cela à l’air pacifique. à juger par tout ce qui me revient votre gouvernement a une conduite très sage. Aberdeen. est plus gêné que lui, mais au total j’espère aussi que là on ira bien.
La chaleur a été étouffante ici. Aujourd’hui c’est mieux. Ma nièce est partie hier, elle me précède à Schlangenbad, J'y vais samedi le 16. C’est donc là toujours duché de Nassau que vous m’adresserez vos lettres. Je commence à avoir un peu de société ici. D'abord les deux princes de Prusse, le futur roi, & le Prince George, les [Panin], Platen, les de l'Aigle elle est insupportable, une princesse Carolath assez animée. On vient chez moi le soir, à 9 1/2 je chasse tout le monde. Avant 10 heures je suis dans mon lit. A 7 1/2 debout et à la promenade. Je dîne à 3 1/2. Vous avez ma journée avec le bain & les courses en voiture de plus. Adieu. Adieu.

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Ems le 6 juillet 1853 27

Une nouvelle lettre de Vienne, et rien de rassurant de nulle part. Le comte Platen est arrivé de Paris hier. Hubner l’a chargé de me dire de ne pas m'inquiéter, il voit en rose. Hatzfeld tient le même langage. Kisseleff ne parle pas, et a l’air très tranquille et cependant voyez ? Tout ceci me fait du mal, et me trouble la bile.
Je vous envoie copie de la lettre mais pour vous seul. Je sais que la vôtre est allée à Pétersbourg. Notre amie l'Assemblée nationale passe à l'ennemi aussi. Il ne nous reste personne.
Adieu. Adieu. Je suis très sotte. aujourd’hui.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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22 Ems le 25 juin 1853

Selon une nouvelle lettre de Vienne, nous n’entrerons pas dans les principautés avant le 2 ou le 3 juillet ; alors encore on pourra négocier, mais les chances de s’arranger deviennent plus faibles tous les jours. Et hélas vous perdrez votre pari. Et moi, je ne rentrerai pas en France. C’est affreux d'y penser. Je doute de l’efficacité de l’Autriche à Constantinople et c’est la dernière chance.
Tout ceci dérange grandement l'effet des haines. Je ne pense qu’à la guerre et à ce que sera mon sort. Je ne le conçois pas. comme je ne vois personne ; jugez quelle belle occasion de me faire tous les dragons du monde.
Et puis, il pleut sans cesse. Je ne puis pas sortir. Je suis très à plaindre. Les journaux, voilà pour m’assombrir l’esprit encore. Ah la maudite question d'Orient. Marion prétend que je me suis [?] à [?], c’est possible. Depuis hier je ne me sens pas bien. C’est peut-être l’agitation d’esprit qui dérange l’effet des eaux. J'attends ce soir ma nièce. Ce ne sera pas grand chose quoi que quelque chose. Adieu. Adieu.

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20. Ems Mercredi 22 juin 1853

Voici copie de qui vous savez. Si vous entrez, ce sera la guerre, si vous restez à la porte on négociera.
Je crois plus au bon sens français qu’au bon sens anglais dans cette circons tance. Mais à vrai dire je ne crois plus à rien. Je rumine toute seule dans ce désert. Vrai désert moral. Toujours et absolument personne. Si je n’avais pas l'incluse à vous envoyer je ne vous écrirais pas aujourd’hui car je n’ai pas un mot à vous dire. Le temps est pluvieux & froid.
Je suis à mon quatrième jour des bains & de l’eau. Mon médecin m'inspire assez de confiance. Marion est gaie, j'ai fait une bonne distribution de ma journée, elle ne m’a pas encore parue trop longue. Mon esprit s’engourdit un peu. Cela repose.
Dites-moi ce que vous pensez de la lettre. Evidemment bien de l’esprit, pas trop content de ce qui s’est passé et pas très confiant dans l’avenir je le soignerais ici surtout il me sera précieux. Donnez moi de quoi le nourrir.
Adieu. Adieu.
2 h. Je suis de lire notre circulaire du 11 juin. J'en suis contente. On ne peut pas se battre pour cela. Au fait il n’y aura de mot qu’une église. De tout ceci il restera une forte attente portée à notre réputation d'habileté diplomatique un rapprochement entre la France & l'Angleterre. Et un nouveau bail pour la Turquie est-ce que je me trompe ?

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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17 Bruxelles Mercredi 15 juin 1853

Je suis restée hier encore pour Hélène. Et me voilà ici. Cologne jeudi le 16. Je ne sais plus quand je vous ai écrit & quoi. Je rabâcherais peut-être. Le roi restait inquiet sur l’Orient, très occupé & utilement en Angleterre.
Excellent pour nous. Excellent pour la France. Pleine de sagesse, d’équité. Vraiment un homme remarquable.
Vous ai-je dit que Menchikoff a le commandement en chef de l’armée de terre & de mer dans le Sud que l’Empereur a été vif contre Nesselrode dans le premier moment. L’accusant d'avoir emmené tout cela par sa politique molle depuis longtemps. Que [?] n’a pas l'ordre de mission. Je l’ai vu à Paris, il est venu chercher sa femme dont il est séparé depuis 2 années. Homme d'esprit. J’espère le voir à Ems.
Adieu. Adieu. Adieu.

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16 Bruxelles Lundi le 13 juin 1853

Adressez vos lettres à Ems ayez soin de mettre par la, Belgique en haut et près de Coblence. Quelle fatigue, mais je vais me reposer un jour. Je suis venu commodément avec Paul et Marion. Je trouve ici Hélène K. Chreptoviz part demain pour la reine. Nous allons ensemble à Cologne. Paul est un charmant compagnon de voyage. Ma dernière journée de Paris a encore été bien occupée & bien employée. Tout ira bien. Nous entrerons. Vous n’entrez pars. On négociera. On aboutira car c'est de vous & le besoin de tous. Nous sommes très contents de vous. Contents d'Aberdeen. Bien contents du roi Léopold.
Menchikoff a été maladroit & Stratford Canning détestable. Mais les cours respectives soutiennent leurs agents. La diplomatie à Paris est dans un [?] énorme, je vais bien leur manquer. Je vous ai dit que j'étais charmée de ma dernière conversation avec Fould. La France se fait & se fera un grand honneur dans cette affaire tant mieux pour elle et pour tout le monde. On a fait beaucoup d'arrestations à Paris des rouges.
Adieu, car je suis prise de tous les côtés. Hier j'étais bien malade, je me sens mieux aujourd’hui. Adieu. Adieu. L’Autriche, nous appuiera.

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15 Paris Samedi le 11 juin 1853

Menchikoff est resté à Odessa il ne bouge pas de là. Nos troupes avancent. Notre flotte est prête. Nous entrerons dans les principautés, si l'Ultimatum est rejeté, et nous resterons. Pas de guerre pour cela à moins qu’on ne la veuille. Je doute que les flottes [anglaises] & [françaises] entrent dans les Dardanelles, mais si même elles y venaient. Quoi ? On se regardera et on rira. Il faudra que les Turcs fassent notre volonté.
Vous êtes parfaitement sages au-delà de ce que j’avais espéré. Long tête hier soir avec Fould. Je suis bien contente de lui. Pas trop d’amour de l'Angleterre. Point d'humeur contre nous. On veut modérer, concilier avoir l'honneur d'empêcher la guerre, bien plus grande gloire que le gain d'une bataille. Parfaitement convenable & bien, enfin je vous dis que je suis très contente, & que je pars rassurée. Je doute que l’Autriche se détache de nous, c’est impossible. Je suis abîmée de fatigue & de conversations. De tous côtés on est fâché de mon départ mais il faut partir je n’en puis plus. Adressez encore ici. On m'enverra votre lettre. Adieu. Adieu.
Voici Greville de hier.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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11. Paris le 6 juin Lundi 1853

Rien de nouveau. Toute la diplomatie chez moi hier soir pas l'ombre de nouvelles nouvelles. On ne peut connaître qui jeudi le Pétersbourg décisif, la paix ou la guerre. L’attente & l’inquiétude sont énormes ce qui n’empêche pas qu'on n'aie bien ri chez moi hier, Heeckeren faisait les Frais.
2 heures
Grosses nouvelles. L’ordre est donné à la flotte de Malte d’aller aux Dardanelles. La vôtre la joindra. L'Empereur de Russie a dit aux [?] d'Angleterre qu'il insiste sur l’acceptation immédiate & sans condition de l’ultimatum de Menchikoff.. Voilà où nous en sommes venus. Croyez-vous encore à la paix ? Adieu. Adieu.

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5. Paris Mardi le 31 mai 1853

Votre petit ami a passé hier 3 heures chez [Kisseleff] et en est sorti bien content. Mon fils aîné est arrivé ; il m’accompagne à Ems de bonne grâce même. Je n’ai pas encore fixé le jour de mon départ, en tous cas pas avant samedi. Je ne sais pas de nouvelles. Menchikoff est arrivé le 24 à Odessa. Si nous n’agressons pas d'ici à demain. Que nos troupes avancent c'est qu’il n’a pas les pleins pouvoirs pour les mettre en mouvement. C’est très curieux comment nous nous tirerons de ce mauvais pas. Je ne conçois pas la bonne manière pour notre dignité. Il me semble qu'il faut aller battre les Turcs bien vite, lancer un manifeste rassurant à l’Europe, et puis laisser le sultan à Constantinople, avec de telles garanties pour nous, que la signature de la convention proposée devienne inutile. Quand nous aurons battu & fait grâce de la vie tout ce que nous céderons aura bon air. Je ne sais rien aujourd’hui et je ne saurai que plus tard. Le temps est détestable. Adieu. Adieu.

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Paris le 5 Novembre 1852

Séance très orageuse hier au Sénat c.a.d. dans les bureaux. Grands hostilité contre Jérôme si on avait voté hier il ne passait pas. Lui et son fils ont couru à St Cloud. Abel Kader y dînait. Le conseil des Ministres a été convoqué là pour 10 heures du soir. A midi aujourd’hui le Sénat se réunit. On verra s'il s'obstine. Cela pourrait être à la convenance de tout le monde, je ne sais, mais hier on était bien agité Que dites-vous du message ? Je suis très contente de Cowley. Il prêche l’union et l’identité de conduite et de langage Mess. de Caumont & Beauvale sont venus chez moi au sortir du Sénat. Et toute la journée j’ai vu tout le monde. Ah que je voudrais voir revenir [Kisseleff] Il y aura des Princes de la famille à voter. Tous les généraux sont contre Jérome. On ne veut que deux articles, hérédité directe, adoption dans la famille B. Napoléon III c’est consacré. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris le 3 Novembre

Adalbert de Bavière ne prendrait la religion grecque que lorsqu'il sera appelé à régner. Ses enfants quand il en aura, il n’est pas [?] seront grecs, mais toute l’affaire n’est pas conclue encore. On me dit que c'est une espèce de crétin. Il n’y avait point de nouvelle hier. J'en attends de Kisseleff avec une grande impatience. Le corps diplomatique attend cela aussi. On court après Abdel Kader. Je n'ai jamais vu tant d'empressement et tant de respect. A Londres il y a un grand mécontentement à propos des funérailles. Si tard, & maintenant un véritable spectacle. Il y a à tout cela un grand manque de convenance. Cowley part le 15, pour y assister ; il dit qu’il reviendra de suite. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Le 2 Nov. Mardi

Quoique je n’ai pas encore vu Hatzfeld je sais que ce qu'il porte est la pleine confiance que nous les 3 sommes d’accord sur la conduite & le langage à tenir devant le nouvel événement. Avec cette assurance je reste parfaitement tranquille, mais il me faut Kisseleff. Je ne sais rien du tout. J’ai vu hier peu de monde après-demain sera curieux. Je ne suis pas content du tout de Hubner. Le temps est bien doux & j'en essayerai aujourd’hui au bois de Boulogne. Si vous me voyez vous com prendrez mes courtes lettres. Pas de forces. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris le 1er Novembre 1852

Beaucoup de monde hier soir. Fould très entouré. Discret, rêveur, plutôt triste, maigri. La fabrication de l'Empire n'engraisse pas les gens. La descendance directe, l’adoption, à défaut de cela Jérôme, voilà le fond du Sénatus consulte. Tout sera convenu jeudi. Rogier aussi était chez moi hier soir. Le ministère [?] est fait. La presse sera certainement mise à la raison en Belgique. Il faut des lois de 7bre. Toutes les puissances insistent. [Cavou] est à la tête du Ministère à Turin. C’est l'Angleterre qui l'a poussé là. Hatzfeld est arrivé hier soir Hubner l’avait vu un moment et en revenait triste. Tout est incertain. Attendons Pétersbourg. Abdel Kader fait fureur en haut, en bas partout. Il retourne la semaine prochaine à Amboise. Adieu. Adieu. Les forces s’en vont tous les jours.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris le 31 octobre 1852

Hier il n’y a pas eu moyen. de vous écrire. Depuis midi Cowley & la reste de l'Europe. sans désemparer. Chacun se conte sa nouvelle. Je n'ai rien de direct. Pas un diplomate n’approche de St Cloud. Cela ira comme cela jusqu’à près l'Événement, car que peut- on se dire à présent ? Et moi aussi je n’ai rien à dire, rien à vous conter. J'écris à l’Impératrice par des occasions un peu le bavardage de mon salon, je n’en ai pas d’autre.
Le 4 est attendu avec curiosité. Ma rue est remplie de curieux pour voir Abdel Kader. On le dit superbe. Le Moniteur vous en régale aujourd’hui. Callimachi prend sa destitution assez gaiement. On dit que lui, Lavalette & Monssouron? qui est à [?] ont fort bien arrangé leurs affaires. Je ne sais pas du tout si nous nous sommes mêlés de ce qui s’est fait à Constantinople. Stratford Canning travaille beaucoup à se faire nommer à Paris, je doute qu’il réussisse. Hatzfeld arrive aujourd’hui. Adieu. Adieu.

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Paris le 29 octo. Vendredi

J’ai vu hier Cowley. Morny, assez de monde. Callimachi est destitué. Cowley sera je crois absent le 2 Décembre. Il va à Londres pour les funérailles le 20, & ne se pressera pas de revenir. Le corps diplomatique est fort perplexe, je ne sais comment se passera la séance Impériale. Logiquement, rigoureusement, impossible que le [corps diplomatique] y assiste et son absence ne préjuge rien du tout. Mais nous verrons. Je vois par le langage de Morny de Hecken, enfin de tous, que l’on n'évitera pas Jérôme et son fils dans la copie de succession. Jérôme est de nouveau dans le troisième ciel. Il a dit à Lord Holland que tout était convenu. Son fils doit se marier, épouser une princesse. On l’établira en Algérie. Tout ce qu’on dit de promotion de grand dignitaires, grandes charges, est une fable ; l’Empire commencera modestement. Flahaut va venir pour voter pour l’Empire. Le livre de Montalembert me paraît n’avoir pas le moindre succès. On dit qu’il n’a pas le sens commun. Un règne parlementaire à condition qu’il n’y ait pas de libéraux ! Comme je n’ai pas lui je ne sais pas. Valdegamas en parlait très mal hier, et surtout dans le sens que Mont. déraisonne. On dit aussi que c'est écrit avec négligence.
Je vous ai dit qu’Abdel Kader habite mon appartement à la Terrasse ? Adieu. Adieu. On dit de plus en plus à Londres que Palmerston va entrer aux affaires comme Ministre des Colonies. Je n’y crois pas encore.

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Paris le 26 octobre Mardi

J’ai vu hier lord Minto, il va passer l'hiver à Gènes. Il croit que le Ministère peut durer... Pour son compte il a fini à tout jamais. John Russell est gros et gras et en train. J’ai vu Fould aussi, très occupé, intéressé à ses occupations. Toujours de plus en plus charmé du Prince. La [?] de l'acceptation aura lieu aux Tuileries avant la mi Décembre. Le suffrage universel le 21 ou le 28 Novembre. Appony est bien mort. Le duc de Noailles est venu m'interrompre. Il est plus résigné que M. Molé. Il n'y a cependant plus rien à faire que cela. Adieu. Adieu.

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Paris le 23 octobre

J’ai vu hier M. Fould. Je lui ai raconté le commérage Holland sur Jérôme. Impénétrable sur cela commence sur le reste. Il me renvoye au Sénatus consulte le 6 novembre. Montalembert va dit-on donner sa démission et quelques autres aussi. Fould croit beaucoup au rapprochement plus on moins prochain des nombreux des légitimistes. Lovenjelen a eu une audience en présence de [Drouin] de Lhuys. Le Prince lui a demandé combien il avait vu de [Ministres des affaires étrangères] en France depuis qu’il y réside. 32. - Arrêtez-vous à ce chiffre celui-ci vous restera.
Dumon est venu me dire Adieu hier. Le Chancelier est un peu malade. Mad. de Boigne est revenu. Thiers exhorte les Mahon partout. Je crois que rappeler qu'en effet le Lord maire roi de la cité ne cède le pas qu'au roi, la reine aujourd’hui. Adieu. Adieu.

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Paris Vendredi le 22 octobre

Je vous assure que je traite Aggy avec tendresse et sympathie. Le père Ellice m'écrit lettre sur lettre pour m’en remercier. Nous parlons sans cesse de la famille. Le frère est ici à présent. Je suis très bonne pour lui, & tout cela marche avec convenance & amitié. Merci toujours de l’avis. Jérôme a dit hier à Lord Holland que le [S. Cte]. le déclarerait héritier présomptif & son fils après lui. Eux deux seuls princes de Sacy & [Altesse] . 2 millions de rente. Il est au comble de la joie. Nous verrons si c’est vrai.
Ce soir le Prince va aux Français. Melle Rachel lira une pièce de vers. L’Empire c'est la paix. Le spectacle sera curieux. Il commence par Cesina. J’ai revu hier le duc de Noailles. La curiosité le ramène à tout moment à Paris mais pour une heure seule ment. Hier il a trouvé chez moi beaucoup de monde, nous n’avons pas causé. Hubner [ment] comme un poisson, malheureux, d’être seul. Hatzfeld tarde. Le Nonce et [Lovenjelen] ont eu hier des audiences du Prince. Frappés tous deux de la transformation. Aussi gracieux & simple que de contenu, mais l’oeil ouvert, vif la parole élevée, l’air satisfait glorieux, radieux. Abdel Kader lui a écrit une lettre où il reconnaît son sujet. Mad. de Contades a fait lecture le soir de cette lettre à St Cloud, style ardent & passionnée reconnaissance. Adieu. Adieu.

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Le 21

Mon découragement & ma faiblesse sont si grande que je vous prie d’avance de me pardonner quand je ne vous écris pas. Je ne peux pas. Les Mahon sont ici. Je continue à voir beaucoup de monde, j’irai comme cela jusqu'au dernier moment. J’ai bien assez de mes nuits blanches pour penser à autre chose que le monde. Je ne sais rien que l’agitation des diplomates sur le chiffre III. J’espère que le Prince ne fera pas cette haute faute. Il me paraît qu'Abdel Kader est fort blâmé. On dit qu’outre roi d’Algérie le futur empereur veut aussi s’intituler protecteur des lieux saints.
Voilà tout ce que j'ai ramassé. Adieu. Adieu.

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Dimanche 17

Je suis positivement très malade, car les douleurs se joignent à tous les autres accidents. Chomel, Andral ... ne parlons plus de ma santé jusqu'à ce qu'on ne parle plus de moi.
Tout a été superbe hier, on est venu voir de chez moi, je n’ai rien regardé, rien ne m’intéresse. Le Prince a vu hier matin Abdel Kader à Amboise & lui a rendu la liberté il attendra seulement à Amboise ou au Trianon, comme il voudra que l’arrangement soit conclu avec la porte. C’est Mouchy qui est venu me dire cela, il accompagnait le Prince. Aujourd’hui conseil à l’Elysée. On dit qu'il faut prôner l’Empire, d’autres affirment qu’il n’arrivera que dans six semaines. Pas d’enthousiasme hier mais très bon accueil et tout le monde content. Le spectacle superbe. La mauvaise humeur contre la Belgique est en grand progrès et si sa presse continue moi je croirais à l'invasion, et alors, bonjour. Adieu en attendant. Adieu.
Aggy redemande sa lettre de Marion.

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Le 15 octobre

Je brave la consigne cela m'ennuie. L'effet du discours est grand et bon. Tout le corps [diplomatique] content. Je les ai tous vus. Cowley dit un chef d'œuvre. [Drouin de Lhuys] lui a dit que cela devait effacer le lac français petite flatterie qui a fait son effet. Hubner content aussi avec la remarque que ce qui est une sécurité pour l’Europe est également une satisfaction à la France, il a parlé pour plaire extra et intra muros. Pourquoi ne pas croire à la sincérité ? Ou pour le moins dire qu'on le croit. Persigny est venu me voir bien content, il y a de quoi ; tous ses [?] qu’on regardait comme autant d’extravagances accomplies. C’est enivrant et cela ne l'enivre pas du tout, au contraire pour la première fois je l’ai trouvé très modeste. Lui et son maître sont les moins étonnés de tous. Ils savaient que cela devait être et ils prennent cela très tranquillement tout cela tient de la fable et c'est bien cependant une réalité.
Je vois Fould souvent, très occupé. Et très content. On dit que Jérôme l'est, puis il affecte de l'inquiétude. Le Prince entre demain aux Tuileries, il y trouvera sa famille. Ensuite il ira dîner et coucher à St Cloud. Après viendront les conseils de Ministres, où l’on décidera l’époque & le comment. Personne ne le devine encore, et les ministres pas plus que les autres. Seulement Fould me dit : il n’est jamais pressé. Paris sera très en fête demain. Des arcs de triomphe partout. [?] sous mes fenêtres à l’entrée du jardin. Je ne sais rien de la Princesse de H. Sigmarignan. Mais évidement il faut une femme mais Le nonce est embarrassé mais quand on lui demande si le Pape viendra, il ne dit pas non. Le départ de [Kisseleff] me désole et désole Hubner. Hatzfeld revient dans huit jours. [Kisseleff] est parti sans connaître le discours. Que j’aurais de drôleries à vous raconter et elles seront perdues oubliés quand nous nous reverrons. Aggy a reçu l'ordre formel de rester. Elle reste, plus tard Marion viendra. Je vois Andral tous les jours & je vais tous les jours pire. Adieu.
Voilà tout ce que mon oeil me permet de vous écrire. Aggy redemande la lettre de sa sœur. Envoyez-la moi.

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Paris lundi le 11 octobre 1852

Hier il n’y a pas eu moyen de vous écrire. Une matinée toute employée à empêcher Aggy de partir. Quel ouvrage, quelle fatigue pour moi. Marion me parait toucher un peu à la folie. Je vous envoie sa lettre, c’est une exaltation touchante, mais c'est trop. Evidemment ses relations avec ses parents sont bien mauvaises elle les prend en horreur. Qu'ils me l'envoient. Je suis convenue avec Aggy qu’elle attendra ici que ses parents lui permettent de revenir. S'ils la veulent je n’y peux plus rien mais j'ai écrit au Père et à Marion dans un sens très raisonnable, & qui devrait les faire persévérer à désirer qu'ils ne reviennent pas. Je vous remercie du travail que vous faites de votre côté.
Je vous ai fait dire un mot hier par votre petit ami. Cela me venait de Mad. de Contades qui avait lu la dépêche chez Persigny. Ce que dit le Moniteur aujourd’hui n’est pas si clair mais il l’indigne. Au surplus attendons le texte même des discours qui a été dans tous les cas très important. Je regrette que Fould ne soit pas venu.
Le comte [Nesselrode] m'écrit une bonne lettre sur Paul. Il causera avec lui et ne soumettra rien à l’Empereur que d’accord avec mon fils. Meyendorff est très monté contre la presse Belge, & veut qu’on en finisse. Il faut de lois de septembre & qu’elles s’exécutent, la protection de l’Europe est à ce prix. A Berlin on pense de même et qu'il faut forcer le Piémont aussi. La France a le droit de le faire. Cowley a peur de Stratford Canning. Il craint qu’on ne veuille accréditer un nouvel ambassadeur auprès du nouvel empire. Le nonce n'ex prime guère de doute sur l’arrivée du Pape. D’autres diplomates disent qu’il ne faut pas permettre que le Pape vienne. Je crois moi qu'il viendra. Je ne sais rien ce matin. Le Prince de Ligne qui retourne demain à Bruxelles a l'espoir d'être nommé ici, je le désire. Adieu. Adieu.

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Paris le 8 octobre 1852

Je donnerai cette lettre à votre petit ami. Mais elle ne méritera pas une si bonne occasion. J’ai vu du monde. Je ne sais pourquoi l’idée s'établit, qu’il n’y aura pas d'empire de sitôt. [Kisseleff] s'en va persuadé de cela tout-à-fait. D’un autre côté hier soir Valdegamas affirmait que le Pape viendra sacrer l’Empereur. Le Nonce qui était là, a seulement répondu que dans son discours de Lyon le Prince a rappelé que l’Empereur Napoléon a été sacré par le Pape. J’ai trouvé cette réponse un peu compromettante.
Je ne sais rien d'Angleterre. Je ne crois pas que Cowley ait été dans le cas de reparler du lac. Le duc de Noailles est venu pour un moment. Il n’a plus qu'une idée fixe. La peur qu'on n'assassine le Président. Il ne pense pas à autre chose. Il voudrait lui donner 50 ans de vie & de pouvoir. Si l’Empire se fait, le chiffre sera une question. N. III effacerait les deux monarchies, cela n'est pas admissible. Louis Napoléon serait le plus naturel.

Midi 1/2 Dans ce moment je reçois une lettre d’Ellice père qui m’annonce la mort de Fanny. Je suis dans un grand trouble pour cette pauvre Aggy. Comment le lui dire ? Enfin je m'en tirerai. Le père me prie ou supplie de la garder chez moi c’est bien ce que j’entends, mais comme je crains son élan vers Marion écrivez lui un mot (à Aggy) Very impressive à votre façon pour lui dire que vous savez que son Père veut absolument qu’elle ne retourne pas, et que par dessus le marché ce serait cruel & inhumain de m'abandonner malade. Enfin regardez comme impossible qu'elle songe à me quitter même pour 8 jours. Tout à fait inutile. Je vous prie écrivez bien. Le Père veut que Marion vienne ici avec l'oncle en décembre, il m'a l'air d’avoir grande envie de se débarrasser de ses enfants. Adieu. Adieu vite.

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Paris le 6 octobre 1852

Ce que vous me dites des dépêches belge & française me paraît très frappant et doit être vrai. J’ai vu Fould hier soir qui ne savait pas encore comment cela se dénouerait. Je lui demandais de quelle couleur seraient les nouveaux ministres. Il en répondit : Le roi en cherche-t-il ? Je l’ai trouvé monté sur un tout autre ton que Hecken. La paix, la paix, & l’Empire sera modeste. Cela ne ressemble pas du tout à avant hier. D’abord [Hekern] est un hâbleur et puis je crois qu'il a plus dans ce cas là on cherche à faire peur aux autres, façon de se rassurer. J’ai vu très peu de monde hier. Comme quotidien personne qu’Andral. J’attends Dumon j'aime bien à pouvoir compter sur quelqu’un. Je suis très interrompue et nervous, je vous dis Adieu.

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Paris le 30 septembre 1852 Jeudi

M. Fould que j’ai vu hier soir est bien monté contre la Belgique. Il a dit quelques paroles qui ne laisseraient croire qu’on ne ménagera pas le roi Léopold. On trouve très mauvais la prorogation de ses chambres au 26 octobre. De son côté M. [Drouin] de Lhuys dans ses entretiens avec des diplomates (les petits) se montre très susceptible à l’endroit des grands. Tout cela se brouille, et le prochain avenir a l'air bien mêlé et confié.
J'avais beaucoup de monde hier soir, les ennuyeux dominaient. Lady Allice m’a endossé des anglais très bêtes ; la duchesse d’Inverness entre autres, & quelques hommes à l’avenant. J’ai vu le Prince George de Prusse le matin, décidément il ne peut pas venir le soir, il ne peut pas s'exposer à faire des rencontres officielles. Tout le monde est curieux de l’entrée du Prince à Paris le 16 octobre. On dit que l’ovation sera splendide.
Je n'ai rien à vous dire. Molé est encore ici. Il part demain. J’ai répondu à M. de Meyendorff que le duc de Wellington ne m’a jamais ennuyée. C'est parfaitement vrai, car il n’est ni long, ni lourd. (il n'était) je ne me suis même jamais sincèrement moquée de lui, car sa vanité était si simple & franche. J’aurais beaucoup à dire sur lui. Un homme très original. Il n’était pas un homme d'esprit. Mais il avait des qualités tout- à-fait supérieure dans le caractère, en même temps que bien des défauts. Pas de coeur, du tout. Adieu. Adieu.

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Paris le 27 septembre lundi 1852

Je n’ai vu personne d’officiel hier, je ne sais donc rien que l’arrivée enthousiaste à Marseille. Molé avait hier un langage très adouci. " Je ne demande pas mieux que de ce que la dynastie se fonde, mais il faut trouver une femme ; je suis d’avis de tout ce qui est pour le bonheur de mon pays, je ne servirai pas, mais je ferai des voeux. " Du reste il fondait, Mad. Kalergi part demain.
Le Prince George de Prusse est arrivé hier soir. Je ne sais ce que j’en ferai. Lady Allice Peel est arrivée. Je ne l'ai pas vue encore. Je vous envoye la lettre de Meyendorff que j'avais oubliée hier. Renvoyez-la moi. J'ai eu hier deux heures de tête à tête avec la comtesse de Brandebourg. Conversation bien intime. Brave personne et beaucoup d’esprit. La petite princesse est assez malade. Elle passera certaine ment. L'hiver ici. Je vous ai écrit tous les jours. Vous aurez reçu deux lettres à la fois. Cela n’est arrivé avant hier aussi. Misère générale peut être. J'avais beaucoup de monde hier soir. Toute la diplomatie avide de rencontrer Fould. Elle a été attrapée il n’est pas venu. Adieu. Adieu.

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Paris le 25 Septembre 1852

J'ai demandé hier au nonce des détails sur l’entrevue à Rome. Les journaux sont bien renseignés. Cela s’est passé comme cela. Quelle impertinence ! Exiger les dossiers pour se faire juge d'une affaire jugée par un [gouvernement] étranger. Je suis bien aise du fiasco. J'ai une lettre de Meyendorff que je vous enverrai quand je l'aurai bien déchiffrée. Le [général] de l’Etang envoyé d'ici a dîné chez Buol avec la Duchesse de Parme. Elle a été charmante pour lui. J'ai revu hier le duc de Noailles. Il a été cause que je vous ai quitté si brusquement. Il est très décidément pour la léthargie. Vous voyez que le voyage est fabuleux. Grenoble et Valence dépassent tout ce qui a précédé. La [grande duchesse] de Mecklembourg est venu hier me faire visite. Grande politesse car je n’y ai pas même été par carte ni rendu visite à sa fille. C'est une bonne femme, animée, en train, curieuse. Mais trop shy pour venir dans mon salon. Je crois que l'absence de Kisseleff sera bien courte. Adieu et adieu.

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Paris jeudi 23 Septembre 1852

Nouvelle consultation ce matin. Chomel me trouve mieux. J'ai mangé hier du perdreau. Je continuerai aujourd’hui. Mais je ne vous parlerai plus de ma santé. Cela m'ennuie & cela me porte malheur. Chomel a eu une lettre de Lausanne où l'on a transporté la D. d’Orléans, c’est vendredi 17 qu'a eu lieu l’accident. Ils ont pensé être noyés tous. Elle a la clavicule droite cassée. Si on la transporte avant 10 jours elle peut supporter le voyage. Si on attend il faudra 4 semaines de repos complet. Chomel va je crois la rejoindre. Il saura demain si elle va à Eisenach ou à Claremont. Il dit qu’elle a les nerfs très dérangés de tous les tourments qu'on lui donne. Et bien qu'elle se tienne tranquille.
Le Moniteur commente & ce matin anime le discours des Princes. On a trouvé un peu de remède. On veut le forcer à marcher en avant et plus vite. Thiers est amoureux de Turin, de son roi, de son ministre, de tout ce régime. Avez-vous remarqué hier dans le Galignani le dialogue de Bulwer avec Antonelli ? On s’attend à de grands changements en Belgique. Léopold [?] peu l’air d'être le compère du Président, ou vice versa. Meyendorff sera à Petersbourg en même temps que Kisseleff dans un mois. Ce départ de [Kisseleff] me désole, mais je suis en pleine assurance de son retour au bout de six semaines ou deux mois voilà le duc de Noailles. Il me prend mon temps jusqu'à ma promenade. Je ferme donc ici Adieu. Adieu.

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Paris le 11 Septembre 1852

J’ai vu hier soir M. Fould mais il y avait du monde, trop ou pas assez pour une causerie tête-à-tête ; je ne sais donc rien, seulement j' ai remarqué qu'il n’avait pas l'air de bonne humeur. Persigny est revenu de son voyage parfaitement remis et bien portant. Il part le premier avec le Président et reste auprès de lui 6 jours. Mad de Contades va à Lyon faire les honneurs chez son Père. A la soirée chez la Princesse Mathilde où était le Président ; [Kisseleff] a pris congé de lui, car il va à Petersbourg dans un mois. Il n’y avait pas d’autre diplomate. La plupart des ministres et Morny, très gai. Kolb vient de voir aux Champs Elysées une revue de cinq régimes passée, par le président. Cris unanimes de tous, vive Napoléon vive l’Empereur avec un très grand entrain ; il avait l'air d'avoir crié aussi. Voici votre lettre, c’est bien court, me quitter vendredi déjà ! Aggy ne me reviendra que Mardi 21. Je ne sais vraiment rien. J'ai peur de vous dire que je crois que les forces me reviennent car cela me les ferait perdre sans doute demain. Adieu. Adieu.

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Paris Jeudi le 9 [Sept.] 1852

D'André est ici en congé, cependant on dit qu'on n’a pas été fâché de cela vu ce qui s’est passé à la Haye. Fagel a envoyé un courrier hier pour demander des ordres. Vous soupçonnez une partie du ministère Hollandais de n’avoir pas été étranger au rejet de la convention. Je n’ai pas revu Persigny depuis son retour et j’ai oublié d'en demander de nouvelles à Fould. 9 heures Ah voilà qui est beau et charmant ! Quel grand plaisir pour moi. J’ai peur que ce plaisir même d'avancer ne me fasse assez de bien pour que vous ne me trouviez pas assez malade. Si vous étiez venu hier j'en valais la peine. La jaunisse. Je vous dirai à la fin de la lettre le jour du départ d'Aggy. En tous cas je sais que c’est la semaine prochaine, le commencement ; & qu’elle me quitte pour huit jours. J’entends bien parler de Drouin de Lhuys. C’est peut être [?] Turgot. En tous cas on le trouve convenable, homme d’esprit et plus du tout aussi long que ci devant. Ce pauvre Piscatory, comme je suis fâchée de son malheur ! Il a l’air d'avoir tant de coeur. Viel Castel doit être chez lui dans ce moment. La petite princesse sera bien contente de vous revoir. Voilà Aggy levée.
Midi. Elle part Mardi 14. Vous me direz quel jour vous arriverez. Elle revient lundi le 20. On m'interrompt, adieu. Adieu, & merci, merci.

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Paris le 6 Septembre 1852

J'ai manqué Fould hier, ce que je regrette. Je ne le verrai que demain, il est à sa cam pagne, certainement le Moniteur est à lui. J’avais oublié de vous dire. Il n’y a de communiqué que ce qui passe par lui. J'ai vu longuement Cowley hier. Voici ce que je relève de plus frappant de son opinion personelle " jamais un Bourbon ne pourra tenir en France. " Il regarderait donc une restauration comme devant ramener une révolution. Il est très décidé dans cette opinion. Il paraît qu’avant la conclusion de l’arrangement avec la Belgique. Les propos ici ont été très vifs jusqu'à menacer d'une invasion, aujourd’hui on se dit très content des deux côtés.
C’est Londonderry qui a eu la jarretière. Il a menacé de retirer trois voix au ministère dans la Chambre basse. On a cédé. Cela aura fort déplu à la Reine. Je doute que cela plaise au Président. Le dîner à St Cloud a commencé par un mistake. On était prié pour 5 1/2. Le Prince n’y était pas. Il se promenait à Bagatelle, il n’est rentré qu'à 6 1/2. Banischi avait fait le mépris. Le Prince s’est confondu en excuses. Il n’y avait personne Granville que Hubner, les Drouin de Luys, et une dame Rouger un peu leste. On a joué après mais pour de l’argent. Le Prince toujours très aimable puisque Hubner y était pour la princesse, Cowley aurait pu y être, ou Granville. Il n’y était pas. Hubner a dîné 3 fois depuis 3 semaines, pas un autre diplomate n’y dine.
J’ai eu hier une lettre toute d’amour de l’Impératrice elle-même. Elle m’écrit malgré ses yeux, & si tendrement ! Je ne sais rien de mon fils. Madame Kalerdgi était ici hier soir, maigrie, bien empressée pour moi, plein d’un nouveau roman allemand. Elle va en Russie dans 15 jours. Elle lève le camp à Paris, & n’y viendra plus qu'en passant. Molé avait l'air triste. J’avais assez de femmes. Il y a une grande disette d’hommes. On me conte qu'à Bade la suite du Prince s’y est rendue. Odieuse par sa jactance. Là on ne croit pas au mariage la [grande duchesse] Stéphanie serait contre ; elle veut du plus assuré pour sa petite fille. Il est question de Luitpold de Bavière qui doit être roi de Grèce. C'est Mad. Kalerdgi qui me rapporte cela, elle en vient. Voilà je crois toutes mes nouvelles.
Kolb part demain pour Bade avec les Delmas. Oliff est toujours à Trouville. Aggy s'en va après demain pour 10 jours chez les Hainguerlot. Vous voyez qu'on me délaisse. Je ne puis pas m'opposer. Adieu. Adieu.
Persigny n'a fait aucune affaire à Londres, et n’y a vu personne. Il a fait une visite de politesse à Malmesbury voilà tout. Il y était allé simplement pour amuser sa femme. Il est très amoureux d’elle. Voici quelques extraits de la lettre de l’Impératrice. Vos lettres me sont encore plus chères qu’autre fois, puisque nous nous connaissons et nous aimons encore mieux. Se revoir nous a réchauffé le cœur l'une pour l’autre. Je sais que sous la [Princesse] Lieven politique il y en a une autre qui est à moi, et à Dieu. Midi. Aggy remet son voyage à Tours jusqu'à la semaine prochaine

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Paris jeudi le 2 Septembre 1852

J'ai encore revu Lord Granville hier, il reste pour dîner demain à Saint Cloud. Cela m'amuse qu' il y dîne. Je n’ai vu hier soir que Valdegamas et le nonce. Voldeganas est original et me plait. Personne n’a la moindre nouvelle à dire. C'est un vide extraordinaire. Chomel est revenu ce matin il est content de ma société, mais moi je voudrais être plus contente de ses ordonnances. Je continue. Molé doit venir aujourd'hui. Kalerdgi aussi, cela va m'égayer. Il y a quelques anglais. Les [Bruce] que j’ai vu hier, ils trouvent Paris charmant quelque ennuyeux qu'il nous paraisse. Voilà qu'on m’interrompt, cela ne vous prive de rien car je n'ai rien de mieux à vous envoyer qu'Adieu.

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Paris le 1er Septembre 1852

Lady Palmerston a été dans le plus grand danger, une attaque de Choléra elle est sauvée. Lord Cowley que j’ai vu hier soir me parait triste, triste sur son compte je crois. L’affaire n’est pas claire il me confie ses petits chagrins. Sur l'ensemble, il ne m'a rien dit de plus que Granville, qui est venu encore hier causer long temps chez moi. Celui-ci a de l’esprit. La petite princesse dîne encore après-demain à St Cloud. On s’étonne assez des articles.du Moniteur sur le Times. Quelle mauvaise guerre on engage là. Et cela fait un vrai mal. La bourse s’en inquiète. (pardon de mon papier taché) Rémusat est dans sa terre. Ils sont tous revenus.
Je reverrai demain Chomel. Oliffe reste toujours à Trouville. Je me tire d’affaires avec Kolb. Aggy n’a pas bonne mine. Sa soeur malade va un peu mieux. Lady Allice veut venir ici le 15. Madame Kalerdgi arrive aujourd’hui. Voilà ma gazette et pas intéressante du tout. Adieu. Adieu. Hubner me soigne assez, c’est parce qu'il n’y a personne à Paris. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris mardi 31 août 1852

Lord Granville a passé quelques heures à Paris venant de Londres et allant chercher sa femme en Allemagne. Il est venu me voir et m’a fort intéressée. Il n’y a rien de nouveau cependant. Si Derby touche il croit à John Russell et le garde toujours comme le plus grand chef de parti en Angleterre, il confirme la liaison d’Aberdeen avec lui. Quant à Palmerston, jamais [Ministre] des aff. étrangèrs, & jamais premier ministre. Stuart Canning retournera probable ment à Constantinople.
Il n’y a pas moyen d’attraper un bout de nouvelle d'ici. Personne n'approche de St Cloud, et on n’a d’accointance. avec aucun homme en place. Fould ne revient que le 5 pour repartir le 15. Aggy a été faire visite aux dames Thiers hier soir. Elle y a trouvé Lasteyrie extrêmement engraissé. La rosière y était aussi. On ne parle pas politique. On s’est moqué du discours de Laroche Jacquelin, du bal de la Halle & & Voilà mon bulletin. Haynau est fort suivi et protégé par la police. Mes forces ne reviennent pas. Je continue les bains de Vichy. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris samedi le 28 août 1852

La journée hier a été un peu meilleure, mais je n’ai pas dormi la nuit. Je viens de prendre mon premier bain de Vichy, je compte être bien docile, mais je le serai sans confiance. Molé est venu hier soir, une vraie surprise. Il dit qu’il est venu pour moi naturellement je ne le crois pas. Il part ce matin pour Maintenon. Viel Castel m’a dit adieu. Il est allé passer quelques semaines chez Piscatory. J’ai vu Hubner deux fois, il est peu communicatif. Très présidentiel. Il n’y a pas eu de dîner à Vienne le 15. M. de Lacour n’y était pas. La messe le matin dans une église de la paroisse et pour les Français seuls. A Londres la légation de Prusse s'est excusée du dîner. Antonini est venu me dire adieu. Il part ce matin pour Naples. Impossible de continuer. Adieu

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris le 26 août jeudi 1852

J'ai été bien mal cette nuit. Kolb est resté auprès de moi jusqu’à 4 h. du matin, depuis j'ai dormi deux heures. J’ai envoyé chez Chomel. Le fait est que je suis très souffrante. Je fais tout ce que vous dites chicorée, gelée de viande & & rien ne va. Les forces partent. Me retrouverez-vous ? J'en doute. Rogier est venu hier. Il se dit content, & son roi aussi, de la Convention. On doute que les chambres le soient.
Depuis toutes les nouvelles qui arrivent de l’étranger les diplomates commencent à regretter d’avoir assisté au te deum le 15. C'est une drôle d’affaire. Traitée très diversement. Berlin, Pétersbourg, Hanovre, Berne, de la même façon. Les autres comme Naples avec [?] et honneurs, comme Vienne & Londres simplement de tout cela il reste ici beaucoup d’humeur, et pour l'avenir prochain une autre façon d'amorcer la fête. Car fête politique et nationale nous n'en voulons pas & personne ne peut en vouloir. Personnelle de tout notre coeur. Hubner vient chez moi souvent ; il est détesté par tous les petits. Viel Castel est ici pour quelques jours, très aimable homme.
3 heures je suis toujours dans mon lit et je n'ai guère la force d’écrire. Comme je suis ce que vous dites ! Quel vide pour l’esprit et le cœur, & mille fois plus que pour vous. C’est probablement une bonne partie de mon mal. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris le 25 août 1852

On se fâche fort ici de l’événement de Berlin. On conteste cela avez d’autre lieux où tout s’est passé le 15 selon les désirs de la France. Il faut qu’il y ait un luxe de maladresse de la part de M. de Varennes. Au reste je vous ai dit que ce n’est pas là seulement, à Bern cela a été encore pire qu'à Berlin. On me dit que les Belges ont été fort piqués du voyage de la Reine d'Angleterre, de voir tous les vaisseaux anglais sonder l'Escaut, prendre des notes & & cela a été très impopulaire. M. Drouin de Lhuys a dit hier à un diplomate que le nouveau traité avec la Belgique était tout à l’avantage de la France au delà de ce qu’il aurait jamais cru possible. Il a dit aussi au même, l’Empire est fait.
Dumon est venu me voir hier de Versailles. Je lui avais prêté Cromwell. Comme moi. il a été très accusé, mais de même que moi et plus que moi, il dit pourquoi ; & il ajoute que c'est fâcheux pour vous et pour les autres. Je vous en prie restez en là. Voilà votre lettre, qui explique. C'est peu connaître l’homme que de croire qu’un avertissement public puisse agir sur lui et le retenir ce serait plutôt propre à faire l’effet contraire.
Les petits dîners élégants, les lotteries, les cadeaux continuent à St Cloud. Mad. Sebach y a gagné hier une belle bague rubis & et diamants. La surveille Mad. Woronoff m’avait rapporté une émeraude & diamants. Il faut être riche pour cela. Toujours 6 ou 8 dames bien dotées. Le temps est beau, mes forces ne viennent pas, elles s'en vont. Je suis très découragée. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris le 24 août Mardi 1852

Je ne suis sentie si lasse hier que j'ai fermé ma porte et je me suis couchée à 9 heures. J’ai mal dormi, ma faiblesse augmente. Pour peu que cela continue, j'y périrai. Je n'ai pas d’autre mal, mais je suis prête à crier de faiblesse. J’ai vu du monde le matin, il y a ici peu d’accord dans les procédés le 15. Il me semble qu'à tout prendre c’est les anglais qui se sont le mieux prêtés à la Célébration. Je vous ai dit Berlin. A Hanovre le peuple a [?] d'immortelles ce jour-là la colonne de Waterloo sur une place publique. Enfin il y a de quoi donner ici beaucoup d’humeur, mes sources d’information sur ici me manquent. J’ai rencontré hier au bois le Prince. Très gracieux salut. J’étais avec la princesse Schonberg. Elle est chez moi tous les jours. Elle a de l’esprit, mais pas beaucoup, moins qu'il y a 12 ans.
Les Conseils généraux voguent en plein empire. Ceci vous prouve que je lis le Moniteur. Je n’ai que lui, tous les autres journaux m’ennuient je ne les vois plus. La conclusion du traité avec la Belgique était hier l'événement diplomatique. Je ne m'y connais pas. Adieu. Adieu, car voilà qu'on m’interrompt.
Avez- vous lu les regrets dans le Constitutionnel ?
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