Lettre d'Alma de Sodyguine à Émile Zola datée du 2 mars 1898
Auteur(s) : de Sodyguine, Alma
Transcription
Texte de la lettreMr. Émile Zola,
21 bis Rue de Bruxelles,
Monsieur,
Je ne puis m’empêcher de vous envoyer un extrait d’un journal, qui m’arrive de ma ville natale de Pittsburgh Pennsylvania.
Depuis quelque temps, depuis qu’on parle de tant de témoinages (sic) d’admiration, qui vous viennent des étudiants de différents pays, je me disais toujours : « Sans aucune doute (sic), les étudiants de mon pays s’intéressent aussi très vivement au glorieux acte de M. Zola, mais est-ce que l’écho de leur sympathie parviendra jusqu’à lui, est ce qu’il saura jamais que leurs « cœurs battent chaud » pour lui (je me permets de traduire littéralement une expression de Dispatch ). C’est donc avec une grande joie que j’ai lu le récit sur la manifestation des étudiants de Yale ; et quoique le journal dont il est pris, soit arrivé à Paris bien en retard, je vais quand même oser vous l’adresser.
J e m’imagine que vous aimez la libre Amérique et que la manifestation des étudiants de Yale ne va donc pas vous étonner. Mais je constate une tristesse qui est étrange_ on a généralement l’idée que les « marchands de porcs de Chicago » constituent l’élément dominant du pays de Washington ; de Lincoln, de Harriet Beecher Stowe, de Henry George, et est ce que je ne puis ajouter de W. R. Hearst, le vaillant jeune éditeur du New York Journal qui, tout comme les courageux rédacteurs de l’Aurore, ne se contente pas d’enregistrer les événements, il veut faire de l’histoire, et de cette histoire dont les nations sont fières.
Et maintenant que les États-Unis sont prêts à se jeter dans une entreprise qui ruinera probablement leur commerce et cela dans le but de venir en aide à un peuple opprimé, dira-t-on encore en France que the mighty dollar est le seul idéal des Américains ?
Profitant de cette occasion, je vous apporte, comme un des milliers de spectateurs du monde entier, dont le cœur a été rendu plus courageux par notre noble exemple _ je vous apporte l’expression de ma profonde gratitude et de ma plus haute et respectueuse considération.
Alma de Sodyguine
6 rue Scipion, Paris.
21 bis Rue de Bruxelles,
Monsieur,
Je ne puis m’empêcher de vous envoyer un extrait d’un journal, qui m’arrive de ma ville natale de Pittsburgh Pennsylvania.
Depuis quelque temps, depuis qu’on parle de tant de témoinages (sic) d’admiration, qui vous viennent des étudiants de différents pays, je me disais toujours : « Sans aucune doute (sic), les étudiants de mon pays s’intéressent aussi très vivement au glorieux acte de M. Zola, mais est-ce que l’écho de leur sympathie parviendra jusqu’à lui, est ce qu’il saura jamais que leurs « cœurs battent chaud » pour lui (je me permets de traduire littéralement une expression de Dispatch ). C’est donc avec une grande joie que j’ai lu le récit sur la manifestation des étudiants de Yale ; et quoique le journal dont il est pris, soit arrivé à Paris bien en retard, je vais quand même oser vous l’adresser.
J e m’imagine que vous aimez la libre Amérique et que la manifestation des étudiants de Yale ne va donc pas vous étonner. Mais je constate une tristesse qui est étrange_ on a généralement l’idée que les « marchands de porcs de Chicago » constituent l’élément dominant du pays de Washington ; de Lincoln, de Harriet Beecher Stowe, de Henry George, et est ce que je ne puis ajouter de W. R. Hearst, le vaillant jeune éditeur du New York Journal qui, tout comme les courageux rédacteurs de l’Aurore, ne se contente pas d’enregistrer les événements, il veut faire de l’histoire, et de cette histoire dont les nations sont fières.
Et maintenant que les États-Unis sont prêts à se jeter dans une entreprise qui ruinera probablement leur commerce et cela dans le but de venir en aide à un peuple opprimé, dira-t-on encore en France que the mighty dollar est le seul idéal des Américains ?
Profitant de cette occasion, je vous apporte, comme un des milliers de spectateurs du monde entier, dont le cœur a été rendu plus courageux par notre noble exemple _ je vous apporte l’expression de ma profonde gratitude et de ma plus haute et respectueuse considération.
Alma de Sodyguine
6 rue Scipion, Paris.
Relations
Ce document n'a pas de relation indiquée avec un autre document du projet.
Exporter cette fiche
atom, dcmes-xml, json, omeka-xml
Exporter en PDF les métadonnnéesExporter en PDF les métadonnées et les 5 images