Guizot épistolier

François Guizot épistolier :
Les correspondances académiques, politiques et diplomatiques d’un acteur du XIXe siècle


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Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton Jeudi 18 Janv. 1849
3 heures

Je trouve en arrivant de bonnes nouvelles de mes affaires électorales dans le Calvados. Mes amis conservateurs reprennent courage. Les légitimistes m'épousent chaudement. On me dit que bientôt les candidats qui essayaient de m'écarter viendront me prier de les aider. Tout cela me confirme dans la résolution convenue. Des nouvelles contraires produiraient le même effet. Voici une lettre de M. Vitet homme d’esprit, froid, juste et sagace. Vous verrez qu'il est sombre, même après le succès futur, s’il vient. Renvoyez-la moi, je vous prie. Point de nouvelles générales. Duchâtel est de retour de Belvain. Il vient de me renvoyer un livre. Je le verrai probablement demain. On a fait en Belgique une contrefaçon de ma Démocratie. Si petite qu'on l'envoie dans des lettres. pour 10 sous. Comment passe-ton si vite du plaisir au regret ? Une minute creuse un abyme. Adieu. Adieu. Ne vous fatiguez pas à lire.

Auteurs : Cuvillier-Fleury, Alfred-Auguste (1887-14802)

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893)

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton lundi 15 Janvier 1849

J'ai été très effrayée hier de mes yeux, heureusement aujourd’hui ils vont mieux. Je vois que l’assemblée va mieux aussi, et qu’elle consent à se dissoudre. Je serais assez curieuse de savoir ce qui s’est passé entre lord John & le parti Peel. En tout cas Si Palmerston ne devait pas être le prix de la coalition, je suis bien aise qu’elle n’ait pas eu lieu. Vous ne méritez guère cette lettre puisque la vôtre d’hier m'annonce cool [?] que vous ne m’en écrivez pas aujourd'hui. Bon sujet de querelle pour commencer demain. Adieu. Adieu. Cependant.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Mirbel, Lizinska Aimée Zoé de (1796-1849)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton. Dimanche 14 Janv. 1849

Je mettrai ceci à la poste à Londres en sortant de l’Athenaeum où j'irai à 4 heures. Vous l'aurez demain à 3 heures, je pense. Je ne veux pas que le Dimanche soit tout à fait stérile. J'ai pour le débat qui a dû finir hier plus de curiosité qu’il n’a d’importance. Il importe fort peu, en soi, que l'assemblée se dissolve le 4 ou le 30 mars. Or c'est entre ces deux temps qu’on hésite. Tout le monde est décidé ou résigné à la dissolution prochaine. Je ne me fais pas encore une idée claire de l'assemblée qui succédera. Je présume qu’elle sera encore très mêlée, et par conséquent, très orageuse. Orléanistes, légitimistes et républicains y seront forts. Et très acharnés en même temps que forts. La république rouge seule sera si je ne me trompe à peu près éliminée. Elle se remettra derrière la République tricolore, comme elle l’a fait de 1830 à 1848. Et la République tricolore acceptera de nouveau cette queue. On fera effort pour sortir du chaos. On n'en sortira pas d'un coup. Je vous assure qu’il y a bien à examiner s'il me convient de redescendre déjà dans la mêlée; car entrer dans l’Assemblée, c’est redescendre dans la mêlée. Peut-être vaudrait-il mieux, pour moi-même, et pour le moment décisif quand il viendra me tenir encore quelque temps à l'écart, sur la hauteur, disant mon avis aux combattants et sur les combattants. Nous en causerons. Je n'ai aucune lettre importante de Paris. Rien que des détails sur le succès de ma brochure. Je regarde la réconciliation et l’intimité active de Girardin et de Lamartine, comme un fait assez grave. Ce sont peut-être les deux hommes les plus mischievous parce que ce sont eux qui savent faire le plus de dupes parmi les honnêtes gens et les gens d'esprit badauds. J’ai une longue lettre de Brougham. En grands compliments sur ma brochure. Quelques observations, peu fondées, je crois. Evidemment décidé à être bien avec moi. Il compte quitter Cannes du 18 au 20. Il ne me dit pas s'il s’arrêtera à Paris en revenant. La tentative de conciliation du Roi Léopold entre l'Angleterre et l’Espagne a décidément échoué. Palmerston veut toujours un retour de Bulwer à Madrid. Narvaez ne veut pas. Et on ne veut pas à Madrid, renverser Narvaez. J’ai pourtant trouvé le Roi l’autre jour, peu en bienveillance et en confiance pour la Reine Christine. J’ai entrevu qu’elle insistait comme la Reine sa fille, pour que la Duchesse de Montpensier vint à Madrid, et qu'elle aussi ne serait peut-être pas fâchée que la Duchesse suivit les bons exemples. On est très susceptible à cet endroit. Vous n'avez pas d’idée du sentiment d'aversion et de dégoût que la corruption des cours de Madrid et de Naples a laissé dans le ménage qui y a assisté sans y prendre part. Adieu. Je ne vous écrirai pas demain. Mardi, à 2 heures J’espère qu’il fera aussi doux qu'aujourd’hui, et que je pourrai rester aussi frais qu’il vous conviendra. Adieu. Adieu G. Vous ne saurez qu’elles sont les quatre pages qui plaisent tant au Prince de Metternich. Si j'apprends quelque chose à l'Athenoeum je l’ajouterai à ma lettre.

Auteurs : Stanhope, Philip-Henry vicomte Mahon (1805-1875)

Auteurs : Croker, John-Wilson (1780-1857)

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton Dimanche. 14 janvier 1849

Je suis charmée du succès de votre livre à Paris, moi j'avance à petit pas, & toujours avec satisfaction. Je n’ai pas vu Metternich depuis. Les lettres de Rothschild sont plutôt sombres. Rien de si grand selon eux que la discussion qui devait avoir lieu avant hier. Mad Demidoff a fait venir Thiers, scène très vive toute politique & morale. Après quoi elle l’a mis à la porte en recommandant, de ne jamais laisser entrer cette canaille. Stéphanie ne vient pas. 8 heures. Vous avez eu bien tort de me dire que mes yeux allaient, bien. Les voilà mal ce soir. Je n’ai point de nouvelles à vous dire. Lord Palmerston a la goutte au pied. J'espérais davantage. Triste Dimanche et je n’ai vu que le duc de Devonshire et les Rothschild. Il est arrivé des visites aux Metternich qui m'ont privée de Mad. M. Je me réjouis bien de Mardi. Adieu. Adieu. Je demande permission à la princesse de vous dire combien je vous remercie de votre bonté. M.

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893)

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton Samedi 13 Janvier 1849

Le Prince Metternich a dit hier à Marion sa satisfaction de votre livre. Il venait de le lire. Il a dit : " Si M. Guizot n'avait jamais rien dit, rien fait, rien écrit de sa vie il y a là quatre pages qui suffisent pour immortaliser un homme. " Je ne sais quelles sont ces 4 pages. On me dit qu'on a vendu 20 mille exemplaires de la soit disante traduction de votre livre. Compilation de quelques uns de vos anciens écrits. Quelle fraude ! Le savez-vous ?
Mon fils est venu me voir hier. Louis B. écrit à d'Orsay tous les jours. Et lorsque après son joli appartement de King street. Il n’en peut plus. D’orsay lui avait beaucoup recommandé Bulwer. Louis B. l'a reçu & a beaucoup causé avec lui, et s’en dit très content. Je crois à sa nomination. à Paris. Sera-t-il content ! Paul me dit que jamais L. B. n'a bu en Angleterre. Je persiste à croire que Thiers sera obligé d'entrer au ministère. Adieu. Adieu, quel ennui que le dimanche. J’espère que ceci vous arrivera ce soir.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton, Samedi 13 Janv. 1849

Avant tout, ma joie pour vos yeux vous écrivez et vous lisez. Ménagez les bien et n'en parlons plus. Seconde joie. Vous approuvez. Je crois que vous avez raison. L'effet est grand à Paris. Un homme de mes amis, qui a beaucoup de sens et d’esprit d'affaires m'écrit le Mercredi soir, le jour même de la publication : " Votre libraire est dans une espèce de jubilation fébrile. On fait queue dans son magasin pour acheter votre brochure. Ce matin, à 10 heures, il en avait déjà vendu 5000 exemplaires. La première édition est complètement épuisée. Et le lendemain jeudi : " La 2° édition est épuisée. On tire la 3°. Le succès est immense. J’ai la conviction qu'aux prochaines élections, vous serez au nombre, des représentants de Paris. " Je souris et je doute. Mais il me paraît clair que l’effet que je désirais produire est produit. Nous verrons les conséquences. Je ne vous envoie pas les journaux, l'Univers, l’Evènement, le Siècle, & . Je vous apporterai mardi, ce qu’il y aura d’un peu remarquable. Je n'ai encore rien vu dans le National. Ce que vous m’envoyez contre Thiers est en effet bien vifs. La lutte sera rude, surtout après la victoire. De tout ceci le public sortira éclairé, et les partis ardents. Durer, là sera le problème. Pour le vainqueur, quelconque. Peel m'a écrit. Le Roi aussi. Tous deux très approbateurs, et assez réservés. Comme me souhaitant beaucoup de succès et ne se souciant guère de s’engager dans mon combat. Bien des gens, pas plus démocrates que moi s'étonnent de me voir attaquer si franchement la démocratie, le géant du jour, comme m'écrit Jarnac. Je me souviens d’un temps où l'on me trouvait démocrate. C’est une des grandes difficultés de notre temps que d'avoir à changer de position en changeant de dangers & d’ennemis. Je causerai à fond avec Montebello avant son départ. Je pense de lui autant de bien que vous. Je suis curieux du débat qui a commencé hier. Il me conviendrait que l'Assemblée constituante ne se séparât qu'à la fin de mars. Je doute qu'elle puisse vivre jusques là. Les Anglais ont bien de la peine à comprendre ces revirements d'opinion si soudains et si emportés. Je comprends qu'ils ne comprennent pas. Il faut être Français pour croire qu’on peut vivre en tournant si vite.
Je n'ai vu personne hier. J'aurai certaine ment d’ici à mardi des nouvelles de Génie. Il ne m'a pas écrit ces jours-ci. Il était trop occupé de mes affaires. Mardi sera charmant. Adieu. Adieu. Je ne puis vous dire le plaisir que me fait votre écriture. Je crois que je relis vos lettres plus souvent. Mes tendres amitiés à Marion. Adieu. G.

Auteurs : Croker, John-Wilson (1780-1857)

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton vendredi 12 janvier 1849

J'ai bien reçu votre paquet. Marion est glorieuse et touchée. J’ai envoyé les deux autres à leur adresse. Je suis contente de la mention que font les journaux. Le roi avait conté à Montebello sa conversation avec vous, mais sans y découvrir the point. J'ai raconté à Montebello qui est bien de votre avis. il est plein de sens. Plein des affaires de son pays. Il ne faut plus qu'un homme de courage, il croit encore que ce sera vous. Il veut avoir un bon entretien avec vous avant son départ. Il va à Paris le 25. Comme tout est mieux ! Je crois que le pays va devenir quelque chose, et que Paris ne sera plus seul la France. Que je voudrais jaser avec vous ! Montebello a fait la connaissance de Metternich qui a commencé par lui dire que l'homme est un substantif. Le peuple, un substantif & & Metternich travaillait déjà à des observations sur votre livre avant de l’avoir reçu. Rien que sur ce qu'il en avait lu dans les journaux anglais. Je voudrais bien que les petites [?] qui apparaissent à Aberdeen devinssent une lumière. Je doute. Voici une lettre que vous aviez oubliée sur ma table. Je vous envoie le National, bien vif, comme vous verrez. J’ai lu moi même votre 1er Chapitre. J’en suis toute charmée. Il faut lire soi-même ce que vous écrivez. Car on s’arrête à chaque sentence. Lu par un autre, même vous, cela perd. Il faut vous méditer enfin, je vous love et très justement.
Adieu. Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton, 12 Janv.1849

Merci de m'avoir envoyé le billet de Lord Aberdeen. Certainement il me plaît beaucoup. Qu’y a-t-il de plus charmant que de la vraie amitié ? J'étais allé le voir hier et il m’avait laissé entrevoir ce qu’il vous a écrit. Je l'ai trouvé, sans qu’il en dît grand chose, très préoccupé de la situation d’ici. Il serait bien content, si Lord P. tombait aux trois quarts pour la bonne politique, un quart pour sa propre satisfaction. Au fond du cœur ; il l'espère un peu. Ce serait la petite pièce de la déroute qu'après leurs coup d’éclat de 1848, les révolutionnaires européens me paraissent destinés à subir en 1849. Flahault est venu me voir hier. Il venait chercher un exemplaire de ma démocratie. Nous sommes très bien ensemble. Bon langage sans effort, comme il arrive quand la conduite est bonne. Je ne crois pas qu'il aille à Paris. Il ne veut se montrer, à Louis B, ni malveillant, ni ami. Il m’a demandé deux ou trois fois, avec un peu de sollicitude : " Croyez- vous qu’il dure ? " J’ai toujours répondu que non. Il ne m’a pas paru qu’il en fût fâché. Je viens d'être interrompu par M. Hallam qui revient de Bowood. La mort de Lord Auckland a été un grand chagrin pour lord et lady Lansdowne. Ils ont prié la Reine de les dispenser d’aller à Windsor où ils étaient invités. Hallam croit à lord Normanby en remplacement de Lord Auckland, et à Bulwer à Paris. Grande joie pour Lady Bulwer, et sans doute aussi pour Lady Cowley. Même situation à Paris. Thiers et Molé font ce qu'ils peuvent pour hâter la dissolution de l'Assemblée. C’est leur seul moyen de sortir d’embarras. Nous verrons ce qu'aura été le débat. d’aujourd’hui. Je doute fort que la dissolution vienne assez vite pour que Thiers et Molé puissent se dispenser de prendre le pouvoir. La situation qu’ils ont faite à Louis B. et qu’ils se sont faite à eux-mêmes ne supporte ni une durée, ni une publicité un peu longue. Adieu. Adieu. Vous me direz si mon paquet de brochures vous est arrivé. Je me suis décidé à en envoyer une à chacun des Princes, quand même. J’aime mieux avoir tous les bons procédés. Adieu. G.

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893)

Auteurs : Louis-Philippe 1er (1773-1850)

Auteurs : Pasquier, Etienne-Denis (1767-1862)

Auteurs : Vitet, Louis, dit Ludovic (1802-1873)

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton Jeudi 11 Janvier, 1849

Voici une lettre qui vous plaira. Excellent homme moi je lui envoie aujourd’hui copie de votre dialogue avec le roi que je trouve charmante. Comme vous avez raison. Vous souvenez-vous les orages que vous souleviez quand vous faisiez l’éloge des Princes ? Comment ils sont venus tous trois un jour vous remercier de les avoir défendus ? Comment la reine pleurait en vous remerciant ? Je n’aime pas les rois tout ce que vous me dites de Paris est très curieux. Je suis bien aise que personne ne sache se conduire. Renvoyez-moi les deux lettres de Marion. Je vous écrirai encore le soir, s'il y a de quoi écrire. Adieu. Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton. Jeudi 11 Janv. 1849

Je vous ai envoyé ce matin par le railway, quatre exemplaires de ma brochure. Vous, le Prince de Metternich, Marion et Lord Mahon. Aurez-vous la bonté de charger Jean de porter le dernier exemplaire ? Je n'ai reçu qu’hier l’édition française. Les journaux commencent à en parler. Vous serez contente des Débats et de l'Assemblée nationale. Voyez-vous celle-ci ? Avez-vous lu le Morning Chronicle ? Me voilà bien et dument aristocrate. Je suis frappé du tour de quelques uns des journaux anglais. Ils sont évidemment plus démocrates que moi. J’ai été hier chez C. Greville. Bien pris de goutte. Grands compliments. J’y ai trouvé, Lord Ellesmere, Henri Greville et un M. Stanley que je ne connais pas. Nous avons beaucoup causé, mais trop de monde. Rien n'est fini pour le remplacement de Lord Auckland. On croyait assez là à Lord Carlisle.
Je n'ai rien de Paris ce matin. Louis Nap. n’ira pas. Mais il ne s'en ira pas sitôt. Si j’avais à parier je parierais qu’il finira par se mettre entre les mains de Cavaignac et des Républicains. C’est contre son origine, mais c’est selon sa nature, et sa sureté. Je serais étonné si nous avions à traverser la phase de l’Empire. Je la crois usée d'avance par le décri de l'homme. Henri Greville avait hier des lettres de Paris qui m’en tarissaient pas sur les ridicules, et sur les quolibets dont il est l'objet, parmi le peuple comme plus haut. Certainement les gros bonnets modérés ne s’entendent. pas. Et plus ils iront, moins ils s’entendront. Au fond, ils ne veulent point la même chose. Ils sont comme le pays ; il n'y a que l’extrême danger qui les unisse Adieu. Adieu. Je vais chez Lord Aberdeen. J’ai je ne sais combien de billets à écrire. Nous aurons bien à causer mardi. Je vous rapporterai Lady P. et Contantin. Adieu Je persiste à croire que les tablettes d'une révolution sont de Capefigue.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Lettre de M. Guizot à M. Lenormant, le 11 janvier 1849, Admirable tableau des vices et des vertus du partir conservateur.

Auteurs : Hugo, Victor (1802-1885)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton Mercredi 10 Janv. 1849
une Heure

Pourquoi n’ai-je pas de lettre ce matin ? Ni la poste de 9 heures, ni celle de 11 heures, ne m'ont rien apporté. Je ne comprends pas pourquoi je n’ai pas de lettre. Si c'était vos yeux, Marion m’aurait écrit. Si c’était pis que vos yeux Marion m'aurait écrit aussi. Quelque bêtise de je ne sais qui ; un retard de dix minutes. Je suis très contrariée. Tout retard m'inquiète. J’espère bien avoir une lettre dans la journée. Lord Aberdeen est venu me voir hier. Il ne peut aller mardi à Brighton. Il est invité à Windsor précisément pour mardi jusqu’à Vendredi. Je ne le rencontrerai donc pas mardi. Ce sera pour une autre semaine. Nous avons beaucoup causé. Je l’ai trouvé en train et assez confiant : " Ou Lord Palmerston entraînera le Cabinet dans sa chute, ou le Cabinet laissera tomber Lord Palmerston." Il croit assez à des efforts tentés auprès de Peel pour obtenir qu’il donne ses amis. Il a vu hier Peel qui allait à Windsor. J’ai été assez surpris des perspectives à demi voilées que laissait entrevoir Lord Aberdeen. Mais je l'ai déjà vu ainsi. J’irai le chercher chez lui demain ou après demain.
Duchâtel sort de chez moi, m’apportant une lettre de Dumon assez sombre. La gauche a regagné du terrain auprès du président comme dans l’Assemblée. C’est la faute des Chefs du parti modéré qui ont démasqué beaucoup trop vite leurs batteries contre le président qu'ils avaient fait. On n'ira pas comme on est jusqu'aux élections. Ou Thiers, Molé et Bugeaud prendront le pouvoir, ou Cavaignac et des amis le reprendront. Du gré du président, qui paraît même pencher beaucoup plus vers ses adversaires électoraux que vers ses patrons gouvernementaux. Si cela arrive on retombera dans la nécessité des combats de rue et des coups d'Etat militaires ou populaires. Les Ministres actuels sont d’une malhabileté, d’une pusillanimité et d’une nullité choquantes. Léon Faucher a dit qu’il combattrait mon élection de tout son pouvoir : " C'est une réaction inacceptable. Notre cabinet est tout ce qui se peut en fait de réaction. " Molé, était allé le voir. Léon F. lui a fait dire qu’il ne pouvait le recevoir ayant à travailler. Molé a insisté. Léon F. l'a remis au lendemain, 8 heures du matin. Molé a répondu que c'était l'heure où il dormait le mieux. Voici les deux faits intéressants sur Molé. Il se dit dans la meilleure entente, dans la plus grande intimité avec Thiers : " Nous sommes deux frères. " Et il prêche Henri V et la fusion tandis que Thiers prêche la Régence. Il a beaucoup d'humeur de ce que je publie quelque chose et de ce que je veux me faire ou me laisser élire à l’Assemblée prochaine. Ce sont les deux résultats nets de deux conversations avec deux de mes plus sûrs amis. Voici un extrait d’une lettre qu'on me communique. C’est d’un homme d’esprit à un homme d’esprit. Je finis, comme j'ai commencé, par mon extrême ennui de n'avoir pas de lettre. Adieu. Adieu.

3 heures
Voilà ma lettre. Il n’y avait point de raison de retard. à la bonne heure. Je vais sortir tranquille pour aller voir C. Greville, qui m’a fait dire qu’il avait une cruelle attaque de goutte et ne pouvait sortir. Il a un exemplaire anglais et il en aura un français. J’attends le Français pour M. de Metternich. Au moment où on m’a remis votre lettre, M. le duc de Nemours est entré. Ce qui fait que je ne l'ai lue qu'au bout d’une demi heure. Très poli et amical. Visite sans motif que je sache. A moins que ce ne soit ma conversation d'avant hier à Richmond. Adieu, adieu. Un très bon adieu. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton Mercredi 10 Janv. 3 heures 1849

Votre dialogue avec le roi est très curieux. Je le ferai connaître à Aberdeen. A propos je lui donne rendez-vous pour Mercredi 17. Marion a reçu de très amusantes lettres de Paris de Mad. de la Redorte & de de Lamasellières. J'espère pouvoir les joindre ici. Montebello s'annonce pour demain. S’il est vrai que Rayneval soit envoyé à Pétersbourg, c'est bien fait & si Napoléon y va pour annoncer l’avènement c'est bien aussi. La ressemblance touchera. Quelle confusion à Paris ! Il me semble que les gros bonnets ne s’entendent pas entre eux. C’est égal ; Louis B. restera. Merci du Normanby il m’a amusé. 8 h. Le Pce Metternich croit savoir que les articles dans l'Assemblée nationale tablettes d'une révolution sont de M. de Romieu Avez-vous lu le discours de Ledru Rollin ? Moins la bêtise de l'Adriatique le discours est vif et assez habile.
Adieu. Adieu. On dit que Lord Clauricarde aura l'amirauté.

Auteurs : Croker, John-Wilson (1780-1857)

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton Mardi le 9 Janvier 1849

N'oubliez pas C. Greville pour un exemplaire français, et Metternich. J’ai peur qu'on ne trouve votre écrit trop sublime & trop long. C'est là mon impression et vous savez que je suis le public. Après cela j'ai si envie qu'on vous trouve toujours bien et parfait que ma prétention peut me rendre injuste. J’ai relu ce que vous m’avez envoyé hier c’est très très curieux. Vous verrez que Bonaparte se tiendra. A propos lady Palmerston approuve fort sa lettre à Malleville ; je vous envoie la dernière partie, la seule où elle parle politique. Je vais m’occuper de vos livres. S'ils étaient [?] je vous promets de vous mettre au régime.
8h. du soir
Des lettres à Marion disent que L. B. se lève de table très gai. Que l’assemblée est dans un grand état de fraction et d'anarchie ; que M. d la Redorte veut renverser le président et que M. de [?] a renommé à la place qu'il demandait en faisant dire au Président qu'il réservait son cœur et son épée pour Henry V. Le Président ayant rencontré M. d’Alton Shu chez la princesse Belgiojoso lui a tourné le dos et est sorti. Longue visite de Metternich. Il compte que vous lui enverrez votre bonheur et il travaille d'avance à des observations. Gardez la lettre de Constantin jusqu’à vote arrivée ici. Quel article dans le Times contre Palmerston. Adieu. Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L011_00045.jpg
Brompton, Mardi 9 Janv. 1849
une heure

Quel ennui que vous soyez loin ! J’aurais tant à vous dire, et à discuter avec vous ! Pour le public et pour moi. Il n'y a pas moyen de tout écrire. C’est trop long et trop court. J’ai passé hier une heure et demie à Richmond. Une demie heure d’abord, chez la Reine. Assise dans un grand fauteuil, les jambes étendues et enveloppées. Encore maigre, mais le teint clair et reposé ; plutôt bonne mine de convalescente près d'être guérie. Sereine et pas gaie. Elle m'a beaucoup parlé de sa santé : « Je vais beaucoup mieux. M. de Mussy m’a sauvé la vie. Je suis encore bien faible. J’ai encore mal aux entrailles. J’ai encore les jambes un peu enflées. Je me promène tous les jours quand il ne pleut pas. Même quand il gèle. Amenez-moi vos filles, avant de retourner en France. Qui sait si je les reverrai ? " Très amicale. Elle m’a demandé si je me présenterai aux prochaines élections. J'ai dit que oui si la prochaine assemblée paraissait destinée à rétablir la Monarchie ; non si elle n'était destinée qu'à servir ou à tracasser la République. Elle a fort approuvé. Le Roi, aussi, qui était là. Il a insisté : " Vous avez bien raison, de n'être pas pressé. Quand on a été ce que vous avez été, quand on a votre talent, il faut se faire désirer, beaucoup désirer. Croyez- moi ; c'est un conseil d’ami. " J’ai accepté et remercié. Nous sommes sortis de chez la Reine. Une heure de tête-à-tête, dans le salon. D'abord les affaires privées. On n'a pas encore rendu les dots et les rentes des Princesses. Pourtant il croit qu'on va les rendre. Passy est bien. Il retourne probablement à Claremont à la fois de la semaine. Les ordres sont donnés. Toute la famille y retournera avec lui. Il le croit, sans en être bien sûr. Après, si on rend à Monseigneur le Duc d’Aumale une bonne partie de ses revenus, il pourrait bien prendre une maison à Richmond, ou à Brighton, quelque part pas loin de Londres. Mad. la Duchesse d’Aumale a grande envie d'être maîtresse de maison. L'essai qu'elle en a fait à Alger lui a beaucoup plu. La Princesse de Joinville soupire pour une visite au Brésil. Rien qu’une visite. Elle n’y voudrait pas rester. Mais pas même de visite à présent. Le Prince de Joinville doit rester. Il le sent lui-même. Il peut être utile à la France à sa famille. Il est populaire. Précisément à cause de ses défauts. Grand morceau contre la manie de la popularité. Tendres regrets aux prises avec le bon sens. Je voyais venir l'allusion. Il a repris la conversation de chez la Reine. Je ferai très bien d'attendre. Il faut laisser dissiper cette impopularité amassée contre moi. Je n’ai pas voulu laisser passer. - Sire, je serai populaire quand je voudrai. J’ai été très populaire sous la Restauration. - Ah oui, quand vous faisiez de l’opposition. - Précisément sire. Je l’aurais été encore sous le gouvernement du Roi, si j’avais voulu. C’est à servir le Roi et la bonne politique que je suis devenu impopulaire. Certainement; c'est comme moi. J’ai accepté l'honneur de l'assimilation.
Il avait envie de parler d'autre chose. J’ai insisté pour bien établir que j'étais impopulaire par mon fait de mon choix, pour la bonne cause qui était sa cause à lui et à sa famille ; qu’il avait toujours dépendu et qu’il dépendait toujours de moi d'être populaire, mais que je n’en avais nulle envie, que je ne tenais qu’à une seule chose, c’est qu’on sût bien que si je ne l'étais pas, c’est parce que je ne cherchais pas à l'être et non parce que je ne pouvais pas l'être & & Il m’a fort approuvé de très bonne grâce. Je ne connais pas d'homme qui s'embarrasse moins dans une conversation de ce qu’il a pu dire dans une autre. Le moment où il parle, la personne à qui il parle, sont tout pour lui. Privilège de Roi. Mêmes dispositions, et même langage à propos de Mad la Duchesse d'Orléans. Il en a reçu une longue lettre ces jours-ci. Raisonnable, plus raisonnable que les précédentes. Il s'occupe d'y répondre. Il a reçu pour le jour de l’an une très jolie et très sensée lettre du comte de Paris. Très sensée. Il espère bien que c'est l'enfant que l’a faite lui-même. On ne peut guère la lui avoir faite. Le Duc et la Duchesse de Montpensier sont toujours fort bien à Séville. Pourtant la Duchesse s’y ennuie un peu, et aurait envie de Madrid où la Reine sa sœur la désire toujours beaucoup. Le Duc promène sa femme de côté et d'autre pour l'amuser. Il ne se soucie pas de Madrid. Il y a trois semaines, on a cru la Duchesse grosse. C’était une erreur. Très bonnes nouvelles de Naples. Mais Lord Palmerston plus mauvais que jamais. Il prête en ce moment aux Siciliens des vaisseaux anglais, des officiers anglais, des munitions anglaises. Tout cela va partir, sous pavillon anglais pour la Méditerranée, comme un renfort de la flotte anglaise. Et une fois-là, on prendra le pavillon sicilien. J’ai trouvé que c'était bien fort. On affirme. Voilà Richmond. Paris serait plus long. Pour demain. Grande humeur de Molé de ce que je vais publier, de ce qu'on veut me lire à la prochaine assemblée. Grande intrigue pour l'empêcher. Déclaration de fraternité avec Thiers, tout en travaillant contre Thiers et la régence. C’est très long et très brouillé. Et toujours le même tempérament de haine féminine. A demain. Voici une lettre de Barante, et une correspondance de Paris dans l'Emancipation de Bruxelles. Elle a quelque valeur. Adieu. Adieu. Encore une fois, Brighton est bien loin. Adieu. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton Lundi 8 Janvier 1849

Rien à vous dire du tout, beaucoup à attendre et de vous et des journaux. Mallak vous a-t-il rendu compte de sa conversation avec Thiers. Dites-moi, si c’est Lundi ou Mardi que vous viendrez afin que je fixe Lord Aberdeen. 8 h. du soir. Pas possible à la lumière. - Quelle intéressante lettre que celle que vous venez de m’écrire. La discussion de Samedi est des plus curieuses aussi. - Eh bien parmi tous les personnages celui qui me parait le plus à son aise c’est Louis Bonaparte. On l'a mis là, il faut bien qu'on le soutienne. J'ai assez idée que Thiers & Molé s’y mettront. Il me semble que parmi les ministres vous ne devez de procédés qu'à L. Lansdown. Celui-là a été vraiment poli pour vous. - Edition française absolument. Je ne comprendrais pas la convenance de l'envoyer à Lord Palmerston, et comme il pourrait y avoir impolitesse flagrante, à l’envoyer à Lord John. J' [?] pour Mais, il faut que vous vous borniez absolument si lord Lansdowne en fait de ministre. Quant aux Princes, en vérité vous en êtes meilleure juge que moi. Je ne leur veux pas beaucoup de bien depuis ce que je vous ai mandé hier L'adresse de Lady Alice est Livermere. Bury St Edmunds Norfolk. Je recommence. Quel curieux état de choses à Paris ! N'oubliez pas Marion quand Vous avez votre livre en Français.
Adieu. Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton. Lundi 8 Janv. 1849

J'ai dîné hier chez Duchâtel. Il ne savait rien. Je lui ai appris la situation. Bien confirmée par ce que vous me dîtes des nouvelles de Mad. Rothschild. Cela ne finira pas, mais continuera par un replâtrage. Les modérés soigneront, et soutiendront, un peu mieux Louis B. Mais Thiers et Molé ne deviendront pas des ministres. Ils gagneront tant bien que mal la dissolution de l’Assemblée et les nouvelles élections. La Presse venue ce matin, commence son mouvement d'abandon, de L. B.. Elle deviendra légitimiste. Ellice dinait chez Duchâtel. Plus hostile que jamais à Lord Palmerston. Disant que Lord John n'a pas autre chose à faire que d'aller trouver Sir Robert Peel et de lui demander trois ou quatre ministres. Mais qu’il ne le fera pas. Ellice va à Paris à la fin du mois. Il a vous surement dit tout cela. Le Roi n’a qu'une idée, mais idée fixe. Se justifier du renvoi de son cabinet le 23 février. Mon impopularité est sa seule défense. Il faut qu’il ait du mérite à m'avoir soutenu si longtemps, et une excuse pour m'avoir enfin, abandonné. Je ne lui en veux pas, mais je me tiens pour averti. Quant aux Princes, ils disent ce qu’ils croient utile de dire pour plaire au parti qu’ils craignent et ce qu'au fond ils croient assez eux-mêmes. La politique des Journalistes ne descend pas seulement très bas. Elle monte très haut. Je ne m’y rangerai pas pour cela. Je n'ai qu’un malheur c’est que je ne vivrai pas encore cent ans. Dans cent ans, plutôt probablement, j’aurai trop raison.
Je vais à Richmond tout à l'heure. Je n'ai rien de Paris, ce matin. J’attends quelque chose dans la journée. Ménagez bien vos yeux, même avec moi. J’ai été charmé de voir fondre la neige. Voulez-vous que je vous renvoie la lettre de Constantin, ou que je vous la rapporte ? Adieu. Adieu. Adieu.
Voici la note des livres dont j'ai besoin et envie. Mais remarquez bien que je n'en sais pas les prix, et que je ne veux pas tout , et tout est cher. Les n°2 et 3 sont d'anciens ouvrages. Les n°1 et 4 des ouvrages nouveaux. Je les ai rangés dans l'ordre de leur intérêt pour moi.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton Dimanche 7 Janv 1849
9 heures

Voici du nouveau et du dessous de cartes. Nous avons été étonnés que les interpolations sur la retraite de M. de Malleville n’arrivassent pas. Les ministres et les patrons de Louis B. en ont été aussi étonnés que nous. Ils s’y attendaient. C'était de la gauche, des amis de Cavaignac, que l’attaque devait venir. Pourquoi point d’attaque ? Ils ont soupçonné quelque piège quelque intelligence entre la gauche de l’assemblée et le président de la République. Ils avaient raison. Les gens de la gauche, les républicains avaient fait dire au Président : « On se moque de vous ; on ne vous a ouvert la porte que pour vous jeter par la fenêtre. Les modérés ne veulent pas plus de vous que de nous. Ils veulent la Monarchie, le comte de Paris, Henri V. Venez à nous. Nous ne voulions pas de vous pour Président de la République. Mais nous voulons la République, et vous pour son président. puisque vous l'êtes. Avec nous vous aurez la majorité dans l'Assemblée, un cabinet qui sera vraiment à vous, non à des protestants ennemis, et de l'avenir." Le Président a écouté. Des pourparlers ont eu lieu. Rien n’était convenu mais tout était proposé. Le Général Cavaignac devait faire un discours d'adhésion au Président. Le rapprochement ainsi motivé et affiché, on se rapprochait en effet. Le Président gardait deux ou trois de ses ministres, ceux qu’il croit fidèles. Lacrosse à la marine, peut-être Drouyn de Lhuys aux Affaires Etrangères. Il renvoyait les autres, et prenait à leur place Dufaure, Vivien, Tourret, Billault. Le Gal Lamoricière rentrait à la guerre. Cavaignac remplaçait Bugeaud dans le commandement de l’armée des Alpes. Changarnier était réduit au com mandement de la garde nationale. Odilon Barrot se retirait dans la Vice Présidence de la République. L'alarme a été grande dans le camp modéré, parmi les patrons officiels de l'élection de Louis B, et de son Cabinet. Ils ont reconnu qu'avec les ministres actuels, le poste était mal gardé, et ne serait pas gardé longtemps. Ils se sont demandé s’ils ne devaient pas se résigner à prendre eux mêmes en main les affaires de la République et de son président. C'est l’avis du Mal Bugeaud. Il a insisté. M. Molé a douté. M. Thiers a rechigné. Les patrons en second, les journalistes du parti modéré qui ont poussé à l'élection de Louis B., se sont fâchés Véron et Emile Girardin sont allés trouver Thiers et lui ont déclaré que les choses ne pouvaient pas aller de le sorte que le nouveau gouvernement n’allait pas du tout qu’ils s'étaient, eux, engagés dans cette élection sur la parole à lui, comme chef du parti modéré que les chefs devaient conduire ; que, pour eux ils voulaient décidément savoir si c'était les chefs du parti modéré qui refusaient leur concours au Président, ou le Président qui ne voulait pas de leur concours; et qu'après s'être éclairés eux-mêmes à ce sujet, ils éclaireraient le public. Forte humeur et grand embarras de Thiers, Véron et Girardin ont annoncé qu'ils allaient faire la même démarche, auprès de M. Molé et du Mal Bugeaud. On en est là. Le Président entre deux selles, ses protecteurs au pied du mur, et les Républicains à l'assaut. On croit à un replâtrage, à quelque déclaration donnée, à quelque renfort apporté par les protecteurs au Président. On doute qu'ils prennent eux-mêmes la défense de la place. Mais il est clair que le Président ne se laissera pas mettre tout doucement à la porte et que les Républicains sont prêts à entrer pour le soutenir. On ne sortira pas de sitôt du gâchis, et tout le monde, protecteurs et protégés, s’y barbouillera, plus ou moins. Il paraît que tout en veillant à la sureté de la République, le général Cavaignac, est fort désabusé, sur son compte. Quelqu'un lui disait qu’il devait trouver la France bien ingrate ; il a répondu: « Non. On n’est pas ingrat, on me sait gré de ce que j’ai fait ; la France m’a tout, simplement déclaré qu’elle n’était pas républicaine.» A un autre, il a dit : « Je me suis trompé ; j'ai cru la France républicaine, ou disposée à le devenir ; elle ne l'est point. Louis Napoléon la croit Bonapartiste ; il se trompe comme moi ; elle ne l’est pas davantage. " Je vous envoie ceci pour le plaisir de Marion. Je suis bien aise que son héros ait du bon sens. J’aime le bon sens partout, même chez mes ennemis. J’ai passé hier ma soirée seul, au coin importante dans la législation réciproque de la France et de l'Angleterre, l'extradition réciproque des banqueroutiers frauduleux. " Vous ne savez peut-être pas que le fromage de Brie était une des grandes friandises de Lady Holland, et que M. de Talleyrand en ferait venir pour elle par le portefeuille, quand il voulait lui plaire Adieu. Adieu. Je ne fermerai ma lettre qu'à la fin de la matinée. J’irai à l' Athenaeum puis dîner chez Duchâtel. Adieu. G.

3 heures
Je sors pour faire deux visites. De là à l' Athenaeum. De la chez Duchâtel. Si j'apprends du nouveau, ce sera pour demain. En voilà assez pour aujourd’hui d'ailleurs, il n’y aura rien, aujourd’hui dimanche. Adieu. G. Une nouvelle lettre de Lady Jersey, insistant plus fort pour Middleton. J'élude toujours. Je n'ai ni le temps, ni le désir. G.

Auteurs : Mirbel, Lizinska Aimée Zoé de (1796-1849)

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton le 7 janvier 2 heures

Pauvres yeux, mais il vous faut deux mots. Le roi ne tient pas sur votre compte un langage qui plaise à Lord Aberdeen. On rend justice à votre habileté votre droiture mais on se récrie sur votre impopularité. Le roi appuie sur cela beaucoup. Quand aux princes ils s’expriment très mal. Puisque le roi [?] comme cela à Lord Aberdeen il faut qu’il le dise bien plus à d’autres. Voici une lettre de Constantin. Le Constitutionnel nomme les visiteurs du jour de l'an. Que des députés. Ni Thiers ni Molé. Le premier a écrit son [?] tout, le second pas même cela.
8 h. du soir
Il faut que je dicte à cause le la lampe. Ma petite voisine au [?] douloureux a des nouvelles très fraîches de Paris. Pierre Bonaparte, et la Montagne commencent, à s'exercer quelqu’influence sur le président. Celui-ci tout-à-fait abandonné par Thiers, fort peu soutenu par Odilon Barrot qui ne le voit qu'aux heures de Conseil pourrait bien se laisser entrainer et donner déjà quelques indices de cela. Ainsi, à la réception du jour de l'an où il n'a presque parlé à personne. Il a fait un accueil très gracieux et très remarqué à M. Guinard chef de l’artillerie de la garde nationale République rouge tout- à-fait. Cet état de choses a commencé à donner de l’inquiétude - Thiers, Molé, Beaugrand, Changarnier Rémusat & se sont réunis et sont convenus qu’il fallait donner de l’appui au gouvernement sous peine de passer de nouveau à la lutte dans la rue et Rémusat a été député à Léon Faucher pour lui promettre sont ici sincères et actifs du parti modéré. On se dit à l'oreille que Bonaparte a l'habitude de boire. Voilà mes nouvelles d’aujourd’hui. Il parait qu'on est triste à la bourse à Paris Adieu, adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton, samedi 6 Janv. 1849
Une heure

Je viens de passer ma matinée, avec Mrs Austin, et Mr. Murray à corriger des épreuves, à régler des détails de publication & Tout est long et difficile quand on veut que ce soit bien fait, et bien fait dans deux pays à la fois. Enfin, c’est fini. La brochure paraîtra décidement mardi prochain, à Londres et à Paris. Le Times a beaucoup insisté pour en avoir les prémices, et il en donnera un extrait lundi ou mardi. M. Murray s'en promet beaucoup de succès en Angleterre. Je n'ai vraiment rien de Paris. Pas le moindre fait et à peine quelques réflexions de Philippe de Ségur qui me promet sa voix pour le duc de Noailles à l'Académie. Génie ne me parle que de ma brochure. Il est évident que la crise ministérielle a un peu troublé tout le monde, ceux qui l’ont faite et ceux qui l’ont subie, et que personne, ne s’est soucié de pousser, quant à présent, la lutte plus loin. Il me semble même qu'on blâme Thiers de l'avoir commencée sitôt. J'ai vu ce matin un ancien député conservateur, M. de Marcillac, bon homme, sensé, et tranquille, qui n'a nulle envie que Louis Nap. dure mais qui trouve qu’on se presse trop de le faire tomber. Il m'a dit de plus, et ceci me chagrine que le maréchal Bugeaud avait été réellement fort malade et ne se remettait qu'à moitié. Il a un poumon en mauvais état. M. de Marcillac croit que les prochaines élections se feront fin de mars ou au commencement d’Avril, que beaucoup de conservateurs rentreront dans l’Assemblée et qu’elle sera beaucoup meilleure que celle-ci, mais que le parti républicain y sera encore fort, trop fort. Le parti n’est plus au pouvoir, et ne tardera pas à reprendre quelque faveur dans le bas de la société. Non comme république, mais comme opposition. Ségur est fort sombre. Sa lettre ne vaut pas la peine de vous être envoyée. Il y a plus de dissertation et d'Académie qu’il ne vous en faut. L’amiral Cécilla est un choix honnête. Il a du bon sens et du savoir-faire. Très étranger à la politique générale, il ne s'appliquera qu'à bien vivre avec Paris et avec Londres, et à les faire bien vivre ensemble. Il n’aura point d’idées et ne fera point d'affaires. On le regarde comme un excellent marin. Pourquoi vos yeux vous faisaient-ils mal hier soir, après une bonne nuit ? C'est l’approche de la neige. J’ai eu de l'humeur ce matin en la voyant. Je crois que Mardi de la semaine prochaine sera le jour qui me conviendra pour venir à Brighton. J’aimerais mieux lundi. Mais je ne suis pas sûr. Je vous l’écrirai positivement dans deux jours. Adieu. Adieu. Quel ennui de vous avoir quittée ! Mes amitiés à Marion. Voici un complet de M. Etienne Arago sur le nouveau ministère. L'assemblée est fort satisfaite du ministère qu'on lui fait ; elle n'avait qu'une buvette ; elle a maintenant un Buffet.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton, Samedi 6. 2h.

Mes yeux ne me permettent vraiment pas. Mais vite deux mots pour ces deux choses ci. Narvaez demande la médiation de Léopold pour se raccommoder avec l'Angleterre. Il est fort à faire toutes les platitudes moins une seule. Jamais on ne permettra à Bulwer de remettre les pieds à Madrid même pour une heure et c'est précisément là ce qu'exige Palmerston. Palmerston est en querelle avec nous sur les Affaires d'Orient. Le voilà donc brouillé avec tout le monde.
Je veux dire adieu moi-même. Les médecins disent que cette petite reprise n'est rien. Adieu. Adieu. La Reine a [ ?] beaucoup d’éloignement de recevoir Napoléon B. c'est pour cela sans doute qu'on a nommé Luille.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton. Vendredi, 5 Janv. 1849

Je n’ai que le temps de vous dire que je suis arrivé. Je trouve en arrivant une foule de petites affaires pressées, toutes relatives à la publication de ma brochure. Elle paraîtra à Paris le mardi 9. Il faut qu'elle paraisse ici le même jour. Je n’ai pas une heure à perdre. Point d’accident. Peu froid. Pensant à vous. Achevez de guérir vos yeux. Je m’en suis allé bien malgré moi. Dites je vous prie à Lord Aberdeen combien je le regrette. Je compte que nous nous retrouverons à Brighton, non pas la semaine prochaine, mais dans la suivante. Rien dans mes lettres de Paris. J'extrairai demain le peu qu’il y a. On ne me parle que de mes affaires personnelles. Un seul fait est évident : tout le monde pense et dit que Louis Bonaparte n'est pas une solution. Ce n’est- pas encore ça. Adieu.. Adieu. A demain. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton vendredi le 5 Janv.

Je dicte parce que mes yeux me font bien mal ce soir Lord Aberdeen est là - bien en regret de vous avoir manqué, et tout en train de vous rencontrer ici les premiers jours de la semaine après la prochaine - fixez moi le jour pour que je le lui mande & Ellice est venu aussi. Lord John Russel n’adore pas Lord Palmerston. Tous les ministres pensent sur son compte ce que nous pensons. Il est possible que Normanby soit nommé à l'université. Mais il n’y a rien de décidé encore. Que dites-vous de l’amiral Luille ambassadeur ici ? Je crois me souvenir que Vous aviez bonne opinion de lui. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton, Mardi 2 Janv. 9 h du soir
Je vous ai écrit ce matin. Je réponds ce soir à votre lettre. Puisque vous voyez aujourd’hui Duchatel. Je vous attends bien surement demain. Lord Aberdeen sera ici vendredi. Il m'écrit de Drayton. Lord Beauvale est très mal.
Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton le 2 janvier 1849
2 heures. Mardi

Je suis si heureuse en pensant à demain ! Cependant si vous aimez mieux rester un jour à Londres pour voir vos amis Duchatel & & Ne vous gênez pas, car selon votre lettre, la semaine est libre. Enfin faites comme cela vous arrange le mieux. Moi tout m’arrange, car enfin, vous viendrez, & je vous tiendrai. Je garde ici une lettre de Tansky curieuse comme détails de cour. Cela marche bien vite. Il y aura l’Empire. mais pour how long ? La mort de lord Auckland est un événement. Beauvale est mourant. Me yeux pas si bien qu'hier. Adieu. Adieu. A demain, adieu.
Aberdeen viendra certainement me voir cette semaine

Auteurs : Croker, John-Wilson (1780-1857)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Ketteringham. Park, Lundi 1 janvier 1849

Vous me manquez aujourd’hui plus encore que de coutume. Un nouvel an ne devrait pas pouvoir commencer sans vous. J'ai prié pour vous ce matin, pour nous, de tout mon cœur. De tout mon cœur, c’est la devise de mon hôte. Elle me plait. Toute cette famille me plait. Il y a du sang français, solidifié et point glacé par le sang anglais. Je suis sûr que je leur plais aussi. Beaucoup même. On se plait aussi, autour de moi. Mais la shyness est grande. Je suis bien aise de laisser mes enfants ici une semaine sans moi. Point de lettres de Londres ni par conséquent de Paris ce matin. J’enverrai chercher la poste à Wymondham à 5 heures celle qui sera partie de Londres aujourd’hui, à onze heures et demie. Je compte sur une lettre de vous. Je partirai demain à onze heures et demie. J’irai voir Duchâtel le soir après dîner. Voici un billet de lui que j'ai reçu hier. Pouvez- vous dicter à Marion un mot pour Lord et Lady Holland, afin d'avoir l'éclaircissement que le Roi désire ? Il a écrit par suite d'une lettre de vous où vous me parliez avec détails de la bonne grâce de Lord Holland dans son offre. Soyez tranquille sur la recommandation que me fait Duchâtel à la fin. J’y avais eu égard d'avance. Louis Bonaparte quelques mois plus tôt ou plus tard périra comme je le prévois depuis qu’il est question de lui, par l'impossibilité de se former un gouvernement et un parti de gouvernement sérieux. Pour tout le monde, sans exception, il n'est lui-même qu’un expédient. Cela paraîtra bientôt, et cela est mortel. Il faut être pris pour soi-même, et à titre définitif. Un grand pays peut être forcé, un jour, de se loger en hôtel garni. Il ne s'y établit pas. Les débuts du Cabinet Barrot sont pitoyables. Il n’aura que des débuts. Je crains qu’on n’arrive trop tôt à la dissolution de l'Assemblée actuelle. Je ne voudrais des élections que lorsque le parfum du nom Napoléon se sera dissipé dans le plein air. Flahaut triomphant ne m'étonne pas. Je lui trouvais depuis quelques mois, plus de bon sens que n'en comporte ce qu’il a d’esprit. Pourquoi pas lui ambassadeur à Londres. Mais Louis B. aimera mieux y laisser son cousin, qu’il ne peut garder à Paris sans danger. N'avez-vous aucune nouvelle de Pétersbourg ? Adieu. Adieu.
A après-demain. Votre dernière écriture est bien plus ferme. Ce n'est pas écrit sans voir. Adieu. G.

Auteurs : Wright, Thomas (1810-1877)

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton Lundi 1er Janv.

8h du soir.

Je vous ai écrit ce matin moi-même. Le soir cela ne m’est pas possible. Mais je dicte deux mots parce que j’ai appris que la publication anglaise doit avoir lieu déjà le 5. Cela ne me parait guère convenable. Il me semble que vous pourriez attendre que votre écrit eût paru à Paris. Je viens de recevoir votre lettre d’hier. J’espère bien que vous ne vous laisserez pas enlever à votre repos. Je ne trouve pas le moment venu, pour aller affronter les intrigues. Laissez les autres barbotter dans leur gâchis. Il y a bien de la dignité à se tenir en dehors de tout cela et aucun moyen d’échapper à ces intrigues. Si vous vous présentez trop tôt. Ce sont des luttes qui ne vous vont pas. Mais nous causerons bien au long de tout cela et je me réjouis bien de mercredi. & & Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton lundi 1er janvier 1849, 11 heures

A vous ma première pensée, ma première parole. Voilà un bouquet qui m’arrive ce doit être de vous. Cela me touche & me plait. J’espère que c'est de vous & que personne d’autre ni s’avise de m'en m'en donner. Marion sans doute m'expliquera cela. Mes yeux vont mieux. Mais je les ménage extrêmement. Après-demain Quel plaisir. Voilà donc déjà un changement. dans le ministère. Je voudrais que Louis B. rendit la vie dure à tout le monde. S’il pouvait être déporté comme il se ferait honneur. Adieu, adieu. Il est de vous, merci, merci.

Auteurs : Louis-Philippe 1er (1773-1850)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Biot, Jean-Baptiste (1774-1862)

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893)

Auteurs : Mallac, Eloi (1809-1876)
Formats de sortie

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