Marie Moret remercie Malon pour sa lettre du 18 janvier 1888 ; elle exprime à Malon le sentiment que provoque en elle la perte de Godin. Elle le remercie également pour l'article que la Revue socialiste de février 1888 a consacré à Godin ; elle lui demande toutefois de rectifier une inexactitude dans une note relative aux croyances mystiques et spirites que Godin aurait professées « dans les dernières années de sa vie » : il était déjà spiritualiste en 1856. Elle lui fait part de l'estime et de l'affection que Godin avait pour lui, qu'il aurait voulu accueillir au Familistère ; elle souhaite que la santé de Malon, désormais dans le Midi, se rétablisse.

Sur la Revue socialiste : Godin félicite Malon de placer la revue sur le terrain des idées et non sur celui des polémiques personnelles.

Godin explique à Malon que les élections sénatoriales puis les élections législatives vont avoir lieu sans que se pose la question de la réforme du suffrage universel. Il attire l'attention de Malon sur le numéro du journal Le Devoir du 18 janvier et sur ceux qui vont suivre, et lui envoie le numéro des études sociales qui traite du sujet. Godin demande à Malon si La Revue socialiste

Godin autorise Malon à publier sa lettre [du 19 janvier 1885] comme il le demande dans sa lettre du 20 janvier. Il espère que Malon se rangera à son avis sur le suffrage universel par scrutin de liste nationale et le renouvellement annuel des chambres par moitié.

Godin envoie à Malon sa cotisation de 10 F à la Société républicaine d'économie sociale. Il espère que la Revue socialiste va désormais aborder sérieusement les études sociales pacifiques.

Godin plaide pour l'unité « des socialistes d'études et d'expérimentations » et la constitution d'un programme de réformes. Il présente la question de l'hérédité de l'État comme la réforme fondamentale que la Revue socialiste et la Société républicaine d'économie sociale devraient étudier. Il lui envoie à cette fin Mutualité nationale et les études sociales sur l'hérédité de l'État, et lui promet de lui adresser l'Étude sociale n° 7 : travail et consommation par l'hérédité de l'État dès sa parution.

Godin envoie à Malon ses sept études sociales. Il lui demande si sa librairie peut recevoir ses ouvrages en dépôt avec une remise de 25 % sur la vente.

Godin informe Malon que Deynaud vient de lui donner sa démission. Il lui demande s'il connaît quelqu'un pour le remplacer. Il lui précise que Deynaud percevait 400 F par mois, mais que ses prédécesseurs touchaient 250 F par mois. Il lui adresse huit exemplaires de l'étude sociale n° 8, qui comprend le programme politique de référence pour les articles du journal.

Godin indique à Malon qu'il ne souhaite pas employer Edmond Potonié-Pierre ou Eugénie Potonié-Pierre pour rédiger le journal Le Devoir. Sur le Devoir, journal de propagande du Familistère soumis à sa censure : « C'est donc plutôt un secrétaire de rédaction qu'il me faut qu'un rédacteur proprement dit. » Il lui envoie douze exemplaires de l'étude sociale n° 8.

Godin explique à Malon que Rouanet « est un homme intelligent, mais il est venu à Guise avec des préventions contre l'œuvre du Familistère, contre ma personne et contre les idées générales que je défends ». Il lui demande la permission de rectifier des erreurs commises par un article de la Revue socialiste sur son projet d'organisation du suffrage universel, et lui envoie la réponse à cet article.

Godin reproche à Malon de ne pas lui avoir envoyé les épreuves de son article pour La Revue socialiste. Il relève des erreurs qui rendent la page 373 incompréhensible et lui demande d'insérer un correctif dans un prochain numéro de la revue.

Godin informe Malon qu'il ne peut se rendre à son invitation à une fête. Il loue la hauteur de vues de La Revue socialiste et il l'assure qu'il a été enchanté de la visite des socialistes Bertrand et Anseele.