Transcription & Analyse
[1] André-François MIOT (1762-1841).
[2] Général de LAVILETTE (1720 - ?) gouverneur par intérim de Livourne après l’arrestation de l’ancien gouverneur Fedele SPANOCCHI (1757-1825).
[3] FERDINAND III (1769-1824).
[4] Godechot se sert du récit de Monge du dîner chez le grand duc pour illustrer l’idée selon laquelle l’occupation française de Livourne a été désastreuse pour les Italiens. « Le commerce livournais était à peu près anéanti, et les commerçants de la ville rejetaient – avec raison – le responsabilité de leur ruine sur la République française. (GODECHOT J. (1941), p. 478. Il cite DE LAUNAY L. (1933), p. 151.) Le discours de Monge sur la République française doit être semblable à celui produit dans les lettres de fin 1795 à son gendre Marey. Voir les lettres n°3 et 4.
[5] Antoine-Christophe SALICETI (1757-1809).
[6] Selon Godechot, les juifs furent de précieux auxiliaires pour les Français à Livourne. (GODECHOT J. (1941), p. 465.) Voir aussi la réception des Français par les juifs de Modène lettre n°36.
[7] Ce récit montre non seulement l’intérêt de Monge pour les religions mais il manifeste aussi une sensibilité à l’émotion religieuse. Cet intérêt et cette curiosité ne doivent pas être forcément pris pour un indice de religiosité. En 1795, Dupuis, élève de l’astronome et athée militant Lalande, publie l’Origine de tous les cultes, ouvrage dans lequel il présente une étude comparative des religions. Plusieurs indices permettent de penser que Monge a lu cet ouvrage, par exemple, les références à la Chine dans sa correspondance (voir infra.) L’estime du géomètre pour Dupuis apparaît lorsqu’il chante son Hymne au soleil (voir la lettre n°119). La sensibilité à l’émotion religieuse est manifeste, même au sein d’un discours anticlérical à l’occasion d’une description de la Fête-Dieu. Elle perce au travers d’un mouvement d’empathie avec le simple fidèle trahi lors de cette fête que Monge qualifie de mascarade. Voir la lettre n°84. La présence d’une « certaine religiosité d’esprit » est indiquée en contre point de son anticléricalisme chez Aubry. (AUBRY P.-V. (1954), p. 177.) Ce dernier en tire deux conclusions : Monge n’est ni matérialiste, ni athée. L’historien rapporte une piquante conversation entre Monge et Lalande après 1800, alors que ce dernier veut inscrire Monge dans Le dictionnaire des Athées de Sylvain Maréchal : « Qui vous a dit que j’étais athée ?
- Si vous ne l’êtes pas vous le deviendrez.
- Et qu’en savez-vous ? » (AUBRY P.-V. (1954), p. 197)
La réponse énigmatique de Monge peut être interprétée comme une volonté de ne pas mélanger les genres le scientifique d’une part, le religieux de l’autre. (voir la lettre n°104 dans laquelle Monge souligne l’attitude des Chinois en ce qui concerne le religieux.) Si la science est publique, le religieux est du domaine du privé, comme cela est suggéré au sein d’une tendance encyclopédiste dans la division des mentalités par rapport au progrès. (DHOMBRES J. et N. (1989), p. 259-260.) La relation entre sciences et religion à la fin du XVIIIe siècle est le plus souvent décrite en terme d’opposition, elle est alors coordonnée à celle entre matérialisme et spiritualisme. Il faudrait rendre compte de cette apparente opposition et l’inscrire dans un questionnement plus large qui tenterait une réévaluation de l’anticléricalisme de Monge (voir les lettres n°3, 62 et 99) mais aussi du spiritualisme d’un mathématicien, praticien du progrès. C’est d’ailleurs du côté d’une faculté de l’esprit, « l’imagination », mise en œuvre en géométrie, que le « spiritualisme » de Monge pourrait être situé, c’est d’ailleurs ce qui semble le différencier de Berthollet. Dans ses Mémoires, Bourienne le secrétaire et ami de Bonaparte l’envisage en décrivant les conversations du général en route pour l’Égypte : « À bord de l’Orient, il se plaisait à causer fréquemment avec Monge et Berthollet ; ces entretiens roulaient le plus habituellement sur la chimie, sur les mathématiques et la religion. […] Quelque amitié qu’il témoignât à Berthollet, il était facile de voir qu’il lui préférait Monge, et cela parce Monge, doué d’une imagination ardente, sans avoir précisément des principes religieux, avait une sorte de propension vers les idées religieuses qui s’harmonisait avec les idées de Bonaparte ; à ce sujet, Berthollet se moquait quelquefois de son inséparable Monge, et d’ailleurs, l’imagination froide de Berthollet, son esprit constamment tourné à l’analyse et aux abstractions, penchaient vers un matérialisme qui a toujours souverainement déplu au général.» (BOURRIENNE (1829), Mémoires de M. de Bourrienne, ministre d’état, sur Napoléon, le Directoire, le Consulat, l’Empire et la Restauration, Bruxelles, A. Wahlen, et H. Tarlier, p. 60.) Dans l’ « avertissement des éditeurs » du troisième tome de l’Encyclopédie, D’Alembert invite à la prudence avant de conclure à l’athéisme des intellectuels : « Qu'il nous soit permis de nous arrêter un moment ici sur ces accusations vagues d'irréligion, que l'on fait aujourd'hui tant de vive voix que par écrit contre les gens de Lettres. Ces imputations, toujours sérieuses par leur objet, & quelquefois par les suites qu'elles peuvent avoir, ne sont que trop souvent ridicules en elles - mêmes par les fondements sur lesquels elles appuient. Ainsi, quoique la spiritualité de l'ame soit énoncée & prouvée en plusieurs endroits de ce Dictionnaire, on n'a pas eu honte de nous taxer de Matérialisme, pour avoir soutenu ce que toute l'Eglise a crû pendant douze siècles, que nos idées viennent des sens. On nous imputera des absurdités auxquelles nous n'avons jamais pensé. » D’ALEMBERT (1751-1759), T. 3, p. xii
[8] Louise MONGE (1779-1874) Monge répond à sa femme qui lui a écrit de Paris le 27 thermidor an IV[14 août 1796] : « Louise t’a déjà écrit aussi souvent que moi, dans une de ses lettres, elle te priait si tu allais à Naples de lui acheter des cordes de harpe. Si cette lettre te parvient à temps, fais cette commission. Tu lui feras bien ta cour. »
[9] Voir les lettres n°20, 39, 66, 70, 81 et 95.
[10] Ils laissent Saliceti à Livourne.
[11] Ce n’est pas Modène mais Milan qui est finalement le lieu de rassemblement de la commission. Voir la lettre n°40.
[12] Pierre RIEL DE BEURNONVILLE (1752-1821) commandant en chef de l’armée de Sambre-et-Meuse. Le 26 octobre 1796, l’aile droite de l’armée de Sambre-et-Meuse opère un grand mouvement et arrive sur le Rhin.
[13] Le 18 aout 1796, la France signe un traité d’alliance offensive et défensive avec l’Espagne, le traité de Saint-Ildefonse ; Charles VI abandonne le camp anglais. Voir les lettres n°29 et 38.
Relations entre les documents
Collection 1795-1796 : Les débuts de l’École polytechnique. Fin de la Convention et premiers mois du Directoire. Thermidor an III - pluviôse an IV |
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Collection 1796-1797 : Première mission en Italie, La commission des sciences et des arts Prairial an IV - vendémiaire an VI |
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84. Monge à sa femme, Catherine Huart |
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Collection 1796-1797 : Première mission en Italie, La commission des sciences et des arts Prairial an IV - vendémiaire an VI |
104. Monge à sa femme Catherine Huart |
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