Cher Monsieur,
[1] Le cachet de la poste indique le 18. La romancière a pu commettre une confusion, ou encore postdater cette lettre, pensant qu'elle l'enverrait le lendemain.
[2] juillet a été rajouté. Il s'agit des élections au Conseil général, que va remporter Eugène Rouart.
[3] Cela n'est qu'une apparente boutade. Marguerite Audoux abhorre les étiquettes et toute forme d'engagement autre qu'humain, ce qui la différencie de Jourdain et de Werth.
[4] après que est biffé après chez elle. « Chez elle » ; c'est‑à‑dire à La Haie-Fouassière, près de Nantes.
[6] La première version de Charles Blanchard, de Charles‑Louis Philippe, a en effet été publiée en deux livraisons dans la Nouvelle Revue française : Charles Blanchard, I, Le Froid, janvier 1910, p. 443‑469 ; et Charles Blanchard, II, La Maison du sabotier, février 1910, p. 6‑32.
[7] On pourrait penser à l'un des membres du groupe de Carnetin, en particulier à Francis Jourdain. Mais il semble, et les lettres 37 et 38 sont là pour nous le confirmer, qu'il s'agit bien de Larbaud. Quoi de plus logique, d'ailleurs, que les deux richissimes écrivains fussent sollicités pour cette pension ?…
[11] Lettre de Charles‑Louis Philippe. Le rapport entre le Goncourt et la lettre en question (?) demeure obscur.
[12] Nous n'avons pas plus trouvé trace de ce voyage dans les documents mis à notre disposition que dans Masson, Pierre, « Les voyages d'André Gide. Chronologie sommaire », Bulletin des Amis d'André Gide, n° 61, janvier 1984, p. 95-105.
Un petit billet autographe inédit est joint à cette lettre :
"Adresse de Madame
Legrand
rue de Vaugirard 4
Paris
Grand-mère de la petite Angèle"
- A propos du "Lampadaire", femme citée dans l'avant-dernier paragraphe :Mc Kenty, Emma, née Jeannelle (1857-1930) fut l'une des maîtresses de Charles Louis Philippe. David Roe, spécialiste du romancier, nous indique que la liaison en question remonte à 1902-1903, donc avant que Philippe n'en entretienne une avec Milie, «La Bretonne», mère de la petite Angèle Lenoir dont il est question à partir du troisième paragraphe de la lettre. La correspondance entre l'auteur de Bubu et cette veuve désoeuvrée et quelque peu hystérique (dont les relations avec Marguerite Audoux iront se dégradant) durera jusqu'en 1909. Méfions nous aussi de l'auteur de Marie-Claire, qui, le 6 janvier 1910 (lettre 20), écrit à Gide : « Ne croyez pas que Mme Mac Kenty ne soit qu'une détraquée ; dans la vie ordinaire elle est pleine de bon sens. », la déprécie ensuite ostensiblement dans la lettre 24 à Mme Philippe du 10 février 1910 , puis se réconcilie apparemment, selon ce qu'elle écrit à Larbaud en juin (lettre 37), écrivant ensuite à Gide des propos mielleux et fielleux sur le sujet (lettres 40 et 50). Histoire bien compliquée où chacune tente de tirer la couverture à soi, de s'approprier Philippe post mortem… Emma Mac Kenty a sans doute partie liée avec la famille Philippe quant aux rumeurs qui insinueraient que l'écrivain a tenu la main à Marguerite Audoux pour la rédaction de Marie-Claire. Celle que le groupe de Carnetin a surnommée « Le Lampadaire » (elle se prétendait « le petit lampadaire d'amour » de Philippe, et le cénacle facétieux ne fut que trop heureux de saisir l'occasion…) et Marguerite Audoux sont d'ailleurs renvoyées dos à dos par Gide, qui ne supporte pas bien ces querelles féminines. D'où la réaction d'un des membres du groupe, Marcel Ray, qui écrit à Larbaud le 12 avril 1910 : « Gide […] est accablé et découragé par les épîtres croisées de Mme Philippe, de Mme Tournayre et du Lampadaire. Il a envie de tout envoyer promener. J'ai essayé de le remonter – et lui ai reproché vivement de mettre dans le même panier Marguerite Audoux et les 3 harpies susnommées. Songez qu'il m'écrit qu'il ne veut pas prendre position dans cette querelle de femmes. Ah mais, tout de même, Gide, il faudrait faire connaissance avec Marguerite avant d'en parler ainsi. Je l'y engage vivement. » (Valery Larbaud – Marcel Ray, Correspondance (1899-1937), Gallimard, 1979-1980, tome deuxième, p. 29).
Emma Mc Kenty a signé un ouvrage : La Polarité dans l'Univers. - Eugène Rouart (cité dans le premier paragraphe de la lettre) est le fils d'Henri Rouart (1833‑1912), grand industriel, artiste peintre et collectionneur, et le grand‑oncle du romancier et académicien Jean‑Marie Rouart (1943). Tout en exerçant des activités d'ingénieur agricole, il mène une carrière d'écrivain (La Villa sans maître, Mercure de France, 1898 ; La Maison du Bien‑Être, dont plusieurs extraits sont publiés dans L'Ermitage en février, mars et avril 1900 ; quelques nouvelles et essais qui paraissent dans L'Ermitage, Antée et L'Occident). Il est l'un des fondateurs et un collaborateur de L'Archer, revue de culture, d'art et de littérature créée vers 1930 à Toulouse. En 1902 il va se fixer dans le canton de Fronton, sur le domaine de Bagnols, dont il fait une exploitation modèle et un centre d'expérimentation et de rayonnement avant d'acquérir d'autres terres. Il est maire de Castelnau d'Estrétefonds de 1905 à 1919, élu Conseiller d'Arrondissement du canton de Fronton le 28 juillet 1907, et, de janvier 1908 à juillet 1909, chef de cabinet du ministre du Commerce et de l'Industrie Jean Cruppi, député de la Haute‑Garonne. Enfin, comme l'indique le début de cette lettre datée du 19, il fait campagne - et sera élu Conseiller général de Fronton à la suite des élections du 24 juillet 1910. Il le demeure jusqu'à sa mort en juillet 1936. Il devient également Sénateur de la Haute‑Garonne en 1932. Sa vie durant, il favorise la carrière d'artistes et d'écrivains, par exemple Francis Jammes. Il existe aussi d'importantes correspondances avec Paul Valéry et Henri Ghéon. C'est le 2 février 1893 qu'il rencontre pour la première fois André Gide. Ce dernier le sollicite avec insistance pour agir en faveur de la carrière de Michel Yell qui, étudiant en droit en 1902, est contraint de payer ses études en travaillant comme employé à la Compagnie des Chemins de fer de l'Est. Les démarches seront longues. En 1908, on retrouve Yell à La Loupe, puis l'année suivante, enfin, à Fronton comme juge de paix. Le groupe de Carnetin ne prise pas spécialement Eugène Rouart qui, par son influence, soustrait Michel à ses amis. Francis Jourdain, en particulier, confie son amertume à Marcel Ray à qui il écrit le 11 novembre 1911 que Rouart, selon lui, est plus intéressé par ses intérêts électoraux que par la carrière du jeune juriste qu'il sollicite pour l'aider dans ses campagnes. Il eût aimé s'entourer de « gens à lui » pour prévenir le scandale où risquaient de l'entraîner ses tendances homosexuelles. (Médiathèque Valery-Larbaud [R.Jou 1]). Rouart enfin, comme Gide, Ruyters et d'autres, n'est nullement favorable à la relation entre la romancière et son protégé. Il explique cependant sans ambages à Gide son énervement face à ce qui serait une légende, la « séquestration » de Yell à Fronton pour le soustraire à la fréquentation de Marguerite Audoux. Selon lui, le jeune homme lui‑même ne se prive nullement auprès des fraîches beautés du cru, et son éloignement et sa relative froideur envers la romancière ne sont donc pas le fait d'un complot. (Renseignements aimablement communiqués par le regretté Professeur D. H. Walker, de l'Université de Sheffield en Grande-Bretagne).
Lettres échangées
Collection Correspondants |
Cette lettre a comme destinataire : |
GIDE, André
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