Guizot épistolier

François Guizot épistolier :
Les correspondances académiques, politiques et diplomatiques d’un acteur du XIXe siècle


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Auteur : Sparks, Jared (1789-1866)
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I am now closely occupied in preparing for the press the "Diplomatic correspondence of the American revolution." [...] Washington papers are also in preparation but, they are retarded a little by the work above mentioned. I trust that before many monthes, however, I shall be able to send you the first volume. At all evnts I hope you will note lose your interest in the work, nor be less inclined, by delay, to bring it in due time before the French public. I have no doubt you will be satified with the work when it appears, for it will embrace a very interesting period of history, and developp the charactere of a man, who has has not only gained an elevated mark among the great good, but whose influence on the destinies of the western world has been incalculable. It is a great satisfaction to me, that his fame, in regard to that portion of mankind who sead in French langage, will [...] in your hands. I am sure you will dum Washington a subject worthy of your thoughts and your per.

Auteur : Kazimirski de Biberstein, Albert (1808-1887)
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En note de la main de Guizot sur la lettre, Annuaire des deux mondes 1855-1856 p. 244, de Garden T. 1 p. 10 et 11 et p. 13 et 14

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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127 Val Richer, Vendredi 28 Juillet 1854

Je lisais tout à l'heure dans le Moniteur la déception des arrangements de la place Louis XV qui seront terminés dans quelques jours. Cela m'a serré le cœur. Je suis décidé à ne les trouver bons que quand vous en jouirez.
Lord Aberdeen a eu ses subsides de guerre sans difficulté. Avez-vous remarqué, il y a quelques jours l’éloge qu’ont fait de lui Hume et Bright ? Il a les suffrages des radicaux pacifiques, et qui, joint aux dévots pacifiques qui l’aiment aussi, lui fait une force réelle malgré son impopularité parmi les belliqueux. Curieux spectacle à observer que celui de la décomposition et de la composition de partis en Angleterre. Il sortira de là un gouvernement meilleur, plus juste, plus éclairé et plus doux à l’intérieur, moins. intelligent, moins sûr, moins fort et moins grand à l'extérieur.
La discours de Lord John contient obscurément tout ce que vous a dit Morny sur les bases de négociation convenues entre la France et l'Angleterre. Vous en passerez par là, ou l'Europe sera radicalement bouleversée.
Le difficile, dans ce plan, c'est la station fortifiée à trouver dans la Mer noire pour que des forces Anglo-françaises s’y établissent en sûreté, et surveillent de là vos forces à vous, quoique réduites. Grande nouveauté qu’un établissement de ce genre commun, à deux nations, dans l'hypothèse d’une alliance perpétuelle. La paix perpétuelle de l'abbé de St Pierre n'était pas plus chimérique. Et quelle dépense pour une surveillance permanente, au bout de l'Europe ! C’est une rude entreprise de lutter contre la Géographie.
Qu’est-ce que le général Butturtine qui a été blessé à Giurgiu. J’ai comme autrefois. un jeune comte Boutourlin qui m’avait l’air d’un homme d’assez d’esprit.

Midi.
Mon facteur arrive tard, pendant que je déjeune. Adieu, adieu. G.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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96. Ems le 10 juillet 1854

Je n’ai absolument que les journaux pour me guider dans l'appréciation de notre réponse à l’Autriche. S’ils disent vrai je la trouve très modérée, mais j’entend crier de tous côtés qu’elle ne peut convenir à personne. Je suis fâchée de n’avoir pas un petit bout de diplomate ici avec qui bavarder. Je rabâche avec Brignoles, mais c'est plutôt de l’histoire ancienne. La poste se met à nous manquer ici, c’est désolant. Pas de lettre de vous depuis deux jours.

6 heures.
Voici le 112 du 6. Rien a répondre, et rien à vous dire, car je n’ai de lettres de personne. Je vous envoie ceci afin que vous ne vous inquiétez pas de mon silence. Quelle triste situation, quelle sombres perspectives. Que deviendrons-nous vous et moi ? C'est à pleurer. Adieu. Adieu.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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106 Val Richer, Mercredi 28 Juin 1854

J’ai eu hier quatre visites, les politiques du pays, à peu près les seuls qui persistent à se préoccuper des événements publics, trois par intérêt d'affaires, un par curiosité d’esprit. Ils venaient tous me demander ce qu’il fallait croire de l'article du Moniteur et de votre retraite au-delà du Pruth. Grande satisfaction, mêlée d’un peu de surprise. Je les ai engagés à se réjouir toujours, en attendant d'être sûrs. Je leur ai parlé d’un Congrès, où tout le monde se réunirait pour traiter du rétablissement de la paix, et qui durerait peut-être dix ans. Ils approuvent fort ; ils aiment beaucoup mieux dix ans de Congrès que dix ans de guerre.
La correspondance Havas regrette votre retraite, et dit que " cette nouvelle sera accueillie avec le plus vif désappointement par les troupes Anglo-Françaises. Le jour qui devait leur faire oublier toutes les fatigues d’une campagne lointaine, le jour de la bataille recule indéfiniment, avant elles, grâce à l'excessive prudence de la stratégie Moscovite. Mais que nos braves soldats ne perdent pas tout espoir ; cet ennemi qui fait à leur approche n'est pas insaisissable, et on pourra le trouver quelque part, fût-ce sur son propre territoire ?
Nous verrons bientôt si votre retraite n’est en effet qu’une manoeuvre de Stratégie, ou bien la Préface d’un Congrès.
Avez-vous remarqué dans le Times, le rapport des ingénieurs Anglais qui étaient à votre service, et qui s'en sont échappées à grand'peine ? Il est curieux ; mais il ne confirme pas ce qu’on vous dit des compliments qu’on fait chez vous aux Français aux dépens des Anglais. Je suis un peu curieux du commentaire que Lord Aberdeen a dû ajouter avant hier soir à son dernier discours. Mes journaux me l’apporteront ce matin. C'est bien dommage qu’il ne soutienne pas plus hardiment, son propre politique, et en renvoyant à ses adversaires leurs attaques.

Midi
Certainement la nouvelle est vraie ; par considération pour l’Autriche, vous évacuez les principautés. Si cela ne mène pas à la paix, il faut que tout le monde soit fou, ou stupide. Je renais à l’espérance. Grand bonheur. Adieu, adieu. G.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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104 Val Richer. Dimanche 25 Juin 1854

Assiégez-vous encore, ou n’assiégez vous plus Silistrie ? Quelles que soient les lois sur la presse, c'est là un fait qui pourrait se dire, et qu’on devrait savoir. Puisqu’on n'affirme rien, j'en conclus que vous assiégez toujours. Mais si le siège continue comme il a commencé, vous y laisserez tous vos généraux.
La nomination du général Hess comme chef de l’armée d'opérations semble dire que le Duc Melzi a raison, et que l’Autriche vous fera la guerre. A ce sujet, je change d’avis tous les jours.
Je suis charmé que le monde vous arrive à Ems. Je vous vois déjà de quoi peupler votre salon le soir. Vous faites, perdez et refaites bien souvent votre fortune de société, petite ou grande. Que devient cette petite Duchesse Melzi ? Est-elle toujours un peu étrange ?
Je ne puis croire que vraiment et d'une façon durable, le beau temps vous vaille moins que le froid. Ici enfin, nous avons beau et chaud depuis deux jours. J'en jouissais pour vous comme pour moi. Ne me gâtez pas mon soleil en vous en plaignant.
Vous n'avez probablement pas lu le grand rapport de M. de Persigny à l'Empereur sur son ministre de l’intérieur. Moi, je l’ai lu et avec intérêt. C'est fait sérieusement, sincèrement et avec une conviction qui ne manque pas de force. Seulement, il y a dans le gouvernement, plus de questions, et les questions sont plus grandes, et plus compliquées que ne le croit M. de Persigny. Il est trop aisément content. Rien ne trompe plus le pouvoir absolu que l'extrême facilité qu’il rencontre d’abord, et quelquefois assez longtemps. On nous rendait, à nous, le Gouvernement trop difficile ; il est, ou plutôt il paraît trop facile aujourd’hui. Autre écueil.

Midi
Je ne m'attendais guère tout à l'heure, en vous parlant de M. de Persigny, que le Moniteur m’apporterait sa retraite. Je n’ai pas un mot de commentaire de Paris ; mais il me paraît impossible que cette retraite n'ait pas un sens politique, et plutôt un sens pacifique qu’un autre. Adieu, Adieu. G.
Je me trompe, on m'écrit que M. de Persigny est remplacé pour deux causes ; comme s'étant expliqué trop durement sur quelques personnes, et comme bouleversant et faisant à la fois languir l'administration. Vraie disgrâce personnelle et purement d’intérieur, dit-on.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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95 Val Richer, Vendredi 16 Juin 1854

Vous ne lisez jamais L'Univers. C'est quelque chose de curieux que la violence et la croisade qu’il a entreprise contre vous. Il a été un moment embarrassé ; il était, en train d’une croisade à peu près aussi violente contre l'Angleterre protestante. Mais l'occasion était trop belle ; il a laissé là l'Angleterre protestante et s'est joint à elle contre la Russie Grecque. Si la chance contraire s'était offerte, il l’aurait acceptée et se serait joint à vous contre l'Angleterre. L'hérésie et le schisme, deux ennemis mortels ; peu lui importe contre lequel des deux, il guerroie à mort. Par cela seul que vous êtes des schismatiques, vous êtes les alliés nécessaires, constants de tous les révolutionnaires ; vous avez voulu, de concert avec une partie des Mazziniens, faire de l'Italie un Royaume pour le duc de Leuchtemberg, vous n'avez aidé l’Autriche à dompter la Hongrie que parce que, pour le moment, le tour de la révolution hongroise ne vous convenait pas. Vous êtes partout les appuis de l'Anarchie et de la Barbarie. Et tout cela est cru par un grand nombre de Catholiques, de Prêtres, d'Évêques qui, avec l'Univers croiraient et disaient exactement les mêmes choses du Protestantisme et de l'Angleterre si c'était de ce côté qu’ils avaient affaire. Je n’ai jamais vu tant de passion dans tant de bêtise. C'est une grande pitié de voir une grande croyance, une grande église Chrétienne poussée, si bas par ses plus bruyants défenseurs. Quand je vois, d’un côté cet état d’esprit de l'Univers, de l'autre la Papauté ne pouvant vivre huit jours à Rome sans le secours d’une armée étrangère, il me prend de vives inquiétudes que le Catholicisme ne soit réellement bien malade, et j'en serais désolé, car, dans la moitié de l'Europe, où il a encore l’air de régner, il ne serait remplacé que par le socialisme et l'impiété.
Qu'est-ce que ce M. Ivan Tourgueniev dont le Journal des Débats raconte le livre qui paraît assez piquant ? J’ai connu deux Tourgueniev, man ils s'appelaient Alexandre et Nicolas ; l’un est mort, l'autre était un ancien conspi rateur, condamné à mort chez vous, homme d'esprit et honnête rêveur. Le livre des Débats a été écrit et circule librement en Russie ; c’est une satire nationale des mœurs nationales. J’ai entendu dire que l'Empereur Nicolas pratiquait assez ces satires là, Nicolas Gogol et autres, par espoir de réformer ses moeurs, la vénalité, l'ivrognerie, l'oisiveté. Il aurait mieux fait de pousser dans cette voie que d'envoyer le Prince Mentchikoff à Constantinople.
Je vois que Lord Palmerston a eu un petit échec dans la Chambre des Communes à propos des aumôniers catholiques, dans les prisons ; c'est le pendant de celui de Lord John à propos des Juifs. Le Parlement en donne la liberté d'être aussi Protestant qu’il lui plaît, bien sûr que cela ne renversera pas le Ministère. Je suis bien aise et un peu triste que vous soyez si contente de la Princesse Kotschoubey. Vous ne la garderez pas toujours. Est-elle donc bien décidée à retourner en Russie après Ems ? C’est certainement une très bonne, très sensée, très noble et très aimable personne.

Midi
Je suis très convaincu que mon esprit ne peut rien au mal dont nous souffrons. Adieu, Adieu. G.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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93 Val Richer, Mardi 13 Juin 1854

Lord Granville sacrifié à lord John cela ne fortifie pas Lord Aberdeen dans le Cabinet. Au reste il importe assez peu ; au point où en sont les affaires, la paix ne se fera pas plus par Lord Aberdeen que par Lord John. La question est trop grandement engagée ; il faut de grands événements pour lui donner une solution.
Voilà une cinquième division d'infanterie qui part pour l'Orient. Je ne sais si la campagne sera trés active cet été, mais certainement, l’année prochaine, il y aura, de part et d'autre, de grandes armées, en présence. On dit à Paris que le maréchal St Arnaud se porte beaucoup mieux et commande trés effectivement.
Est-il vrai que le grand du Constantin commande le siège de Silistrie ? Je ne puis le croire quoique l’amiral Dundas le dise. Il est pourtant, un peu étrange qu'aucun de vos Princes ne soit au feu, réellement au feu. Où sont les deux jeunes grands ducs ? Ne devaient-ils pas aller à l’armée du Maréchal Paskevitch ? Leur nom ne paraît nulle part. Il est vrai que nos journaux ne nous disent pas grand chose. Et le mensonge est ici la conséquence nécessaire du silence. Il paraît que la liberté de la presse était bien excessive, en Finlande, car votre Empereur vient de la restreindre bien rudement.

Midi
Point de lettre encore. Trois jours de suite, c'est beaucoup. J'espère que vous n'êtes pas malade. Adieu, Adieu. G.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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80 Val Richer Mardi 30 Mai 1854

Vous me dites les sacrifices de l’aristocratie russe qui donne le dixième de son revenu dans tout l'Empire. Le Moniteur me dit le zèle de la démocratie Française qui prête deux fois plus d'argent qu’on ne lui en demande, et qui y gagne. Voilà deux puissants Dieux aux prises. Nous verrons lequel aura le dernier. J’ai peur qu'à ce compte-là, ce ne soit long.
Les feuilles d'Havas y préparent leur public. " Il nous paraît, disaient-elles hier, que l'effort imposé à la France ne dépassera pas de beaucoup celui qu’elle a dû faire pour l’assurer la conquête de l'Algérie. Nous avons entretenu en Afrique, pendant 18 ans, cent mille hommes sur le pied de guerre. Notre armée expédition naire ne s'élève pas encore, à beaucoup près, à ce chiffre et comme la France est loin d'être seule, il est douteux qu’il soit jamais dépassé, ou même atteint."
On énumère ensuite toutes les puissances et toutes les armées que vous aurez successivement sur les bras, ce qui répond à votre million, 300.000 hommes sous les armes, et on en conclut " que la vérité percera à travers la croûte épaisse de l'absolutisme qui enveloppe l'Empire russe et que " le Czar cédera à l’Europe."
Demandez, je vous prie, de ma part à M. de Brunnow s’il s'attendait à cela le 15 Juillet 1840, quand il signait son traité à Carlton-Terrace. C'est pourtant la conséquence. On m'écrit que le désastre du Tiger a redoublé l'irritation Anglaise. On vous accuse d'avoir continué à tirer sur le bâtiment après qu’il s'était rendu. On demande si c’est là le retour de la modération déployée dans le bombardement d'Odessa.
L'Illustration Anglaise et la Française ne sont pleines que d'images de la guerre. Le sentiment national finira par devenir violent partout.

Midi
Je suis désolé que Génie ait été si lent à faire votre affaire. Je lui ai, à trois reprises, vivement recommandé d'en finir. Il ne vous croyait pas si pressée et il n’est pas toujours lui-même aussi pressé ni aussi exact qu’il le faudrait. J'espère bien qu'à présent l'affaire est faite, et qu’il vous l'a écrit. Mais, à tout hasard, je lui écris aujourd’hui pour le gronder et lui mettre le feu sous le ventre. Vous aurez eu de mes nouvelles hier lundi, et depuis, tous les jours. Adieu, Adieu. G.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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67 Bruxelles le 27 mai 1854

Comme il y a toujours de l’esprit dans vos lettres vos observations sur M. de Stahl sont charmantes. L'ascension qui nous relève les journaux ne nous laisse que des commérages. Hier Paskevitch avait passé le Danube. Silistrie allait toucher dans quatre jours. Je ne crois à aucune nouvelle. On ment de tous côtés. La Grande Duchesse Olga est revenue à Stuttgart on y arrive aujourd’hui. Elle a laissé l’Empereur rétabli. Tout le monde confiant et charmé de l’occasion de secouer la Russie et de montrer à l’Europe ce que nous sommes. Ah que je me serais passée de cette exhibition !
Ce qu'il y a de triste dans cette maudite affaire c’est que l’Europe entière ne nous fera pas fléchir. Nous ne sommes pas assez civilisés pour cela.
Greville compte sur des révolutions de palais ou autre. Cela ne sera pas. La force & la puissance de l’Empereur sont dans sa résistance à l'ennemi. Toute la nation l'appuie. Il n’y aurait de danger pour lui que s’il voulait céder quel malheur d’être encore des barbares.
Le temps est affreux, je n'ose pas sortir et j’ai tout le temps imaginable pour m'ennuyer. Si mes yeux me permettaient de lire !
Adieu. Adieu, je n'ai rien à vous envoyer qu’adieu.
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