Guizot épistolier

François Guizot épistolier :
Les correspondances académiques, politiques et diplomatiques d’un acteur du XIXe siècle


Votre recherche dans le corpus : 5377 résultats dans 5377 notices du site.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23013_00526.jpg
Paris lundi [21] octobre 1850

Beaucoup de monde hier soir. Une conversation à bâtons rompus avec le général Lahitte. Les gros diplomates agités. & cependant le bruit se répand qu'on s’arrange comme de raison. L’inquiétude de mes diplomates à propos d'une double diplomatie ici, ne me paraît pas sans fondement. Évidemment c’est toujours Lord Normanby qui règne à l'Elysée, seulement on tâche doucement d'échapper à ces coups fourrés. L’article du Constitutionnel est fort diversement jugé. Il me paraît qu’on trouve qu'il valait mieux ne pas sonner les cloches pour le renvoi du reste de la guerre. J’ai trouvé au général, du doute, du blâme, de réticences. Un peu de tout. Rien de clair. Je ne sais pas du tout ce que pense le général Changarnier. Tout le monde parle par énigmes. Je vais ce matin avec Hubner à Champlatreux, mais je reviens dîner. Le temps est superbe.
Voici une lettre de Constantin. La Prusse en grande cajolerie pour nous. Le Maréchal nommé chef du premier régiment de l'armée prussienne. Une députation, le colonel en tête, est partie pour Varsovie pour lui rendre les hommes. Petite malice, car l'Autriche n’aura pas songé à cela. On décidera à Varsovie la Hesse & le Holstein. La Prusse renonce à la Constitution de l’union restreinte. Enfin tout est adouci, radouci. Le prince Charles de Prusse parti pour Varsovie aussi, ainsi que le comte de Brandsbourg. Constantin y est. L'Empereur de d'Autriche & le Prince Schwarzenberg doivent y venir. Voilà mes nouvelles. Adieu, adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23014_00447.jpg
Paris le 20 octobre 1851

Le Président a dit avant hier que rien ne serait changé à sa politique. L’Europe peut être tranquille sur ce point. Il n'a jamais accepté pour son compte le 31 Mai. Il veut être réélu comme il a été élu. Il le sera. Il restera là où il est. Les vieux temps & les vieux hommes sont passés. Il a beaucoup réfléchi à tout cela, et il a le pays avec lui. Il est fort indifférent à ce que fera, ou ne fera pas l’Assemblée. Son entourage tient un langage très vif, les autres ont plus à perdre que nous. Ils ont des terres, des maisons des familles. Nous sommes indépendants de tous ces biens. Nous irons résolument au but et au bout. Cela sent un peu le brigand, c’est égal.
Hier soir [Hecheren] se croyait sur que Billault entrait que le général [Bourjolis] serait [Ministre] des Affaires étrangères. Saint-Arnaud à la guerre. Ducos je ne sais quoi. Il croyait aussi que Fould resterait. Cela je ne le crois pas du tout. Il faudrait pour cela que le Président se prêtât à une modification de la loi du 31 Mai.
J'ai revu hier soir le brave Lahitte, & cela m’a fait grand plaisir. Le Président rentre à l'Elysée. Samedi J’ai vu assez de monde hier point d’hommes politiques. Thiers a été si effrayé pendant 3 jours, qu’il en a été malade et ses accidents d’aphtes lui sont revenus. On dit beaucoup qui Carlier l’avait prévenu lui & Changarnier qu’ils seraient arrêtés.
Hier [Heseren] disait que le Président ne demandait pas mieux que d’être mis en accusation, alors il ira de l’avant. Je cite [Hesseren] parce qu'il voit dit-on le président tous les jours. Il a beaucoup d’esprit.
Il y aura consultation pour moi aujourd’hui. Il y a de quoi. Je suis toute jaune & tirée.
Samedi
J'avais une loge aux italiens. Je n’ai pas eu le courage ni l’envie d'y aller. Adieu. Adieu.
Vitet a été très frappé de ce que vous me dites du travail légitimiste contre vous. Je verrai le duc de Noailles aujourd’hui je lui en parlerai. Le comte Buol va arriver ici de Londres aussitôt que Kossuth y paraîtra. Hubner m'a dit qui si la princesse Grasalcovitz se permettait le moindre propos factieux, l'Empereur lui ordonnerait sur le champ de revenir en Hongrie. On est là très sévère. Le corps diplomatique blâme toujours ceci, & attend sans curiosité les nouveaux Ministres. On dit beaucoup que ce ne se sera qu’un relais, & que la troupe dorée est derrière. Montebello est revenu. Sa femme va mieux.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
2301_00008.jpg
Votre billet, Monsieur, m’a bien vivement émue. Je redoute & désire un entretien avec vous. Mandez-moi le jour & l’heure, où vous pourrez venir chez moi j’aurai soin de m’y trouver et d’être seule. Disposez de ma matinée. Nos malheurs, Monsieur, me semblent former un lien bien puissant entre nous.
Apprenez-moi à trouver des forces dans mon propre [?] Quelle charité vous me ferez ! Toutes les paroles de votre billet sont entrées, gravées dans ma pensée. Elles m’ont fait du bien. Il y a donc quelqu’un qui conçoit mes douleurs ! Adieu, Monsieur, mille amitiés sincères.

D. Lieven
Lundi 20 février

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23015_00428.jpg
Paris le 18 octobre lundi 1852

J’ai vu du monde hier, mais je ne sais rien de plus à vous dire. Mad. Roger me dit que la reine Amélie a dû quitter Lausanne hier pour retourner à Claremont. La [duchesse] d’Orléans la suivra dans 10 jours. C’est Chomel qui s’est opposé à Eisenach comme trop froid. Il me paraît toujours que ce ne sera qu’en Décembre que se fera l’Empire. Voilà Paris un peu humilié il avait l'habitude d'imposer à la France tous les gouvernements aujourd’hui la campagne fait la loi à Paris. [?] vient à la suite de la France.
Je suis bien fâchée dans un moment pareil d’avoir si peu avec qui causer. Il est vrai que ce serait plutôt pour dis puter, n'importe cela fait passer le temps, et m'empêcherait de penser à ma triste santé. Aggy est bien fâché de la perte de la lettre de sa soeur, & moi aussi. Légèreté française. Adieu. Adieu.
Lord Aberdeen me mande que l’[Angleterre] & l’Autriche sont aussi mal ensemble aujourd’hui que sous [?]. Beauvale est content du discours de Bordeaux. Je crois vous l’avoir dit et pourquoi.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L013_00090.jpg
Paris Lundi 17 juin 1850

Grand jour, qui sera je l'espère un grand échec moral, mais que je ne regarde. plus comme devant amener la chute. Mes correspondances de Londres me disent que le duc de Wellington et Sir R. Peel font tous leurs efforts pour assurer une majorité au G[ouvernement] dès lors c'est un hopeless case. Hier vous n'imaginez pas tous les tricks employés par Normanby pour arriver au dénouement le plus tard possible dans la journée. Si je suis bien informée, l’Angleterre cède de tout & il n'y aurait plus d'embarras. que dans la forme de le rédaction. On a tenu conseil à l’Elysée. Pour Normanby il s'agissait de finir après le départ de la poste, afin que l'opposition à Londres ne peut être informée du résultat. En effet ce n’est qu’après 6 heures qu'il est revenu une dernière fois chez G[énéral] de Lahitte. En définitive hier soir rien n'était terminé mais cela peut l'être ce matin si Normanby a reçu ou s’il tient dans sa poche, l’acceptation absolue.
J'avais beaucoup de monde hier soir. On ne parlait que de cela et de l'amendement fait par la commission. Fould m’a dit que le g[ouvernement] n'accepte aucune transaction. Dalmatie qui était ici m’a parlé comme avait fait un enragé de la commission. Pourquoi est-il si mauvais ? Le brave g[énéral] m’a plu encore plus que de coutume. J'ai été le matin à Passy mais Thiers n'y est pas venu. Tout le monde le blâme bien haut de son apparition à la ch[ambre] haute. Quelle inconvenance on redit de tous côtés qu'il est revenu très fusionniste. Lisons donc l’Opinion publique de samedi ou l’Univers de vendredi. Très curieuse & bonne lettre de Claremont. Je l'envoie à l'Impératrice. Adieu. Adieu. Je suis bien impatiente de vos nouvelles. Makan part ce soir pour vous rejoindre. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23013_00368.jpg
Paris lundi le 16 septembre 1850

Meyendorff est nommé à Vienne. Médem est un peu fou & va vivre dans ses terres en Courlande. M. de Budberg reste chargé d'affaires à Berlin. On dit un homme d’un grand mérite. J'ai eu hier soir votre lettre par votre portier. Je chercherai à faire aujourd’hui ce que vous me demandez, mais les occasions sont rares. Le Constitutionnel a un grand article politique aujourd’hui, que je trouve excellent. C'est bien ce que je vous ai souvent entendu dire vous-même. Hier peu de monde. Les Holland le prince Paul. Le soir le duc de Bauffremont, d’Estournel & Kisseleff. Point de nouvelles du tout. Les Holland pleins de petits commérages qu'ils ramassent aux Invalides. Le mouvement de troupes est incessant à Paris. Des exercices sans feu. Les Normanby ont passé deux jours à Champlatreux. Ils en reviennent aujourd’hui. Le Constitutionnel dit, pour donner à dîner au Président. Je ne sais pas un mot de ces quartiers-là. Vous voyez que je ne suis pas intéressante du tout. Le duc de Noailles devait revenir hier de Mouchy. Il n’est pas venu. Adieu, Adieu.
Mon rhume reprend. J’ai été hier à l’église, il y avait la courant d’air. Je n’ose rien entreprendre que ma promenade au bois de Boulogne, et le vent d’Est la rend peu agréable. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23015_00220.jpg

Paris le 16 août 1852

Je ne puis vous rien dire d'important de la journée d’hier. Il y avait foule chez moi mais on ne se préoccupait absolument que de la foule, et du feu d’artifice. Le tout superbe et surpassant tout ce que j’ai vu. On dit qu’il n’y a eu aucun mauvais cri le matin dans la garde nationale et que la [?] a beaucoup crié Vive l’Empereur. J’ai eu tout ce spectacle sous mes fenêtres. A la madeleine Fould a pris le pas sur tous les ministres. Persigny assistait, mine effrayante. Il retourne à Dieppe. C'est Magne qui le remplace et très bien. Je n’ai pas vu Morny mais je sais que lui et Fould sont très bien ensemble.
J'ai eu une longue lettre de Lord Aberdeen. Il croit qu’avant octobre même ou pourra juger de la situation du Ministère. En cas de changement il croit à Lansdowne. Jamais Palmerston aux aff. étrangères. Assez aigre sur ici.
Midi. Voilà Auguste qui s'en va à Angers. Sa femme est morte, il faut qu'il aille. Je reste seule avec Jean, joli ménage ! Je n’ai pas encore de maître d’hôtel. J'espère que vous me trouvez à plaindre ! Le petit Tolstoy n'est pas mort encore, & pas à sauver. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23014_00288.jpg
Paris lundi le 15 septembre 1851

J'ai mené hier Kisseleff à [?] nous y avons passé deux heures. Je suis revenue dîner chez moi. J’ai trouvé très occupé de ce qui doit, ou de ce qui devrait se passer. S'il voyait le président voici le conseil qu'il lui donnerait. Une présence de cette multitude de partis incohérents voulant les uns une chose, les autres une autre, devant l'impossibilité de parvenir à s’entendre, lui le représentant de 6 millions se croit le devoir et le droit d’aviser & de sauver le pays et il le proclame.
La Constitution est suspendue, la France en état de siège. Il appelle à lui un ou deux représentants de chacun des partis honnêtes du pays. Et dans ce conseil intime on délibère et décide d'une autre forme de gouvernement et puis on l'impose au pays. Tout ceci demande des mesures vives. Ainsi, l’arrestation de tous les meneurs incommodes, [?] Cavaignac & Changarnier. Si le Président ne fait rien du tout, ou s'il fait tièdement, il est perdu et la France avec lui. Il ne faut pas risquer la proposition Creton. Voilà en gros & brutalement l’opinion de [?], je vous prie de ne point me compromettre ni lui. J'ai vu assez de monde hier soir mais je ne sais rien. On s’étonne bien de l’article sur l’Autriche & le Prince Metternich dans Le Journal des Débats. [?] au corsaire ou au charivari de parler de [?] qui arrivent solennellement, mais M. Bertin a vécu dans le monde.
Il n'y a pas un mot de vrai dans tout ce qui est relatif à Metternich, il va à Vienne parce que depuis longtemps il aurait pu le faire, mais il n'a pas été invité. Je suis bien contente de ce que dit le Times sur Gladstone. Morny a vu Mallak mais cela a été sans importance. Après mes insomnies, vient mon estomac. Un grand dérangement. Je n’ai pas de Médecin. Oliffe arrive enfin demain. Adieu. Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23013_00487.jpg
Paris le 14 octobre 1850

On est bien échauffé ici & bien inquiet toujours à propos de la revue et de ses conséquences. Vous lisez le Constitutionnel. Il est sur ses grands chevaux. Hubner hier soir croyait à quelque chose, moi, je ne crois à rien. Cela s’assoupira mais je n’ai pas vu de Français hier, & je n'ai pas d'opinion quand je n’ai pas consulté les augures. Quant à l’Allemagne Je ne comprends pas comme on s’en tirera. Hubner affirme que les troupes Autrichiennes vont entrer dans la Hesse. Le 21 septembre la Prusse a lancé une note, dans laquelle elle menace l'Autriche si elle ose entrer le 27, l’Autriche répond qu’elle entrera, si besoin en est, au nom de la diète, (or, la Prusse ne reconnaît pas celle-ci) le besoin est là puisque l’armée hessoise s'est dissoute, il n’y a plus d’affaire. La Prusse pourra-t-elle faire l’énorme reculade ? Voilà la question. Dans quelques jours on le saura. D’un autre côté, nous sommes furieux contre la Prusse à propos de la guerre du duché, & Le roi de Prusse ayant demandé à venir à Varsovie, on lui a répondu qu'il n’y avait pas d’appartement pour le loger. Voilà. Tout cela est gros.
L'Impératrice m’a fait écrire par une de ses dames pour me donner de ses nouvelles, et me prier de lui écrire souvent, grandissime joie de mes lettres. Elle n'ose plus écrire du tout, un oeil dans un bien mauvais état. Toute occupation lui est interdite.
2 heures. Lord Brougham m’est tombé comme une bombe, il a bavardé, & je suis prise. Il faut finir. Je viens de voir ainsi Dumon l'affaire d’Hautpoul est grosse. Vous avez bien raison il faut qu'il sorte. Mais le fera-t-on ? Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00549.jpg
Paris lundi le 14 octobre 1844, onze heures.

Vraiment vos lettres sont the most satisfactory imaginable. Tout est parfait. Il ne me reste plus qu’un bon passage, et une journée sans accident Mercredi, et je serai merveilleusement contente et heureuse. J’ai regardé déjà cent fois le ciel. Il y a des images, il y a des vents ! Je suis sortie hier quoiqu’un peu malade, j'ai eu tort. Je ne bougerai pas aujourd'hui. Outre mes crampes d'estomac je me suis enrhumée et je tousse beaucoup. Mais ce ne sera rien. Que les journaux sont charmants à lire. Comme cela fera enrager bien loin d'ici. Quel contraste. J’ai vu hier matin les Appony. Bacourt, Fleichman, Lady Cowley, le diplomates croient que le voyage fera un immense effet en Europe. Certainement il ne restera indifférent pour personne. Les meilleurs en resteront embarrassés. Pourquoi ont-ils peur, pourquoi en viennent ils pas rendre hommage ici ? Voilà le premier pays du monde comblant le roi de respect au delà de ce qu'on a jamais vu pour un monarque étranger. Quant aux malveillants imaginez ! Je ne sais pas vous parler d’autre chose d'ailleurs je ne sais rien. J’ai encore passé la soirée chez Annette. Elle se remet.
J’attends Génie. Il n’est pas si exact que vous. Hier il était bien content des nouvelles de Windsor. Il ne le va pas [l'être] moins aujourd’hui.

3 heures. Voilà Lady Cowley & Kisseleff dan ma chambre. Pas possible de continuer. Le temps est noir, du vent, ah mon Dieu, que je vais être inquiète. Adieu. Adieu. Adieu. Mille fois, ayez une bonne traversée. Revenez bien portant. Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23014_00413.jpg
Paris le 13 octobre 1851

Pas de lettre par la poste, ce qui me fait espérer Génie. Pas de nouvelles ce qui fait croire qu’on délibère. Molé m'écrit un mot pour me dire qu’il ne sait rien. Je suis aussi avancée que lui. La statue de Guillaume le conquérant est exposé aux Champs Elysées. Elle est affreuse. Sa vue ne pourra pas inspirer vos paroles.
J’ai vu beaucoup de monde hier mais rien que des étrangers. En français il n’y avait que Chalais. et d’Aremberg. Hubner est revenu très gai. Il a tout-à-fait de l'aplomb. Valdegamas me dit que Narvaez reste tout l'hiver ici. Voici Génie qui m’envoie la lettre d’Ellice que vous me renvoyez. Comme il n’est pas venu lui-même, je ne sais rien. Adieu.
J’ai vu Montebello un moment bien inquiet de sa femme & ne sachant pas un mot de rien.

Auteurs : Molé, Louis-Mathieu (1781-1855)

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L012_00434.jpg
Paris lundi le 12 Novembre 1849

Mad. de Boigne est restée longtemps ici hier matin. Elle est en grande recherche pour moi. Salvandy est venu aussi. J’ai oublié de le prier pour la soirée. Long tête-à-tête avec Hatzfeld. Quelques indifférents le soir un brouillard ni épais que personne n’a pu venir des quartiers éloignés. Les voisins sont venus. Molé, & Achille Fould, en blâme de la proclamation de Carlier quoique contresigné part F. Barrot. Le corps diplomatique de ce côté-ci de l’eau. Les Normanby toute la soirée, Lansdowne. Mes jolies dames russes. Enfin l’ordinaire. Salon élégant, point politique. Et c'est ce qui me va. Molé avait le matin deux heures de tête-à tête avec Lansdowne, il se disait content. Il avait l’air plus calme que l’autre jour. Lui aussi est resté jusqu’au bout. Le discours du Président hier est l'objet de l’éloge de tout le monde. On commence à croire tout-à-fait que le coup d'état est éloigné, cependant on veut se tenir préparé. Berryer n’est pas venu hier soir. Il m'écrit ce matin que le brouillard, l'a égaré c’est parfaitement. possible. Je deviens impatiente de Constantinople. Beauvale dit : " tout est fini, Brunnow rit. Il n’y a plus de flotte." C’est bel et bon de rire, mais je voudrais savoir vraiment que tout est fini. Vous verrez chez moi un collègue du pauvre Rossi, le duc de Rignoux. Il a l'air bête mais sa femme pas. Quel plaisir de penser que vous arrivez. Vous avez surement du plaisir à faire vos paquets & vos arrangements. La campagne est rude au mois de novembre. Adieu. Adieu. Adieu.
Je ne vous écrirai bientôt plus. A propos sachez que le jour de votre arrivée à Paris, vous me trouverez chez moi entre 7 à 8 heures. Je dis cela pour tel jour de cette semaine.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23013_00273.jpg
Paris, lundi 12 août 1850

Les Sainte-Aulaire ont été charmés hier de me voir. Ils m'attendaient au bord de la rivière que j'ai passée dans un petit bateau comme celui dont vous n'avez pas voulu sur le Rhin. Mais quand nous irons ensemble, nous n'userons point du petit bateau ; avec vingt minutes de plus on passe sur le pont de Corbeil. Rien que Mr et Mad. d’Harcourt, M. de Viel-Castel, M. Raulin, un M. de Kermarer, représentant et parent de Sainte-Aulaire, et moi. Amicale et agréable conversation. Il écrit ses mémoires avec passion. Elle a bien de l’esprit. Fusionniste, plus décidée que personne ; ne comprenant pas qu’on ne le soit pas si on est sensé et honnête. Ils sont bien établis. Ils resteront là jusqu'au 15 Janvier. Leurs enfants viennent alternativement leur tenir compagnie. Les d'Harcourt vont en Angleterre à la fin du mois, pour quelques jours le mari pour son héritage, la femme pour rendre ses devoirs à la Reine.
J’ai eu hier une longue lettre de la Reine, ancienne (25 Juillet) ; elle m'a été apportée par quelqu’un qui a fait de longs détours. A ce moment quoique après la fatigue de la première communion de M. le comte de Paris le Roi continuait d'aller mieux. Du moins la Reine le croyait et me le dit. Elle me remercie vivement de l’article de M. de Lavergne dans la Revue des deux mondes. Evidemment cela leur a fait un grand plaisir. Ils seront à Richmond samedi prochain 17.
J’ai oublié de vous dire qu’en passant à Bruxelles, j'ai redit au roi Léopold ma conversation chez vous avec le comte Chreptovitch. Vous vous la rappelez. Il en a été charmé. Van Praet m'a dit que le Général Skrinesky (est-ce le nom ?) n’était plus employé dans l’armée Belge. Il est en retraite. Ils n’ont plus dans l’armée que sept ou huit officiers Polonais dont il leur serait assez facile de se débarrasser. Il ne leur faut qu’une occasion naturelle, qui peut se présenter. Du reste, j’ai trouvé la Belgique, non pas agitée mais assez troublée de la retraite du Ministre de la guerre, retraite forcée par les susceptibilités et la mauvaise humeur de la garde civique de Bruxelles. Le 23 Février sans révolution. Il m’a paru que cela inquiétait les gens d'esprit. Là aussi, il y a de bien mauvaises idées et habitudes qui ne fermentent pas et n'éclatent pas tout de suite, comme en France, mais qui couvent et pourraient bien jouer quelque mauvais tour.
J’ai eu hier la visite de votre ministre des Finances, Achille Fould. Assez tranquille sur l'année 1851, sauf les trois derniers mois. C'est alors qu’il faudra prendre son parti. Le Président part ce matin. A tout prendre on croit que les manifestations favorables l'emporteront sur les manifestations hostiles. Je le crois aussi. Le second dîner militaire à l'Elysée (320 couverts, officiers et sous officiers, pêle-mêle, un choix dans deux régiments de ligne) a été plus tranquille que le premier à vrai dire assez froid. Je doute et on doute que cette pratique continue. Elle réunit médiocrement auprès des acteurs et déplait beaucoup au public spectateur. Je suis allé voir hier Kisseleff que j'ai trouvé sensé et content selon son usage. Il paraît croire d'après des nouvelles très récentes de Péterstourg que décidément l'Impératrice ira passer l'hiver à Venise. Il ne m'a rien dit de M. de Brünnow. Le Roi Othon a été très satisfait du résultat des débats de Londres. C’est à Athènes une reculade, avérée pour l'Angleterre et Lord Palmerston. M. Thouvenel a un congé de trois mois. Mais il reste Ministre à Athènes et en bonne position. M. Drouyn de Lhuys écrit que Lord Palmerston n’est pas reconnaissable, doux, patient, craignant les affaires. s'y prenant de loin pour les éviter et demandant qu'on l'aide à les éviter.
Adieu. Adieu. J’espère que vous êtes bien établi à Schlangenbad. Je pars demain soir pour Trouville. Adieu. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23015_00407.jpg
Paris lundi le 11 octobre 1852

Hier il n’y a pas eu moyen de vous écrire. Une matinée toute employée à empêcher Aggy de partir. Quel ouvrage, quelle fatigue pour moi. Marion me parait toucher un peu à la folie. Je vous envoie sa lettre, c’est une exaltation touchante, mais c'est trop. Evidemment ses relations avec ses parents sont bien mauvaises elle les prend en horreur. Qu'ils me l'envoient. Je suis convenue avec Aggy qu’elle attendra ici que ses parents lui permettent de revenir. S'ils la veulent je n’y peux plus rien mais j'ai écrit au Père et à Marion dans un sens très raisonnable, & qui devrait les faire persévérer à désirer qu'ils ne reviennent pas. Je vous remercie du travail que vous faites de votre côté.
Je vous ai fait dire un mot hier par votre petit ami. Cela me venait de Mad. de Contades qui avait lu la dépêche chez Persigny. Ce que dit le Moniteur aujourd’hui n’est pas si clair mais il l’indigne. Au surplus attendons le texte même des discours qui a été dans tous les cas très important. Je regrette que Fould ne soit pas venu.
Le comte [Nesselrode] m'écrit une bonne lettre sur Paul. Il causera avec lui et ne soumettra rien à l’Empereur que d’accord avec mon fils. Meyendorff est très monté contre la presse Belge, & veut qu’on en finisse. Il faut de lois de septembre & qu’elles s’exécutent, la protection de l’Europe est à ce prix. A Berlin on pense de même et qu'il faut forcer le Piémont aussi. La France a le droit de le faire. Cowley a peur de Stratford Canning. Il craint qu’on ne veuille accréditer un nouvel ambassadeur auprès du nouvel empire. Le nonce n'ex prime guère de doute sur l’arrivée du Pape. D’autres diplomates disent qu’il ne faut pas permettre que le Pape vienne. Je crois moi qu'il viendra. Je ne sais rien ce matin. Le Prince de Ligne qui retourne demain à Bruxelles a l'espoir d'être nommé ici, je le désire. Adieu. Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23014_00167.jpg
Paris lundi 11 août 1851

Je me lève tard. J’étais fatigué de ma nuit en malle poste et en chemin de fer & de ma journée de visites. Je n'ai que le temps de vous dire adieu.
Déjà douze personnes sont là à m'attendre. Votre lettre de mardi me revient à l’instant du Val Richer. Je vous ai écrit tous les jours à Francfort sur le Mein, selon vos instructions. J'en ferai encore autant pour ceci, puisque vous ne me dites pas le contraire.
Je suis bien fâché de votre ennui. Il est impossible que vous n'ayez pas eu trois lettres à la fois. Je ne suis pas mécontent de ce que je trouve ici. Rien de bien actif, mais l'accord des deux bons partis monarchiques consolidés, la ferme résolution de rester unis et d'agir ensemble, quoiqu'il arrive, la coterie régentiste plus réduite et plus décriée qu’elle n'a encore atteint, les pointus légitimistes de très mauvaise humeur mais n'entraînant point leur parti, et traînés eux-même à la suite des sensés. Que sortira-t-il de là ? Je n’y vois pas plus clair qu'auparavant ; mais je redoute un peu moins cette obscurité.
Molé et Duchâtel qui sont à la campagne en reviennent aujourd’hui pour me voir. J'ai vu Broglie longtemps. Nous dînons ensemble aujourd’hui. Personne du reste dans Paris, sauf les prétendants ... à l'Académie qui m'assomment. Adieu. Adieu.
Quel perfide discours de Palmerston ! Adieu. G.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23014_00171.jpg
Paris. Lundi 11 aout 1851
3 heures

Je reviens du grand concours où j’ai été reçu, en entrant dans la salle, plus bruyamment encore que l’an dernier. Et quand mon fils a été nommé, son nom a amené deux fois une nouvelle explosion. Il faut se féliciter de la mobilité de mon pays ; elle le perd et le sauve tour à tour. Ce qui ne veut pas dire que je le croie sauvé parce qu’il recommence à m’applaudir.
J’ai eu du monde constamment, quoiqu’il n’y ait personne ici. Je vous ai déjà dit ce matin, je crois, que j’avais été content hier de la conversation du Duc de Broglie, très content, et pour le fond des choses, et pour sa propre disposition. Il regarde l’union comme très bien établie entre les deux corps d’armée conservateur et légitimiste, et il les croit décidés l’un et l'autre à faire ce qu’il faudra pour la maintenir. Il loue beaucoup Berryer, talent et conduite. Il s'attend, au mois de Novembre, à une majorité, encore insuffisante, pour la révision, mais plus forte. Les conseils généraux et les consuls d’arrondissement seront presque unanimes. Le pétitionnement recommence. On ne veut que des signatures nouvelles. Que résultera-t-il de tout cela au Printemps ? On n'en sait rien. On ne s'inquiète pas de le savoir. On ne s’inquiète que de l'élection de l'Assemblée, très probablement au mois de mars. On l'espère bonne, au moins aussi bonne que celle-ci, et plus décidée. Si on y réussit, on verra après. On aura fait ce qui fera ce qui sera possible.
Le Président se conduit tranquillement, sans autre dessein ni travail que sa réélection. C’est toujours le plus probable. Jusqu'ici le mouvement n’est pas vif pour le Prince de Joinville et lui ne dit ni oui, ni non. L’Elysée parait plutôt content qu'inquiet de cet incident.
Lord Aberdeen m'écrit qu’il part pour l’Ecosse où il me presse fort d'aller. Je n'irai point. Il me dit : " We expect a new reform bill at tre opening, of the next session of Parliament. If Lord Derby at that time should be prepared to abandon his present policy of protection and dear bread, he may very probably be able to oppose Parliamentany Reforme with success. But if not Lord John may carry universal suffrage, if he should think proper. Whatever exertion or sacrifice may be necessary to secure free trade will be cheerfully made."
Nous verrons si l’aristocratie anglaise aura son vieux bon sens. Je trouve que dans ces derniers temps, son bon sens et son énergie ont également faibli. Elle a été plus entêtée que hardie.

Mardi 12
M. Molé est venu hier pendant que je vous écrivais. Il arrivait du Marais. Je le reverrai aujourd’hui avant de partir. Nous aurons notre petite réunion pour les affaires de l'Assemblée nationale. Duchâtel est arrivé aussi hier soir. Kisseleff est venu me voir après Molé. Vous manquez beaucoup à ce monde. Kisseleff dit qu’il use ses redingotes n'ayant plus une occasion de mettre un habit. Molé part samedi pour Champlâtreux, jusqu'au mois de Novembre. Il se promet que vous irez l’y voir.
Changarnier est parti tout de suite pour la Bourgogne ; triste, et commençant à s'apercevoir qu’il n’a pas bien conduit sa barque. Pas la moindre nouvelle d'ailleurs.
Autre visite hier, qui m’a intéressé et plus. Le comte de Thomar que Païva m’a amené. Encore jeune, physionomie spirituelle ; mélange de gravité espagnole et de vivacité italienne. Bien méridional. La langage plus impartial et plus calme sur ses ennemis qu’il n’appartient aux méridionaux. Il est ici pour quelques semaines. Et en automne, il compte aller reprendre sa place dans la Chambre des Pairs de Lisbonne. Rien ne l'en empêche. Adieu.
Je repars ce soir à 6 heures emmenant tout ce que j’avais laissé ici des miens. Je voudrais bien que vous me dissiez ce matin que votre tête va mieux. Adieu, Adieu.
G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23014_00540.jpg
Paris Lundi le 10 novembre 1851

Soirée très orageuse hier. L'allocution du Président aux affaires. Piscatory, Molé, Berryer, Montebello très montés. Montalembert n’en parlait pas. Fould approuvait en général cependant cela était regardé comme une nouvelle provocation, et l’on croit généralement que l’Elysée veut la crise.
Je vous verrai donc après demain. Grande joie. Mais voici deux recommandations. 1° Ne venez pas avant 3 1/4 je ne puis pas vous recevoir avant.. C’est trop long à expliquer. 2° faites-moi la grâce pour tout ce premier jour de vous borner à écouter tout le monde, et puis vous digèrerez ce mauvais dîner et vous pourrez avoir un avis le lendemain. On en sera très avide, c’est tout juste pour cela qu’il ne faut pas vous presser. Mon impression à moi est de trouver la conduite du duc de Broglie très bonne. Je ne suis pas suspect quand je le loue. Je trouve à Molé l’air mal à l’aise. Au reste depuis bien des jours je n'ai plus de tête-à-tête.
2 heures. Adieu. Adieu. Des nouvelles indirectes disent que le passeport est accordé !

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L013_00058.jpg
Paris lundi le 10 Juin 1850

Montebello n’est point parti. L'affaire du tombeau de l'Empereur sera portée à l’assemblée après demain, Duchatel a désiré qui Mont[ebello] reste pour cette discussion. Thiers part aujourd’hui & avec toute ses femmes. Il sera demain à St Léonard. Il y restera deux ou trois jours, il ne touchera pas à Londres, & il veut être de retour ici samedi : je l'ai encore vu hier matin à Passy. très bien sur l’affaire anglaise. Delessert mande que le roi est très bien de tête, mais le corps s’en va. Il peut dîner un mois, il peut partir dans deux jours. Il n’y a pas de temps à perdre. Tous vos amis disent qu'il faut que vous vous pressiez et tout bien considéré nous croyons que vous devriez être ici samedi au plus tard pour aller en Angleterre lundi. Je suppose que d’autres que moi vous disent cela.
J'ai été bien contente du général de Lahitte hier. Bien ferme, bien décidé. Il ne faiblira pas, & il croit que P[almerston] se rendra. Dans ce moment votre lettre. Elle me frappe. Vos observations peuvent être justes. P[almerston] intrigant à Athènes. C’est possible. Mon espoir que nos agents à Athènes empêcheront cela. Brunnow a fait le 14 mai une prestation formelle à Londres contre le dénouement à Athènes. Le [cabinet] impérial vient de confirmer & ratifier cela, & de l’envoyer ici. On est content
Midi. Je viens de lire la protestation. Elle est très énergique, très forte. Brunnow ce jour là 14 mai demandait à Drouyn de Lhuys de la signer avec lui, il n’a pas voulu. Nesselrode l’a dit à Castelbajac en le plaignant un peu, à quoi Castel. Que venait de recevoir un courrier de Paris a répondu nous avons fait mieux que cela, nous avons rappelé notre Ambassadeur. Nesselrode s'est dit content. C. Greville me mande. Les puissances du continent renverseront P[almerston] si elles se décident à rester froidement polies, & à faire comprendre qu’elles ne feront aucune grande affaire avec l'Angleterre sous cette administration du Po. Ce sera une situation intolérable, & que nous ne voudrons pas endurer. Lady Allen me mande que Brunnow part le 20 après le Drawing room de la Reine, & que John Russell a dit à Disraeli que c’était un recall. J’en doute d’après l’approbation très méritée de sa protestation.
2 heures. Je suis chargée de vous dire qu'avant hier il y a eu un long entretien entre Molé, Thiers & Broglie. Les deux derniers parfaitement d’accord, tellement que Molé ne peut plus reprendre ce sujet avec votre ami. Il est bien important que vous veniez & que vous partiez. Je compte sur Samedi au plus tard. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23014_00252.jpg
Paris le 8 septembre Lundi

Votre lettre sur Aberdeen est excellente. Vous me direz ce que vous lui aurez dit. La mienne est partie, de la tristesse de la part [?] qu'il a à une mauvaise action. Votre observation sur le langage de Changarnier à la Commission me parait bien juste aussi, & neuve. Je ne l’ai entendu faire à personne. Je saurai des nouvelles de lui aujourd’hui.
Hier soir j’ai vu la diplomatie y compris le nonce et mon nouveau favori le Prince San Giacomo. Vraiment charmant. Rien de nouveau du tout. Paris est désert & ignorant. Le Président s’est établi à St Cloud pour la chasse. Constantin me mande qu'on est ravi des ordonnances autrichiennes. L’entrevue entre Le Roi de Prusse & l’empereur d'Autriche à [?] a réussi à merveille. J'écris aujourd’hui à l'Impératrice par une bonne occasion. Adieu ma lettre est pauvre. Je crois que je vaudrai mieux demain. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23015_00497.jpg
Paris lundi le 8 Novembre

Vous avez le Moniteur et vous savez tout. Jérôme continue à être enchanté, et sûr de son fait. Il a de quoi. Les deux paroles de Fould hier soir me la laissent pleine conviction que le Prince va lui rendre ce que le Sénat lui avait ôté l'héridité de tout cela. Il reste l'homme au Sénat. Une voix a été opposé à l’Empire, c’est celle de M. Vieillard le précepteur du Prince, Sénateur et doté de 30 m. fr. de rente. Je ne sais rien de plus. Ma soirée m'a fatiguée, et je le suis beaucoup aujourd’hui. Adieu.

Auteurs : Mettetal, Pierre-Frédéric (1814-1879)

Auteurs : Mallac, Eloi (1809-1876)

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23015_00295.jpg
Paris le 6 Septembre 1852

J'ai manqué Fould hier, ce que je regrette. Je ne le verrai que demain, il est à sa cam pagne, certainement le Moniteur est à lui. J’avais oublié de vous dire. Il n’y a de communiqué que ce qui passe par lui. J'ai vu longuement Cowley hier. Voici ce que je relève de plus frappant de son opinion personelle " jamais un Bourbon ne pourra tenir en France. " Il regarderait donc une restauration comme devant ramener une révolution. Il est très décidé dans cette opinion. Il paraît qu’avant la conclusion de l’arrangement avec la Belgique. Les propos ici ont été très vifs jusqu'à menacer d'une invasion, aujourd’hui on se dit très content des deux côtés.
C’est Londonderry qui a eu la jarretière. Il a menacé de retirer trois voix au ministère dans la Chambre basse. On a cédé. Cela aura fort déplu à la Reine. Je doute que cela plaise au Président. Le dîner à St Cloud a commencé par un mistake. On était prié pour 5 1/2. Le Prince n’y était pas. Il se promenait à Bagatelle, il n’est rentré qu'à 6 1/2. Banischi avait fait le mépris. Le Prince s’est confondu en excuses. Il n’y avait personne Granville que Hubner, les Drouin de Luys, et une dame Rouger un peu leste. On a joué après mais pour de l’argent. Le Prince toujours très aimable puisque Hubner y était pour la princesse, Cowley aurait pu y être, ou Granville. Il n’y était pas. Hubner a dîné 3 fois depuis 3 semaines, pas un autre diplomate n’y dine.
J’ai eu hier une lettre toute d’amour de l’Impératrice elle-même. Elle m’écrit malgré ses yeux, & si tendrement ! Je ne sais rien de mon fils. Madame Kalerdgi était ici hier soir, maigrie, bien empressée pour moi, plein d’un nouveau roman allemand. Elle va en Russie dans 15 jours. Elle lève le camp à Paris, & n’y viendra plus qu'en passant. Molé avait l'air triste. J’avais assez de femmes. Il y a une grande disette d’hommes. On me conte qu'à Bade la suite du Prince s’y est rendue. Odieuse par sa jactance. Là on ne croit pas au mariage la [grande duchesse] Stéphanie serait contre ; elle veut du plus assuré pour sa petite fille. Il est question de Luitpold de Bavière qui doit être roi de Grèce. C'est Mad. Kalerdgi qui me rapporte cela, elle en vient. Voilà je crois toutes mes nouvelles.
Kolb part demain pour Bade avec les Delmas. Oliff est toujours à Trouville. Aggy s'en va après demain pour 10 jours chez les Hainguerlot. Vous voyez qu'on me délaisse. Je ne puis pas m'opposer. Adieu. Adieu.
Persigny n'a fait aucune affaire à Londres, et n’y a vu personne. Il a fait une visite de politesse à Malmesbury voilà tout. Il y était allé simplement pour amuser sa femme. Il est très amoureux d’elle. Voici quelques extraits de la lettre de l’Impératrice. Vos lettres me sont encore plus chères qu’autre fois, puisque nous nous connaissons et nous aimons encore mieux. Se revoir nous a réchauffé le cœur l'une pour l’autre. Je sais que sous la [Princesse] Lieven politique il y en a une autre qui est à moi, et à Dieu. Midi. Aggy remet son voyage à Tours jusqu'à la semaine prochaine

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23014_00383.jpg
Paris le 6 octobre 1851 Lundi
Je suis bien aise de ce que vous me dites à propos d'Abdel Kader c'est bon au besoin. Trop long à vous expliquer pourquoi. J’ai vu assez de monde hier mais rien d’intéressant, le comte de Thomas, comme nouveauté. Pas de Français intéressant. Thiers part aujourd’hui pour Valenciennes, dit-il. Une absence de 5 jours. Lamoricière n’est pas allé en Angleterre comme il en avait le projet. Hatzfeld est venu me dire adieu. Il part ce soir pour Berlin.
Malgré tout mon [?] de rester si longtemps sans vous voir, d'autant plus qu’à présent je suis vraiment sans ressource, je ne puis pas regretter votre absence. Il est bon que vous restiez tranquille et loin dans ce moment de bavardage stérile. L’agitation ne sert jamais et elle ôte toujours un peu de la dignité. Quelle pauvre lettre ! Mais je ne sais absolument rien. Adieu. Adieu

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L012_00385.jpg
Paris lundi le 5 Novembre 1849

L’Empire était moins florissant hier que la veille. On a l’air de le croire trop difficile pour qu'il arrive. Cependant comment rester stationnaire après le message. Il faudrait donc reculer ? Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. Molé le [?]. Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres. C’est naturel, c'est bien jugé, et cela profite. A nous, beaucoup, tous les deux sont bienveillants pour la Russie, et fort impatientés du joug de l'Angleterre. Hier Kisselef a eu sa première entrevue avec Hautpoul, avant d'entamer, celui-ci lui a annoncé que l’ordre pour le retour de la flotte venait de partir. à la bonne heure. Je ne sais pas encore si cela s'est fait d’accord, ou non avec l'Angleterre. Hautpoul très Russe. Je vous dis que tout le monde est russe. Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume " personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. " Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, la Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. J'ai eu des lettres d'Aberdeen de Beauvale de Clauricarde. Tout le monde me demande d'écrire, d'expliquer, d'inexplicable message. Montebello est prié à dîner aujourd’hui à l’Elysée. Votre ami B.[roglie] lui a dit de refuser. Moi je lui ai dit d’aller, et il ira. Quelle idée a votre ami. En pratique quel pauvre esprit ! Comme il doit avoir fait des fautes de convenances et de tact dans sa vie. En y pensent bien je crois que le tact est un ingrédient bien nécessaire aux choses de toute taille. 1 heure. Point de lettres ce matin. Qu’est-ce que cela veut dire ? Je ne suis pas bien depuis quelques jours. Du rhumatisme, pas d’appétit et peu de sommeil. cela reviendra peut-être. Adieu. Adieu. Adieu. Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L013_00015.jpg
Lundi le 3 juin 1850

Pas de rencontre hier matin. Thiers était parti pour deux jours pour Lille. Chez moi, le soir Lahitte, Molé, Berryer et tout le monde. Lahitte content de lui même & avec raison. J’ai conjuré de trainer. Molé insiste sur cela aussi. Le Chancelier a tenu hier soir le même langage à Lahitte. Celui-ci dit. S'il me cède tout je n’ai pas le droit de traîner, c’est vrai, or, il me semble que Pal[merston] est en train de consentir à ce que la convention de Londres soit la bonne, pourvu que le gouvernement grec la préfère à l’autre. Ceci aussi semble logique & convenable. Voilà donc où l'on en est. Cela n’est pas fait, mais c’est en train de l’être. Selon moi, la reculade serait si éclatante, que je ne vois pas même le tort que cela ferait à la discussion de vendredi, si c’était fait jusque-là. Mais voici bien des doutes sur vendredi, on dit que les Pairs auront peur. Peur parce que c’est fait du ministère. Selon des nouvelles de là il y aurait majorité de 16 ou 17 contre la motion de St[ratford]. Nous verrons. Hier aux courses de Versailles. Lord & Lady Normanby étaient dans la tribune du Président, & très bien venu de lui. Cela a fait un mauvais effet. C'est de bien mauvais goût. Le langage de Lahitte excellent contre Palmerston. Berryer me dit que le P[résident] est fâché du succès de la loi & de l’énorme majorité. Molé me dit exactement le contraire. Qui croire ? Tous les Elyséens ont voté pour. La situation de Changarnier est toujours très chanceuse au dire de tous. Piscatory pas intéressant & pas au courant.
2 h. Ma visite maniaque me dit que le P[résident] est absolu, capable de choses très inattendues on a l’air de croire qu'il y aura aujourd’hui un message. Quoi ? J'écris du volume à Ab[erdeen] et voici mille interruptions. Chang[arnier] sort d'ici. Il veut qu' Aberdeen fasse mention de notre dépêche du 3 de mai dans la discussion vendredi. Et qu’il ne se gêne pas. Je lui vante donc la bride sur le cou. Adieu. Adieu. Je suis bien pressée. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23015_00473.jpg
Paris le 1er Novembre 1852

Beaucoup de monde hier soir. Fould très entouré. Discret, rêveur, plutôt triste, maigri. La fabrication de l'Empire n'engraisse pas les gens. La descendance directe, l’adoption, à défaut de cela Jérôme, voilà le fond du Sénatus consulte. Tout sera convenu jeudi. Rogier aussi était chez moi hier soir. Le ministère [?] est fait. La presse sera certainement mise à la raison en Belgique. Il faut des lois de 7bre. Toutes les puissances insistent. [Cavou] est à la tête du Ministère à Turin. C’est l'Angleterre qui l'a poussé là. Hatzfeld est arrivé hier soir Hubner l’avait vu un moment et en revenait triste. Tout est incertain. Attendons Pétersbourg. Abdel Kader fait fureur en haut, en bas partout. Il retourne la semaine prochaine à Amboise. Adieu. Adieu. Les forces s’en vont tous les jours.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L013_00142.jpg
Paris le 1er Juillet lundi 1850

Je trouve que le débat a été bien grand et que quand on voit tous les hommes les plus considérables de l'Angleterre condamner un ministre, ce ministre est virtuellement fini. J’ai bien aimé ce que Peel a dit sur vous. La politique anglaise est claire. La propagande partout on est averti. J’ai vu vos amis & Morny & Kisselef. Je reverrai tout cela aujourd’hui, & demain matin ! Je pars. Adressez encore demain votre lettre à Paris. Et puis vous adresserez à Ems. Duché de Nassau. Allemagne.
Lord Aberdeen m'écrit, point surpris de vote. La crainte d'une dissolution a agi sur beaucoup de votants. La situation ministérielle confirme for the present, cependant the vote of the lords stands recorded. La défense de Lord Palmerston est un manifeste de radicalisme, il ne peut pas vivre en bonne intelligence avec les autres puissances. This can not last long. Il me recommande ce discours & Gladstone comme admirable. Lord John is talking of a foreign cabal insinuated more than he chose to express. Aberdeen a eu une longue conversation : avec Brunnow, & devait recommencer. His position is not very intelligible to me. Voilà toute la lettre. Je vous dis vraiment. Adieu de Paris. Vous serez un jour au moins sans lettre de moi. Je vous écrirai de Bruxelles. Adieu. Adieu. Adieu.
Nous serons bien loin ! Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00245.jpg
Il n'y a pas eu moyen d'aller vous voir en sortant du Conseil. J’ai été tout de suite à la Chambre, et j'en sors. Séance désagréable, sans autre importance que le désagrément. J’ai soutenu le Moniteur. Adieu.
A 8 heures et demie.
Adieu. Adieu. Votre lassitude de ce matin me déplait. G. Lundi 1 Juillet
5 h. 3/4

Auteurs : Darcy, Hugues-Iéna (1807-1880)

Auteurs : Dupanloup, Félix (1802-1878)

Auteurs : Molé, Louis-Mathieu (1781-1855)

Auteurs : Vitet, Louis, dit Ludovic (1802-1873)

Auteurs : Vitet, Louis, dit Ludovic (1802-1873)

Auteurs : Isdang, S. (?-?)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Darcy, Hugues-Iéna (1807-1880)
MF-G-L#023_00436.jpg
J'ai appris par M. de Latarelle que vous avez fait une chute dans votre cabinet contre je ne sais quelle peau de bête entendue sur le sol.

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893)

Auteurs : Buloz, François (1803-1877)

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Darcy, Hugues-Iéna (1807-1880)

Auteurs : Falloux, Frédéric-Alfred (1811-1886)
MF-G-L#021_00033.jpg
J'ai également à cœur Monsieur de vous dire combien votre pensées m'a été présente en apprenant la mort de Madame la Princesse de Lieven. Toute les blessures de votre âme ont dû se rouvrir à cette perte une telle amie ne se remplace, ni ne s'oublie ; et nous vivons à une époque où les tristesses publiques rendent encore plus sensibles les afflictions privées. Veuillez donc me compter parmi ceux qui joignent avec le plus de sincérité leur sympathie à votre douleur.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Mirbel, Lizinska Aimée Zoé de (1796-1849)

Auteurs : Lenormant, Charles (1802-1859)
Formats de sortie

atom, dcmes-xml, json, omeka-xml, rss2