Guizot épistolier

François Guizot épistolier :
Les correspondances académiques, politiques et diplomatiques d’un acteur du XIXe siècle


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Collection : 1844 (15 juin - 16 octobre) : Louis-Philippe et Guizot reçus par la Reine Victoria (1840 (octobre)- 1847 (septembre) : Guizot au pouvoir, le ministère des Affaires étrangères)

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Château d'Eu. Lundi 7 oct.
3 heures

Je ne vous répète pas le récit de mes ennuis. Trois heures et demie dans une chaumière, sur la route, à attendre une voiture de Rouen. J'ai beaucoup pensé à vous, et à l'impatience que vous auriez, bien plus vive que la mienne. Cela m'a calmé. Au fait j'étais à couvert, devant un bon feu, et j'étais sûr qu'une voiture m’arriverait. Quand elle est arrivée la seule solide qu'on eût trouvé, les deux glaces des portières manquaient. On y a adapté des rideaux d’épaisse perkalin verte. Un vrai sarcophage, du reste il roulait bien.
Quand j’ai relayé à Tôtes, j’entends un groupe autour de ma voiture. Je ne voyais rien, & on ne voyait rien. J’entends dire : " C’est M. Guizot. Pourquoi s'enferme t-il comme çà ? Il n'en a pas besoin. Ici, tout le monde l’aime ; nous ne sommes pas des journalistes. " Je soulève mon rideau : " Messieurs, c’est que ma voiture s'est brisée et j’ai été obligé d'en prendre une autre qui n’a pas de glaces. - Prenez bien garde de vous enrhumer. M. le Ministre. On dit que vous avez été malade soignez vous. Le commerce a bien besoin que vous vous portiez bien. "
Je les ai remerciés, et j'ai refermé mon rideau. Il y avait cinq ou six gardes nationaux en uniforme, et une vingtaine de petits bourgeois ou paysans. Voilà les assassins qui m'attendent sur la route. Je suis arrivé à Dieppe à 9 heures. J’ai fait faire un bon feu. J’ai expédié une estafette à Eu et une à Paris. J'étais dans mon lit à 10 heures. J'ai assez bien dormi. Pas comme dans ma chambre pourtant. Ce matin à 7 heures et demie, comme j’allais partir, Herbet m'a rejoint. Je l’avais laissé en arrière pour prendre soin de ma voiture. Je suis arrivé ici à 10 h.. Le Dr Fouquier m'attendait à la porte de ma chambre. Il est allé rendre compte au Roi de moi.
J'ai déjeuné dans ma chambre, très bien déjeuné. Puis, j’ai fait ma toilette. Cette maison est très bien tenue. Tout y est commode et prévu. Et puis, je suis évidemment l'objet, des plus tendres soins. L’intérêt personnel habile et élégant fait ce qu’il peut pour ressembler à un peu d'affection. J'y réponds par de la bonne grâce. C’est assez.
Je viens de passer une heure avec le Roi. Content et préoccupé. J’ai des nouvelles, de Sainte Aulaire. Peel sera à Windsor, à l’arrivée du Roi, et est invité pour toute la durée du voyage. Il y aura beaucoup d'invitations pour un jour. Les Cambridge ne sont invités que pour le 10, le jour de la Jarretières. Les deux colliers vacants seront donnés à Lord Abercorn et à Lord Talbot, mais pas ce jour-là. Le Prince Albert viendra-t-il jusqu'à Portsmouth, ou seulement au point ou nous quitterons le chemin de fer ? That's the question. La Reine Louise a écrit qu’il irait à Portsmouth. Adieu.
Vraiment, je suis bien. Point fatigué. Nous verrons cette nuit. J'ai dit au Roi que je me coucherai en entrant sur le Gomer. Il m’a fort approuvé. Beau temps ; mais un peu de vent, et mauvais nord-ouest. Nous dinons à 4 heures et demie, & nous nous embarquons à 6 heures. Adieu. Adieu.
Merci de votre lettre à Lord Aberdeen. Je suis sûr qu'il en tiendra grand compte. Sainte-Aulaire m'écrit qu’il est très préoccupé de mon indisposition. Adieu. Adieu.
Le facteur demande mes lettres. Adieu dearest. G.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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N°1 Paris, Dimanche 6 octobre 1844, 9 h. du matin

On m'apporte votre billet. Je l’attendais. Vous ne m'en voulez pas de cette confiance. J'ai mal dormi. J'ai entendu chaque coup de vent. Ce matin la pluie hélas ! Et vous en calèche pour toute la journée ! J'ai prié Dieu ; je le prierai vingt fois le jour ! Je chercherai des consolations auprès de Génie.
Je ne suis restée aux Italiens que juqu’à 9 1/2. J’y ai vu les gouverneurs [Bathurl] & Kisseleff. J’étais triste et il me semblait que j’étais malade. Je viens d'écrire à Lord Aberdeen pour le prier d’avoir soin de vous épargner les fatigues et les veilles de la cour. Je lui ai bien recommandé cela, & de vous donner beaucoup de sa conversation.
1 heure. Je rentre de l'église. Un détestable prédicateur venu de la province. J’attends Génie. Mad. de Castellane m’écrit un petit billet tendre et fort arrangé pour me prier de l'annoncer pour demain à déjeuner à Champlatreux. Elle ne m'y trouvera plus, je veux revenir ici pour mon luncheon. Voilà Génie, et voilà mon adieu. Adieu. Adieu mille fois dearest.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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2. Paris lundi 7 octobre 1844,
1 heure

Voici ma seconde lettre depuis votre départ. Départ, absence, c’est abominable. Je ne suis pas raisonnable. Je m’inquiète, je me désole. Hier je suis arrivée à 5 1/2 à Champlatreux. Très bonne et Gracieuse réception, M. & Mme Molé sur le perron. Personne au Château que M. & Mme de la Ferté & Madame, je ne sais what de l’aigle. Petite femme une lionne.
Le diner à 7, la causerie générale jusqu'à 10 1/2. Ce matin à 9 heures promenade à pied dans les serres, & à 9 1/2. All night go on. J’étais ici avant midi. Il ne s’est pas dit un mot de politique. L’humeur est douce & galante.
Voilà Génie qui entre votre lettre à la main. Belle lettre ! Belle aventure. Vous voyez bien que vous ne songez à rien. Que personne ne s’occupe de vous, et de ce qui vous regarde chez vous. Partir avec une roue qui ne tourne pas ! Rester pour cela cinq heures de plus sur la grande route. Coucher dans une méchante auberge. Une chambre qui n’aura pas été avec des matelas froids, du linge humide. Un stupide valet de Chambre qui n’aura su rien faire ! Je suis dans une colère, ah mon dieu, que je suis en colère ! Ce voyage commence mal. Je vais plus que jamais me chagriner. Je ne saurais rien vous dire que mon désespoir.
Le temps est clair, mais le vent est très froid et très contraire et suffisamment fort pour vous rendre bien malade. Si vous étiez très bien portant, très fort, je serais très inquiète. Voyez un peu ce que je suis aujourd'hui ! 3 heures
Je viens de voir Appony & Bacourt. Point de nouvelles, ils m'en demandent. Voici une lettre de Lady Palmerston reçue à l’instant et que je vous envoie. Ils ne viennent pas à Paris. No harm. Adieu. Adieu, plus que dearest. Si vous pouvez vous soigner. Si je pouvais avoir demain de bonnes nouvelles. Et que je serais contente. Adieu. Adieu.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Rade de Portsmouth, 8 h. 3/4
Mardi 8 oct. 1844

Nous allons débarquer. Nous n'attendons que l’arrivée du Prince Albert qui doit être à Portsmouth à 10 heures. La traversée a été excellente. J’ai dormi au moins neuf heures. Pas trace de mal de mer. Je viens de bien déjeuner. Nous sommes entourés de yacht sutters, bâtiments de toute sorte, pleins de femmes autant que d’hommes. On nous annonce an emphatic enthusiasm. Le temps est très beau, soyez tranquille, à mardi prochain. Adieu. Adieu, dearest. G.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Château de Windsor. Mardi 8 oct. 1844 - 5 heures

Je veux que vous voyez mon écriture. Je suis très bien. La mer et le voyage me réussissent. Réception à Portsmouth ultra toute attente. 2 ou 300 bâtiments de toute espèce, Toute la population sur les quais. Un hourra, sur terre et sur mer qui a duré tant que nous sommes restés à l'ancre, attendant le Prince Albert qui est arrivé, à 10 heures avec le Duc de Wellington, celui-ci comme lord lieutenant du Hampshire. Excellente adresse de la corporation de Portsmouth. Bonne réponse du Roi, reçue avec transport. Vous les verrez dans les journaux. Beaucoup de monde et de hourras sur la route.
Très bon accueil de la Reine, évidemment contente. Sir Robert Peel attendant avec la Reine au bas de l’escalier. De la cordialité la plus empressée avec moi. Il m'a cassé un doigt. Je tâcherai de sauver les quatre autres. Lord Aberdeen arrive pour dîner. Point de monde d'ailleurs aujourd’hui. J’ai l’appartement de Lord Melbourne dans la tour du Diable. Adieu. Adieu.

Donnez, je vous prie, ces détails à Génie, à qui je n'écris pas moi-même. Adieu As the last. G.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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3. Paris Mardi 8 octobre 1844 à 11 heures.

Quel bon réveil ! Une lettre de vous, je m’agitais dans mon lit pour deviner comment s’était passé cette nuit de Dieppe, & puis les assassins et tous les autres dragons que je me mets en tête. Lorsqu'on m’apporte votre lettre d’Eu. Je n’ai pas besoin de vous dire mes rages, mes imprécations au récit de vos aventures. Pas de places aux postières ! Il ne manquait plus que cela ! Et par une soirée froide humide, et le vent en face. Ah mon Dieu ! Vous voyez que tout le monde autour de vous est bète. Comment est-ce que Herbert vous a envoyé une voiture comme cela. Vraiment je suis en fusion. Jamais je ne l'ai été autant. Mais voyons. Le nuit a été calme, je n’ai pas dormi ainsi je sais très bien que j’aurais pu dormir sans inquiètude. A huit heures épais brouillard, mais vous étiez in smooth water. A présent, brillant soleil. L’arrivée doit être belle. Et mon dieu je me figure cela, & Dieu sait ce qui se passe ! A distance le plus sûr c’est d'être toujours alarmée.
Que de serment je fais à chaque séparation, de ne jamais en espérer de vous ! Il y avait l'Angleterre à dîner hier chez les Appony j’y ai diné aussi ; il n’y avait que cela. Aujourd’hui répétition chez les Cowley. On parle beaucoup du voyage.
Je suis restée jusqu'à 10 heures, & puis je suis revenue trouver mon lit. J’ai écrit à mon fils en lui envoyant toute ma correspondance sur son affaire. Comme la paquet est gros c'est à vous que je l'adresse. Ayez la bonté de le faire passer à Londres. Pilot a promis de s’engager par écrit pour l’année prochaine. Je n’ai pas entendu parler de Morny. Vraiment vos journaux sont des imbéciles. Vous ferez fort bien de dire à Windsor que personne ici ne fait attention à toute ces sottises qui se disent sur la visite du roi. C'est vrai, car c'est trop bête. Voilà vite qu'on me demande ma lettre. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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3. Saverne Samedi 3 août 1844
6 h. du matin

Je veux encore vous dire adieu sur terre de France. Je serai triste en passant le Rhin ! Hier n’a pas été si bien que les autres journées. Un accident ; le postillon sous les chevaux... La voiture presque renversée. Mon Constantin a sauté dehors avec une prestesse de cosaque. Il a tout fait, coupé les traits, relevé le postillon. Enfin nous nous sommes remis de la frayeur et de l’accident. Cela a fait un délai d'une heure. Le pauvre postillon y perdra un doigt.
Je vais donc revoir mon frère aujourd’hui. Je commence à y penser. J’aurai un peu de plaisir, et quelques conversations curieuses. A propos, si l’envie de voir Strasbourg lui venait, s’il était curieux (ce qu'il sera) d’un exercice des chasseurs d’Orléans, Hennequin serait-il homme à l’orienter pour le jour où cela pourrait se rencontrer ? Ou bien pourriez-vous lui faire tenir quelque autorisation auprès du Chef militaire pour cela ? Cela serait de la bien bonne grâce. Je vous dis ceci en l'air, mais Constantin croit que son oncle serait le plus heureux du monde de voir pareille fête.
Les visiteurs de Bade arrivent à Strasbourg sans passeports. Au reste je vous reparlerai de cela encore quand je l’aurai vu. Je vais déjeuner et partir. Je soutiens bien le voyage. Constantin est tout étonné du peu d'embarras que je lui donne, mais cela vient de ce qu’il est là et que je ne m’inquiète pas de mille détails du voyage. Ma santé va assez bien. Adieu. Adieu. Ecrivez-moi, soignez-vous. God bless you dearest.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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N°4 (je crois) Château de Windsor, Mercredi 9 oct. 1844, 9 heures

Soyez tranquille. Je commence par là. Je suis très bien. J'ai bien dormi. Pas si bien que sur le Gomer où je me suis couché Lundi soir, à 7 heures et demie pour me lever mardi à 7 heures après deux ou trois réveils fort courts dans cette longue nuit. Je ne me suis pas douté de la traversée.
Hier soir la Reine pour nous laisser reposer, a quitté son salon à 10 heures. J'étais dans mon lit à 10 heures et demie. J’ai pris, mon bouillon, comme chez moi, en m'éveillant. Voilà le compte de ma santé fait. Je vous répète que le voyage me fait du bien. Mais les lits Anglais sont trop durs.
Soirée fort tranquille hier. Point d’invités, si ce n’est le Duc de Wellington, sir Robert Peel et Lord Aberdeen qui est arrivé tout juste pour dîner. Longue conversation entre lui et moi après le dîner. Je ne sais quel hasard nous a fait commencer par l'Empereur et M. de Nesselrode, et nous n'en sommes pas sortis. J’ai à peu près vidé mon sac sur ce point, écouté avec beaucoup de curiosité et pas mal de surprise. Avec Sir Robert Peel, un commencement de conversation sur ses propres affaires, ses succès financiers, l'état intérieur de la France, ce qui l’intéresse le plus. Le Duc de Wellington extrêmement poli & soigneux avec moi, comme un homme qui se souvient vaguement qu’il a quelque chose à réparer.
J’ai causé assez longtemps avec la Reine ; et longtemps avec le Prince Albert. Ils ont l’air très content. La soirée s’est passée à voir l’Album du voyage de la Reine au château d’Eu, que le Roi lui a apporté.
Ce matin, la Reine a fait proposer au Roi, pour 9 heures et demie une visite au potager et au verger. Il l'a priée de vouloir bien l'excuser. Il reçoit Lord Aberdeen à 9 heures, et sir Robert Peel à 11. Je le verrai entre deux. La Reine est prodigieusement matinale. Le déjeuner est commun, où elle ne va point, est à 9 heures. Je n’y vais pas non plus. Je ne sais quels seront les plaisirs officiels de la matinée. On m'avertit qu'ils commenceront à 2 heures. Adieu. J'espère bien avoir un courrier de Paris ce matin. J’expédierai le mien ce soir à 5 heures. Je vous redirai Adieu.
Le Duc de Wellington m’a demandé si Lord Cowley ne viendrait pas faire une course à Londres - Je sais qu’il se trouve parfaitement à Paris. Il a raison. On me dit qu'il se porte très bien.
Midi, et demie
Voilà votre numéro 2. Merci de votre anxiété. Vous aurez été rassurée le lendemain. Vraiment il n’y a pas de quoi vous inquiéter. Ma santé va bien. Ce qui me manque encore de force reviendra. C'est à mes affaires que je pense. Grand ennui d'y penser tout seul.
J’attends Lord Aberdeen à une heure. Il a vu le Roi qui en a été très content. Peel est chez le Roi en ce moment. Adieu. Adieu. Après vous, ce que j’aime le mieux, c'est vos lettres. Adieu. G.
Je vous renvoie celle de Lady Palmerston. Yes, no harm.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris mercredi 9 octobre 1844
9 heures

A 6 heures hier au moment où je m’apprêtais à faire ma toilette pour dîner chez les Cowley, l'ambassadeur d’Autriche est venu m'annoncer la mort de mon pauvre frère. Je ne puis pas dire que j’en ai été saisie, il y a si longtemps que je suis préparée à cet évènement, mais j'en suis fort triste. Votre absence ajoute beaucoup à cette tristesse. Et quand Appony m’a eu quittée j’ai senti profondément mon isolement absolu. Je me suis regardé avec un vrai serrement de cœur, quelle solitude, quelle impuissance. Je suis restée comme cela une heure et puis il a fallu songer à mon dîner. Personne n'était à la maison, j’ai envoyé prendre quelque chose chez un restaurant, je n’ai pas que manger à huit heures je suis allé chez Annette. Pauvre fille elle sanglote sans pleurer. Elle se reproche d’avoir quitté son père. Et elle ne sait pas tout encore. On dit qu'il est mort dans la traversée, ainsi sans sa femme, sans ses enfants. Le bon Constantin tout seul auprès de lui. Toutes ces nouvelles sont venues par des correspondance russes. Personne ne nous a écrit encore ni à Annette ni à moi. Je suis restée auprès d'elle jusqu'à 10 heures. J’ai mal dormi encore. J’ai beaucoup rêvé de vous. Je me suis levée de bonne heure dans l’attente d'une lettre, d'une nouvelle. Il n'y a ni télégraphe ni lettre. Je sens qu’il n’y a pas de quoi m’inquiéter, et je m’inquiète. C’est votre santé qui me trouble l'imagination. Le temps est devenu très froid. Vous avez été fort exposé à l’air. Comment tout cela vous va-t-il ? Par pitié pour moi soignez vous extrêmement. Si vous avez dit vrai c’est d’aujourd'hui en huit que je vous reverrais. Ah que le ciel m’accorde ce bonheur. Et puis je jurerai que vous ne m'échapperez plus.
La pauvre Marie Tolstoy selon ces nouvelles russes aussi, est très près de sa fin. Ce pauvre excellent Constantin quel chagrin pour lui. Il ne lui reste plus rien. Je suis sûre qu'il se rappelle & cherche mon amitié. Il n’a plus que moi pour l’aimer. Je crains qu’il me demande à aller au Caucase cela me désolerait. Voilà encore qu'aujourd’hui ma lettre est demandée pour 11 heures vite je finis. Je vous prie je vous supplie portez-vous bien & ne me dites que cela. Adieu. Adieu.
Mille fois adieu dearest.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris, Jeudi le 10 octobre 1844
8 h 1/2 matin

Voilà votre bon petit mot de Portsmouth. Merci. Merci. Bien dormi, bien mangé. C'est là ce qu’il faut me dire. C'est la seule chose qui m’intéresse vraiment. Hier soir Génie est venu m’apporter la dépêche télégraphique de Windsor. J’en ai été médiocrement contente, elle ne parlait pas de vous. Sachez bien qu’il n'y a que vous pour moi dans le monde.
A propos de cette dépêche la colère de Génie était sans bornes, restée 23 1/2 heures entre Windsor & Calais ! C'est vrai que c’est fort.
Il est impossible de faire plus. La venue du Prince Albert à Portsmouth à bord du Gomer, c’est parfait. Que je serai curieuse maintenant des détails. Comme les journaux vont nous en régaler ! Je voudrais qu’ils me racontent aussi ce que vous mangez.
Hier pauvre journée de larmes. Constantin m'a écrit la plus touchante lettre du monde. Vous verrez qu’elle vous touchera. Cette lettre a enfin fait pleurer la pauvre Annette. Elle n’a pas quitté son lit depuis l’arrivée de la nouvelle.
J’ai vu hier matin Fagel deux fois, Fleishman, Kisseleff, Bacourt, l'Ambassadeur d’Autriche. J'ai fait ma promenade au bois de Boulogne après mon dîner. J'ai été chez Annette où je suis restée jusqu'à 1 heure de me coucher. Je ferai cela tous les jours. Bacourt vous demande s'il doit attendre votre arrivée. Il voulait aller lundi à Bruxelles pour en revenir le 1er Nbre. Mais si vous en disposez autrement, il fera votre volonté et vous attendra. Il ne sait rien que le fait que vous avez peut être besoin de lui. Fagel est excellent d’abord pour moi (il a le cœur très charitable) et puis excellent par les rapports avec Londres. Lord Aberdeen a lu le rapport de Fagel sur son entretien avec le roi où celui-ci-li a fait un éloge si vif & si mérité d’Aberdeen. Cela lui a fait une satisfaction visible. Il s’est beaucoup loué & d'ici, et de vos agents d'Espagne surtout de Glusbery. C'est absurde de vous adresser tout cela à Windsor. Je ne sais que vous mander. Vous comprenez bien qu'ici il n’y a pas de nouvelles, & que moi plus recluse que jamais à présent à cause de mon deuil, je ne puis rien apprendre.
Le Toulonnais donne votre traité avec le Maroc. Certainement, cela n’est pas en règle. Comment ces choses là arrivent-elles chez vous ? J'espère que Tahiti ne va pas faire un nouvel embarras. Ah que j'arriverais à jeter Tahiti au fond de la mer. Revenez je vous en prie avec le droit de visite au fond de mer aussi. Je ne sais pourquoi, je l'espère beaucoup. Mais surtout je vous en supplie portez vous bien. Dormez, mangez, prenez des forces et parlez moi de cela tous les jours.
Sans doute le Roi se louera de Cowley à Windsor. Je voudrais que cela valût à ce bon vieux homme le titre d’earl. Je n’ai pas vu Lady Cowley hier elle était malade, elle viendra aujourd’hui.

Midi et demi. Dans ce moment m’arrive votre petit mot de Windsor. Mardi 5 heures Mille fois thank you dearest que c’est charmant de lire écrit de votre main : Je suis très bien. Continuez à l’être et à me le dire.
Que la bonne réception de Portsmouth m'enchante. Au fait tous ces hourras feront du bien au roi ici. Cela le réhausse encore. Quelle honte pour les Français de si peu reconnaître ce qu’ils possèdent. Mais savez vous qu’au fond il y a un sentiment d’inquiétude de son absence, on sera content de le savoir de retour. Il manque, c’est un vide. On s’aperçoit que c’est une grande affaire que le roi. Je crois moi que tout ceci fera du bien.

9 heures
J’ai été accablée de visites. Il faut que je ferme ceci & que je le porte chez Génie. Adieu. Adieu. Vos filles sont venues elles ont été très aimables pour moi, et m'ont apporté de charmantes brioches bien chaudes très utiles. Elles ont bonne mine toutes les deux. Adieu. Adieu.
Voilà le petit Nessellrode qui reste aussi. Je vous redirai tout demain. Adieu. Adieu. God bless you dearest.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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N°6 Château de Windsor. Jeudi 10 oct. 1844,
11 heures

Mon courrier de Paris n'est pas encore arrivé, et j'apprends que celui que j'ai expédie hier a manqué, le train de Londres à Brighton et a été obligé de s’en aller par Douvres, ce qui aura retardé mes lettres de douze heures. Voilà des ennuis par dessus les ennuis de l'absence. Vous avez bien raison : l'absence est odieuse, et de plus absurde. Il vient un moment dans la vie ou les intérêts et les affections intimes devraient être seuls écoutés. Mais on est lancé, et on roule. Je roule fort dans ce moment-ci. Tout se passe à merveille. Pour le dehors et la population, je n'ai rien à ajouter aux journaux, sinon qu’ils disent vrai. Faites-vous donner par Génie, le Times et le standard.
Dans l’intérieur, l'accueil est vraiment éclatant et fraternel. On voit que la Reine prend plaisir à déployer sa magnificence et son amitié. Nous avons commencé hier les grands dîners de 100 couverts dans St George Hall et ensuite cercle & musique dans les state apartments. Nous aurons cela tous les jours jusqu'à lundi. Vous verrez la liste du dîner. J'étais à côté de Lady Peel, bien gracieuse et bien timide. J'ai bien employé ma soirée. J’ai beaucoup causé avec Peel, Aberdeen, Sir James Graham, Lord Wharncliff. J’ai été très content de Sir James Graham, et j’ai appris que, dans nos dernières difficultés, il avait été constamment l'un des meilleurs. Avec Peel, je n’ai encore abordé point de question spéciale, et je ne sais jusqu'à quel point je les aborderai. Je suivrai le conseil de Lord Aberdeen. Mais la politique générale la paix et la guerre, les relations avec les divers Etats. Il est très, très pacifique, convaincu que sa force tient à la prospérité des intérêts commerciaux qu’il a fort soignés et qui ne prospèrent que par la paix.
Il m’a fort bien parlé de M. de Nesselrode distinguant expressément son langage de celui de l'Empereur. J’irai chez lui ce matin à une heure. Ni lui, ni moi, ni Lord Aberdeen ne sommes de la course du Roi et de la Reine à Twickenham. Nous en profiterons pour causer à fond. Avec Aberdeen, j’ai entamé hier, et assez avant l'affaire du droit de visite. Je ne puis rien dire encore. Avec ses excellentes dispositions, Lord Aberdeen n’aime pas les changements, les discussions, les entreprises. Mais j’espère le rassurer, et le mettre en mouvement. Je ne puis m'empêcher de vous dire que je suis comblé, comblé par tout le monde. Evidemment l'estime et la confiance sont complètes. Peel a fait un vrai discours au Roi, à mon sujet et le Roi me l’a redit avec plaisir.
Hier avant le dîner, une assez froide promenade, moitié à pied, moitié en calèche. Visite minutieuse du château depuis la chapelle jusqu'à la vaisselle et aux cuisines. Visite de la basse cour et de la ferme. Enfin visite à la petite maison de la Duchesse de Kent. Il pleuvait de temps en temps. Aujourd’hui, il fait assez beau.
Votre paquet pour Paul est à Londres. Mon courrier de Paris n’arrive toujours pas. Cela m'ennuie bien. Voilà qu’on m’apporte quelques journaux de Paris, une lettre de Duchâtel pour le Roi, et rien de plus. redoublement demain. Adieu. Adieu. Mille fois, adieu. G.
Je vais bien.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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N°7 Château de Windsor, Vendredi 11 Oct. 1844
4 heures

Votre pauvre frère est donc mort. Tristesse ou joie, toute chose m'est un motif de plus de regretter l'absence. Loin de vous ce qui vous afflige me pèse ; ce qui me plaît à moi, me pèse. Je ne puis souffrir cette rupture de notre douce et constante communauté. Je suis vraiment triste que votre frère n'ait pas eu la consolation de mourir chez lui, dans sa chambre au milieu des siens. Il semble qu’on ne meure en repos que là. Et cette pauvre Marie Tolstoy ! Je ne lui trouvais point d’esprit. Mais elle a un air noble et mélancolique qui m’intéressait. Non, vous n’êtes pas seule, car je vais revenir.
Nous partons toujours lundi 14, pour nous embarquer à Portsmouth vers 5 heures et arriver au château d'Eu mardi 15 à déjeuner. J’y passerai le reste de la journée du mardi et je serai à Paris mercredi soir. Bien profonde joie.
Le voyage est excellent et laissera ici de profondes traces. Mais cinq jours suffisent pleinement. Je sors de la cérémonie de la Jarretière. Vraiment magnifique et imposante, sauf toujours un peu de lenteur et de puérilité dans les détails, 14 chevaliers présents. Le Roi, très bonne mine, très bonne tenu ; point d'empressement et saluant bien. Lord Anglesey a failli tomber deux ou trois fois en se retirant. Je ne vous redis pas ce que vous diront les journaux.
Hier à dîner entre la Duchesse de Mecklembourg et la Duchesse de Norfolk. La première spirituelle, et gracieuse ; la seconde pompeusement complimenteuse. Après dîner, Lord Stanley. Longue et très bonne conversation. Il m'a dit en nous quittant : " Je vous promets que je me souviendrai de tout ce que vous m'avez dit. " Je crois avoir fait impression. Le Roi en croit autant pour son compte. Quel dommage de ne pas voir les hommes là tous les trois mois ! Qu'il y aurait peu d'affaires. Lord Stanley m’a fait à moi l'impression d'une grande franchise & straightforwardness. Le tort des Anglais, c'est de ne pas penser d’eux mêmes à une foule de choses, et de choses importantes. Il faut qu'on les leur montre.
Outre Stanley, un peu de conversation avec M. Goulburn. Je les ai soignés, tous. Voilà deux soirées où je vous jure que j’ai été très aimable. Hier trois heures avec Aberdeen. Parfait sur toutes choses. Nous sommes de vrais complices. Nous nous donnons des conseils mutuels. Il est bien préoccupé de Tahiti et bien embarrassé du droit de visite. Ce matin deux heures et demie avec Peel. Remarquablement amical pour moi. Les paroles de la plus haute estime, de la plus entière confiance. Il a fini par me tendre la main en me demandant mon amitié de cœur. A un point qui ma surpris. Du reste très bonne intention ; plus d'humeur. Le voyage en effacera toute trace : mais des doutes, des hésitations et des inquiétudes dans l’esprit qui est plus sain que grand. Il m'a répété deux fois, qu’il s’entendait parfaitement et sur toutes choses avec Lord Aberdeen. Se regardant comme brouillé avec une portion notable de l’aristocratie anglaise, & le regrettant peu.
L'Empereur et M. de Nesselrode ont pris plus d’une demi-heure de notre temps. Les choses sont parfaitement tirées au clair. Il a fort approuvé ma conduite de ce côté depuis trois ans. Que de choses j'aurais encore à vous dire. Mais il faut finir. Mon courrier part dans une demi-heure et j’ai à écrire à Duchâtel. Adieu. Adieu. Dearest ever dearest.

J'oublie toujours de vous dire que je vais bien. Un peu de fatigue le soir. Je suis toujours charmé de me coucher. Mais je suffis à chaque jour, et mieux chaque jour. Je mange, quoique je ne puisse pas avoir un bon poulet. Demain, la Cité de Londres envoie à Windsor son Lord Maire, ses douze Aldermen et 18 membres de son common council pour présenter au Roi une adresse excellente pour lui, excellente pour la France. N'ayant pu obtenir le banquet à Guildhall ils n'en ont pas moins voulu manifester leurs sentiments. Ici, cela fait un gros effet. J’espère que chez nous, il sera très bon. Je n'écris pas à Génie dites-lui je vous prie ceci et quelques autres détails pour sa satisfaction. Adieu adieu. G.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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N°8 Château de Windsor. Samedi 12 Oct. 1844, 4 h. et demie

Je sors de la réception de l'adresse de la Cité au Roi. Le Lord maire, les Sheriffs, les aldermen, & des common Council men, 45 en tout. Vous verrez l'adresse et la réponse du Roi, qui a été parfaitement accueillie. Bonnes toutes deux. J’avais écrit la réponse ce matin, et je l’avais fait traduire par Jarnac. De l’avis de Peel, et d'Aberdeen il fallait qu’elle fût écrite lue et remise immédiatement par le Roi au lord Maire. La Reine et le Prince Albert ont passé une demi-heure dans le cabinet du Roi à revoir et corriger la traduction. C'est une véritable intimité de famille et d’une famille très unie.
J’ai eu le cœur remué pour mon propre compte. Au moment de se retirer les commissaires de la Cité ont demandé tout bas qu’on leur montrât M. Guizot, et à peu près tous m'ont salué avec un regard respectueux et affectueux qui m’a vraiment ému. Au dire de tous ici, cette adresse, votée à l’unanimité dans le Common Council est un évènement sans exemple et très significatif. Peel répète souvent qu’il en est très frappé. Plus j’avance plus je suis sûr qu'ici le voyage est excellent, excellent dans le Gouvernement et dans le public. Le Duc de Wellington est venu ce matin passer une heure chez moi. Nous avons causé de toutes choses, même du droit de visite ; évidemment ma conversation lui plaisait, et j'espère qu’il s’en souviendra.
Vous avez raison ; il faudrait que Cowley fût Earl. Je tâcherai de faire arriver cela. J'en parlerai au Roi, qui a déjà très bien parlé des Cowley. Le Roi vient de partir pour une visite à Eton. Il est infatigable. Je suis resté pour écrire, pour vous écrire.
Ne vous enfermez pas dans votre deuil au delà de ce que veut la convenance. Je ne doute pas que la lettre de Constantin ne me touche. C’est un bon jeune homme. J'espère qu’à partir de demain Dimanche, vous aurez l’esprit de m'écrire au château d’Eu et non plus en Angleterre. Lundi encore, écrivez-moi à ici. J’aurai votre lettre mardi, et Mercredi j'irai vous chercher vous même au lieu d'attendre vos lettres.
Nous quitterons Windsor Lundi à midi. La Reine, avec le Prince Albert, reconduira le Roi à Portsmouth. Là vers 3 ou 4 heures elle montera à bord du Gomer, où le Roi lui donnera un luncheon. Après le luncheon, elle quittera le Gomer pour monter sur son yacht, le Victoria Albert et les deux bâtiments sortiront ensemble du port de Portsmouth la Reine pour aller à l’île de Wight, nous pour faire voile vers le Tréport. On ne peut pas pousser plus loin la bonne grâce, et l’amitié. On dit que tout Londres sera lundi à Portsmouth.
Bacourt peut aller à Bruxelles. Je ne crois pas avoir besoin de lui avant le 1er Déc. Et en tous cas Bruxelles est si près. Je vais vraiment très bien. J'en suis frappé surtout pour l’appétit. Il y a bien encore un fond de fatigue surmonté par l'excitation de la vie que je mène et par ma volonté. Pourtant je sens aussi revenir la force, la force vraie et naturelle. Je suis sûr qu'à mon arrivée vous serez contente de moi. Adieu. Adieu. Votre lettre de ce matin m'a bien plu. Seulement vous ne me dîtes rien de votre santé. Adieu, dearest.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Château d'Eu. Mercredi 16 0ct. 1844,
9 heures

Je vous en conjure, ne soyez pas malade ; que je ne vous trouve pas malade. Vous ne savez pas à quel point j'ai besoin d'être tranquille sur vous, avec quel sentiment, chaque fois que je vous vois, j’interroge votre physionomie. Que sera-ce quand je vais vous revoir ? Vous le voyez ; je suis prudent je suis clever. J’ai ramené le Roi par Calais. Je reste un jour ici à me reposer. C’est vous qui êtes chargée de m’en récompenser. Portez-vous bien. Je suis bien, très bien. J’ai bien dormi de 5 à 10 heures. J’ai très bien déjeuné dans ma chambre. Quand ma toilette a été faite, l’heure du déjeuner du Roi était passé. Et puis, j'ai besoin et soif de solitude. J’ai donc préféré ma chambre. Une côtelette, une aile de poulet, des asperges, du raisin, et du thé. Est-ce bien ?
Cela vaut mieux que la cuisine de Windsor. Pas de légumes mangeables, excepté les pommes de terre. Pas un bon poulet. Et toutes les peines du monde à avoir du riz ou du vermicel, pour potage, au lieu de turtle. Vous auriez ri du luncheon que nous avons mangé à Portsmouth chez un bon M. Grant, Store keeper qui l’avait préparé pour ses amis de Londres venus pour assister à l'embarquement du Roi. Plus de 10 mille personnes étaient là dans cet espoir. L’amiral Cockburn, était au désespoir de notre changement de plan. Il a lutté obstinément pour le premier projet. Il regrettait. passionnément son spectacle sur mer. Puis, quand on lui a demandé d’envoyer un canot au Gomer, qui était en rade à Spithead il y en a envoyé deux successivement qui sont revenus, tous deux sans avoir pu franchir la barre. Il aurait fallu rester à Portsmouth à attendre que le temps changeât.
En débarquant en France à Calais, à Boulogne, à Montreuil, à Abbeville, partout sur la route, j’ai trouvé l’état d’esprit des populations excellent. Vive joie de revoir, de reprendre le Roi. Vif orgueil de l’accueil qu’il venait de recevoir en Angleterre. Vive satisfaction de la consolidation de la paix. Voilà les sentiments vrais, naturels, spontanés. Je les jetterai à la tête de ceux qui essaieront de les obscurcir, de les dénaturer, de mettre à la place les stupidités routinières et les animosités factices des journaux. Vous avez mille fois raison. Je prendrai ma position et les choses sur un ton très haut. J’en ai le droit, et c’est la bonne tactique. Adien. Adieu.
Dear, dear, infinitely dear. Encore une fois, ne soyez pas malade. Si vous m’aimez, c’est tout ce que je vous demande. Adieu. Je suis charmé que Marion soit là. Adieu. à demain. Charmante parole ! G.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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9 Château de Windsor. Dimanche 13 oct. 1844, onze heures

Oui, je pars demain à midi. Je vous ai dit hier si je ne me trompe comment tout est arrangé. N'ayez aucune crainte de Rouen. C’est beaucoup plus prompt moins fatigant et très sûr. Je partirai d'Eu Mercredi matin, entre 7 et 8 heures. Je serai à Rouen à 2 heures. J’en repartirai à 3 heures pour être à Paris à 9 heures.
Soyez bien sûre que vous n'aurez pas plus de plaisir à me voir entrer que moi à entrer. C’est une charmante idée qui me revient à chaque instant et m'illumine le cœur à tel point qu’il en doit paraître quelque chose sur mon visage. Mais personne ici n'y regarde. Vous n'aurez que quelques lignes. J'ai beaucoup à faire aujourd’hui. Jarnac vient de passer deux heures dans mon Cabinet. J’aurai une dernière conversation avec Aberdeen et avec Peel. Je dois voir aussi le Prince Albert. Puis une foule de petites affaires à régler avec le Roi.
Par une faveur que Lord Aberdeen a arrangée, Lord John Russell est invité à dîner pour aujourd’hui. Aberdeen m’a engagé à causer avec lui, assez à cœur ouvert ; et des rapports des deux pays et du droit de visite. Il lui croit bonne intention, et est lui-même avec lui, en termes très bienveillants.
Merci de la lettre de Bulwer. Je vous la renvoie. Il écrit ici sur le même ton parfaitement content de Bresson et de Glücksbierg. Je ne compte pas laisser M. de Nion à Tanger. Lui-même demande à aller ailleurs. J’ai dîné hier à côté de la Duchesse de Gloucester qui me demande de vos nouvelles et m’a parlé de vous avec un souvenir affectueux. Elle m'a dit que la société anglaise avait perdu sa vie en vous perdant. Après dîner de la conversation avec Aberdeen, un peu avec Peel. Un vrai plaisir à revoir les Granville qui étaient là. Lord Granville est réellement mieux ; toujours faible et chancelant, mais se tenant assez longtemps debout et parlant. Le Roi a été très aimable pour eux. Mad. de Flahaut aussi était là. Tout juste polie. Je l’ai été un peu plus, et voilà tout. Du reste d’une humeur visible et naturelle. Personne ne lui parlait, ne faisait attention à elle.
Votre discours final à Aberdeen est excellent, et je le tiendrai. Il faut que je vous quitte adieu, adieu, dearest. Je tâcherai de vous écrire un mot demain, je ne sais comment, et puis d'Eu, Mardi, en y arrivant. Et puis, ce sera fini. Je vais très bien. Vous me trouverez, moins maigre qu'à mon départ. Adieu. Adieu G.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Je vais très bien. Furieux, contre cet abominable temps qui m'empêchera de me promener, ce qui est à présent tout ce qu’il me faut. Je n’ai plus qu’un peu de fatigue. Je recommencerai aujourd'hui à m'occuper ici.
Je ferai venir Desages que je n'ai pas vu depuis son arrivée. J'ai bien des choses à régler et à faire avant mon départ. Que le vie est courte ! et bien plus courte, encore pour autre chose que pour les affaires. Adieu, Adieu.
J’attends 4 heures. Adieu. G.

Auteuil, lundi 23 sept. 1844

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Je serai à Paris entre 4 et 5 heures. Fatigué, mais bien parfaitement purifié. Vous seriez charmante de venir me voir aux Affaires Etrangères après votre dîner vers 8 heures. Cela vous convient-il ?
J’ai de longues dépêches et lettres de Pétersbourg. Peu intéressantes. Encore, un homme qui ne sera pas grand chose. Mais cela vous intéressera toujours. Adieu. Adieu.
Je suis charmé de rentrer à Paris. J’ai assez bien dormi, et ce matin, je viens de manger un peu. Adieu.

Auteuil. Mercredi 25 Sept.
8 h 3/4 1844

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Ferrières Samedi 2 heures Le 28 Septembre 1844.

Je viens de recevoir votre petit mot de hier 3 1/2. On dirait presque que je suis à Bade. Voici une occasion de vous faire parvenir de mes nouvelles. Je partirai demain à 10 h. ou à 1 heure. Plutôt 10 heures aussitôt que je serai arrivée vous le saurez mais j’espère que vous passerez la matinée à Auteuil ou enfin à l’air. C'est tout-à-fait essentiel pour vous. Que je vous ai désiré ici aujourd’hui. C’est si tranquille & si joli, & un temps si beau ! Mais je n'en jouis pas je pense trop à vous. Adieu. Adieu, je n’ai pas un mot de nouvelle à vous dire. Mangez, dormez, promenez vous, ne songez qu’à votre santé. Je vous en conjure. Adieu. Adieu dearest.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Ferrières, 9 heures du soir

Je vous écris un mot par M. N. de Rotschild qui part dîner de bonne heure et me rapportera votre réponse. Je vous supplie de lui envoyer votre lettre & de me bien dire comment vous vous trouvez. Je suis inquiète extrê mement. J'ai besoin de savoir de vos nouvelles. Je sors de table et je meurs de fatigue. Adieu, adieu, adieu à Dimanche. Si j’ai encore un moyen de vous écrire vous aurez de mes nouvelles. Adieu. Adieu.
Votre lettre à Rothschild serait encore à temps à 3 1/2. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris, dimanche 13 octobre 1844, 9 heures

Quelle excellente lettre que celle de vendredi ! Evidemment vous êtes content ; cela me rend toute heureuse. Cela aura été un bon et utile voyage. Pour beau, c’est clair. Les journaux anglais sont dévorés par moi, je lis tout. Je suis ravie, et la Cité par dessus le marché. Tout cela se fait grandement, royalement. Il est impossible que cela n'impose pas un peu ici, et beaucoup sur le continent. Dans tous les cas cela sert plus que de compensation aux mauvaises manières du continent. Enfin c’est excellent. J'espère que vous lirez cette lettre-ci tranquillement à Eu. Non, je me trompe, elle ira sans doute vous chercher a Portsmouth. C’est donc décidément Portsmouth. Je regrette. Je vais encore passer une nuit blanche, c’est-à-dire noire car toutes les idées de cette couleur assaillait mon esprit. Vous avez vent contraire et du vent trop fort, aujourd’hui cela ne vaudrait rien. Fera-t-il mieux demain ? Comme je serai dans l'anxiété mardi !
J’ai vu longtemps Génie hier, & puis la jeune comtesse, revenue depuis une heure seulement et qui est tout de suite accourue. Mad. de Strogonoff, quelques autres indifférences. Je me suis promenée dans le bois mais un moment seulement, j'avais des crampes d’estomac. J’ai été dîner chez le bon Fagel, personne qu’Armin, Bacourt, Kisseleff. Je les avais nommés. A huit heures je les ai envoyés dans ma loge aux Italiens, et je suis allée comme de coutume chez Annette. En rentrant à 10 heures j’ai trouvé Marion m’attendant sur le perron. Elle venait d’arriver avec ses parents. Joyeuse, charmée et charmante.
J’ai assez mal dormi, mais mes douleurs sont un peu passées ce matin. une heure. Je rentre de l’église. J'ai bien prié, remercié, demandé. Génie était venu avant dans la crainte de ne pas me rencontrer plus tard. Il est content aussi du voyage. Il parait que l’effet est excellent. Mon avis est que vous preniez à l’avenir votre politique sur un ton plus haut. Oui, la paix. Oui, l’alliance de l'Angleterre ; la seule bonne, la seule possible. Que vous dédaignez toutes les misérables chicanes que vous défiez vos adversaires, que vous les réduisiez ainsi ou à se taire ou à vous renverser. Prenez grandement votre parti là dessus. Vous en aurez l’esprit plus tranquille et le corps mieux portant. Tout le monde est venu me faire visite ces jours-ci, ( non pas que j'ai vu tout le monde ) Salvandy même ; mais pas de mad. de Castellane. Adieu. Adieu, que le ciel vous protège et vous ramène en bonne santé. Adieu.
Génie me dit cependant que cette lettre va vous attendre à Eu. Adieu encore dearest.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Je vous remercie d’avoir bien dormi, de n’avoir plus de mal de tête. Cependant il me semble qu'il faudrait encore de votre bouteille d’eau je ne sais quelle. Voyons ce qu’en pensera Behier. Je serai chez vous bien sûr à quatre heures.
Je suis allée hier à 8 heures chez les Appony. Une demi-heure après les enfants arrivaient. La pauvre Annette bien touchante, elle était si contente de me trouver là. Ce matin, ils viennent tous ici dans l’espérance de trouver une lettre de Constantin. Ce que Rodolphe me raconte est effrayant. Il est impossible qu'il arrive vivant à Pétersbourg !
De là j'ai été chez Madame de Castellane. Molé l’avait chargée d’arranger avec moi Champlatreux. Je promets pour octobre. Rossi est venu, pas de conversation politique du tout. L’histoire ancienne réveillée, par Lord Malmesbury. A 10 heures je suis rentrée, & Génie est venu me donner de vos nouvelles. Il espérait la bonne nuit qui est venue. Adieu. Adieu. Je vous en prie portez vous bien, faites tout pour cela. Adieu, à quatre heures.

Dimanche 9 heures le 22 7bre 1844

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Me voici arrivée. J'ai hâte de vous voir, de vous regarder et de vous dire adieu. Dites moi où vous voulez que cela soit. Je puis aller chez vous de suite ou à telle heure de la matinée que vous fixerez. Rien ne me gêne. Et, il faut que je vous voie ce matin parce que comme mon fils dînera avec moi, je ne pourrais pas me débarrasser de lui à temps pour vous aller voir ce soir. Je vous préviens qu’il ne fait pas chaud chez moi ; on n’allume le feu que dans cet instant. Ainsi il vaut sans doute mieux que j’aille chez vous. Commandez que je vous remercie de vos deux lettres. Adieu. Adieu.

Dimanche 29. à 1 heure.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Vous êtes charmante d'être arrivée. Venez me voir dés que vous voudrez. Le plutôt sera le mieux. Pas avant une demi-heure. On ne veut pas que je sorte aujourd’hui à cause de l'humidité. Je vais mieux et j'irai bien à condition de me ménager beaucoup. Adieu. Adieu.

Dim. 29 1 h. 1/2

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Je vais très bien. J’ai très bien dormi. J’irai vous voir à midi 1/4. J'espère qu’il fera beau et que je pourrai me promener. Rien n’est plu contraire à mes habitudes, que de m'occuper de ma santé. Mais je le fais et je le ferai, car je suis décidé à me bien porter. Adieu. Adieu, dearest.
Que je vous vois peu !

Jeudi 3 oct. 1844

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Vos bonnes houvelles me font du bien. Je suis mieux que hier au soir mais pas bien encore. Les douleurs reviennent, j'ai cependant bien dormi. Que je me réjouis de vous voir chez moi ce matin. Je vous en prie profitez de votre réputation de malade pour vous reposer encore toute cette semaine. Fermez votre porte. Si vous vous fatiguiez à présent il vous serait plus ennuyeux & embarassant de reprendre des allures de malade. Aujourd’hui c’est établi. Reposez vous bien. Adieu. Adieu. Je suis si contente.

Jeudi 9 1/2

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Comment êtes-vous ce matin ? J’ai passé une bien bonne nuit dans une bien bonne chambre, bien sèche, bien aérée et bien chaude. Je me sens remonter vers la santé. Dites-moi cela aussi. J’irai vous voir entre midi et une heure. Adieu. Adieu. Vous souffriez hier en me quittant. Adieu. G.

Jeudi 26 sept. 9 h. un quart

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris lundi le 14 octobre 1844, onze heures.

Vraiment vos lettres sont the most satisfactory imaginable. Tout est parfait. Il ne me reste plus qu’un bon passage, et une journée sans accident Mercredi, et je serai merveilleusement contente et heureuse. J’ai regardé déjà cent fois le ciel. Il y a des images, il y a des vents ! Je suis sortie hier quoiqu’un peu malade, j'ai eu tort. Je ne bougerai pas aujourd'hui. Outre mes crampes d'estomac je me suis enrhumée et je tousse beaucoup. Mais ce ne sera rien. Que les journaux sont charmants à lire. Comme cela fera enrager bien loin d'ici. Quel contraste. J’ai vu hier matin les Appony. Bacourt, Fleichman, Lady Cowley, le diplomates croient que le voyage fera un immense effet en Europe. Certainement il ne restera indifférent pour personne. Les meilleurs en resteront embarrassés. Pourquoi ont-ils peur, pourquoi en viennent ils pas rendre hommage ici ? Voilà le premier pays du monde comblant le roi de respect au delà de ce qu'on a jamais vu pour un monarque étranger. Quant aux malveillants imaginez ! Je ne sais pas vous parler d’autre chose d'ailleurs je ne sais rien. J’ai encore passé la soirée chez Annette. Elle se remet.
J’attends Génie. Il n’est pas si exact que vous. Hier il était bien content des nouvelles de Windsor. Il ne le va pas [l'être] moins aujourd’hui.

3 heures. Voilà Lady Cowley & Kisseleff dan ma chambre. Pas possible de continuer. Le temps est noir, du vent, ah mon Dieu, que je vais être inquiète. Adieu. Adieu. Adieu. Mille fois, ayez une bonne traversée. Revenez bien portant. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Cette pluie m'ennuie bien aussi pour vous. Mais vous êtes bien, Dieu merci. Ne vous occupez pas trop.
J’ai vu hier après vous Lady Cowley pas autre chose. Elle ne dit rien de nouveau. Elle s'occupe de vous, et désire bien que vous preniez le plus de repos possible.
J’ai dîné et passé la soirée avec mon fils. Il va retourner à Londres. J'en suis fâchée. Adieu.
Adieu, à quatre heures.
Lundi 23 Sept. 9 1/4

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Comment avez-vous dormi ? Comment êtes-vous ? Il y a si longtemps que je ne vous ai vu ! Dites-moi l'ordre du jour. Où et quand. Je ferai comme vous voulez. Je ne sais rien, j’ai vu les Cowley qui ne savaient rien, & mon fils qui part ce soir. Il est ravi que l’affaire de [?] soit arrangée. Mais il ne l’a appris que par moi. Il s'en va ce matin payer son argent. Adieu. Adieu.

Lundi 30. 9 heures

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Voilà mon fils qui rentre de sa visite à la direction de l'Opéra. On lui a dit que l’affaire était arrangée en effet. c.a.d. que la loge était loué à Madame Lehon. Je m’empresse de vous mander ce dénouement. C’est bien fort. Adieu à midi.
10 h 1/2 Lundi.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Je me sens tout à fait mieux ce matin. Ma nuit a êté excellente, et j’ai le sentiment du retour de la force. Je serai chez vous ce matin de midi à midi et demi. Adieu. Adieu. Vous m'avez pris au milieu de ma toilette. Adieu.

Lundi 30 Sept. 1844 9 h. 1/4

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Des nouvelles s'il vous plait. La nuit, les forces, l’appétit ? J'ai vu mon fils hier soir. Sur ce que vous m’avez dit il reste encore la matinée ici parce que comme c’est le dernier jour de l’année d'opéra, il faut bien que cela se décide. One way or the other. Il fait froid, prenez votre manteau de plus dans la voiture. C’est bien sûr je vous verrai à midi. Adieu. Adieu.

Mardi 5 octobre. 9 heures

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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La nuit très bonne. Les forces reviennent mais encore lentement. L’appétit pas mal. J’ai repris un bouillon ce matin, volontiers. Oui certainement, à midi. Je prendrai mes précautions contre le froid. Adieu. Adieu.
On doit venir de l’intérieur ce matin, chez Génie, pour la loge. Nous verrons enfin. Adieu. Adieu. G.

Mardi 1er oct. 1844,

Mots-clés :

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris, le 15 octobre Mardi

Vous comprenez que je n’ai pas fermé l’œil de toute la nuit que chaque coup de vent me faisait bondir d’effroi. La suite de cela est que je suis parfaitement malade. A 10 heures Génie m’apprend que vous êtes à Douvres. J’ai rendu grâce à Dieu. Mais maintenant il faut encore que je vous sache à Calais. Et quand je saurai cela je m’inquiéterai de votre fatigue. Vous ne pouvez arriver dit-on à Eu que fort avant dans la nuit. Vous avez à passer deux nuits sans repos. Si vous êtes clever, vous vous reposerez à Eu toute la journée de demain & la nuit d’ensuite et vous ne reviendrez que jeudi. Pourquoi vous fatiguez hors de mesure ? Je vous l'ai déjà dit je saurai attendre. Songez d'abord à votre santé.
Vous me trouverez un peu malade, mais j’ai Marion pour me soigner. Je n’ai pas bougé hier, je ne bougerai pas aujourd’hui. Le Roi ne sait pas comme j'ai été occupée, inquiète de lui. Il ne faut pas faire des visites en octobre. Adieu. Adieu.
La vraisemblance est que cette lettre ne vous arrivera plus, que vous serez parti, j'ai cependant voulu essayer encore. J’ai eu aujourd’hui votre dernière lettre de Dimanche. Comme tout a bien été là ! Comment cela ira-t-il ici. Adieu. Adieu soignez vous je vous en conjure. Adieu. dear, dear, dearest.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Je voyais bien cela hier, et j’en suis triste. Il me semble que Béhier prend mal votre mal. Il fallait vous nettoyer franchement, et pas avec de la limonade, et puis vous fortifier. Dites lui donc cela. Je serai bien impatiente de 4 heures. Restez tranquille, prenez du bon bouillon. Je vous en prie portez vous bien. l am so miserable !
J’ai passé ma soirée chez les Appony. Ils étaient seuls. Cinq du nom. Pas un mot intéressant. Le pauvre Planta a eu une sorte d'apoplexie avant-hier. J’ai vu Lady Cowley, elle ne savait rien non plus, & se désole de votre indisposition. Adieu, adieu, à quatre heures. Adieu.

10 heures Mercredi 24

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Dearest, merci mille fois. Je vous envoie Génie qui vous dira ce qu’il serait trop long de vous écrire. Et puis nous causerons à 4 heures. Et a 4 heures je reprendrai de l'eau de Sedlitz. Je crois que c’est bien. Adieu. Adieu.

Mardi 24. Sept. 1844

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Mardi 24 sept. 1844
9 Heures

J'ai dormi tard. Je suis encore en disposition languied, sans aucun mal, mais sans ressort intérieur, excepté pour l’envie de vous voir à 4 heures. C’est une disposition fort contraire, à ma nature. Je ne voudrais pas qu’elle durât jusqu'au voyage. Il n'y a pas moyen que je pense à aller chez Rothschild vendredi. Un peu de froid, un peu de fatigue me feraient retomber. Je vais lui écrire. J’ai besoin, d’ici au 7 oct., de fort ménager mon temps et ma force. Adieu. Adieu. Je vous répète que je n’ai aucun mal, absolument aucun. Mais je ne suis pas sanguine. Adieu. G.

Mots-clés :

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Tout mot de vous me plait et j'aime à vous répondre. Je vais bien. Ma nuit a été excellente. Evidemment, je serai fort en état de supporter le voyage, et alors il me fera plutôt du bien que du mal. Adieu Adieu. Vos paquets partiront demain pour Londres. Adieu, à midi 1/2. G.

Mercredi 2 oct. 1844

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Je vous dépêche Stryboss pour que ces lignes vous arrivent encore. Pendant que Béhier sera auprès de vous. J’ai l’esprit frappé du très mauvais air de votre appartement. Non seulement triste et sombre mais évidemment très humide à cause de ces grands arbres qui ôtent le jour. Et puis deux murs extérieurs. C'est abominable par le temps qu’il fait, & je me souviens que Serra Capriola fut obligé de rentrer en ville à cause de ses filles qui habitaient en chambres-là et qui tombèrent malades de cet air-là. Je vous conjure de faire attention à ce que je vous dis. C’est très grave. Même bien portant on peut souffrir de cela à plus forte raison malade comme vous l’êtes. Accordez-moi cette grâce, passez en ville. L'air de votre appartement est bon, grandes, bonnes chambres. La belle saison est finie. Je vous prie, je vous supplie, faites cela. Vous risquez de ne pas vous remettre tant que vous resterez dans ce vilain trou. Moi je suis persuadée que cela vous fait du mal. Si vous étiez seul, vous feriez sûrement ce que je vous demande. Eh bien il me semble que dès qu'il s’agit de votre santé, votre mère et vos enfants peuvent bien se conformer ; j’irai le leur demander si vous voulez. Ecoutez-moi je vous en prie. Adieu.

Mercredi 10 h 1/2

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Adieu ce matin. J’ai très bien dormi. Je me sens bien. Je me suis levé à 6 heures un quart. J’ai fait ma toilette, pris un bouillon. Je vais partir.
Oui, je serai ici le 16, et plutôt rétabli que fatigué. J'y compte. Je me soignerai beaucoup. Je penserai toujours à vous. Adieu Adieu. God bless youl ! God bless us ! Adieu. G.

Dimanche 6 oct. 7 h. 1/4

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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C'est en effet mon dernier bulletin. Ma nuit a été excellente. Je vais certainement beaucoup mieux. J’ai un peu à faire aujourd’hui pour mettre plusieurs choses en règle. Mais je ne me fatiguerai pas. Vous avez raison d’envoyer vos lettres et raison d'être en colère. Il y a là de la part de plusieurs personnes un procédé ou un laisser-aller parfaitement sot et inconvenant. Adieu . Adieu, à midi un quart. G.

Samedi 5 oct.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris Samedi 12 octobre 1844
9 1/2

Voici vraiment ma dernière lettre portant l’adresse de l'Angleterre. Demain je vous écrirai à Eu. Quel plaisir ! Cependant voyez à quel point je vous aime plus que je ne m'aime moi-même, je regrette presque pas que Windsor ne soit pas plus long. Evidemment c’est un grand plaisir pour vous : c’est un beau un charmant moment dans votre vie, et je prends patience quand je vous sais content. Votre lettre de jeudi vient de m’arriver. Tout me plait là dedans continuez.
J’ai vu hier matin les Appony, Bacourt, Fagel, Fleichman. Ma promenade au bois de Boulogne, deux visites de Génie dans la matinée. Mon dîner solitaire la soirée chez Annette. Ceux que je vois prennent plaisir aux journaux Anglais et sont occupés et charmés de ce charmant voyage du Roi. Je cite Fagel comme le plus fervent. Il me prie aussi toujours de vous offrir son souvenir. Bien brave homme. Je suis charmée de deux articles des Débats aujourd’hui, l’un contre Thiers, l’autre contre Bruat.
Oui, votre Bruat manque à toute convenance ; il ne faut pas laisser de tels agents à ma semblable distance, & vous auriez grand tort de ne pas l’envoyer ailleurs. Faire des sottises plus innocentes. Génie m’a dit que les ministres avaient écrit au roi pour le supplier en revenant de faire la traversée de mer la plus courte. Voilà de braves ministres. Soumettez-vous je vous prie. Ils ont mille fois raison. Always chose the safest way. J’attendrai avec impatience l’itinéraire & pour le Roi, et pour vous ensuite. Marion arrive aujourd’hui, j’en suis charmée.

2 heures Vous êtes un étourdi ? Vous me dites jeudi que vous êtes sans lettre. Vous, vous impatientez, & vous n’avez pas remarqué que vous me répondiez à ma lettre de Mardi. C’est que tout simplement elle avait couru très vite et vous l'aviez reçue la veille. Adieu. Adieu. Encore du monde, encore des interruptions, mais je n’ai rien à vous dire qu'un very hearty adieu. Adieu.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Paris 28 sept. 1844

Je me sens mieux. Je crois vraiment qu’hier j'ai dîné. Un potage au riz, une aile de perdreau et des légumes, n'est-ce pas un dîner ? J’ai mangé sans dégout. A 9 heures, j'étais dans mon lit. J’ai très bien dormi. Je viens de faire ma toilette. Ce qui est ridicule, c’est d'être fatigué pour cela. Le Roi m'envoie ce matin ses conseils médicaux, les dires de son vieux médecin M. Tronchin, ses propres observations sur les tempéraments bilieux. " Si j'en dis trop, pardonnez-le moi, mon cher Ministre ; c'est l’intérêt que je vous porte et ma vieille expérience de soixante et onze ans qui me le dictent ; mais je sais bien que je ne suis pas médecin et que je devrais me taire. "
Ses conseils n’ont rien que de fort sensé, et de conforme à ce qu’on me fait pratiquer. Je le verrai ce matin au Conseil. Je partirai de bonne heure pour me promener un peu dans le bois, et pour passer chez le Maréchal. Il est arrivé hier soir et a envoyé sur le champ savoir de mes nouvelles en me faisant dire qu’il viendrait me voir. S’il n’était pas très fatigué, et pressé de se coucher. Je tiens à ma promenade par ce beau soleil. Cela m’a parfaitement réussi hier. J’en ai été ranimé et fortifié toute la fin de la journée.
Point de nouvelles. Kisseleff vient de faire demander à Génie à quelle heure il pourrait le recevoir ce matin, ayant quelque chose à lui remettre pour moi. C'est sans doute une réponse de Pétersbourg à ma dépêche. Thiers a écrit à Duvergier de Hauranne que la solution donnée a l'affaire Pritchard était le comble de l'humiliation pour la France, que l’indemnité était une rançon mille fois plus déshonorante que n'eussent été le désaveu et le rappel de MM. Bruat et Daubigny. Ce sera Ià le thème de l'opposition. Je ne demande pas mieux. Ils ne se doutent pas de ce que j'ai à leur dire. Adieu.
Je vous quitte pour prendre une pilule de quinine. De là au déjeuner. De là à St Cloud. Je vous écrirai en revenant. J'espère bien avoir quelque chose de vous dans la journée. Adieu. Adieu. Demain, il fera encore plus beau qu'aujourd’hui. Adieu.. G.

Paris, samedi 28 Sept. 1844 10 h. 3/

Duchâtel a dit hier soir à Génie que l'affaire de la loge était tout à fait arrangée. Voilà votre petit mot d’hier soir. Merci.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Samedi 28 sept. 1844 4 heures et demie

Je reviens du Conseil. Je suis fatigué et du conseil et de la longue course. Quel beau temps ! Je me suis promené une demi-heure. Si je n’avais fait que cela tout serait bien. Le Roi a été d’une grande discrétion. Il m’a renvoyé sans longue conversation quelque envie qu’il en eût. Je retournerai le voir, mardi et nous causerons.
Il part Mercredi pour le château d'Eu ; rien qu'avec la Reine et Madame. Il n’y passera que quatre ou cinq jours au retour de Windsor. J'ai vu le Maréchal, très amical, de bonne humeur, mais faible aussi. L’âge prend tout-à-fait le dessus & il le sent. Pas la plus petite nouvelle. Le Roi a été il y a trois jours, parfaitement content d'Appony. Le reflet de ma grande conversation avec lui quelques jours auparavant. Il s'est engagé aussi formellement que possible toute l’idée de mariage du Duc de Bordeaux. Adieu. Adieu. Je vais signer les dépêches indispensables, et me reposer jusqu'au dîner. A demain dimanche. Ce sera bien joli. Adieu. G.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Résignez-vous à me dire encore deux fois des nouvelles de votre nuit & de vos forces. How are you ? Si vous avez sous la main les Mémoires de Fléchier vous me feriez bien plaisir de me les envoyer. Ayez la bonté aussi de demander à Génie le dénouement de l’affaire de la loge. Adieu, adieu. Un coup de vent m'a réveillée cette nuit. S'il y en a eu lundi je ne me rendormirais pas. A midi 1/4. Adieu.

Vendredi 8 3/4

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Ma nuit a été très bonne, malgré le coup de vent que je n’ai pas entendu du tout. Il n’y en aura pas Lundi. Je suis bien. Le retour complet de mes forces n’est plu évidemment qu’une affaire de temps et je crois que dans ma disposition actuelle, le voyage me fera plutôt du bien.
On cherche en ce moment les Mémoires de Fléchier dans un immense tas de livres en désordre. Dès qu’on les aura trouvés, je vous les enverrai.
Génie ne sait rien. On est venu hier du Ministère de l’intérieur pendant qu’il était sorti. Il écrit à l'instant pour savoir où en est l'affaire. Quelles gens ! Adieu. Adieu, à midi un quart. G

Vendredi 4 oct.1844

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris, vendredi le 11 octobre 1844,
à 9 heures

J’ai abandonné les N° parce que j’ai cru que vous me trouveriez pédante, il est si clair que je dois vous écrire tous les jours que les occasions sont si sûres et si directes. Cette précaution est donc inutile. Voilà votre lettre de 9 heures Mercredi, finie à Midi et demi.
Je devais me rappeler que les lits Anglais sont durs, & vous recommander de faire mettre le feather bed over the mattress instead ot under it. Mais je ne pense à rien, je suis une sotte aussi comme André. Et mon avertissement vient trop tard. Cependant si vous avez cette lettre demain faites faire encore ce changement. Car à tous les lits Anglais il y a ce feather bed, à moins que les mœurs n’aient changé depuis mon temps.
Le petit Nesselrode hier était en train de me parler quand on est venu nous interrompre. Il reviendra aujourd’hui. Il postulait de l’inquiétude de son père à la seule possibilité d’une vraie querelle entre la France et l'Angleterre, de son ardent désir de la paix. Il parle du voyage de son père en Angleterre comme de la promenade d'un indépendant désœuvré. Il donne sa parole d’honneur qu’il n’est pas question du mariage Cambridge, et ajoute cependant que ce serait le plus convenable de ceux qu'ont faits les filles de l'Empereur.
Lord Cowley est fort irrité à ce que le Boüet du Sénégal the real french boute feu, he says, se trouve sur l’escadrille qui a mené le roi, par conséquent à Portsmouth. Comment a-t-on pu permettre cela ? Il n’appartient pas ces navires. C’est Cowley qui parle. Il est aussi dans l'agonie pour cette nouvelle aventure à Tahiti. Il a de suite envoyé à Lord Aberdeen le Messager qui nie l'arrivée d’aucun rapport sur ce fait mais cela n’empêchera pas qu'on ne croie à Londres, qu'il a eu lieu. Il se félicite de n'avoir pas l’explication sur ses épaules, car il pense que vous allez vider cela à Windsor. J'en doute. Et votre Bruat faisant imprimer à Tahiti les rapporte dont vous niez l’existence ici. Ah mon Dieu, quels agents vous employez. Et celui-là vous l'avez choisi vous me l'avez vanté. Quel mauvaise affaire que ce Tahiti tout ensemble.
Je me suis promenée hier au bois de Boulogne, j’avais besoin d'air, une matinée est massacrée. Tout le monde vient, et puis j’ai beaucoup à écrire en Russie. Je m’occupe d’Annette bonne fille, bien triste. Après mon dîner, je vais tous les jours chez elle. J’y reste jusqu'à 10 heures.
Dieu merci vous me répétez que vous allez bien. Comme je vous regarderai à votre retour ! Votre retour ! Quelle charmante chose que cela. Comme j'y pense mais avant tout je veux savoir à quelle heure lundi vous quitterez Windsor à quelle heure vous vous embarquerez à Portsmouth. Ah, s’il fait du vent, que je serai malheureuse ! A quelque moment que vous partiez, mettez-vous sur votre lit, c’est toujours la meilleure précaution à prendre contre le mal de mer. Ne croyez pas les gens qui vous diront qu'il faut rester sur le pont. Et puis arrivé à Eu, reposez-vous bien, ne vous pressez pas, je saurai attendre une fois que je vous saurai en safety. Et puis je ne sais pourquoi j’ai des préventions contre Rouen. Pourquoi ne pas venir par la route naturelle. Coucher à Granvilliers ou à Beauvais en faisant faire une bon fin, bien bassiner votre lit ; et ayant soin d'avoir une voiture dont les roues tournent & les glaces se lèvent. Pensez à tout et racontez-moi ce que vous ferez.
Je reçois dans ce moment une longue lettre de Bulwer, je n’ai fait que la parcourir. Grande éloge de Bresson & de Glusbery. Beaucoup de goût pour le Prince de Joinville. " H. R. H. is clever agreable & what we English like off hand. He pleased me much. " Au bout de tout cela il me rappelle une petite demande qu'il m’a faite dans le temps. Vous savez bien, & me prie if I could manage that. & &
Je me suis mise à penser ce que seraient vos dernières paroles avec Lord Aberdeen et voici mon little speech. " Maintenant nous nous connaissons bien, nous nous sommes éprouvés, notre règle de conduite politique est la même, tant que nous serons ministres nous pratiquerons la paix, la bonne entente. Le jour où une difficulté bien grave se présentait, et où nous pourrions vraiment craindre de ne pas parvenir à nous entendre par voie diplomatique ordinaire promettons-nous, avant la dernière extrémité, de nous rencontrer ; un rendez-vous sur terre française. Les Anglais pas plus que les Français ne veulent la guerre. Ils sauront gré aux deux hommes qui la leur épargneront, qui auront épuisé toutes ses ressources en tout cas nous aurons fait votre devoir. " Est-ce que je radote ?

2 heures. Génie est venu me trouver. Nous rabâchons ensemble. Mais je n'en ai jamais assez. Herbet lui dit aussi que vous allez bien. Je vous en prie prenez bien du soin de vous. Génie m'ébranle sur la question du retour mais je veux savoir absolument quelle route vous prendrez ; mandez-le moi. Je laisse ceci ouvert pour le cas où j'apprendrais quelque chose.
Quels bons leading articles dans les journaux anglais. Comme je serais fixée de mon roi dont on dirait cela, et comme j’aurais de la bonne conduite pour une nation étrangère qui me parlerait de cette façon. Mais ces français n’ont aucun sens de la vraie délicatesse, du vrai honneur, du vrai mérite. Vraiment j’ai quelque chose comme un grandissime mépris pour les Français de ce moment. Adieu. Adieu.
Je vous envoie la lettre de Bulwer après l’avoir lue. Vous verrez qu'il parle mal de Nyon, mal de Hay, qu'il se loue beaucoup du consul napolitain Martino.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Il faut que je sache comment vous avez passé la nuit, comment vous vous sentez ce matin. Et l’appétit ? Je suis mécontente ; vous vous remettez lentement. Dites-moi que vous allez mieux. Ma nuit a été mauvaise, je suis fâchée de partir, de vous quitter. Tout le monde hier me demandait de vos nouvelles. Je vous fais plus malade que vous ne l'êtes pour qu'on vous laisse tranquille. Adieu. Adieu. à midi 1/4 n’est- ce pas ? Ou midi 1/2. Adieu dearest.

Vendredi 27, 9 heures.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris, Vendredi 27 Septembre
1 heure

Vous venez de me quitter, et il faut que je vous dise deux mots encore avant de partir. Ce beau temps me donne un remord horrible. Moi seule j’en profiterais et vous vous restez en ville, et c'est moi qui vous ai enlevé au bon air de la campagne. Vous avez de bonnes nuits ici, mais les journées auraient mieux valu à Auteuil. J'avais raison quand il pleuvait & faisait froid. J’ai tort quand il fait chaud. J'ai mal prévu et je m’accuse, et je pars très triste. Ne pourriez-vous pas aller passer les bonnes heures du jour à Auteuil y prendre vos enfants ou les y envoyer. Avoir du feu dans le salon qui donne sur la terrasse, et rester là de midi à 3 ou 4 heures. Cela vous ferait du bien, c’est juste le moment du jour le meilleur, si ce beau temps se soutient. Je pense à tout cela, je ne penserai qu'à vous, je prierai Dieu, et j’attendrai vos lettres avec une immense impatience.
Dites-moi bien comment vous êtes. Aujourd’hui par la poste Château de Ferrière par Lagny, Seine et Marne. Demain avant d’aller au conseil envoyez-moi un mot chez Rothschild 15 rue Laffite et puis en revenant du Conseil encore par la poste par Lagny, Adieu. Adieu. God bless you.
Voici mon fils qui entre. Il vient de recevoir une lettre de Morny de Clermont le remerciant beaucoup de lui avoir donné la préférence & lui annonçant pour demain le remboursement de la loge ! Et puis on est venu chez Paul ce matin de la part du Directeur pour lui parler, mais il n'était pas levé et ne l’a pas reçu. Encore adieu. Adieu.
Paul est extrêmement confondu et reconnaissant de la peine que vous voulez bien prendre. Il me semble que l’affaire s’arrange. Adieu. Adieu encore again and again.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Paris 27 Sept. 1844

Merci de votre bonne lettre. Non, vous n’avez pas eu tort de me faire revenir d’Auteuil. Je suis beaucoup mieux ici, et j'irai tous les jours chercher le soleil. Je m’y suis promené en vous quittant en voiture, et à pied, plus d'une heure, sans fatigue et avec plaisir.
Depuis mon retour, j’ai eu le Ministre de l’Intérieur qui me quilte à l’instant. Il part demain et reviendra samedi matin. Il ne savait rien. Sinon la satisfaction toujours la même du Roi et du public. Je viens d'écrire une assez longue lettre au Roi. Ce qui veut dire que celle-ci sera courte. Ecrire me fatigue un peu.
Je suis charmé que la loge de Paul s’arrange. Je pense qu’il aura fait dire au Directeur à quelle heure on le trouverait chez lui. S’il se montre trop insouciant, on en profitera. Adieu. Adieu. Je vais me reposer en attendant Sainte Aulaire, à Dimanche. Je suis charmé pour vous, de ce temps. Adieu.

Paris, vendredi 27 sept. 1844, 3 heures et demie
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