Archives Marguerite Audoux

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Lettre de Marguerite Audoux à André Gide

Auteur(s) : Audoux, Marguerite

DescriptionRetour de Fronton
Texte
[Paris, mi‑octobre 1910]

Cher Monsieur,

Michel m'a renvoyé votre lettre[1] ce matin de Fronton où elle m'avait été envoyée alors que j'en étais déjà partie. Je viens de passer dix jours avec Fargue près de Michel, dix jours pleins de bonheur qui ont terminé magnifiquement mes vacances. Aujourd'hui j'ai repris très sérieusement le travail et je pense que Michel en a fait autant.
Je suis allée aussitôt voir Régis Gignoux. Il s'occupera des Tournayre[2] à la Société des gens de lettres[3] aussitôt qu'il aura reçu un mot de vous avec[4] la lettre des Tournayre.
Tout le monde ici aurait bien voulu que ce soit vous qui fassiez la conférence sur Philippe au Salon d'automne mais je vois bien que cela ne vous sera pas possible et je le regrette bien pour mon propre compte[5].
Je ne sais pas où en est Marie‑Claire[6]. Je pense voir Fasquelle ces jours‑ci et peut‑être Mirbeau, car je crois qu'il n'y a plus de temps à perdre maintenant.
Je serai heureuse pour la petite Angèle[7] si vous pouvez m'envoyer les 20 francs que vous m'aviez proposés. La fillette est délicate et elle a besoin de grands soins.
J'ai lu votre Voyage en Andorre dans la Nouvelle Revue française[8] et j'ai reconnu le Jabiru. Michel vous a‑t‑il chanté la chanson du Jabiru[9] ?
J'ai vu Madame Rouart[10] et j'ai pour elle une grande sympathie.
J'espère vous voir à votre arrivée à Paris et je serai heureuse de connaître la date de la pose du buste de Philippe à Cérilly[11].
L'adresse de Gignoux :
26 rue Henri Monnier.

Veuillez croire à ma très sincère affection.

Marguerite Audoux

[1] Nous n'avons pas retrouvé cette lettre.

[2] Mme Louise Tournayre, la sœur jumelle de Charles‑Louis Philippe, et son mari

[3] En ce qui concerne les droits concernant l'œuvre de Philippe, voir, supra, la partie "Notes"

[4] et est rayé, et remplacé par avec en interligne.

[5] En réalité, c'est bien Gide qui prononcera, le 5 novembre 1910 (le jour même de la sortie de Marie‑Claire), au Salon d'Automne, cette conférence sur Charles‑Louis Philippe. Elle paraîtra d'abord dans La Grande Revue du 10 décembre 1910 (p. 449‑467), puis en 1911 aux éditions Eugène Figuière et Cie.

[6] Il s'agit de la future sortie en librairie.

[7] Angèle Lenoir.

[8] Les notes de ce voyage, entrepris avec Eugène Rouart, Michel Yell et Alibert, du 18 au 24 août 1910, sont d'abord reproduites, sous le nom de « Journal sans date », dans le numéro du 1er octobre 1910 de la NRF, auquel Marguerite Audoux fait allusion ici, puis dans Nouveaux Prétextes, et enfin dans le Journal de Gide, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1940, p. 312‑321.

[9] « Le jabiru » est le sobriquet sous lequel se cache l'un des compagnons du voyage en Andorre (voir Ibid., p. 318‑320). Nous n'avons pas trouvé de quelle chanson il se peut agir.

[10] Madame Eugène Rouart, née Yvonne Lerolle (1877‑1944), fille du peintre Henry Lerolle (1848‑1929), ami, parmi d'autres, de Maurice Denis, Ernest Chausson, Debussy… Elle épouse Eugène en décembre 1898. (Renseignements aimablement communiqués par le regretté Professeur D. H. Walker, de l'Université de Sheffield).

[11] Pour mémoire, cette inauguration aura lieu un an plus tard, le 25 septembre 1911.

Notes
Louise Tournayre, la sœur de Charles‑Louis Philippe, écrit à André Gide le 29 août 1910 :
« Cher Monsieur,
La Société des Gens de Lettres, dont mon frère faisait partie, continue toujours à percevoir les droits qui nous reviennent pour les articles parus dans différents journaux. Je veux vous demander s'il est bon pour nous de signer un traité avec la Société pour que ces droits nous reviennent.
Nous ne connaissons pas les statuts. Je leur ai demandé un modèle du traité à signer. Je vous l'envoie pour que vous en preniez connaissance. Nous ne voulons pas accepter l'article 72 et mettrons ce que j'ai écrit à côté. L'article 29 nous enlève le droit des reproductions ailleurs. La Société a donc seule le droit d'autoriser à reproduire les œuvres de mon frère. Nous ne voudrions pas perdre ce droit‑là qui peut être beaucoup pour nous.
Veuillez donc, cher Monsieur, nous dire ce que nous devons faire. Ayant entière confiance en vous, nous suivrons votre bon conseil.
Vous voudrez bien nous renvoyer le traité ci‑joint. [...]. »
Dans une autre lettre du 16 septembre 1910, Louise Tournayre relance Gide, qui finalement répond de Cuverville (en Seine‑Maritime) à Léon Tournayre (le mari) le 24 :
« Cher Monsieur,
Je trouve ici, au retour d'un assez long voyage, vos lettres. La dernière n'est arrivée que d'hier, mais l'avant‑dernière, renfermant le traité avec la Société des Gens de Lettres est ici depuis assez longtemps et je suis confus de vous avoir fait tant attendre ma réponse ; veuillez m'en excuser, je vous prie ; malheureusement je suis assez mal renseigné pour ces sortes de choses ; il me semble que vous avez en effet raison de faire en sorte que vous touchiez quelques droits sur les reproductions de votre beau‑frère, mais je voudrais consulter moi‑même à ce sujet quelque personne compétente avant de vous répondre sur ce point. Il me semble que l'ami de Louis : Régis Gignoux qui est au Figaro et vit dans le monde des journalistes et des hommes de lettres, pourrait être ici de très bon conseil. Je me propose d'aller le consulter à mon retour à Paris, dans quinze jours ou trois semaines et vous récrirai à ce moment. [...].
(André Gide, Correspondance avec Charles‑Louis Philippe et sa famille (1898‑1936), édition établie, présentée et annotée par Martine Sagaert, Centre d'études gidiennes, 1995, p. 43‑45) Cette lettre 59 de Marguerite Audoux à André Gide laisse donc entendre que Gide décide ensuite de demander à la romancière de contacter elle‑même Gignoux à sa place.
Lieu(x) évoqué(s)Cérilly, Fronton, Paris

Lettres échangées


Collection Correspondants

Cette lettre a comme destinataire :
Archives Marguerite Audoux
GIDE, André

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Notice créée par Bernard-Marie Garreau Notice créée le 17/12/2017 Dernière modification le 20/05/2022