Guizot épistolier

François Guizot épistolier :
Les correspondances académiques, politiques et diplomatiques d’un acteur du XIXe siècle


Votre recherche dans le corpus : 5377 résultats dans 5377 notices du site.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23016_00009.jpg
Paris Dimanche le 29 mai

Le Moniteur vous annonce le départ du Prince Menchikoff. Il a longtemps attendu quatre délais successifs. C’est fini. [Kisseleff] croit aux coups de canons immédiats.
En dépit des réflexions du Moniteur, il n'y a que cela de convenable après le fracas, les lenteurs et tout ce que nous avons vu depuis trois mois. Je ne crois pas que l'Angleterre nous fasse la guerre, & la France ne fera rien & ne peut rien faire seule. L’Alarme est grande ici. Voici la lettre d’Ellice d'hier vous y verrez que le ton de Brunnow est devenu un peu arrogant.
Enfin toute cette affaire est une affaire, et les conséquences peuvent être grandes. Ce qui m'effraie c’est la colère où va entrer mon Emp. Si on s'avisait de dire qu'il a manqué à sa parole. Il n'y a pas manqué. Nous n’avons élevé aucune prétention nouvelle. Nous demandons la consécration du rien, & nous les demandons sous une forme plus obligatoire que les firmans, parce que nous avons fait l’expérience de peu de valeur des firmans, témoin Lavalette.
Que de choses curieuses j'aurais déjà eu à vous dire depuis 2 jours ! Je n’ai pas vu Fould. Flahaut est toujours très bien. Noailles a la tête perdue. Que sera ce quand le canon aura tiré ? J'ai eu hier des données détestables sur le professeur Allemand que je voulais prendre. Il faut que j’y renonce et je n’ai personne, et cela à la dernière heure ! Vous me voyez m’agitant ? Comment n'ai-je encore rien eu de vous depuis votre départ. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00467.jpg
Me voici arrivée. J'ai hâte de vous voir, de vous regarder et de vous dire adieu. Dites moi où vous voulez que cela soit. Je puis aller chez vous de suite ou à telle heure de la matinée que vous fixerez. Rien ne me gêne. Et, il faut que je vous voie ce matin parce que comme mon fils dînera avec moi, je ne pourrais pas me débarrasser de lui à temps pour vous aller voir ce soir. Je vous préviens qu’il ne fait pas chaud chez moi ; on n’allume le feu que dans cet instant. Ainsi il vaut sans doute mieux que j’aille chez vous. Commandez que je vous remercie de vos deux lettres. Adieu. Adieu.

Dimanche 29. à 1 heure.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00470.jpg
Vous êtes charmante d'être arrivée. Venez me voir dés que vous voudrez. Le plutôt sera le mieux. Pas avant une demi-heure. On ne veut pas que je sorte aujourd’hui à cause de l'humidité. Je vais mieux et j'irai bien à condition de me ménager beaucoup. Adieu. Adieu.

Dim. 29 1 h. 1/2

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23013_00427.jpg
Paris Dimanche 29 septembre 1850

J'ai eu hier toute la journée la tête prise par une violente migraine. C’est un peu passé aujourd’hui. Ce qui ne passe pas c’est mon rhume de poitrine. Je prévois que je le trainerai tout l'hiver. Je n’ai presque vu personne. hier. Le Prince Paul. Madame Kalergis, Balabrice, & Tolstoy vous conviendrez que c’est du régime. Mad. Kalergis voit beaucoup M. de Persigny ; je vous ai dit qu’il est à Londres, & pourquoi il y est. Voilà donc Radony aux affaires étrangères. Cela va nous réjouir ! Je reste sans lettre de Constantin, c’est inconcevable quant à mon fils, je n’aurai de ses nouvelles que de Naples, Cela va encore être bien long.
Vous ai-je dit que Marion est ici depuis dix jours & que je ne l’ai pas vue encore ? Elle m’a écrit de Brighton pour me dire de l’ignorer complètement, que cela lui était nécessaire pour régler le reste de son hiver. Ainsi pas même un petit billet vert, j'obéis. Ils sont tous ici, tout le monde les a rencontrés, & j'en reste là. Je ne comprends pas son calcul, & je crois qu’elle fait une inconvenance et une bêtise. J'oubliais la princesse de Ligne qui est venue me voir hier, le reine des Belges est au plus mal. Voici une lettre de Lady Allice qui a vu la reine à Clarmont dans le désespoir à propos de sa fille. Elle veut aller la voir le 5 octobre. Le duc de Nemours dit qu’il laisse à sa mère cet espoir mais que sa pauvre soeur sera morte avant. Comme c’est triste ! Beauvale me mande que Schwarzenberg demande à l'Angleterre réparation pour l'outrage commis sur la personne du général Haynau et que c'est l’armée autrichienne qui l’exige. Schwarzenberg cite Pacifico, qu’y a t-il à répondre ? Cela peut encore devenir une affaire.
Enfin une lettre de Louise. Constantin absent avec le roi aux manœuvres. Pas de catastrophe, & j’ai été une sotte. J'enverrai à Fleichmann votre première feuille. Adieu. Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00244.jpg
Je vous envoie Génie si vous avez quelque chose à me dire sur l'emploi de votre matinée, il me le transmettra sur le champ.
Voici une lettre de Londres, qui ne me plait pas, sur l'avenir du Cabinet. L'Empereur de Maroc me paraît bien belliqueux. Il a rejeté la médiation de l'Angleterre dans sa querelle avec l’Espagne, et l'ultimatum de l’Espagne. Je n'ai rien d'ailleurs.
Comment êtes-vous ? Hier soir, je vous ai trouvée mieux, physiquement au moins. Adieu. Adieu. G.
Dim. 30 Juin - midi

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L013_00137.jpg
Paris Dimanche le 30 Juin 1850

Me voilà encore. J’étais si lasse hier que je n’ai pas pu faire mes derniers arrangements. Londres m’a troublée aussi, & le parlage chez moi. Enfin je ne suis pas partie ce matin, comme j’avais voulu le faire & ce n’est que mardi matin qui je m'embarque pour cet ennuyeux voyage. Je ne m’explique pas la majorité de 46. Pour le ministère. Le Général Lahitte m’a envoyé la dépêche télégraphique hier avant 5 heures. Très bien, rien que le chiffre. Je suis curieuse des détails. Qu’aura fait Peel ? Le coup au visage de la Reine est quelque chose dont on ne revient pas. L'histoire du monde n'offre rien de semblable. Cette brutalité révolutionnaire ! Car l'homme n'est pas fou.
Morny est venu hier, ayant l’air fâché du succès de Pal[merston]. Je lui ai dit que tout le monde l'était, moins un, le Président. Il a peu disputé. Le Prince croit que Pal[merston] est son ami, & qu'Aberdeen serait son adversaire. Comme c’est jugé faussement ! Voilà donc les pièces. Certainement la réponse de Lahitte est sèche. Drouyn de Lhuys va repartir. Il n’y a pas de motif pour ne pas retourner à Londres, & je crois que Mareschalchi est un pauvre correspondant.
Midi. Voici Ellice & lady Allice. Le premier embarrassé. Disant que c'est la guerre entre les deux chambres, & qu'au besoin Lord John pourra bien appeler à son secours les moyens révolutionnaires ou à peu près. La lettre n’a pas de valeur. Lady Allice dit, au moins voilà les partis mais, Peel, Graham, votant avec les Conservateurs & Protectionnistes. Personne ne dit si Peel a parlé. Je croirais que non. De l'aveu de mes deux correspondants, John a fait un mauvais discours. Disraeli aussi. Personne ne dit un mot du coup de canne à la figure de la Reine. J’espère avoir un mot, d’Aberdeen, Cela vient plus tard. Flahaut très Palmerstonnien, voilà ce que me dit lady Allice et ce que vous aviez dit avant elle.
2 h. Je viens de parcourir le Times bien rapidement. Peel a parlé & fortement & bien, du moins c'est ce qu'il me semble avec mes pauvres yeux. Tout cela est d'un longueur excessive. Il ressort de ce débat que les partis sont unis sur la question étrangère. C’est assez bon. Adieu. Adieu. Que vous dites vrai sur les points pas touchés ou faussement touchés par Palmerston Mais what use now ! C’est fait et j'espère que l'Angleterre aura une petite révolution. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23015_00469.jpg
Paris le 31 octobre 1852

Hier il n’y a pas eu moyen. de vous écrire. Depuis midi Cowley & la reste de l'Europe. sans désemparer. Chacun se conte sa nouvelle. Je n'ai rien de direct. Pas un diplomate n’approche de St Cloud. Cela ira comme cela jusqu’à près l'Événement, car que peut- on se dire à présent ? Et moi aussi je n’ai rien à dire, rien à vous conter. J'écris à l’Impératrice par des occasions un peu le bavardage de mon salon, je n’en ai pas d’autre.
Le 4 est attendu avec curiosité. Ma rue est remplie de curieux pour voir Abdel Kader. On le dit superbe. Le Moniteur vous en régale aujourd’hui. Callimachi prend sa destitution assez gaiement. On dit que lui, Lavalette & Monssouron? qui est à [?] ont fort bien arrangé leurs affaires. Je ne sais pas du tout si nous nous sommes mêlés de ce qui s’est fait à Constantinople. Stratford Canning travaille beaucoup à se faire nommer à Paris, je doute qu’il réussisse. Hatzfeld arrive aujourd’hui. Adieu. Adieu.

Auteurs : Molé, Louis-Mathieu (1781-1855)

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23015_00378.jpg
Paris dimanche le 3 octobre 1852 hier

Je n’ai pas pu vous écrire. entre mes souffrances & ma profonde tristesse, il valait mieux ne pas essayer. Ne me parlez pas de ma santé, c’est inutile. Les paroles et des louis n'y font rien. Parlons de ce qui se passe. Rien de nouveau.
Le lac français fera une petite affaire. Il faudra désavouer. [Drouin de Lhuys] a blâmé et l’a dit. Les Holland sont ici. Ils ont diné à Meudon. Jérôme est très inquiet. Il ne sait pas quel sera cet empire. Il leur a dit qu'on a offert à son fils de choisir à l’étranger tel poste qu’il voudrait. Il a tout refusé. Il ne bougera pas. Quoique je vois beaucoup de monde le matin et le soir, je n’apprends rien. Tout le monde attend [?]. Le moment de l’Empire reste tout incertain. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23015_00291.jpg
Paris dimanche le 5 Septembre 1852

J'ai manqué la petite princesse hier. Elle m’a fait attendre. Je suis partie sans elle, de sorte que je ne sais rien de sa journée de St Cloud. J’ai vu du monde le soir. Pas Molé, il était aux pieds de Kalardgi arrivée dans la journée et trop fatiguée pour venir chez moi, de sorte que je n’ai pas joui des premiers transports. Mad. Roger est venue me voir. Elle a passé quelques semaine en Suisse auprès de la Duchesse d'Orléans, qui est en assez mauvais état de santé. Elle va à Eysenach mais il n’y a rien de là pour l’hiver.
Comme la description de la bataille de Waterloo est belle dans Lamartine ! L'avez vous lue ? C'est charmant. Molé trouve qu’il ne sait pas le français et que tout est menti dans son ouvrage. Lamartine ne trouve pas M. Molé un grand homme. Adieu, car je n'ai rien à vous dire. Il pleut aujourd’hui ; j'aime mieux, cela que le beau temps, parce qu'alors je me résigne mieux à Paris. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23015_00266.jpg
Paris Dimanche le 29 août 1852

Aujourd’hui grand mal de tête. Je ne pense plus qu'à mes maux. Quel ennui ! La rentrée en faveur de Radowitz fait un effet déplorable en presse. On est furieux. J’ai vu hier un moment Montebello. Il passait par Paris retournant en Champagne. Vous n’avez pas d’idée comme Paris est vide, c’est très humiliant d’y être. Comme mon été a été massacré. Génie est venu me voir un moment. Il me dit que votre fille Pauline n’est pas bien. Vous ne ne m'en parlez pas. Qu'a-t-elle donc ? Voilà le choléra à Vienne et à Berlin. Que ferai-je quand il sera ici ? Le plus sensé est de s'en aller, mais où ? Ah quelle misère que la vie ! Et la vie quand on vit seule. Je ne trouve rien, rien du tout à vous dire. Je vois beaucoup de monde, mais tout cela si peu intéressant. Hubner me soigne sans rien m’appendre. Brandebourg vient pour appendre, & je n'ai rien à donner. Je n’ai pas ouï dire que Cowley soit revenu. Adieu. Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23014_00362.jpg
Paris le 2 octobre

Je me suis trompé en écrivant ou vous en lisant. Je parlais de la lettre du Times dans le temps & vous avez lu Thiers. Je veux ajouter à ce que j'aurais pu vous dire hier ceci. Fould en me parlant de la proposition Creton & de ses chances me dit : moi-même si je ne servais pas ce gouvernement-ci, je me croirais obligé de voter pour la proposition. Et puis Thiers avait dit à Marion en parlant du Président : " Changarnier a eu tous les torts dans la rupture. " Dumon se dit malade. Le soir, il vient chez moi le matin. Il est vrai qu'il a mauvais visage. Il a rectifié le dire de Fould en ce sens. - Si l'Assemblée veut décider la révision à la majorité des voix, je la soutiendrai. - Cela change beaucoup le sens, & rend la phrase irréprochable. vous savez que je parle de messages présumés. Tous les jours les perplexités augmentent c.a.d. dans l’opinion des bavards irresponsables & ignorants.
J'ai vu hier la duchesse Decases. Elle croit que le Président perd. Il me semble qu’elle le désire, le corps diplomatique devient tous les jours plus ardent pour le succès du Président. L'article de Véron ce matin me paraît fort bon. J'avais hier soir Viel Castel, Stratford Canning est très embarrassé. Il avait donné au sujet du chemin de fer à la Porte des assurances que la conduite du Conseil anglais à Alexandrie a démenti. Ce sera un démêlé entre Palmerston & Canning. On refuse à Kossuth de traverser la France et on trouve fort mauvais qu'on lui ait permis de mettre pied à terre à Marseille. Adieu voilà tout je crois. Adieu

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23015_00283.jpg
Paris jeudi le 2 Septembre 1852

J'ai encore revu Lord Granville hier, il reste pour dîner demain à Saint Cloud. Cela m'amuse qu' il y dîne. Je n’ai vu hier soir que Valdegamas et le nonce. Voldeganas est original et me plait. Personne n’a la moindre nouvelle à dire. C'est un vide extraordinaire. Chomel est revenu ce matin il est content de ma société, mais moi je voudrais être plus contente de ses ordonnances. Je continue. Molé doit venir aujourd'hui. Kalerdgi aussi, cela va m'égayer. Il y a quelques anglais. Les [Bruce] que j’ai vu hier, ils trouvent Paris charmant quelque ennuyeux qu'il nous paraisse. Voilà qu'on m’interrompt, cela ne vous prive de rien car je n'ai rien de mieux à vous envoyer qu'Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23014_00017.jpg
Paris, Jeudi 3 Juillet 1851
6 heures

Je me lève. On m'a apporté le discours du Président hier à 6 heures. Celui-ci n'est pas agressif. Des compliments pour tous. La royauté et la révolution, le peuple et les chefs des Assemblée, Charles VII et l'Empereur. Et derrière les compliments, les dangers ; la société toujours près de s'abîmer sur elle-même. Faute d’union et de tranquillité durable. Excellent plaidoyer pour la fusion, et pour lui-même en attendant la fusion. Je n'ai vu personne hier soir, ni lu encore aucun journal ce matin. Je nous donne là ma première impression, et la mienne seule.
M. Molé m’a écrit hier soir qu’il viendrait me voir aujourd’hui entre 11 heures et une heure. Notre point de réunion nous manque. Il faut se chercher et s'avertir. Le Messager de l'Assemblée d’hier soir dit : “ Les paroles du Président de la République à Poitiers ne sont point de nature à fournir un élément sérieux aux discussions actuelles... son discours est un progrès en arrière sur celui de Dijon ; il vaut mieux que celui-ci, même après les corrections de M. Faucher. "

2 heures
Molé et Duchâtel sortent d’ici. Même impression que moi sur le discours du Président. Celui qu'il a tenu à Châtellerault a été encore plus net et plus vif, dans le même sens. A cette occasion, j'ai insisté sur la nécessité de se tenir, envers lui, dans une attitude tout-à-fait impartiale, l'approuvant ou le blâmant librement, avec des égards dans l’indépendance. Nous ne sommes et ne voulons pas être dans sa barque. Nous ne devons pas être non plus dans la barque d’où l'on fait feu sur lui à tout moment et à tort et à travers. C’est un enfantillage passionné, et vain qui ne nous convient pas. Avant le discours, sur la route et à Poitiers même, l’accueil avait été décidément froid, presque malveillant. Après le discours, il a été beaucoup meilleur.
On m'assure que la Duchesse d'Orléans est partie avant-hier pour Edimbourg. On ne sait pas encore précisément ce que feront la Reine et les Princes...
Chabannes est entré comme j'écrivais. La Reine et les Princes partiront lundi 7 pour aller rejoindre Mad. la Duchesse d'Orléans à Edimbourg. C'est le Prince de Joinville qui a décidé ce voyage général. L’Ecosse lui plaît assez. Ils y passeront quatre ou cinq semaines Mad. Mollien partira le 10 Juillet pour aller passer deux mois auprès de la Reine. Le Général Aupick est venu aussi ce matin. Il part pour Madrid. Molé part samedi pour aller je ne sais où. Il reviendra Jeudi 10. Je ne vous parle que de départs. La dispersion devient complète.
Adieu, adieu.
J'attends un mot de Bruxelles. Tout mon monde va bien. Armand Bertin ne va pas à Hombourg, Sacy, qui le remplace toujours dans ses absences, est gravement malade. Adieu. G.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00481.jpg
Je vais très bien. J’ai très bien dormi. J’irai vous voir à midi 1/4. J'espère qu’il fera beau et que je pourrai me promener. Rien n’est plu contraire à mes habitudes, que de m'occuper de ma santé. Mais je le fais et je le ferai, car je suis décidé à me bien porter. Adieu. Adieu, dearest.
Que je vous vois peu !

Jeudi 3 oct. 1844

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23013_00456.jpg
Paris jeudi le 3 octobre 1850

Vous avez lu cette abominable lettre. Vous avez vu l'agitation, le trouble où elle m’a jetée. Mais vous ne vous ne ferez jamais une idée exacte. J’ai passé une journée et une nuit affreuses. Ce matin j’ai envoyé chercher votre petit homme il n'était pas de retour. Je me suis décidée à prier Dumon de passer chez moi. Il va venir. Sans doute vous approuverez que je prenne & [?] son conseil. Quel sera-t-il ? Je ne pense pas à autre chose. Lord Beauval m'écrit : " Si la Prusse tient bon, la guerre paraît inévitable. Mais pour qu’elle tienne bon, ne faut-il pas des fous d’une autre espèce que ceux qui la dirigent. (& je ne comprends pas trop ceci).
On assure ici que Bunsen reste toujours en communication avec les [Halstiniori] pour les [?] La Prusse a apparemment pensé venir à ses fins par des intrigues, mais c'est l’épée qui décidera. Midi 1/2 Dumon trouve ceci très grand. Renvoyez-moi au plus vite la lettre, j'espère que vous l'avez fait. Le délai expire demain. Je n'ai reçu cela que hier. Y a- t-il intention ? Votre petit homme arrive. Il espère que vous venez demain et moi aussi je l’espère, mais je lance ceci à tout hasard. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23015_00484.jpg
Paris le 4 Nov.

Aujourd’hui message du Prince au Sénat. Une commission de 10 Sénateurs sera nommé pour dresser le Sénatus Consulte le rapport sera lu demain, la délibération et adoption samedi. Le corps législatif sera convoqué pour le 23, tout sera fini pour le 1 Xbre. Il y aura 8 millions de voix. Il s’appellera Napoléon III réponse. Vengeance politique des traités qui excluaient la race. ni roi d’Algérie ni protecteur des lieux saints, on y a renoncé. Voilà mes nouvelles. c’est bien laconique sur papier vert. Ce ne serait pas si court si je parlais. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23014_00230.jpg
Paris le 4 septembre 1851

Vous recevez j’espère le Constitutionnel. Qu'il est curieux celui d’aujourd’hui ! Quel excellent leading article. Et le récit de Claremont d'où vient-il ? Dumon est venu me voir hier matin, il arrivait. Je l'ai mis au courant, il n' avait encore vu personne. La Redorte & Montebello avant le dîner. Parfaitement d’accord qu'il faudrait se rapprocher. La Redorte indique Molé comme la personne la plus propre à cela, lui, Falloux Montebello peut-être. On devrait comprendre cela.
Je n’ai vu le soir que Mercier & Antonini. Je ne sais où étaient mes grandes puissances. Je commence à dormir, mais mes nerfs ne vont pas bien toujours les pieds froids. La Duchesse de Maillé est au plus mal. Il est fort douteux qu'on la sauve. Je ne verrai personne d'ici à la poste, je n’ai donc rien à vous mander aujourd’hui. Le temps se relève, je me fais traîner de 3 à 5. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L013_00033.jpg
Jeudi le 6 juin 1850

Hier soir Piscatory, Morny Berryer. Celui-ci disant qu'il n’y aura pas 60 voix pour donner l’argent. Bêtise ! Piscatory enragé aussi, disant : C'est une Révolution. Nous ne pouvons pas voter pour, nous ne serions plus réélu. Bêtise aussi. Je l'ai assuré qu'il voterait les 3 millions. Il s’est un peu fâché. Je parie que j'aurai raison. Morny dit que tant qu'on pouvait croire à un arrangement plus en grand qui aurait impliqué une dotation On n’avait pas pu porter la question d’argent, mais à présent il faut cependant manger, & on est criblé de dettes. Et voilà. Il n’y a de fâcheux là dedans que l'opportunité Viel-Castel était ici aussi, il m’a assuré qu’il n’y avait rien de fait, & qu'il doutait que ce fut terminé à temps pour servir lord Palmerston dans la discussion de demain. J’ai conjuré Morny aussi d'empêcher que cela ne fut fini aujourd’hui. Il est de cet avis & y travaillera.
Normanby a dit hier à [ ?] qu'on ne lui donnait pas réponse ici à sa dernière proposition d’avant hier qu’il croyait très acceptable. Que ce délai était désolant parce qu'il avait de l’inquiétude pour demain. J'avais eu une lettre de Lord Aberdeen disant combien il était désirable qu’on ne conclût pas avant vendredi. J’en ai fait usage. J’ai du misgivings pour demain. On me dit que les Evêques voteront contre la motion de Lord Stanley. Je ne sais rien de la santé du roi. Duchâtel était ici hier soir. Dumon hier matin, ni l’un ni l’autre n’avait de nouveau. Je vous ai dit que Montebello ne partait pas. Je dine aujourd’hui chez M. de Hubner. Il attend après demain des nouvelles de John. Sur ce qui se sera dit et fait à Varsovie. Molé est toujours malade. Je le verrai un moment chez lui. Adieu. Adieu. J’en reste toujours à mon plan. Le 25 je pars pour Aix-la-Chapelle. Peut-être viendrez-vous avant ! Quel plaisir ! Si vous allez en Angleterre il est clair qui c’est d'ici que vous partirez avec Broglie.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23015_00393.jpg
Paris le 7 octobre 1852

Il y a si peu de monde à Paris dans ce moment que j’en suis à prévoir une complète solitude après le départ de Kisseleff. Je n’ai pas un habitué. C'est désolant. Quelle perte que Stockhausen ! Molke vient tous les matins, mais il ne le remplace pas. Je ne sais rien d’hier. On dit que le conseil est divisé sur la question de la réception à faire au Président. Faut-il ou ne faut-il pas de fracas ? Les plus sages Fould & & veulent le convenable, l'ordonnance. Les autres voudraient des arcs de triomphe de l’étalage. On ne sait pas ce que veut le Prince. Je tiens toujours mon pari avec Molé, pour l’Empire avant Le 1er Janvier. L'armée autrichienne rend de grands honneurs funèbres au Duc de Wellington. Il ne sera sans doute de même chez nous au retour de l’Empereur. Sans doute il y aura de partout des députations pour assister à ses funérailles. On dit qu’elles sont fixées au 13 Novembre. On disait hier aussi que le Parlement s’assemblerait le 26 octobre. Nous saurons cela bientôt.
Voilà la petite Princesse qui m'interrompt et l'heure qui presse. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L012_00406.jpg
Paris jeudi le 8 novembre 1849

Beaucoup de monde hier matin comme de coutume, et la diplomatie hier soir comme jadis ; en fait de français. Le duc de Noailles, Berryer et Dalmatie. Rien de nouveau. On commence à croire que cela peut trainer cependant on veut se tenir préparé, et c'est là où me semble régner une grande confusion. C’est naturel, il n'y a aucune union. C'est ce qui fait la force du Prince. Il est plus puissant que l'assemblée. Hubuer s’accoutume à venir. Il a beaucoup d'esprit. Je trouve la situation de Kisselef très grandie ici. Cela provient ainsi de la que toutes les petites gens sont devenus quelque chose. La Sardaigne nous envoie une ambassade spéciale pour demander la reprise des relations. Elle chasse de son service tous les Polonais qui s’y trouvaient. C'est notre condition sine qua non. Quel dommage que Léopold ne puisse pas en faire autant. Nous sommes pour lui très bien, moins cela. Je vous envoie un petit Appendix à une lettre de Beauvale. Clever comme tout ce qui vient de lui. Je suis bien de son avis aussi. Je copie au lieu de l'original que je veux garder. Je vous ai dit de Richmond N'est-ce pas ce que me disait John Russell ? " il ne peut ressortir de ce bouleversement si profond que deux choses. Ou l'anarchie ou l'absolutisme, partout, hors l'Angleterre." Pardon de l'horreur de copie. On dit aujourd’hui que le président veut attendre l’année 52 et qu'il a des moyens d’attendre. C'est des mauvaises langues qui disent cela. Flahaut doit être parti. Il a aidé dans l’affaire du rappel de la flotte. J’ignore toujours si l'Angleterre en ait. Je n’ai pas vu Montebello depuis deux jours. Que pensez-vous de Germain ? Je lui aurai peut-être une bonne place. Mais je voudrais savoir ses mérites & ses inconvénients. Le gros de la lettre de Beauvale est toute à l’Empire." Donnez-moi de bonnes nouvelles de lui je vous en supplie. Régime militaire en Prusse, en Autriche, en France, en Piémont et le monde est sauvé. Mais qu’on fasse vite." Voilà textuel. Adieu. Adieu. Adieu.
Hier on parlait de la Grèce, d’Eyragues de la Rosière comme destinés au portefeuille si Rayneval n’accepte pas. Voici Flahaut qui est venu me voir tout botté pour le chemin de fer. Il emmène Morny qui a des affaires en Belgique. Lui va à Londres. Le coup d’état n’est pas encore probable au moins pour cette semaine.

extrait de la lettre d'un allemand constitutionnel " on assure que M. Guizot n’espère le salut de la France que de sa chère constitution à [?] gentiment l'Angleterre sans le vouloir a rendu un bien mauvais service au continent par l’exemple de sa constitution, admirable pour elle, mais qui copiée par des institutions forcément différentes menace de précipiter le centre du continent dans des bouleversements. sans fin. " We English nous avions à attribuer notre impopularité. La démocratie nous a toujours détestés comme trop aristocrates que, les rois & les royalistes n'ont pas trop de motifs pour nous aimer, & voilà maintenant les libéraux constitutionnels faisant la découverte que nous avons joué le tour d'un feu follet les engageant dans un chemin d'où il n'y a d’autre issue que dans l'anarchie ou le règne du sabre. Nous voilà bien. Mais a-t-on trop tort !

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23015_00504.jpg
Paris lundi 11 Novembre 1852

Voici ma dernière lettre dieu merci. Hier soir Fould et Berryer. Le premier accompagne aujourd’hui le Président à Fontainebleau. On y restera plusieurs jours ; brillantes chasses & & le Sénat chomera jusqu'à l’Empire. Je crois que le 3 Décembre on y portera un Sénatus consulte pour l'hérédité éventuelle de Jérôme. Jérôme s'en croit tout-à-fait sûr, & je ne vois rien qui démente cela. Les sénateurs venus aujourd'hui pour une séance seront attrapés. Je ne sais rien du tout quoique je vois beaucoup de monde. Toujours beaucoup la diplomatie. Pas d’apparence encore du retour de mon fils. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23014_00268.jpg
Paris le 11 septembre 1851 Jeudi

Je réponds à vos questions. Pas un de mes diplomates n'a encore vu Thiers, Marion seule l’a vu. Elle l'a trouvé engraissé de très bonne humeur. Ses femmes disent qu’elles veulent aller en Écosse. Lui a dit à Marion, qu’il ne s’en souciait pas, & il a joute, je ne veux pas que le Times raconte mes conversations. La vraisemblance est qu'il n’ira pas. Quant à Berryer je l’ai vu hier soir. Il arrivait de la campagne pour avoir aujourd’hui à midi une réunion avec ses ami Noailles & &. Après quoi il s’en retourne de suite à la campagne. Il doute de son voyage à Frohsdorf. Je crois qu’il ne le fera pas.
J'avais hier soir tous mes diplomates & Vieil Castel. Hubner avait eu la veille une audience d'une heure & demie chez le Président. Il en est sorti charmé. Il l’a trouvé plein de sens, & de convenance & d'esprit. Son impression est qu'il est en pleine confiance et sans aucun projet de coup d’état. Il a parlé de Joinville et ne croit pas à ses chances. Il faut l’une ou l’autre condition être légitime ou souverainement populaire. (C'est une autre expression dont il s’est servi, mais à peu près cela) il n’a pour lui ni l’un ni l’autre. Je retourne à Changarnier. Il s’est moqué selon sa coutume à peu près de tout le monde seulement en parlant de Molé il a dit, il ne faut pas que j'ai [?] car dans ce moment il est bien pour moi. Vous ai-je dit que je lui ai raconté la duchesse d'Orléans, se moquant des dîners fusionnistes, & disant Changarnier m’appartient ? Cela l’a piqué un peu et il m'a assez longuement raconté, qu’il ne devait rien aux Orléans.
Hatzfeld le matin. Il est malade et ne sort pas le soir. Il trouve insensé que je veuille me renouveler. Il croit à un hiver très agité mais tranquille dans la rue. Mais vers le premier de Mai si rien n’est décidé, il enverra sa femme en Angleterre, & il me conseille d’y aller alors. Croyez-vous cela vrai ? Voici mon affaire je crois. J’ai envie d’être propre, il n’y a pas assez de péril pour me refuser ce plaisir. Si je n’en avais pas envie, j’ai les meilleures raisons pour ajourner après la crise. Voyons décidez.
Vous aurez soin de me dire comment on adresse des lettres à Broglie. La Duchesse de Maillé est morte hier matin. On dit que c'est une perte. Elle était un centre, et une personne très utile. Montebello va s’établir demain avec sa femme à Beauséjour. Je suis très contente de votre lettre à Gladstone. Soyez tranquille, je n'en abuserai pas. Vous avez encore. été bien modéré. L’article dans l’Indépendance contre vous a fait de l’effet, ce n’est pas dans la correspondance de Paris mais le Leading article. Cela a l'air de venir de la cour. Je vous l’envoie pour le cas où vous ne l’ayez pas. et voici qui je découpe aussi une lettre de Paris sur ce même sujet qui est bien faite / & que je lis à l’instant. Adieu. Adieu

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23013_00349.jpg
Paris le 12 septembre 1850 Jeudi

La poitrine est engagée, au point que ce matin j’ai cru que j'exigerais. Une crampe dans le gosier et des cris d’agonisant. Je suis très effrayée. J’enverrai chercher Chancel si cela me revient. Kolb me traite. J’ai vu hier soir quelques diplomates Kisselef très préoccupé de la Hesse. Coups d’Etat, les Impôts perçus par la force, l’état de siège. Il faudra occuper la Hesse. Sera-ce la Prusse ou l'Autriche ? Si l’une entre, l’autre entre aussi, & le conflit peut s'engager. Cela deviendra une affaire.
M. Molé m'écrit tout à l'heure pour me demander à me voir ce matin. Il est venu pour la commission, c'est la première fois qu'il y vient. Il retourne à Champlatreux en me quittant. On dit que le Président revient. ce soir. Mon fils m'écrit de Toplitz que Nesselrode qui y est aussi venait de recevoir l’ordre de ne venir qu'à Varsovie pour le 1er octobre. Ecrivez-moi sur Fleichmann ce que j’aurai à répondre au Père. Adieu, Montebello me mande qu'il sera ici le 15 pour quelques jours. J’attends aujourd’hui St Aulaire et le duc de Noailles. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L013_00077.jpg
Paris le 13 Juin 1850

Les nouvelles du roi hier étaient si mauvaises que vos amis espèrent que vous hâterez votre voyage. Molé, hier soir, était consterné de l’idée que vous arriverez trop tard. Assez de monde hier soir. Changarnier, Broglie, Molé, Piscatory, le Chancelier Dumon, Duchâtel, tous les gros diplomates. Piscatory pour la dotation tout-à-fait. Chang[arnier] m’a conté que la veille Normanby avait eu une énormément longue conférence avec Lahitte de nouvelles propositions que celui-ci repousse. Cependant Il a fallu tenir un conseil hier. A l'unanimité rejet des propositions de l'Angleterre. comme il y avait eu des méprise sur les conversations. Le militaire a tout rétabli dans une dépêche qui sera portée à la tribune en son temps. En attendant Normanby a dit à [Rnoff] hier, qu'il était honteux de ce marchandage, & il a laissé deviner que Samedi Pal[merston] rendrait les armes. Je mande tout cela à notre ami. Voici une lettre de lui à l’instant même. L'affaire finie on non, si Lord P[almerston] en sort humilié, c’est égal pour la discussion de Lundi. Il ne se dit pas tout-à-fait confiant pour le vote. Peel travaille contre. D’un autre côté Beauvale retire son propos au gouvernement. Ce sera très balancé. Girardin est député. Cela fâche ici. Je n’ai pas trouvé que Molé eut l’air content hier.
Ce n’est qu’aujourd’hui que j'ai la consultation. Je n’en ai pas dormi la nuit, de peur. Vous avez raison pour lady Palmerston. 2 heures Adieu. Adieu. Je tremble de la consultation dans une heure. Adieu. Voici un billet de tout à l'heure

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L002_00003.jpg
J’étais dans ma chambre avec vos lettres, quand on m’a apporté votre billet ce baume si doux. Je n’y comptais que pour ce matin. Vous devancez, vous dépassez toujours mon attente. Je vais sortir. Je vais passer quelques minutes là où tout est déposé, tout mon passé ! J’ai tort, car il y a déjà un passé où vous êtes, qui est plein de vous. Aujourd’hui même huit mois depuis le 15 juin. Quelle vie que la nôtre riche et terrible ! Après avoir tant perdu, avoir tant à perdre encore ! Mon cœur est plein de reconnaissance et d’effroi. Gardez-vous, gardez-vous bien, je vous en conjure. Que Dieu vous garde ! Il me semble que là où je vais au milieu de tous les cercueils chéris, j’ai plus que jamais le droit de prier pour que Dieu me garde ce qu’il m’a donné, et que m’a prière doit être écoutée.
Adieu. Adieu, mon amie. Je vous verrai un moment vers midi et demi. Adieu.
Jeudi 8 h. 1/2.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L002_00004.jpg
On n’a pas, à la bibliothèque de la Chambre des Députés, l’édition des Mémoires de Sully que j’y ai demandé. Celle que je pourrais vous faire envoyer n’est pas lisible pour vous. On me promet, l’autre pour Mercredi prochain. Je vais faire dire qu’on l’apporte chez vous. Adieu ; vous êtes à Longchamp, triste, j’espère, j’en suis sûr. Moi, je pars dans une demie-heure, triste aussi. Je voudrais vous envoyer autre chose que de la tristesse. Je voudrais vous envoyer de la joie, pourvu qu’elle ne vient que de moi. Je me permets l’égoïsme avec vous. J’en ai le droit. Il faut bien que je me le permette. Il ne servirait à rien de me le défendre.
Adieu. G.

Jeudi 5 h. 1/4.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot épistolier
Ce n'est que dans cet instant, monsieur, que j'apprends l'affreux malheur qui vous a frappé. Parmi tous les témoignages de sympathie que vous allez recevoir au milieu d'une si grande infortune, me pardonnez-vous la vanité de croire que mon souvenir sera quelque chose pour vous ? J'ai acheté chèrement le droit d'entrer plus qu'aucun autre dans vos douleurs. Je cherchais des malheureux quand le ciel m'a si cruellement frappée. Si votre cœur en cherche à son tour, arrêtez votre pensée sur moi plus malheureuse cent fois que vous, malheureuse au bout de deux ans comme je l'étais le premier jour, et, à qui Dieu a cependant envoyé la force de supporter ses terribles décrets. Monsieur, vous m'avez bien occupée pendant vos longues angoisses. Aujourd'hui je regrette de n'avoir pas le droit de vous offrir autrement que par écrit l'expression de ma plus vive, ma plus tendre compassion et, permettez-moi d'ajouter, de ma plus sincère amitié.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23014_00426.jpg
Paris le 16 octobre 1851

M. Fould est venu avant le dîner. Très gai mais très décidé. Il doute que le Président trouve des Ministres, mais ceux-ci ne peuvent durer que jusqu’à la rentrée de l'Assemblée, car aucun d'eux ne signerait le projet de loi pour révoquer le 31 Mai. Ils voteront tous contre ce projet. La situation est très violente & le Président très content & très obstiné dans sa pensée. Il n’en reviendra pas. Si l’Assemblée se conduit bien, elle peut reprendre une grande autorité & popularité. Cela est très vrai, si elle est bien conduite. Mais où est le chef ?
Les nouvelles des départements sont mauvaises. Les paysans armés contre les châteaux. Quel moment pour un changement complet de Ministère & de politique. On persiste à dire cependant que ce Président veut rester fidèle à la politique conservatrice & qu’il en donnera des gages. Cela a l’air d’un puzzle !
[Helkerm] était chez moi hier soir. Il avait eu lundi un tête-à-tête de 2 heures avec le Président. Il prétend lui avoir dit toute la vérité & très fortement, & avoir complètement échoué. Le Président s’est plaint avec une grande amertume de Thiers & [?].
Il est 2 heures, je n’ai pas de lettres de vous. Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà Aberdeen que je vous enverrai demain. Constantin après avoir lu ma lettre à l’Empereur [?] mon procès gagné. Puisse-t-il avoir raison ! Cette affaire m'a bien détraquée. Je me sens vraiment malade. Oliffe me traite.
Je vois beaucoup de monde cela me fatigue, l’opinion est bien unanime que le Président a fait une grande faute. On dit qu’il restera à St Cloud. Il a là beaucoup de troupes. Adieu, j’ai donné mes lettres à votre fille, je l'ai manquée. Marion l’a vue & lui a trouvé bonne mine. Adieu.
Je viens de voir Vitet. La commission après avoir entendu les ministres a résolu de ne point convoquer encore l’Assemblée. Cette commission se réunira dimanche. Faucher avait dit qu’ils n'étaient en dissidence avec le Président que sur la loi du 31 Mai. Mais que cela ne lui avait pas permis de rester.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23013_00506.jpg
Paris le 17 octobre 1850

Kisseleff que j’ai vu hier deux fois, était plus rassuré. Il a vu longtemps le général Lahitte dont il se loue extré mement. Honnête, loyal, plein de sens & sincère. Reste toujours le doute d'une double diplomatie. Les propos de M. de Persigny prêtent fort à ce soupçon. Nous verrons ce qu'il fera à Berlin. En attendant je crois comme vous, que cette affaire de la Hesse s'arrangera. Tout le monde est curieux, de Varsovie. L’Empereur y est depuis le 12. Hier tous les diplomates Schelenbourg & Hubner en observation. Deux aveugles mais qui se donnent la main. Je ne sais absolument rien de ce terrain ici. Montebello est en Champagne. Dumon en campagne, hier au moins.
A propos, bêtise anglaise. Louis Bonaparte au lieu de campagne donne à ses soldats du champagne et au lieu de battles, des bottles. Pardon. J’ai écrit aujourd’hui seulement au roi Léopold. hier Royer est venu me voir. Le sentiment est général en Belgique. J’espère voir aujourd’hui Sainte Aulaire & le duc de Noailles. Adieu car je n'ai que cela à vous dire.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L008_0254.jpg
Jeudi 18 Déc. 1845
Voici pour Naples. Je vous en prie Monsieur de recommander l’une et l’autre lettre. Voici aussi le paquets pour Londres. Je rouvre pour vous envoyer Lord Palmerston. Renvoyez-la moi.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23014_00301.jpg
Paris le 18 septembre 1851

J'ai bien certainement adressé ma lettre Mardi comme vous me l’indiquez & comme je fais pour celle-ci. Mes lettres sont toujours mises dans la boîte à 2 1/2. Il n’y a pas de ma faute si vous ne les recevez pas. Voici une nouvelle de Lisbonne de la meilleure source quelqu'un du Palais. [?] est arrivé là chargé de négocier un mariage pour le Président avec la fille de Don Pedro. Vous savez que je vous ai toujours dit que c’était tout trouvé si le Prince Louis se mariait. Mais dans ce moment il n’a à offrir qu’un avenir très menacé. Le gouverne ment français avait donné à Païva une frégate à vapeur pour le mener a Lisbonne. J’ai vu hier soir Dumon Viel Castel & Ribeaupierre arrivés tout frais de Pétersbourg aimable homme.
Quel excellent article hier dans l'Assemblée nationale. Bien rigoureux, bien net. Le pauvre Montebello est inquiet de se femme. Ils sont à Beauséjour. La fièvre a repris de plus fort Voici Saint-Aulaire qui sort de chez moi. Il a vu du monde bien renseigné ce matin. On croit à un coup d'Etat immédiat, tout au moins se croit-on sûr qu’il arrivera avant la réunion de l’Assemblée. Ah mon dieu & moi que faire ? Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23015_00231.jpg
Paris le 19 août 1848,

J’ai vu beaucoup de monde hier. Les plus intéressants étaient la [Princesse] Mathilde, Morny, Fould. Celui-ci le soir, ainsi peu de causerie intime. Molé a été froid. Fould part demain pour les Pyrénées, il revient le 5 Sept. Le 15 il repart avec le Prince pour la grands tournée du midi. On ne fait pas ou plutôt on ne veut pas faire attention à la visite de la reine à Bruxelles, de même on ne relève pas le surcroît d'intimité avec Claremont. On veut rester bien avec l'Angleterre. Il n’est que question d'Empire c-a-d qu'on n'en parle plus du tout que pour dire qu'on n'y pense pas dans ce moment. On laissera parler les conseils généraux. La [Princesse] Mathilde affirme que le mariage se fera. Fould n'a voulu n’en rien dire. Cependant il dit que ce n’est pas rompu. Morny dit qu’avant l’Empire, il faut la femme et même l’enfant. On prétend que Rémusat et Lasteyrie ont écrit des lettres insolentes pour se refuser à rentrer. J'ai peine à le croire cependant c'est la [Princesse] Mathilde & Morny qui me l'ont dit. Thiers doit être arrivé hier. Voilà à peu près tout.
Les fêtes à tout prendre ont été froides. L’indifférence est assez générale. On persiste à dire que dans la couche basse, et dans le pays, on est toujours très chaud pour le nom de Napoléon. Morny a l’air content et tranquille. Très content de voir Fould aux affaires, regrettant que cela n’ait pas pu s'arranger pour Rouher. Tout le monde dit que Persigny est vraiment malade et qu'il a besoin de se soigner. Il est retourné à Dieppe hier.
Il revient ici de mauvais propos tenus par Mad. Kalerdgi à Kissingen. Non seulement mauvais pour le Président, mais aussi pour Kisseleff qu’elle veut faire rappeler. Voilà deux grandes perfidies. Les connaisseurs ne s’en étonnent pas. J'en suis fâchée, car elle me plaisait. Je vous ai dit qu’elle passera l’hiver à Pétersbourg. J’ai dit du bien d'elle à l’Impératrice, je m'en repens. A propos l’Impératrice très inquiète de mon accident, & d’être restée 2 jours sans lettre. Elle prie que quelqu'un lui écrive. Enfin une sollicitude charmante et touchante. Adieu. Adieu. Mes jambes vont mieux.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23013_00383.jpg
Paris le 19 Septembre jeudi 1850

J’ai oublié de vous répondre sur le deuil. Je crois qu'en le portant jusqu’à la fin de l’année cela sera bien, et assez. Ce que vous dites sur Liverpool et Castelrengh est vrai. Il reste le choix entre rendre son pays très heureux & même glorieux car c'est ce qu’ils ont fait, et se donner à soi des pages brillants dans l’histoire. Moi, j'honore bien plus lord Liverpool que M. Canning. C’est très bourgeois ici que je vous dis là, je le suis un peu en politique. J’ai vu hier matin, lady Douglas, très bonne personne & qui me plait. Tolstoy est revenu. Un accident dans la famille a hâté son retour. Il regrette beaucoup de n’avoir pas pu aller au Val Richer. Je suis charmée de l’avoir ici. Hier soir M. Mercier, revenant de Bade. Trés curieux sur Bade. Thiers archi orléaniste. Ennemi juré des des légitimistes, & républicains plutôt que cela. La reine de Hollande éprise de lui & lui d’elle. Tous les jours ensemble. C'est assez drôle à entendre. Il parait qu’il n’avait pas encore vu la grande duchesse Hélène. Les princesses en querelle entre elles. La princesse de Prusse en grande hostilité avec la reine de Hollande sa cousine. Thiers n’a pas bougé de Bade. La princesse Mathilde a rêvé.
Achille Fould est venu hier soir aussi. Il a certainement de l’esprit, et de la mesure dont je fais grand cas. Il est convaincu quoiqu’on dise ou qu’on fasse, qu'il en ira de la prolongation de la Présidence comme de la dotation. On la votera & tout le monde. Le pays très tranquille & à aucune époque le gouvernement n’a été plus puissant et plus obéi. J’ai donné à lire à Dumon des articles de l’Indépendance Belge, répétés dans le Galignani, évidemment venus de Clarmont qui atténuent & dénaturent même un peu les messages entre Wiesbaden & Clarmont. Salvandy y est tourné en ridicule. Je ne sais pas un mot d’aucun de ces quartiers, pas même des commérages. Montebello est ici, mais il n’est pas venu me voir encore. Mon rhume continue. C'est bien long, et mes yeux sont enrhumés aussi. Adieu. Adieu.

2 h. tout à l'heure Montebello & M. Molé venu pour la commission. Molé enchanté de ce que vous me dites à propos de l’article dans le Constitutionnel. Il signerait chacune de vos paroles.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L013_00096.jpg
J’arrive. J'irai vous voir entre midi et une heure. Voulez-vous avertir le duc de Noailles que je suis arrivé ? Et voulez-vous me donner à dîner demain ? Je ne partirai que demain soir, à 10 heures. Imaginez que je n’ai pas reçu une ligne de vous. Je suppose que vos lettres me reviendront demain de St Léonard. Le Roi continue à aller mieux. Je ne puis rien vous dire de la santé de Lord Palmerston. Adieu. Adieu. G. Jeudi 20 juin 1850
10 heures

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
2301_00003.jpg
à Monsieur le Ministre de l’Instruction publique

La Princesse de Lieven prie Monsieur le ministre de l’instruction publique d’agréer ses excuses et ses regrets de ce qu’elle n’a pas pu profiter hier de l’invitation qu’il a bien voulu lui adresser. Son deuil l’empêche d’aller dans le monde. Elle a été très sensible au souvenir de M. Guizot et lui offre l’assurance de ses sentiments distingués.

Jeudi 21 janvier 1836

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23015_00437.jpg
Le 21

Mon découragement & ma faiblesse sont si grande que je vous prie d’avance de me pardonner quand je ne vous écris pas. Je ne peux pas. Les Mahon sont ici. Je continue à voir beaucoup de monde, j’irai comme cela jusqu'au dernier moment. J’ai bien assez de mes nuits blanches pour penser à autre chose que le monde. Je ne sais rien que l’agitation des diplomates sur le chiffre III. J’espère que le Prince ne fera pas cette haute faute. Il me paraît qu'Abdel Kader est fort blâmé. On dit qu’outre roi d’Algérie le futur empereur veut aussi s’intituler protecteur des lieux saints.
Voilà tout ce que j'ai ramassé. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23014_00461.jpg
Paris jeudi 23 octobre 1851

Fould hier soir. Billault est encore possible. Mais tout est difficile, comment trouver des nouveaux qui fassent le [?]. Deux visages révolutionnaires pour rendre le suffrage universel, réactionnaire pour des mesures extrêmement sévère que le Président va mettre au jour. Il est également résolu à l'une & l’autre chose. Très convaincu que l'Assemblée fera sa volonté & si elle ne la fait pas, ça lui est indifférent. Il la place dans une impasse. inextricable, où elle s’avilit, s'annule, entièrement, ou bien elle s’interdit toute chance de réélection. Le Président se venge bien des dégoûts qu'elle lui a fait subir ! Toujours en grandissime désapprobation de ce que le Président vient de faire. Mais persuadé que c'est encore lui qu’il faut soutenir qu’il n’y a que lui de capable de sauver la France. Le Président ou la guillotine. Voilà pour hier soir.
Tout à l'heure le duc de Noailles qui passe la journée en ville. On m’interrompt. La commission s’ajourne à Lundi sauf la nomination du ministère dans lequel cas on s’assemble le lendemain. On écrit à Claremont. pour rappeler qu'il faut envoyer complimenter à Frohsdorf sur la mort de la duchesse d’Angoulême. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23015_00342.jpg
Paris jeudi 23 Septembre 1852

Nouvelle consultation ce matin. Chomel me trouve mieux. J'ai mangé hier du perdreau. Je continuerai aujourd’hui. Mais je ne vous parlerai plus de ma santé. Cela m'ennuie & cela me porte malheur. Chomel a eu une lettre de Lausanne où l'on a transporté la D. d’Orléans, c’est vendredi 17 qu'a eu lieu l’accident. Ils ont pensé être noyés tous. Elle a la clavicule droite cassée. Si on la transporte avant 10 jours elle peut supporter le voyage. Si on attend il faudra 4 semaines de repos complet. Chomel va je crois la rejoindre. Il saura demain si elle va à Eisenach ou à Claremont. Il dit qu’elle a les nerfs très dérangés de tous les tourments qu'on lui donne. Et bien qu'elle se tienne tranquille.
Le Moniteur commente & ce matin anime le discours des Princes. On a trouvé un peu de remède. On veut le forcer à marcher en avant et plus vite. Thiers est amoureux de Turin, de son roi, de son ministre, de tout ce régime. Avez-vous remarqué hier dans le Galignani le dialogue de Bulwer avec Antonelli ? On s’attend à de grands changements en Belgique. Léopold [?] peu l’air d'être le compère du Président, ou vice versa. Meyendorff sera à Petersbourg en même temps que Kisseleff dans un mois. Ce départ de [Kisseleff] me désole, mais je suis en pleine assurance de son retour au bout de six semaines ou deux mois voilà le duc de Noailles. Il me prend mon temps jusqu'à ma promenade. Je ferme donc ici Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23013_00547.jpg
Paris le 24 octobre 1850 Jeudi

J'ai eu hier la visite de Morny. Il était à peine là que Salvandy arrive. Petit événement. Je l'ai bien fait parler sur l’Allemagne. Il a dit des choses fort sensées, et sur la guerre possible. & sur l'attitude qui convient aux intérêts de la France. Ces deux choses 1° la guerre, c'est la Prusse à la tête de la révolution. 2° si la France s'engageait la dedans ce serait, outre la Révolution ranimée chez elle est partout, l’impossibilité d’y trouver son profit, car on ne pourrait pas prendre les provinces rhénanes à son allier. Nouveau point de vue que j’ai vu plus tard être la préoccupation de Morny. Frohsdorff n’a pas été nommé. Au bout de 3/4 d’heures Salvandy est parti, m'annonçant qu'il allait à la campagne pour n'en revenir que dans 6 semaines. Le tête-à-tête avec Morny a commencé par vous. Il m'a beaucoup prié de vous dire combien il avait été contrarié des articles dans les journaux à propos de votre billet à lui. Voici le fait. Il l’a montré au président qui en a été charmé, enchanté & qui la gardé. Il l’a montré à M. Fould, à M. Barache ce n’est pas la faute de Morny, & voilà. Il m'a fait des reproches au Président, et désire beaucoup que je vous fasse cette explication. Un peu en critique de ce que pour se débarrasser de M. d'Hautpoul, on ôte au Général Charron un commandement dont il s’acquittait fort bien, voyant là une injustice. Un peu en critique aussi du général Changarnier qui avait défendu les cris à la garnison de Paris, qui tient chez lui à son déjeuner des propos désobligeants pour le Président enfin pas amoureux de Changarnier quoiqu’il lui rende justice.
Il y aura un message. Il est fait je crois. Un compte- rendu de chaque ministère pas autre chose. Le Président très occupé de l’Allemagne. Voyant bien les difficultés, celles que j'ai citées plus haut. Cependant pas possible de rester les bras croisés si la Russie s'en mêle. L'opinion se soulèverait. Ergo, si la guerre s'engage, si nous sommes du côté de l'Autriche la France passe à la Prusse. C’est inévitable. Le soir Viel Castel, croyant qu'on négocie sous main, tout en poussant viennent les préparatifs de la guerre. La Prusse après avoir abandonné Erfurt, abandonne aussi le collège de Princes. Mais tout se décidera à Varsovie et c'est là où le prince fait agir tous les ressorts. Nous avons pour elle des faiblesses, témoin le Danemark. (cela, il a raison.) Molke qui était chez moi aussi est révolté de l’abandon des grandes puissances, des nôtres surtout. Viel Castel dit que 10 jours ne peuvent pas se passer sans un dénouement. Le 17 a été magnifique à Varsovie. La cour & l’armée étonnées de ne pas entendre parler d'Autriche ce jour-là. Le duc de Wellington même a écrit au Maréchal une lettre de félicitation. L’Empereur a défilé devant lui à la tête de l’armée russe & du détachement prussien, rendant les hommes au Maréchal, les jeunes grands ducs lui ont présenté solennellement un bâton de Maréchal en diamants donné par l'Empereur. Je suis bien curieuse de ce qui va arriver. Viel-Castel dit que Palmerston est engourdi, on ne parvient pas à arracher une réponse à propos du Danemark. Me voilà fatiguée. Adieu.
Je reviens à Morny très très occupé de reprendre le Rhin. Le Président donne aujourd’hui la barrette aux cardinaux & un grand . dîner après. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L012_00310.jpg
Paris jeudi le 25 octobre 1849

Montebello est venu me raconter la séance d’hier en sortant de l’Assemblée. Broglie & Thiers ont absolument voulu s'abstenir. Le parti Orléans n’a donc pas voté. Pourquoi ? Cela me parait mal jugé. Montebello qui a été obligé de faire comme Broglie, en était tout triste et mécontent. Ils disent que c’est parce que Berryer a été trop légitimiste ! Berryer a fait de la belle et et bonne monarchie, il fallait voter avec lui pour cela, et même au lieu de cela, on se divise. Molé a voté avec la majorité, il a eu raison. J’ai vu hier des diplomates Fagel, les petits. Inquiets de l’Orient. Tous les jours cela m’inquiète davantage. J’ai vu aussi Edwards 1er secrétaire de l'Ambassade anglaise. Gêné, cachant ce qu'il pense ; ainsi disant " on ne rêve pas à des coups d’état. " Et c'est Normanby qui y pousse ; Je vois que Manin est arrivé. A propos de lui, voici ce que m'écrivait Beauvale en réponse à une lettre où vous me parliez de Manin il y a longtemps. Gardez cela pour me le rendre. On dit que Narvaez est décidément sorti des Ministères le 23, avant hier. J’ai été hier soir chez Mad. Swetchine, femme d'esprit et de sens & très doux. Société française qui ne me plaît pas du tout. Des femmes qui crient, et qui déraisonnent. Beauvale m'écrit qu'il y a des articles de journaux menaçants comme nouvelles de Pétersbourg. Il croit que c’est fabriqué. Moi et les autres russes nous avons de l'inquiétude. Les Russes sont venues hier chez moi notre dernier ministre à Turin, la princesse Wittgenstein & A propos, Annette est nommé à Turin. Neumann désigné pour Bruxelles. Le beau temps se trouble, je vais cependant tous les jours passés une heure au bois de Boulogne. J'entendais hier, je ne sais qui, dire chez Mad. Swetchine, que la majorité finirait par se fâcher des visites du président au faubourg St Antoine. C'était un député. Adieu. Je ne sais rien de plus que les journaux du matin. Quand nous nous parlerons comme nous serons bavards ! Adieu. Adieu. Le petit Willonghby est ici. Je ne sais comment tout cela se passe.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23014_00334.jpg
Paris le 25 septembre Jeudi 1851

J’ai vu hier matin Richard, Metternich et Brougham. Celui-ci me racontait. les fureurs du duc de [Wellington]. A propos de [Lady G. Faxe]. Il a déclaré que si quelqu’un s’avisait de lui parler de cette affaire. Il lui passerait son épée par le corps. Brougham s’est bien gardé de lui en parler. Richard m’a raconté les triomphes de son père partout. Il en est bien touché.
Le soir Changarnier & Berryer. Longtemps seuls à nous trois. Cela n'était pas commode du tout. Aucune sincérité. Grand orateur, grand capitaine, on s’envoyait cela à la figure, et des mots couverts. J’ai été plus franche et deux fois j’ai montré mes préférences pour le Président. Le duc de Berryer était qu'il fallait à la fois écarter les deux concurrents princiers, cela plaisait parfaitement. Changarnier, cela m’a paru à moi ou une bassesse ou une sottise. Ces deux messieurs ne se sont pas dit un mot à part. Berryer est parti le premier. Changarnier avait quitté Ferrières pour un rendez-vous à Paris avec le duc de Lévis. C'est pour cela aussi que Berryer était venu en ville.
J'ai une lettre de Molé aujourd’hui, sur le ton que vous connaissez. " Si le Président entendait ses véritables intérêts." & vous devinez le reste. Molé ne reviendra que pour le 1er novembre. Octobre va être encore bien vide à Paris. (Je crois que c’est le contraire qu'il fallait dire. C'est égal.) Le temps est redevenu bien beau. Je fais deux heures de promenade. Marion revient aujourd’hui. Changarnier est très frappé d’elle. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23015_00255.jpg
Paris le 26 août jeudi 1852

J'ai été bien mal cette nuit. Kolb est resté auprès de moi jusqu’à 4 h. du matin, depuis j'ai dormi deux heures. J’ai envoyé chez Chomel. Le fait est que je suis très souffrante. Je fais tout ce que vous dites chicorée, gelée de viande & & rien ne va. Les forces partent. Me retrouverez-vous ? J'en doute. Rogier est venu hier. Il se dit content, & son roi aussi, de la Convention. On doute que les chambres le soient.
Depuis toutes les nouvelles qui arrivent de l’étranger les diplomates commencent à regretter d’avoir assisté au te deum le 15. C'est une drôle d’affaire. Traitée très diversement. Berlin, Pétersbourg, Hanovre, Berne, de la même façon. Les autres comme Naples avec [?] et honneurs, comme Vienne & Londres simplement de tout cela il reste ici beaucoup d’humeur, et pour l'avenir prochain une autre façon d'amorcer la fête. Car fête politique et nationale nous n'en voulons pas & personne ne peut en vouloir. Personnelle de tout notre coeur. Hubner vient chez moi souvent ; il est détesté par tous les petits. Viel Castel est ici pour quelques jours, très aimable homme.
3 heures je suis toujours dans mon lit et je n'ai guère la force d’écrire. Comme je suis ce que vous dites ! Quel vide pour l’esprit et le cœur, & mille fois plus que pour vous. C’est probablement une bonne partie de mon mal. Adieu. Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00446.jpg
Vos bonnes houvelles me font du bien. Je suis mieux que hier au soir mais pas bien encore. Les douleurs reviennent, j'ai cependant bien dormi. Que je me réjouis de vous voir chez moi ce matin. Je vous en prie profitez de votre réputation de malade pour vous reposer encore toute cette semaine. Fermez votre porte. Si vous vous fatiguiez à présent il vous serait plus ennuyeux & embarassant de reprendre des allures de malade. Aujourd’hui c’est établi. Reposez vous bien. Adieu. Adieu. Je suis si contente.

Jeudi 9 1/2

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00449.jpg
Comment êtes-vous ce matin ? J’ai passé une bien bonne nuit dans une bien bonne chambre, bien sèche, bien aérée et bien chaude. Je me sens remonter vers la santé. Dites-moi cela aussi. J’irai vous voir entre midi et une heure. Adieu. Adieu. Vous souffriez hier en me quittant. Adieu. G.

Jeudi 26 sept. 9 h. un quart

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/23013_00412.jpg
Paris Jeudi le 26 septembre 1850

Merci de vous inquiéter de mon fils ! Moi, il m’inquiète beaucoup. Dès avant Ems une ébullition sur la tête qu'a gagné la figure & plus tard tout le corps. Rouge écarlate. La fièvre est venue et revient tous les soirs. On lui prescrit un régime très sévère & un climat très chaud. Ses lettres me prouvent la contrariété qu’il en éprouve. J’ai chargé lady Holland qui est partie ce matin pour Naples de m’en donner des nouvelles bien souvent. Elle sera très bonne à cela. J’ai pris Kisseleff hier et je l’ai mené à Champlatreux. J’y ai trouvé la vicomtesse, le duc de Noailles, & le duc de Mouchy. Molé aussi consterné ou plus consterné que les autres. Noailles n'en revient pas. Le découragement le gagne, il est vrai qu'il y a là de quoi perdre toute envie de se mêler d’affaires qu'on gate à ce point là. Tout le profit de Wiesbade perdu & au-delà. Jamais on n’aurait inventé bêtise pareille. L’avis général et que c’est au profit de président s'il sait s'en servir. La bonne conduite serait de ne rien brusquer. L'alouette lui tombera toute rôtie dans la bouche. Le manifeste soit disant de l’église a fait beaucoup de bruit. Ce bruit est diminué par une sorte de rétractation. Mais on ne la trouve pas assez nette pour qu’il n'en reste encore beaucoup. Lahitte avait dit avant hier, que cela serait formellement démenti. On ne trouve pas que ce soit formel. Molé a mauvais visage. Il ne bougera pas de Champlatreux jusqu'à l’assemblée. Fort soucieux de l’avenir, très triste.
Ma course a été agréable ; je fais cela très vite en envoyant un relai, et j’étais dans mon lit à 10 1/2. Je verrai le duc de Noailles ce soir. Je crois qu'il retourne demain à Maintenon. Palmella a passé ici trois semaines dans son lit. J’ai voulu le voir, on a craint pour lui l’émotion, Il a dit à Païva. Un dernier plaisir pour un adieu éternel Il est mourant, et Andral l'envoie mourir à Lisbonne. Je suis très triste, sa lettre hier au moment de partir est fort touchante. Il n'y a plus de Portugais après lui. Esprit très rare, & homme charmant. Je vous envoie Fleichmann, brave allemand. Je n'ai pas encore lu le reste de la lettre qui est longue. Je vous l'enverrai. Adieu. Adieu.
Formats de sortie

atom, dcmes-xml, json, omeka-xml, rss2