Auteurs : Lesuire, Robert-Martin (1736-[1815])

Transcriptions
[SCÈNE 6]
[LINDOR, MARTON, GRIMAUD]
Grimaud
On mourrait bien sans secours dans cette maison. J’ai beau m'époumoner à appeler, personne ne répond. Que fais-tu ici ?
Marton
Je suis venu pour faire voir le jardin à Monsieur.
Grimaud à Lindor
Qu’est-ce qu’il y a pour votre service Monsieur ?
Lindor lui remettant une lettre
Monsieur, c’est de la part de M. Quinat.
Grimaud
Ah ! je sais ce que c’est, c’est mon apothicaire. Je suis enchanté de vous voir, Monsieur. Vous allez donc me débarrasser de toutes les fleurs de mon jardin, et me remplacer tout cela par des plantes utiles à la santé.
Lindor
Oh ! vous avez bien raison ; il vaut bien mieux du bon sené, de bonne follicule, de bonne bourrache que des héliotropes, des tubereuses ou du muguet.
Grimaud
Je n’ai jamais pu souffrir cette fleur-là. Nous verrons ensemble mon herbier qui est en 33 volumes in-folio avec toutes les qualités, les utilités et bontés de toutes les plantes utiles à l’homme. Ah ! si l’on savait parfaitement la proprieté de toutes les plantes, on ne mourrait pas. Mes neveux ne sont pas de mon avis de ce que je veux culbuter mon jardin, mais cela m’est égal. Ils ne tâteront de mon bien que d’une dent.
Lindor
Je suis persuadé qu’ils vous aiment trop pour vous contrarier, et qu’ils feraient tout pour conserver le plus aimable des oncles.
Grimaud
Informations sur cette page
- Obitz-Lumbroso, Bénédicte (responsable scientifique)
- Walter, Richard (édition numérique)