Lettre de A. Traxler à Émile Zola datée du 27 février 1898
Auteur(s) : Traxler, A.
Transcription
Texte de la lettreChicago ce 27. 2. 98
A. Traxler.
Monsieur,
Obligée par la mort de mon mari de quitter la France pour élever plus facilement en Amérique un fil estropié, je n’ai eu ici d’autre bonheur que la lecture de vos livres. Ils m’ont aidée à lutter pour mon fils et pour moi, et cette lutte grâce à la force que j’y puisais est devenue si facile, mon humeur journalière s’en ressentant, qu’elle a été couronnée d’un plein succès.
Je me suis remariée avec un français (sic) dont les idées sont les miennes, nos premières économies ont été pour nous procurer votre œuvre entière, nous nous sommes fait un coin intelligent où la journée de travail remplie nous aimons à nous retrouver.
Mon enfant, victime d’une fatale hérédité a été élevé au milieu de vos ouvrages, ils lui ont été lus et expliqués et sa raison de 15 ans et son amour du travail nous promettent un heureux avenir. Je donne ici des leçons de Français (sic) aux familles les plus distinguées, j’ai trouvé à mon arrivée une opposition systématique à vous lire, vous n’étiez pas compris, on ne voyait que les mots. Je vous ai expliqué de mon mieux, à l’heure qu’il est dans mon cercle d’élèves chacun vous apprécie et je passe les heures les plus charmantes dans des classes de gens intelligents qui se réunissent une ou deux fois par semaine et où j’ai le bonheur de vous lire.
Je tenais à vous payer de cette manière, je l’ai fait de mon mieux, voulant ainsi apporter ma faible part à votre œuvre humanitaire.
Jugez de notre tristesse à l’heure présente, tristesse non pour vous qui êtes sorti victorieux de la lutte mais pour une partie de la France qui vous comprend trop peu ou pour mieux dire qui a sûrement de très grands intérêts à ne pas vous comprendre.
Pour tout autre que vous cette lettre serait sans valeur, mais je sais que vous serez heureux de savoir que dans ma famille française vous avez fait tant de bien et que j’ai vraiment pu en faire beaucoup ici moralement en votre nom.
Toutes mes élèves ont lu Paris, j’ai colporté le journal que l’on n’expédie pas ici, mais auquel nous sommes abonnés, de maisons en maisons, c’était certains jours un véritable enthousiasme. Vous ne pouvez imaginer l’intelligence et la science du peuple américain et son désir d’être au courant du mouvement intellectuel de notre pays qu’il suit au jour le jour.
Veuillez, Monsieur, faire part de mon admiration à Mme Zola qui a été si énergique et ne dédaignez pas au milieu des félicitations du monde l’hommage respectueux d’une famille qui depuis sept ans pense et vit avec vous.
Signature : A. Traxler.
A. Traxler.
Monsieur,
Obligée par la mort de mon mari de quitter la France pour élever plus facilement en Amérique un fil estropié, je n’ai eu ici d’autre bonheur que la lecture de vos livres. Ils m’ont aidée à lutter pour mon fils et pour moi, et cette lutte grâce à la force que j’y puisais est devenue si facile, mon humeur journalière s’en ressentant, qu’elle a été couronnée d’un plein succès.
Je me suis remariée avec un français (sic) dont les idées sont les miennes, nos premières économies ont été pour nous procurer votre œuvre entière, nous nous sommes fait un coin intelligent où la journée de travail remplie nous aimons à nous retrouver.
Mon enfant, victime d’une fatale hérédité a été élevé au milieu de vos ouvrages, ils lui ont été lus et expliqués et sa raison de 15 ans et son amour du travail nous promettent un heureux avenir. Je donne ici des leçons de Français (sic) aux familles les plus distinguées, j’ai trouvé à mon arrivée une opposition systématique à vous lire, vous n’étiez pas compris, on ne voyait que les mots. Je vous ai expliqué de mon mieux, à l’heure qu’il est dans mon cercle d’élèves chacun vous apprécie et je passe les heures les plus charmantes dans des classes de gens intelligents qui se réunissent une ou deux fois par semaine et où j’ai le bonheur de vous lire.
Je tenais à vous payer de cette manière, je l’ai fait de mon mieux, voulant ainsi apporter ma faible part à votre œuvre humanitaire.
Jugez de notre tristesse à l’heure présente, tristesse non pour vous qui êtes sorti victorieux de la lutte mais pour une partie de la France qui vous comprend trop peu ou pour mieux dire qui a sûrement de très grands intérêts à ne pas vous comprendre.
Pour tout autre que vous cette lettre serait sans valeur, mais je sais que vous serez heureux de savoir que dans ma famille française vous avez fait tant de bien et que j’ai vraiment pu en faire beaucoup ici moralement en votre nom.
Toutes mes élèves ont lu Paris, j’ai colporté le journal que l’on n’expédie pas ici, mais auquel nous sommes abonnés, de maisons en maisons, c’était certains jours un véritable enthousiasme. Vous ne pouvez imaginer l’intelligence et la science du peuple américain et son désir d’être au courant du mouvement intellectuel de notre pays qu’il suit au jour le jour.
Veuillez, Monsieur, faire part de mon admiration à Mme Zola qui a été si énergique et ne dédaignez pas au milieu des félicitations du monde l’hommage respectueux d’une famille qui depuis sept ans pense et vit avec vous.
Signature : A. Traxler.
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