Guizot épistolier

François Guizot épistolier :
Les correspondances académiques, politiques et diplomatiques d’un acteur du XIXe siècle


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Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Schlangenbad le 11 août dimanche 1850
8h. du matin

Je suis arrivée hier à 4 heures. J’ai trouvé votre lettre de Bruxelles, très agréable lettre. Je n’en aurai pas à vous écrire de cette façon. La solitude ici est complète, Madame Molorti qui part dans quelques jours, voilà tout ce que je trouve. Je l'ai essayée hier pendant une demi-heure & je suis arrivée au fond. Il n’y a rien. Voilà où j'en suis et où j’en serai.
La princesse de Prusse est retournée à Coblence, c'est là où elle aime à régner. La route d’Ems ici n’est belle que près de Nassau, et puis, près de Schlangenbad le reste est montagneux & aride. Mon appartement est agréable. Tout est riant et charmant excepté le ciel. Il pleut, il ne fait que cela. Ce sera agréable ! Pas une âme. La petite Grasalcovitz ne vient que jeudi. Adieu. Adieu. Voici la poste qui part.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Ems le 9 août 1850 Vendredi

De la pluie, de la pluie ; pas autre chose depuis mardi. Je ne parviens pas à montrer à mon fils le vieux château de Nassau. Les petites Beauvau sont parties ce matin, les nouveaux arrivants je n'y pense pas, puisque je m’en vais. Je fais mes paquets demain je pars. Alexandre va de son côté. Je vous reprends à 2 heures. Nous avons profité d'un petit moment de vacances de pluie pour aller à Nassau. Mon fils est monté au vieux château & m'a répété ce que vous avez écrit, qu'il croit très propre à charmer ce pays.
J’ai eu une lettre de Marion. qui ne dit rien que son admiration de votre lettre. Que faire de cette lettre-ci ? Il faut bien vous l’envoyer puis que vous vous fâcheriez s’il n'en venait pas. Mais vous est-il jamais arrivé d'en recevoir une pareille ? Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Ems le 28 Juillet 1850

Me voilà bien perplexe ! Vous arrivez ayant découvert que vous pouviez rester huit grands jours en attendant je vous déconseillais de venir puisque selon votre premier calcul vous n'en seriez resté ici que deux. J’ai eu le grand tort de vous écrire un mot à Paris qui vous aura dérouté, car mes explications étaient adressées au Val Richer, et ces lettres là vous ne les avez pas attendues. J'ai deux raisons de plus pour désirer que vous ne veniez qu’après le 14, mais C’est trop tard. Enfin voyons, je sais bien que le bonheur de vous voir sera le même. A présent que plus tard, seulement je vais rester très incertaine jusqu'à mercredi en attendant votre logement est prêt.
La grande duchesse Hélène arrive ici le 17. Elle désire bien que je l’attende. J’irai le 8 comme je vous l'ai mandé à Schlangenbadad. Je la verrai à mon retour de là, cela me fera m’arrêter un jour ou deux au plus à Ems. J'adresse ceci à Strybon. Si vous êtes encore à Paris il vous porte ma lettre si non il la fait aller plus loin. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Ems le 26 juillet 1850

Puisque votre dernière lettre ne me parle plus de venir, j’espère que vous y aurez renoncé pour le moment. J'ai eu beaucoup de lettres aujourd’hui lord Aberdeen il partait le même jour pour l’Ecosse. Le dîner pour Palmerston a été une pauvre affaire. Pas un ministre n’a voulu en être. Leur absence a semblé très significative. J’attends ce que Ellice m'en dira. Brunnow va en août à Pétersbourg. Il a beaucoup parlé et raconté à Aberdeen, très triste, voyant très en noir notre avenir avec l'Angleterre & désirerait connaître exactement la volonté de l’empereur, doutant de son propre retour à Londres. La guerre en Danemark tout de suite après s’être vanté du succès de la médiation pour la paix, fait à Londres un effet singulier.
Duchâtel & Montebello me disent tous deux que le Bonapartisme fait de grands progrès, même celui qui devait former notre partie carrée avec Marion à dîner, est dans cette opinion. On veut rappeler d'exil les princes. Lamoricière est à la tête de tout ce qui peut vexer l’Elysée. Il me semble que la commission est mal arrangée pour y plaire dans ce quartier. Enfin il peut encore survenir d’étranges complications. J’ai lu l’article de M. de Lavergne dans la revue des deux mondes et j'en ai été charmée. On me parle tout à l'heure d'un article du Moniteur du soir qui serait la guerre déclarée, par l’Elysée à l’assemblée. Cela a l’air vif, ce ne sera probablement rien. J'ai passé une nuit détestable des crampes, oppression de poitrine, j’ai suspendu aujourd'hui les verres d'eau, & le bain. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Ems le 25 juillet 1850

Je vous adresse à tout hasard un mot dans votre maison de ville. Car la peur me prend que vous ne vous soyez mis en campagne, & je veux que vous sachiez que je reste en Allemagne jus qu'au 20 ou 22 août ou même plus si vous venez plus tard. Je vais le 8 à Shlangenbad. Tout près d'ici. Ce sont des bains calmants excellents pour les nerfs. J’y resterai une quinzaine de jours. Si vous venez après le 13 vous me trouverez là, et cela vaut bien mieux que de vous presser maintenant pour vous retrouver au Val Richer le 6. Je crois vous avoir parlé de mon projet de Schlangenbad. Si vous avez eu cette lettre elle vous aura décidé à attendre. Enfin nous verrons, quand on est si loin les explications. sont impossibles ! Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Ems le 24 Juillet 1850

Non vraiment ce serait trop shabby de venir à présent avec l’obligation de vous retrouver au Val-Richer le 6, ce qui vous ferait quitter Ems le 2 août, car enfin il faut le temps de voyage. Renoncez à cela maintenant. Ce serait absurde. Puisque vous vous arrangez toujours de façon à avoir des devoirs de 10 en 10 jours, je ne vois pas le moyen d’entreprendre un voyage. Je ne veux pas de vous à présent, dans quelques jours j’aurai décidé Schlangenbad. Alors vous m’y trouveriez après les prix de l’Université. En ne s’arrêtant pas on arrive à Ems le 3ème jour. Ainsi aller et venir 6 jours de Paris seulement ! Ce qui fait huit pour le Val-Richer. A moins que vous ne soyez parti aujourd’hui je ne vois pas le moyen que vous me fassiez une visite de plus de 48 heures. Vraiment cela n’en vaut pas la peine.
Hier la chaleur a été très forte. Aujourd’hui c’est le tour de la pluie. Ces changements soudains rendent tout le monde un peu malade. Il n'y a d’autre protection pour les demoiselles Ribinsky que le Maréchal Paskevitch, il peut tout. Je le connais, mais je n’aimerais pas à me mettre en avant dans cette affaire. Ce sera possible par le Prince Labanoff son gendre que vous avez vu à Paris, et qui y revient. On me dit qu'on est très large en fait d’argent chez nous pour les Polonais. Que va devenir ma lettre ? J’espère qu'elle vous trouvera chez vous, & que vous ne ferez pas la bêtise, pardonnez moi de me faire une visite comme si j’étais à Beauséjour. Il sera temps après le 14. Aberdeen ne m’a pas répondu. Je ne pense donc pas qu'il vienne. Je lui avais parlé du 1er au 3 août croyant alors que ce serait là le moment où vous viendriez. Je finis je n'ai rien du tout à dire. J’apprends que les 25 de la Commission sont mauvais. Je n’ai pas lu la liste encore. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Cologne le 5 Juillet 1850
8 h. du matin

Quelle fatigante journée que celle de hier ! En arrivant ici j'ai pleuré de fatigue, pleuré tout- à-fait. Me voila reposée & je pars. Voilà donc Peel mort. C'est une grande et affreuse nouvelle. Je vois que si cela est bon comme question de part, c'est plein de périls futurs pour le pays en tout cas l’événement à une portée immense. Et pour le moment ce sera une perte sensible pour le gouvernement. Vous songerez à cela bien mieux que je ne saurais le faire. Moi j’en reste bouleversée.
Le Prince de Prusse arrive après-demain à Bruxelles. Cela fait grand plaisir au roi Léopold. Il ne lui dira que de bonnes & utiles choses. Je suis impatiente d’arriver à Ems pour y trouver votre lettre vos lettres peut-être. Je serai avis de me reposer & de me soigner, & de me débarrasser de tout cela le plus tôt possible. Adieu Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Bruxelles jeudi 4 juillet 7 h. du matin

Je vais partir, bien fatiguée. Je vous ai dit n’est-ce pas que mon fils Alexandre me mène à Ems, il n’y restera avec moi que deux jours. J’ai pris un Médecin allemand Kolb que vous connaissez. Aujourd’hui la princesse Chreptovitz chemine avec moi jusqu’à Cologne. Hier j’ai vu le roi pendant une heure bonne conversation, intéressante, plus que jamais plein de sens, de bonne vue, de jugements excellents sur toutes choses quelques notions de plus sur l'Angleterre. Ainsi Lord Palmerston disant au Ministre du Brésil qu’il lui était bien égal que le Brésil fut république ou Monarchie. La reine des Belges assez bonne mine.
J'ai beaucoup causé avec M. van Pradt, beaucoup d’esprit. Et avec lui la causerie a été à fond sur tout ce qui vous préoccupe en France. J’ai raconté et insisté, sur la minorité de bons conseils là où ils sont si peu écoutés. Il est entré dans tout ce que je lui ai dit avec réserve et intelligence. Neumann m’avait beaucoup dit que je pouvais en sûreté causer avec lui, et que ce serait utile. J’ai vu les Metternich un moment. Enfin ma journée a été pleine. Ma nuit meilleure que l’autre, & je pars en meilleur état que je n'étais arrivée. Voilà mon histoire jusqu’aujourd’hui. What next ? Adieu. Adieu. Adieu

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Bruxelles Mardi le 2 juillet 1850
8 h. du soir.

Ah quelle fatigue ! Levée à 4 h. du matin, un accident de route & arrivée ici éreintée. Avant de me coucher je veux vous dire un mot. Neumann est accouru chez moi. Il paraît que le roi ne comprendrait pas que je ne l’allasse pas voir. Cependant je suis si lasse, et si pressée d’arriver à Ems. Hier soir Molé est venu causer avec moi il avait passé quelques jours à la campagne. Il a retrouvé dit-il de l'anarchie dans l’assemblée. ne s’y préoccupait hier beaucoup de l’article du Constitutionnel qui annonce un avènement. Tout le monde croit que l’époque de la prorogation de l’Assemblée sera mise à profit pour tenter quelques chose. Je ne crois pas. mais il faut que Changarnier se tienne bien car on pourrait alors essayer de se débarasser de lui. J’ai bien du regret, il a paru chez moi hier deux fois, & je n'y étais pas. Molé me dit de lui que ses propos sont les mêmes.

Mercredi le 3 juillet onze heures.
La fatigue m’a rendue malade. Mon estomac bouleversé. Il me faut du repos, cependant je veux partir demain. Je déteste de traîner en route. L’accident arrivé à Peel est très grave. On m'écrit de Lundi qu’on doutait qu'il ne revienne. La chute était dit-on une apoplexie. S’il venait à mourir ce serait bien gros ? D'un côté rien ne ferait plus obstacle à l’union des partis, de l’autre si l'Angleterre est menacée d'une crise elle perdrait en Peel le seul homme capable de régler ce mouvement. Quelle destinée ! Nous verrons. Mes correspondants, Greville & Ellice ne me parlent que de cela. Ellice comme d'un great loss for the government. Je sais que la reine déteste plus que jamais lord Palmerston. L'exposition des industries anglaises et étrangères est près de faire naufrage. Le Prince Albert est furieux contre Brougham qui a soulevé à la Chambre des Lords la question du bâtiment à Hyde Park. Adieu. Je ferme ma lettre, voilà l'heure de la poste. J’ai eu la vôtre de Lundi ce matin à mon réveil. Adieu. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris Dimanche le 30 Juin 1850

Me voilà encore. J’étais si lasse hier que je n’ai pas pu faire mes derniers arrangements. Londres m’a troublée aussi, & le parlage chez moi. Enfin je ne suis pas partie ce matin, comme j’avais voulu le faire & ce n’est que mardi matin qui je m'embarque pour cet ennuyeux voyage. Je ne m’explique pas la majorité de 46. Pour le ministère. Le Général Lahitte m’a envoyé la dépêche télégraphique hier avant 5 heures. Très bien, rien que le chiffre. Je suis curieuse des détails. Qu’aura fait Peel ? Le coup au visage de la Reine est quelque chose dont on ne revient pas. L'histoire du monde n'offre rien de semblable. Cette brutalité révolutionnaire ! Car l'homme n'est pas fou.
Morny est venu hier, ayant l’air fâché du succès de Pal[merston]. Je lui ai dit que tout le monde l'était, moins un, le Président. Il a peu disputé. Le Prince croit que Pal[merston] est son ami, & qu'Aberdeen serait son adversaire. Comme c’est jugé faussement ! Voilà donc les pièces. Certainement la réponse de Lahitte est sèche. Drouyn de Lhuys va repartir. Il n’y a pas de motif pour ne pas retourner à Londres, & je crois que Mareschalchi est un pauvre correspondant.
Midi. Voici Ellice & lady Allice. Le premier embarrassé. Disant que c'est la guerre entre les deux chambres, & qu'au besoin Lord John pourra bien appeler à son secours les moyens révolutionnaires ou à peu près. La lettre n’a pas de valeur. Lady Allice dit, au moins voilà les partis mais, Peel, Graham, votant avec les Conservateurs & Protectionnistes. Personne ne dit si Peel a parlé. Je croirais que non. De l'aveu de mes deux correspondants, John a fait un mauvais discours. Disraeli aussi. Personne ne dit un mot du coup de canne à la figure de la Reine. J’espère avoir un mot, d’Aberdeen, Cela vient plus tard. Flahaut très Palmerstonnien, voilà ce que me dit lady Allice et ce que vous aviez dit avant elle.
2 h. Je viens de parcourir le Times bien rapidement. Peel a parlé & fortement & bien, du moins c'est ce qu'il me semble avec mes pauvres yeux. Tout cela est d'un longueur excessive. Il ressort de ce débat que les partis sont unis sur la question étrangère. C’est assez bon. Adieu. Adieu. Que vous dites vrai sur les points pas touchés ou faussement touchés par Palmerston Mais what use now ! C’est fait et j'espère que l'Angleterre aura une petite révolution. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris Samedi 29 Juin 1850

Ce n’est pas Aix-la-Chapelle. C'est à Ems que je vais en droiture. Je voulais partir ce soir. Je remets, car il ne fait plus si chaud, et une nuit gâtée peut me fatiguer beaucoup. Ce sera demain matin ou lundi. Adressez toujours ici jusqu’à nouvel avis. Je n'ai qu’un mot de Greville qui convient que le discours de Palmerston a été superbe et qu'il a produit un prodigieux effet. Cependant il ajoute, que le fond manque, & que ce n’est pas du tout une réponse à Graham. En somme Il regarde tout ceci comme d’un effet important & dangereux pour la politique de son pays. Voyons Peel ! Aurait-il parlé ? & qu’aura-t-il dit ?
Hier la journée prise par les adieux, que suis restée toute fatiguée. J'ai reçu Duchatel qui avait passé cinq jours à la campagne. Il ne savait rien. Montebello hier a voté aussi contre la loi des Maires. Il ne dit pourquoi, je l'ai oublié... Je crois que c’était pour ne pas diviser la majorité. Le président est de bonne humeur. Il a donné à dîner aux Normanby avant hier. Mardi Lahitte les fait dîner chez lui. Hubner est parti hier soir pour Vienne. Il est venu me dire adieu très abruptement. 2 heures Ellice d’hier soir. Situation de plus en plus tendue & périlleuse. Beau discours de Gladstone & autres. Les grands n'ont pas encore pris la parole. Peel. John, Disraeli, Cobden. Bright. Le débat ira jusqu'à lundi probable ment. Les chances de bonne majorité diminuent à moins de 37 les ministres se retirent. On dit que les Peelistes font des arrangements avec les protectionnistes, pour le cas où les princes seraient appelés au pouvoir. 1ère condition. Pas de dissolution. Mon opinion est qu’on ferait un ministère mixte. Peelistes & Whigs modérés. Ou bien Protectionnistes modérés, s'il y en a et toujours les amis de Peel ! Que Wellington s'en mêlera. Nous verrons. Toujours c’est bien gros, et peut devenir bien grand. Greville m'écrivait du 27. Ellice du 28.
En sortant de chez le duc de Cambridge jeudi la reine a été frappée au visage, par un officiel en retraite avec la canne de cet officier. Elle a paru à l'opéra le soir, grand enthousiasme pour elle.
Les radicaux veulent donner un grand dîner à Palmerston à un des grands théâtres. Tout cela c'est la révolution. Il faut l’arrêter à temps, & c'est ce qui me fait croire au changement de ministère. Viel-Castel et Kisseleff chez moi ce matin de bonne heure. Mareschalchi parle aussi de déconvenue possible pour le g[ouvernement] mais il n’est pas aussi explicite & détaillé qu’Ellice. Il finit en me disant souligné I think there must be change. Adieu. Adieu. N’est-ce pas triste de partir à la veille de mon triomphe ? Mais vous voyez bien que cela entraîne trop loin ce n’est que le télégraphe de Mardi qui annoncerait le vote. Je ne partirais donc que Mercredi. Trop long. Je suis emballée. Adieu. Ecrivez toujours ici.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris Vendredi 19 octobre 1849
11 heures

Vous n’apprendrez absolument que le fait de mon arrivée. Mais enfin me voilà, depuis hier à 6 heures. Kisselef m’avait attendu longtemps chez moi. Il n’avait plus pu m’attendre. Je ne le verrai aujourd’hui que tard & je n'ai pas encore vu une âme. J’ai dîné, je me suis couchée. Une mauvaise nuit. Merci, merci, de vos trois lettres. Celle de hier me manque encore. Elle viendra. J'éprouve un vif sentiment d'insécurité. Pour vos affaires d’abord, & puis les affaires Turcques, l’affaire est trop engagée à ce qu’il me semble & à ce qu’il semble à Brunnow. Je verrai ce qu’en pense Kisselef. Je ne déballe rien jusqu’à plus ample informée. Vous savez bien que je ne suis en France que jour vous. Mais la République rouge où la guerre à la Russie m'en chassent, c’est clair. Et bien sous ces deux rapports, tout me paraît bien en l’air. Mes deux compagnons de voyage ont été excellents & très utiles. Tout s’est bien fait. Seulement j'apporte un rhume abominable. J’ai trouvé une lettre de Beauvale sur mon hint à Lord John à propos de Collaredo, John a écrit droit à Vienne pour supplier qu'on le nomme ambassadeur. On me prie de tenir cela secret. Bien petit intérêt à côté de tout ce qui se passe. Je vois que Thiers s’est battu hier. Je vous dis Adieu pour le cas où je sois envahie. Vous ne savez pas tout ce que j'ai à faire ! Adieu. Adieu.
2 heures. Voici votre lettre vous n'êtes pas très rassuré non plus. Il me semble que j'ai choisi un mauvais moment, si à présent je suis obligée de m'en aller, Adieu la France pour toujours, Ah quelle tristesse ! Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Boulogne Mercredi 17 octobre 2 heures

Me voici débarquée depuis une heure. Affreuse traversée tout le monde malade, moi compris. Je suis trop fatiguée pour poursuivre. Je n’irai à Paris que demain. Madame de Caraman & le Duc Kolb m’accompagnent tous deux très utiles. Je trouve ici de singulières nouvelles. Rupture entre le président et la majorité. A propos de Rome ! Hier matin j’ai encore vu du monde à Londres. La grande duchesse Stéphanie entre autres arrivée la nuit d’Allemagne. Elle était descendue au Clarendon. Bonne femme pas beaucoup d’esprit, et pas beaucoup princesse. La fille l’est davantage. Flahaut, Morny. Il se peut que Flahaut vienne à Paris. G. Delassort arrivé la veille. Assez noir sur son pays. Mon fils m’a établie au chemin de fer. Le raisonnement inquiétant de Brunnow est celui-ci. Quand on saura à Constantinople l'explosion dans les journaux anglais à la protection du gouvernement. Les Turcs ne deviendront insolents. Nous rappellerons notre ministre. L'Angleterre sera cause de tout ce qui peut s'en suivre. L’Empereur ne peut pas céder, on aurait pu le fléchir, mais c'est aux Turcs seuls à s’adresser à lui. En compagnie ils n'obtiendront rien.
Adieu. Adieu, je suis encore trop malade de la traversée pour savoir ce que je pense en me retrouvant en France. Je suis bewildered. Adieu. Adieu. Adieu. Voici votre lettre. Les Holland sont à Paris.

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Clarendon Hôtel Dimanche Le 14 octobre 1849

Longue visite hier de Collaredo. Ils me soignent beaucoup. J'avais donné quelques hints à Lord John sur les dégouts que Collaredo ressentait ici. Hier il m’a dit qu'il a donné sa démission. Il ne veut pas rester exposé à être traité comme le fait Lord Palmerston. Il est très décidé. Il passera probablement par Paris en se rendant en Italie où il passera l'hiver. J’ai vu Flahaut aussi. Morny est toujours ici, & ne sait pas du tout quand il partira. J'avais envoyé la lettre de Lord Aberdeen à John Russell. Il me l’a renvoyé avec quelques explications. L’effet de la lettre a certainement Eté bon, car l’opinion d’Aberdeen était appuyée de celle de Peel qui se trouve chez lui. Tous deux trouvent qu'on a beaucoup trop grossi l’affaire ici, & qu'a Constantinople. Canning a été dans son tort. Il y a des nouvelles de Pétersbourg. On connaissait l’événement turc, & on attendait pour ne dire son avis que Fuat Effendi soit arrivé pour expliquer & excuses, car c'est comme excuse que nous prenons son envoi. Je commence à penser aussi que cela s'arrangera.

Lundi matin le 15 octobre envoi de votre lettre. Je n’ai que deux minutes à vous donner. Hier longtemps Brunnow, C. Greville, Flahaut, Morny, & la Marquise Douglas, qui me raconte beaucoup Paris, & le président, le comte de Chambord & sa femme, avec lesquels elle et aussi intime qu’avec son cousin Louis Napoléon. Brunnow croit que cela s'arrange. Il blâme un peu Titoff & beaucoup Canning. Tenez pour certain que c’est lui qui a fait tout le mal. Morny dit qu’à Paris on est très pacifique. & que le Président l’est surtout. Voilà tout en très gros. Quel dommage pour le détail ! Le départ de Collaredo fera sensation ici, contre Palmerston. Adieu. Adieu.
Il souffle très fort & Douvres & Calais & Folkestone & Boulogne sont encombrés de gens qui ne peuvent pas passer. J'attendrai comme eux, s'il faut attendre. Adieu. Adieu, vous aurez encore un mot d'ici demain.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Richmond le 13 octobre 1849
11 heures

Mon dernier mot d'ici. Je pars pour Londres où je passerai trois jours. Mardi je pars, mais le temps est affreux. Mad. de Caraman dit qu’elle m'ac compagne. J’aurai peut-être Kolb. Pour Mussy, je n'y compte guères. Lord John est vraiment triste de me voir partir. Toujours de bonnes conversations avec lui. Je crois qu'à la longue je serais utile un peu. Mais bonjour ! Rien de nouveau. Je suis convaincue que Strattford Canning est l’auteur de tout ceci. Il pouvait empêcher l’éclat. Il me semble que John est de mon avis. Je suis très fatiguée d’arrangements, quel ennui de se déplacer quand on n’est pas une impératrice. Adieu. Adieu. d'ici. Peut-être j'ajouterai un mot de Londres.
Clarendon Hotel 4 heures Je reviens déjà de chez mon oculiste, & de chez mon banquier. Demain est inutile à Londres, il faut tout faire aujourd’hui, & j'ai beaucoup à faire. J’ai eu une bonne lettre d'Aberdeen bien sensée, je l'envoie à Lord John, c’est du bon commérage. Les deux hommes ont du gout l’un pour l’autre. Votre lettre ne me reviendra de Richmond que ce soir.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Richmond jeudi 19 juillet 1849

Votre petit mot de chez Duchâtel m’a fait du bien. Je l'ai reçu chez lord Beauvale où je dînais. Je me suis mieux tenue que je ne l’avais espéré, et les convives m'ont épargné les phrases banales. Brougham a été très aimable. Ellice un peu endormi. Beauvale mange & ne dit pas un mot, il est charmé qu'on l’amuse et qu’on le laisse tranquille. Grand égoïste. Lord Aberdeen est resté longtemps chez moi avant dîner. Il est très décidé à venir à Paris en 9bre et s'en réjouit tout-à-fait, il vous aime tendrement. Il ne s’attend pas à la majorité demain, mais il voudrait une minorité très respectable.
Ellenborough ne vient pas. Il est malade à la campagne, il a écrit à Lord Brougham ( qui me l’a montré) une lettre très sage très sensée sur la discussion de demain. Lord Aberdeen de son côté a fait part à Lord Brougham de votre recommandation de ne rien dire qui peut gêner les mouvements de la diplomatie française en Italie, & Brougham m’a paru très résolu à observer cette recommandation. Nous verrons car c'est une créature si mobile. Il a vivement regretté de n’avoir pas su le jour de votre départ, il aurait beaucoup désiré causer avec vous avant le débat. Lady Palmerston lui a écrit deux autres lettres, bien aigres & bien inquiètes, il raconte cela fort drôlement.
Je ne suis pas contente de moi. Le malaise continue. Il faut que ce soit dans l'air, car Dieu sait que je me ménage. Le temps est froid. Le vent a soufflé cette nuit. Vous concevez que je n’ai pas dormi, je vous voyais malade en mer.

Midi.
Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, Vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.
La Reine ayant décidé qu’elle ne viendrait plus à Londres, a reçu hier l’ambassadeur de France à Osborne. Simple présentation, après quoi il est revenu à Londres avec lord Palmerston. La reine a gardé quelques ministres à dîner, elle avait tenu conseil. Elle ne prorogera pas le parlement en personne. Son départ pour l’Irlande est fixé au 2 ou 3 août. Hier encore il m’a été dit de bien bonne source qu’elle est plus que jamais mécontente de Lord Palmerston et qu’elle le lui montre. Adieu. Adieu, mille fois. J’espère une lettre du Havre Samedi. Adieu encore & toujours.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Bedford Hôtel Brighton Dimanche le 29 octobre 1848

Je commence Brighton bien mal. Votre lettre n’est pas venue. Pourquoi ? Vous êtes maladroit en expéditions de lettres. Sans doute trop tard à la poste, car je ne veux admettre, ni maladie, ni oubli, ni paresse. Je vous en prie, ne me faites pas de ces mauvais tours. Vous savez que tout de suite je m'inquiète. Quel temps hier, quel voyage ! Pas même Gale, personne. Avec la multitude d'amis et d’obligés, je manque toujours d’obligeants, tandis que tout le monde en trouve. J'ai eu bien peur, j’ai eu bien froid. Je trouve ici une tempête, de la tristesse, de la solitude, un joli salon mais petit comme une cage avec des courants d'air de tous côtés. Je ne sais comment je pourrai y tenir. La bonne Marion est venue deux fois me recréer la vue & me réjouir le cœur. Aggy va décidément mieux. J'irai la voir aujourd’hui, si la tempête me permet de sortir. Vous ne m'avez pas donné votre adresse pour Cambridge.
Voici Brougham amusant. Hier pas un mot de politique et je n’y ai pas pensé ; savez vous que cela repose. Et que cette continuelle agitation, excitation est très malsaine. Je ne m’agiterai tout le jour, aujourd’hui, que de votre silence, mais c’est bien pire que la politique. Je serai en rhumatisme, en choléra, cependant tout cela n’aurait pas empêché un bout de lettres, et je crois que je resterai encore un peu plus fâchée qu'inquiète.
Le Constitutionnel raconte le discours de Louis Bonaparte. Sans commentaire. La Prusse appuie cette candidature à défaut de Lamartine qu’il regarde comme impossible faute de votants. Je découpe ce qu’il dit sur Thiers ; et que je trouve très bien.
Adieu, Cambridge est loin, bien loin de Brighton. Je voudrais être à vendredi pour vous tenir plus prés. N’allez pas trop manger ou boire dans ce ménage anglais. Dites-moi votre adresse, je crains que vous ne l'ayez pas fait, de sorte que demain j'adresserai ma lettre tout bonnement à Cambridge. Envoyez la chercher à la poste. Adieu. Adieu

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Richmond lundi le 7 août 1848
11 heures

J'ai été hier à Holland house. J'y ai rencontré assez de monde. Voici le butin. La France et l'Angleterre travaillent en commun à une médiation entre l’Autriche et Charles Albert. La France fera appuyer cela par une démonstration militaire, mais la guerre non. Ce qui préoccupe le plus la France & tout autant l'Angleterre, c'est l’Allemagne. Ni l'une et l’autre ne veulent de l'unité allemande. Surtout par lord Palmerston. Partout il prêche la réaction, & la fomente avec la même ardeur qu'il mettait à prêcher la révolution. Le mouvement en France est très vif, mais le Roi & le gouvernement comprennent. Quels insensés ! On ne sait pas comment se sera passée la journée d’hier. L’hommage. Peut être y aura-t-on renoncé. Le sentiment public à Hanovre mauvais. Le roi avait été soutenu d’abord chez lui, mais depuis comme aucun souverain ne l’a invité, on a perdu courage et on l’abandonne. On blâme beaucoup la fuite du Roi de Wurtemberg. Lui aussi est allé se divertir & se reposer avec une actrice. la grande Duchesse Olga dans le mouvement ! Est-il possible ? Kielmansegg affirme. Bunsen n’aura pas les Affaires étrangères à Francfort Mais il sera probablement nommé Ambassadeur du [?] ici. Et ici on est très décidé à ne pas reconnaitre la nouvelle Allemagne. En général à ajourner le plus possible toutes les reconnaissances. Etrange situation négocier avec des gens qu'on ne reconnait pas. Conclure des conversations peut être, avec la France & n’avoir aucune relation officielle. On dit qu'on pousse à la république à Vienne pour se ménager les droits d'aller y rétablir la monarchie à la tête de l'armée, alors seulement l'Empereur y rentrera. Far fetehd plan. Les bruits de Paris sont que Cavaignac ne tiendra pas longtemps. Après lui [Lamartine] & Thiers. Après ceux là Changarnier ramenant la Monarchie. L’échec de Goudchaux faisait du bruit, mais on ne dit pas cependant qu'il se retire. Toutes fois c’est le Ministre du dictateur battu. Parmi les choses que m’a dit Ellice j’ai oublié je crois de citer que c’est décidément Marast qui sera envoyé à Londres, si le National règne encore quand on nommera un ambassadeur.

2 heures
Je suis contente, mais seulement à demi contente. L'Ecosse à bas, bon. Mais pourquoi les bannir de ceux en Norfolk, et pourquoi pas près d'ici sur la côte méridionale. Je ne comprends pas. Je vous adresse toujours ici chez M. Boileau. Il faudra me dire où [?] & quand je dois changer d’adresse. Je vous plains de n’avoir pas vos journaux. Vous voyez que toute cette invention de voyage était mauvaise j'espère que l’accident de Pauline n’aura point de suite. Comment n’avez vous pas su dire non quand elle vous a demandé de la laisser monter à cheval ? Sachez bien qu’il n’y a pas un cheval bien dressé en Angleterre, de même qu'il n’y a pas un garçon ni une jeune fille qui ne soit très bon Cavalier. Et bien, excepté Guillaume je crois tout le reste du ménage très peu exercé. Melle Chabaud, je ne sais pas, peut-être, mettez-la à cheval. Je vous conjure donc de n’y pas monter. Sachez donc une fois m’accorder ce que je vous demande. Je m'en vais me mettre à penser à votre Cromer dont je n'ai jamais entendu parler. Je compte que vous vous y amusiez bien, que vous aurez soif de causerie. Enfin, c’est certainement mieux que l’Ecosse. Mais ce n’est pas si bien que vous auriez pu faire. J'ouvre mes journaux. Le National de Samedi ne m’est pas arrivé. je découpe le leading article du journal de hier dimanche. J'ai souligné, ce qui me parait Capital. On laisse à l’Autriche. la Vénétie. Adieu. Adieu. J’ai le cœur plus léger depuis qu’il n’y a plus d’Ecosse. Je voudrais l’avoir content . Cela viendra, quand vous viendrez. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Richmond le 1er Septembre 1848 Jeudi
3 heures.

Et moi aussi je ne sais rien dire, aujourd’hui que nous sommes si près de demain. à demain donc à Putney bridge ; intra s'il pleut, extra, s'il ne pleut pas. Je suis bien contente de voir ce beau temps pour votre voyage. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Richmond 8 août 1848, Mardi
Midi

Mon fils a longtemps causé hier avec Tallenay. Celui-ci lui a dit qu’il n'y avait un jusqu’ici que de la conversation avec Palmerston. Le désir de s’entendre, le désir comme d’éviter la guerre, & d’offrir la médiation commune que cependant les prétentions de l’Autriche étaient telles qu'il était fort douteux qu'on puisse les présenter, & que lui Tallenay ne croyait pas du tout à la réussite ni de l’entente ni de la médiation. Et il y croyait moins encore depuis l’article du National que je vous ai envoyé hier, & qu’il regarde comme officiel. Tallenay ayant appris que Marast devait le remplacer a fait comprendre à Paris qu'il ne le souffrirait pas. Que s'étant chargé de les représenter dans un moment où ils n’avaient rien d’honorable & de convenable à envoyer, ni il était en droit d’attendre des égards. Qu'il concevait que lorsque les relations seront établies régulièrement on tient à avoir ici une bonne politique considérable. Mais que c’était lui qui devait rester jusqu'à ce moment, c.a.d. lui faire reconnaître la république. Il a ajouté que d’après ses lettres de Paris, on se conformerait à cela. Montebello a vu des lettres de Paris. Flocon a dit que dans 6 mois personne ne voudrait plus de la République. Cause perdue. Vous voyez comme l’Assemblée nationale s'échauffe. Le rapport sur l’enquête a fait un grand effet. Beaucoup de lettres menaçantes anonymes. Enfin cela va devenir gros. La déclaration de Palmerston hier au Parlement est quelque chose. Cela prouve le travail commencé. Mais il me parait impossible qu’après de si éclatants succès l’Autriche se contente de ce qu’elle demandait lorsqu'elle était en mauvaise situation d’un autre côté comment la France pourrait-elle faire moins qu'assurer la Lombardie à l'union italienne. Ici l’opinion sera un peu combattu. Mais en toute justice peut-on imposer à l’Autriche des sacrifices quand c’est elle qui a été attaquée, chassée, & que c’est elle qui triomphe ! Quel dédale. Et puis Francfort ! Et puis Berlin. ¨Pas d’hommage le 6. Ainsi un commencement de résistance à la volonté de Francfort. Que de choses à nous dire, que de raisonnements à perte de vues ! Comme vous êtes loin ! J’attends votre lettre ; je n'ai rien à vous dire de nouveau que ce qui précède. Ma santé est comme vous l'avez laissée. Je crois que mon fils part demain. Adieu. Adieu. Voici le National. Curieuse.

3 heures. Voici votre lettre. Vous me paraissez être in a perplexing state cela m'inquiète aussi. Vous serez probablement très mal à Cromer sans aucune ressource. Pourquoi ne pas revenir ? La mer du nord est la moins bonne pour les bains de mer. S'il les faut absolument allez donc les chercher sur la côte méridionale. St Leonard, Hastings, Weymouth, si vous ne voulez pas de Brighton. Encore plus chaud. Mieux civilisés. Enfin je ne trouve pas qu’il y ait beaucoup de good sens dans tous vos projets. Pardonnez-moi de croire que si je m’en mêlais cela serait mieux. La presse a reparu hier, je l’ai reçu, pas lu encore. Les Débats se moquent très joliment d’un nouveau journal de l’Etat qu’on veut mettre au monde.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Richmond le 5 août 1848, Samedi
2 heures

Quand une idée qui me plait s'empare de moi, je la prends pour un fait, & je la travaille. J’ai donc travaillé cette nuit. Et j'ai découvert qu’il ne vous fallait qu’un prétexte pour revenir du Norfolk ici et abandonner le reste de votre voyage. Voulez-vous que ce soit moi, très malade ? Et bien, je serai très malade. Et aussi longtemps qu’il vous plaira. Je n’ai vu personne. Je ne sais donc rien, mais vraiment les journaux donnent assez. Seulement ment je crois que vous n’avez pas les j. français & ce serait dommage. Le National décidément contre l’intervention. Le Constitutionnel aussi certainement elle ne se fera pas mais probable ment médiation menée de la France & l'Angleterre. Le discours de Thiers mercredi a fait beaucoup d’effet. Sa dispute avec Gouchaux semble être un événement. L’Assemblée nationale divisée & la rue de Poitiers en dissidence éclatante avec le Gouvernement. Il me serait très difficile de retrouver dans ma mémoire ce que m’a dit Ellice. Je m'étais hâté de vous l'écrire, et puis je l'ai dismissed de ma tête comme inutile. Le compte-rendu est à Glasgow post office. Aggy va très mal c’est probablement l’hydropisie. Tout cela rend peu probable que les Ellice restent à Brighton qu’elle meure ou qu’elle traine on partira de là. Vous ai-je dit que Bulwer est parti subitement pour Paris pour empêcher sa belle Espagnole d’arriver ? Il veut décidément le mariage. Entre ici et demain, je verrai probablement lord John. J'attends votre lettre d’hier. La voici. Merci, merci. Intéressante curieuse. Vous avez bien de l’esprit et du good sense, que j'aime au moins autant que l’esprit. D’après votre nouvel arrangement de voyage, je pense que je vous écrirai encore demain à Norfolk. Et depuis lundi à Edimbourg ! & depuis Mercredi à St Andrews. Est-ce comme cela ? à moins que ce ne soit Brompton. Hélène me mande que le choléra décroit. Pendant sa durée, l’amant avait perdu sa vertu ou au moins sa force diminue de moitié. N’est-ce pas curieux ? Les savants sont très occupés de cela. L'Empereur toujours inquiet de sa fille. Elle résolue à ne pas abandonner son mari. Le père ? approuve, admire, & pleure. Le Roi de W. est parti, son fils est régent. L’abdication s’en suivra. Adieu. Adieu. Pas un mot de plus de nouvelles.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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4. Beauséjour Mardi le 9 septembre 1845
Onze heures

Votre lettre d’hier est charmante ful of interesting topics. Je vous vois arriver demain soir ou jeudi de bonne heure dans la journée. C'est là ce qu’il y aura de plus charmant dans ce voyage comme le temps est gracieux pour le roi !
Madame Appony, un Esterhazy cousin, Fleichman, & Mad. Rothschild, voilà ce que j'ai vu dans la journée hier à Anvers la reine d'Angleterre a encore éte maussade ; elle n’est charmante qu'a Cobourg et à Eu. On me dit que Génie est malade. Je vais voir à Paris si je peux le voir pour lui communiquer ce qu’il y a de montrable dans votre lettre, au fond tout pourvu que je n’explique pas l’adieu.
Me voilà en ville, j'ai vu Génie convalescent, je lui ai donné à lire votre lettre dont il a été charmé. No news.

Beauséjour again à 2 heures. Pas plus de nouvelles ici que là. Vous voilà dans la forêt à déjeuner. Derniere conversation avec Aberdeen. J’espère que vous vous séparez contents. Vos filles me disent que c’est jeudi que vous arrivez pour dîner. Ceci est donc probablement ma dernière lettre ; si on vous écrit encore. Je vous écrirai adieu, adieu, adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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3 Beauséjour Lundi le 8 7bre 1845
Onze heures

Merci, merci de vos deux lettres 1 & 2. Je vous imite, celle-ci porte le N°3. Je crois la reine arrivée et vous dans le full time of conversation. J’espère que vous ressortirez de là aussi content que vous l'avez été il y a deux ans.
J’ai eu hier une très longue conversation avec Kisseleff. Le maître n’est pas changé. Caractère, opinion, tout est resté de même. Seulement de plus en plus inaccessible à tout conseil. Personne ne rêve plus à en donner. Vraisemblance qu’il ira de la mer noire en Sicile. Je pense qu'il verra le Sultan un moment. Evénement ! J’ai été chez les Appony le soir ; assez mauvaise humeur mais qu'on cache.

Paris 1 heure. Je suis ici pour un moment. Je viens de voir Vérity. Il me trouve mieux qu'à Londres. Mais ce sera tout. Pas la moindre nouvelle à vous donner. Le plus beau temps du monde. et moi adieu adieu. Voilà tout et toujours.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris Samedi 6 7bre 1845 Midi 1/2

J'arrive ; j'ai reçu votre petit mot j’ai vu Génie qui vous a embarqué. J’attends le télégraphe, & quelques visites, & un cache nez brun ou bleu foncé, s'il existe.
Vous oubliez hier en faisant le programme de la marche à dîner qu'Aberdeen doit passer devant vous. Vous faites en France les honneurs au ministre Anglais. Je suis furieuse qu'on pense à toutes petites choses, les bagatelles importantes. Je me tourmente de Constantin.
4 heures, voilà le télégraphe et pas un moment de plus à vous donner. Pas de cache nez trouvable. Beaucoup de monde, Mallkan entre autres devant témoins demandant de vos nouvelles avec beaucoup de sollicitude. Adieu. Adieu mille fois.
Soignez bien votre rhume, c’est à dire envoyez le promener. Prenez garde de l’air de la mer, n’allez pas en bateau à la rencontre. Adieu

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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31. Rue St Florentin, jeudi 28 août 1845
3 heures

Me voici arrivée à temps pour vous le dire encore aujourd’hui. J’ai bien fait mon voyage. Mon compagnon, un brave homme. Je viens d'envoyer chez Génie demander mes lettres & sa visite. Personne de reste ne sait ma venue. Je suis un peu fatiguée & je pense à Samedi avec transport. J'espère que c'est bien samedi, après demain, le 30. Adieu. Adieu. Adieu.
Voici vos trois bonnes lettres. Merci, merci, mille fois adieu. à Sameit adieu. Ah mon Dieu ! Mon bien aimé Constantin blessé, blessé plusieurs fois. On dit pas de danger comment puis je le croire. Le Malheur me poursuit. Ah que j'ai besoin de vous. Ce cher Constantin. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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30 Boulogne Mercredi le 27 août 1845 7 heures du matin

Je pars, et je veux vous dire adieu. Je prends avec moi le révérend Groves, prêtre Anglais de Boulogne. Bulwer arrive dans ce moment mais ... des aventures. Je vous divertirai. Adieu. Adieu Mille fois adieu.

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29. Boulogne Mardi le 26 août 1845, neuf heures

Pas de Bulwer. Il faudra m'embarquer avec un inconnu. Un révérend de Boulogne dont je vais faire la connaissance ce matin, je deviens bien impatiente de vous revoir, de causer avec vous. Nous voilà avancés dans notre semaine. Quel plaisir de se dire cela. Lord Cowley a eu hier une traversée fabuleuse. Le même bâteau se retrouvait à Boulogne au bout de cinq heures. Madame de Flahaut a bien envie qu'Andral lui conseille de passer l'hiver à Paris. Je vous préviens de cela ; avisez car cela ne vaudrait rien. C’est toujours la même Mad. de Flahaut au fond.

Midi. Voici votre lettre de dimanche. J'ai du malheur pour la cuisinière. Mais enfin le mois de Septembre coulera sous la protection de Guillet. Et vendredi je trouverai moyen de me nourir à Paris. Je compte partir demain matin pour aller coucher (très mal) à Granvilliers. Jeudi je serai à Paris. J'y trouverai deux lettres j’espère. Adieu. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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28 Boulogne lundi le 25 août 1845

Vous ou Génie m'avez joué un bien mauvais tour. Point de lettres ce matin, j’avais tant répété et écrit à Génie de continuer jusqu’à nouvel avis ! Vous voyez que je m'en prends à une étourderie ne voulant pas croire pire. Bulwer n’est pas arrivé encore, il faudra partir avec un étranger. J’aurais attendu encore deux jours mais vos lettres n’arrivant plus je serais inquiète. Comme c’est mal fait à vous ou à Génie. Quel mal si une lettre ne me trouvait plus à Boulogne ; elle avait toujours le temps de revenir à Paris avant moi. Vous n’êtes pas des practical people, & vous ne pensez pas assez à mes joies ou à mes peines. La correspondance était allé si bien ! Pouquoi innover ? C'était à moi à la régler, je sais mieux mes [?] que vous. Voyez-vous comme je retrouve des yeux lorsqu’il s’agit de vous quereller ?
Lord Cowley part aujourd'hui. Mad. de Flahaut est arrivée hier. Je ne l'ai pas vue encore.

1 heure. Voilà votre lettre, déchirez la première page et pardonnez moi. Je ne me gouverne pas. Vous me pardonnez n’est-ce pas ? Mad. de Flahaut s'en va à Eu. Je viens de la voir un moment Lord Cowley est vraiment excellent. Vous serez content de lui. Certainement vous verrez Bulwer, & je crois que vous pouvez vous fier à lui sous le rapport d’une extrême envie de rester bien ami ici. Adieu. Adieu. Je vais écrire un mot à Génie au sujet de mes lettres. Il me semble que je partirai après-demain. Adieu, merci, pardon, adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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26. Boulogne Samedi le 23 août 1845
Onze heures

Bulwer n’est pas arrivé encore ; Madame de Flahaut non plus. Voilà une chance de compagnon de voyage. En attendant. on cherche à Boulogne quelque amateur pace qu’après tout, faire venir de Paris est bien long et vraiment trop fort. Lady Allen Peel m’est arrivée hier. Elle demeure chez moi. Elle n'est venue que pour moi, quelle idée ! Enfin c’est de la société de plus. Cowley a aussi quelques visites d'Angleterre. Il est venu & part pour Londres après demain. Je ne puis assez vous dire combien il est bien sur Tahiti. Il veut aller là parler au Duc & à Peel.
Je fais ma promenade en voiture dans la journée avec Lady Cowley & sa fille. Je ne risque de marcher que là où il y a de l'ombre, & pas de vent. & cela est rare à rencontrer à Boulogne. Dans huit jours, quel bonheur ! Vos nouvelles sur la reine d'Angleterre me divertissent. à Londres on s'inquiétait un peu de sa perpétuelle agitation Mais il n’y a pas lieu. Ce n'est que de la fantaisie de principe & de despotisme. Les ministres sont trop complaisants & le public très soumis en renonçant on veut bien contrarier un vieux roi, cela vaut la peine. Mais une jeune femme ! Cela ne compte pas. Brignole est vraiment bien plat. Mais les vrais courtisans sont sincères dans le moment où ils flattent. J'ai été comme cela.
Cowley a envoyé à Lord Aberdeen le petit mot que vous lui avez répondu sur Tahiti. Il veut que cette affaire soit traitée & s'il se peut coulée à fond entre vous et lui sans autre intermédiaire. Il sera à Paris le 10 septembre. Il tremble de la Chambre quand il faudra demander l’argent, & moi aussi. N’y a-t-il pas un moyen d'arranger cela ? Voici Lady Cowley qui me prie de la rapeller à vous. Adieu. Adieu.
Je ne sais vraiment quand je partirai de Boulogne. Je compte toujours sur le lendemain. La seule chose sûre est que je serai à Beauséjour avant vous, si Dieu le permet. Vraiment. Il arrive des accidents si inattendus si effroyables qu'il est presque impie de se croire sûre de quelque chose. Vous ne me parlez pas de cette affreuse catastrophe de Rouen ? Adieu. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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20. Boulogne, Dimanche le 17 août 1845
Onze heures

J’ai quitté Londres hier à 9 h., arrivée à Folkestone à 6 1/2 embarquée à 7 1/2, et à Boulogne à 9 1/2 mais pas dans mon lit avant minuit à cause des désagréments de votre douane qui a failli me faire passer la nuit sur le bateau. J’ai dormi, mais je suis bien fatiguée. Bulwer m’a menée ici. Il est retourné à Londres ce matin, tout cela sera une histoire drôle à vous conter. Je n’ai pas des yeux suffisant pour cela. Je me borne au stricte nécessaire.
Voici vos N°18 & 19 merci, merci. Quand ne nous écrirons nous plus ? Combien j'espère à Beauséjour ! J'ai besoin de me réposer de ma rude journée d’hier. J'ai ici les Cowley ; je n’ai encore vu que la fille. Adieu, pardonnez-moi cet abrégé. Brunnow était chez moi hier à 9 h. du matin & m'a mis en voiture. Mes Anglais ont été charmants pour moi tous. Beaucoup mieux que jamais. Adieu, adieu, adieu.
P. S. Voici la lettre de vendredi merci, merci.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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19 Londres, vendredi le 15 août 1845 dix heures.

Mauvaise journée hier. Mes yeux allaient mal. J’ai eu bien peur le matin je suis mieux. Je serai curieuse de me faire lire votre discours du dîner. J’aurai cela à Douvres sans doute. Je pars demain matin à 9 heures avec Bulwer. J’irai à Folkston peut être, mais toujours par terre et non par fer. Si le temps n’est pas mauvais je passerai dimanche. Dietrichstein est revenu hier. Décidément il me fait sa cour pour arriver à Paris ! Pas d’autres news. Londres est [?] on avait bien envie de m’entraîner à la campagne. Le genre de vie et la lumière ne me vont pas.
Que de choses à vous raconter ! Tâchez que ce soit bientôt. Adieu. Adieu. J'ai mes paquets à faire & les bills à payer. Adieu beaucoup de fois adieu. Je viens de lire votre discours. Excellent. Parfait. Adieu. excellent.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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18 Londres jeudi le 14 août 1845, à midi

Décidément je me suis encore trompée de N° & celui-ci est le 18ème. Votre dîner hors de chez vous, dimanche dernier me dérange. Je crains une indigestion ; & puis un assassinat, ou bien, une voiture versée. Vous savez comme je suis, parfaitement déraisonnable. Je suis tranquille quand je vous ai à Beauséjour, chez moi, ou bien dans votre cabinet que je regarde.
Hier longue promenade & causerie avec Dédel qui a tout plus de good sense & d'esprit & de connaissance de ce qui se passe ici. Beaucoup de monde chez moi le matin car tout ce qui est resté vient. Bulwer je crains me fera faux bon. Il voudrait que je retarde, & moi, je suis décidée à partir après demain. Flahaut part Lundi mais tout le monde va par le rail way. Il n'y a plus que moi dans le monde qui me serve de très mauvais chevaux de poste. Je ne sais vraiment qui partira avec moi, & je ne veut pas partir seule. Lady Cowley m’attend avec impatience et curiosité à Boulogne. J’y serai sans doute dimanche à moins de mauvais temps.
Je vous ramène des yeux assez ressemblants à ceux que j'avais en vous quittant, mais il est bien avéré que ce n’est que de l’ennui, des soins, des précautions, des privations, mais point de véritable danger. Il n’y a que Verity qui sache me traiter. Il sera à Paris au commencement de septembre. Londres est parfaitement dull, plus un seul homme public, et pas une nouvelle. Adieu, adieu, j'ai des yeux très capricieux et j'y ai mal dans ce moment, il faut que je vous quitte. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris, le 15 octobre Mardi

Vous comprenez que je n’ai pas fermé l’œil de toute la nuit que chaque coup de vent me faisait bondir d’effroi. La suite de cela est que je suis parfaitement malade. A 10 heures Génie m’apprend que vous êtes à Douvres. J’ai rendu grâce à Dieu. Mais maintenant il faut encore que je vous sache à Calais. Et quand je saurai cela je m’inquiéterai de votre fatigue. Vous ne pouvez arriver dit-on à Eu que fort avant dans la nuit. Vous avez à passer deux nuits sans repos. Si vous êtes clever, vous vous reposerez à Eu toute la journée de demain & la nuit d’ensuite et vous ne reviendrez que jeudi. Pourquoi vous fatiguez hors de mesure ? Je vous l'ai déjà dit je saurai attendre. Songez d'abord à votre santé.
Vous me trouverez un peu malade, mais j’ai Marion pour me soigner. Je n’ai pas bougé hier, je ne bougerai pas aujourd’hui. Le Roi ne sait pas comme j'ai été occupée, inquiète de lui. Il ne faut pas faire des visites en octobre. Adieu. Adieu.
La vraisemblance est que cette lettre ne vous arrivera plus, que vous serez parti, j'ai cependant voulu essayer encore. J’ai eu aujourd’hui votre dernière lettre de Dimanche. Comme tout a bien été là ! Comment cela ira-t-il ici. Adieu. Adieu soignez vous je vous en conjure. Adieu. dear, dear, dearest.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris lundi le 14 octobre 1844, onze heures.

Vraiment vos lettres sont the most satisfactory imaginable. Tout est parfait. Il ne me reste plus qu’un bon passage, et une journée sans accident Mercredi, et je serai merveilleusement contente et heureuse. J’ai regardé déjà cent fois le ciel. Il y a des images, il y a des vents ! Je suis sortie hier quoiqu’un peu malade, j'ai eu tort. Je ne bougerai pas aujourd'hui. Outre mes crampes d'estomac je me suis enrhumée et je tousse beaucoup. Mais ce ne sera rien. Que les journaux sont charmants à lire. Comme cela fera enrager bien loin d'ici. Quel contraste. J’ai vu hier matin les Appony. Bacourt, Fleichman, Lady Cowley, le diplomates croient que le voyage fera un immense effet en Europe. Certainement il ne restera indifférent pour personne. Les meilleurs en resteront embarrassés. Pourquoi ont-ils peur, pourquoi en viennent ils pas rendre hommage ici ? Voilà le premier pays du monde comblant le roi de respect au delà de ce qu'on a jamais vu pour un monarque étranger. Quant aux malveillants imaginez ! Je ne sais pas vous parler d’autre chose d'ailleurs je ne sais rien. J’ai encore passé la soirée chez Annette. Elle se remet.
J’attends Génie. Il n’est pas si exact que vous. Hier il était bien content des nouvelles de Windsor. Il ne le va pas [l'être] moins aujourd’hui.

3 heures. Voilà Lady Cowley & Kisseleff dan ma chambre. Pas possible de continuer. Le temps est noir, du vent, ah mon Dieu, que je vais être inquiète. Adieu. Adieu. Adieu. Mille fois, ayez une bonne traversée. Revenez bien portant. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris, dimanche 13 octobre 1844, 9 heures

Quelle excellente lettre que celle de vendredi ! Evidemment vous êtes content ; cela me rend toute heureuse. Cela aura été un bon et utile voyage. Pour beau, c’est clair. Les journaux anglais sont dévorés par moi, je lis tout. Je suis ravie, et la Cité par dessus le marché. Tout cela se fait grandement, royalement. Il est impossible que cela n'impose pas un peu ici, et beaucoup sur le continent. Dans tous les cas cela sert plus que de compensation aux mauvaises manières du continent. Enfin c’est excellent. J'espère que vous lirez cette lettre-ci tranquillement à Eu. Non, je me trompe, elle ira sans doute vous chercher a Portsmouth. C’est donc décidément Portsmouth. Je regrette. Je vais encore passer une nuit blanche, c’est-à-dire noire car toutes les idées de cette couleur assaillait mon esprit. Vous avez vent contraire et du vent trop fort, aujourd’hui cela ne vaudrait rien. Fera-t-il mieux demain ? Comme je serai dans l'anxiété mardi !
J’ai vu longtemps Génie hier, & puis la jeune comtesse, revenue depuis une heure seulement et qui est tout de suite accourue. Mad. de Strogonoff, quelques autres indifférences. Je me suis promenée dans le bois mais un moment seulement, j'avais des crampes d’estomac. J’ai été dîner chez le bon Fagel, personne qu’Armin, Bacourt, Kisseleff. Je les avais nommés. A huit heures je les ai envoyés dans ma loge aux Italiens, et je suis allée comme de coutume chez Annette. En rentrant à 10 heures j’ai trouvé Marion m’attendant sur le perron. Elle venait d’arriver avec ses parents. Joyeuse, charmée et charmante.
J’ai assez mal dormi, mais mes douleurs sont un peu passées ce matin. une heure. Je rentre de l’église. J'ai bien prié, remercié, demandé. Génie était venu avant dans la crainte de ne pas me rencontrer plus tard. Il est content aussi du voyage. Il parait que l’effet est excellent. Mon avis est que vous preniez à l’avenir votre politique sur un ton plus haut. Oui, la paix. Oui, l’alliance de l'Angleterre ; la seule bonne, la seule possible. Que vous dédaignez toutes les misérables chicanes que vous défiez vos adversaires, que vous les réduisiez ainsi ou à se taire ou à vous renverser. Prenez grandement votre parti là dessus. Vous en aurez l’esprit plus tranquille et le corps mieux portant. Tout le monde est venu me faire visite ces jours-ci, ( non pas que j'ai vu tout le monde ) Salvandy même ; mais pas de mad. de Castellane. Adieu. Adieu, que le ciel vous protège et vous ramène en bonne santé. Adieu.
Génie me dit cependant que cette lettre va vous attendre à Eu. Adieu encore dearest.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris Samedi 12 octobre 1844
9 1/2

Voici vraiment ma dernière lettre portant l’adresse de l'Angleterre. Demain je vous écrirai à Eu. Quel plaisir ! Cependant voyez à quel point je vous aime plus que je ne m'aime moi-même, je regrette presque pas que Windsor ne soit pas plus long. Evidemment c’est un grand plaisir pour vous : c’est un beau un charmant moment dans votre vie, et je prends patience quand je vous sais content. Votre lettre de jeudi vient de m’arriver. Tout me plait là dedans continuez.
J’ai vu hier matin les Appony, Bacourt, Fagel, Fleichman. Ma promenade au bois de Boulogne, deux visites de Génie dans la matinée. Mon dîner solitaire la soirée chez Annette. Ceux que je vois prennent plaisir aux journaux Anglais et sont occupés et charmés de ce charmant voyage du Roi. Je cite Fagel comme le plus fervent. Il me prie aussi toujours de vous offrir son souvenir. Bien brave homme. Je suis charmée de deux articles des Débats aujourd’hui, l’un contre Thiers, l’autre contre Bruat.
Oui, votre Bruat manque à toute convenance ; il ne faut pas laisser de tels agents à ma semblable distance, & vous auriez grand tort de ne pas l’envoyer ailleurs. Faire des sottises plus innocentes. Génie m’a dit que les ministres avaient écrit au roi pour le supplier en revenant de faire la traversée de mer la plus courte. Voilà de braves ministres. Soumettez-vous je vous prie. Ils ont mille fois raison. Always chose the safest way. J’attendrai avec impatience l’itinéraire & pour le Roi, et pour vous ensuite. Marion arrive aujourd’hui, j’en suis charmée.

2 heures Vous êtes un étourdi ? Vous me dites jeudi que vous êtes sans lettre. Vous, vous impatientez, & vous n’avez pas remarqué que vous me répondiez à ma lettre de Mardi. C’est que tout simplement elle avait couru très vite et vous l'aviez reçue la veille. Adieu. Adieu. Encore du monde, encore des interruptions, mais je n’ai rien à vous dire qu'un very hearty adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris, vendredi le 11 octobre 1844,
à 9 heures

J’ai abandonné les N° parce que j’ai cru que vous me trouveriez pédante, il est si clair que je dois vous écrire tous les jours que les occasions sont si sûres et si directes. Cette précaution est donc inutile. Voilà votre lettre de 9 heures Mercredi, finie à Midi et demi.
Je devais me rappeler que les lits Anglais sont durs, & vous recommander de faire mettre le feather bed over the mattress instead ot under it. Mais je ne pense à rien, je suis une sotte aussi comme André. Et mon avertissement vient trop tard. Cependant si vous avez cette lettre demain faites faire encore ce changement. Car à tous les lits Anglais il y a ce feather bed, à moins que les mœurs n’aient changé depuis mon temps.
Le petit Nesselrode hier était en train de me parler quand on est venu nous interrompre. Il reviendra aujourd’hui. Il postulait de l’inquiétude de son père à la seule possibilité d’une vraie querelle entre la France et l'Angleterre, de son ardent désir de la paix. Il parle du voyage de son père en Angleterre comme de la promenade d'un indépendant désœuvré. Il donne sa parole d’honneur qu’il n’est pas question du mariage Cambridge, et ajoute cependant que ce serait le plus convenable de ceux qu'ont faits les filles de l'Empereur.
Lord Cowley est fort irrité à ce que le Boüet du Sénégal the real french boute feu, he says, se trouve sur l’escadrille qui a mené le roi, par conséquent à Portsmouth. Comment a-t-on pu permettre cela ? Il n’appartient pas ces navires. C’est Cowley qui parle. Il est aussi dans l'agonie pour cette nouvelle aventure à Tahiti. Il a de suite envoyé à Lord Aberdeen le Messager qui nie l'arrivée d’aucun rapport sur ce fait mais cela n’empêchera pas qu'on ne croie à Londres, qu'il a eu lieu. Il se félicite de n'avoir pas l’explication sur ses épaules, car il pense que vous allez vider cela à Windsor. J'en doute. Et votre Bruat faisant imprimer à Tahiti les rapporte dont vous niez l’existence ici. Ah mon Dieu, quels agents vous employez. Et celui-là vous l'avez choisi vous me l'avez vanté. Quel mauvaise affaire que ce Tahiti tout ensemble.
Je me suis promenée hier au bois de Boulogne, j’avais besoin d'air, une matinée est massacrée. Tout le monde vient, et puis j’ai beaucoup à écrire en Russie. Je m’occupe d’Annette bonne fille, bien triste. Après mon dîner, je vais tous les jours chez elle. J’y reste jusqu'à 10 heures.
Dieu merci vous me répétez que vous allez bien. Comme je vous regarderai à votre retour ! Votre retour ! Quelle charmante chose que cela. Comme j'y pense mais avant tout je veux savoir à quelle heure lundi vous quitterez Windsor à quelle heure vous vous embarquerez à Portsmouth. Ah, s’il fait du vent, que je serai malheureuse ! A quelque moment que vous partiez, mettez-vous sur votre lit, c’est toujours la meilleure précaution à prendre contre le mal de mer. Ne croyez pas les gens qui vous diront qu'il faut rester sur le pont. Et puis arrivé à Eu, reposez-vous bien, ne vous pressez pas, je saurai attendre une fois que je vous saurai en safety. Et puis je ne sais pourquoi j’ai des préventions contre Rouen. Pourquoi ne pas venir par la route naturelle. Coucher à Granvilliers ou à Beauvais en faisant faire une bon fin, bien bassiner votre lit ; et ayant soin d'avoir une voiture dont les roues tournent & les glaces se lèvent. Pensez à tout et racontez-moi ce que vous ferez.
Je reçois dans ce moment une longue lettre de Bulwer, je n’ai fait que la parcourir. Grande éloge de Bresson & de Glusbery. Beaucoup de goût pour le Prince de Joinville. " H. R. H. is clever agreable & what we English like off hand. He pleased me much. " Au bout de tout cela il me rappelle une petite demande qu'il m’a faite dans le temps. Vous savez bien, & me prie if I could manage that. & &
Je me suis mise à penser ce que seraient vos dernières paroles avec Lord Aberdeen et voici mon little speech. " Maintenant nous nous connaissons bien, nous nous sommes éprouvés, notre règle de conduite politique est la même, tant que nous serons ministres nous pratiquerons la paix, la bonne entente. Le jour où une difficulté bien grave se présentait, et où nous pourrions vraiment craindre de ne pas parvenir à nous entendre par voie diplomatique ordinaire promettons-nous, avant la dernière extrémité, de nous rencontrer ; un rendez-vous sur terre française. Les Anglais pas plus que les Français ne veulent la guerre. Ils sauront gré aux deux hommes qui la leur épargneront, qui auront épuisé toutes ses ressources en tout cas nous aurons fait votre devoir. " Est-ce que je radote ?

2 heures. Génie est venu me trouver. Nous rabâchons ensemble. Mais je n'en ai jamais assez. Herbet lui dit aussi que vous allez bien. Je vous en prie prenez bien du soin de vous. Génie m'ébranle sur la question du retour mais je veux savoir absolument quelle route vous prendrez ; mandez-le moi. Je laisse ceci ouvert pour le cas où j'apprendrais quelque chose.
Quels bons leading articles dans les journaux anglais. Comme je serais fixée de mon roi dont on dirait cela, et comme j’aurais de la bonne conduite pour une nation étrangère qui me parlerait de cette façon. Mais ces français n’ont aucun sens de la vraie délicatesse, du vrai honneur, du vrai mérite. Vraiment j’ai quelque chose comme un grandissime mépris pour les Français de ce moment. Adieu. Adieu.
Je vous envoie la lettre de Bulwer après l’avoir lue. Vous verrez qu'il parle mal de Nyon, mal de Hay, qu'il se loue beaucoup du consul napolitain Martino.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris, Jeudi le 10 octobre 1844
8 h 1/2 matin

Voilà votre bon petit mot de Portsmouth. Merci. Merci. Bien dormi, bien mangé. C'est là ce qu’il faut me dire. C'est la seule chose qui m’intéresse vraiment. Hier soir Génie est venu m’apporter la dépêche télégraphique de Windsor. J’en ai été médiocrement contente, elle ne parlait pas de vous. Sachez bien qu’il n'y a que vous pour moi dans le monde.
A propos de cette dépêche la colère de Génie était sans bornes, restée 23 1/2 heures entre Windsor & Calais ! C'est vrai que c’est fort.
Il est impossible de faire plus. La venue du Prince Albert à Portsmouth à bord du Gomer, c’est parfait. Que je serai curieuse maintenant des détails. Comme les journaux vont nous en régaler ! Je voudrais qu’ils me racontent aussi ce que vous mangez.
Hier pauvre journée de larmes. Constantin m'a écrit la plus touchante lettre du monde. Vous verrez qu’elle vous touchera. Cette lettre a enfin fait pleurer la pauvre Annette. Elle n’a pas quitté son lit depuis l’arrivée de la nouvelle.
J’ai vu hier matin Fagel deux fois, Fleishman, Kisseleff, Bacourt, l'Ambassadeur d’Autriche. J'ai fait ma promenade au bois de Boulogne après mon dîner. J'ai été chez Annette où je suis restée jusqu'à 1 heure de me coucher. Je ferai cela tous les jours. Bacourt vous demande s'il doit attendre votre arrivée. Il voulait aller lundi à Bruxelles pour en revenir le 1er Nbre. Mais si vous en disposez autrement, il fera votre volonté et vous attendra. Il ne sait rien que le fait que vous avez peut être besoin de lui. Fagel est excellent d’abord pour moi (il a le cœur très charitable) et puis excellent par les rapports avec Londres. Lord Aberdeen a lu le rapport de Fagel sur son entretien avec le roi où celui-ci-li a fait un éloge si vif & si mérité d’Aberdeen. Cela lui a fait une satisfaction visible. Il s’est beaucoup loué & d'ici, et de vos agents d'Espagne surtout de Glusbery. C'est absurde de vous adresser tout cela à Windsor. Je ne sais que vous mander. Vous comprenez bien qu'ici il n’y a pas de nouvelles, & que moi plus recluse que jamais à présent à cause de mon deuil, je ne puis rien apprendre.
Le Toulonnais donne votre traité avec le Maroc. Certainement, cela n’est pas en règle. Comment ces choses là arrivent-elles chez vous ? J'espère que Tahiti ne va pas faire un nouvel embarras. Ah que j'arriverais à jeter Tahiti au fond de la mer. Revenez je vous en prie avec le droit de visite au fond de mer aussi. Je ne sais pourquoi, je l'espère beaucoup. Mais surtout je vous en supplie portez vous bien. Dormez, mangez, prenez des forces et parlez moi de cela tous les jours.
Sans doute le Roi se louera de Cowley à Windsor. Je voudrais que cela valût à ce bon vieux homme le titre d’earl. Je n’ai pas vu Lady Cowley hier elle était malade, elle viendra aujourd’hui.

Midi et demi. Dans ce moment m’arrive votre petit mot de Windsor. Mardi 5 heures Mille fois thank you dearest que c’est charmant de lire écrit de votre main : Je suis très bien. Continuez à l’être et à me le dire.
Que la bonne réception de Portsmouth m'enchante. Au fait tous ces hourras feront du bien au roi ici. Cela le réhausse encore. Quelle honte pour les Français de si peu reconnaître ce qu’ils possèdent. Mais savez vous qu’au fond il y a un sentiment d’inquiétude de son absence, on sera content de le savoir de retour. Il manque, c’est un vide. On s’aperçoit que c’est une grande affaire que le roi. Je crois moi que tout ceci fera du bien.

9 heures
J’ai été accablée de visites. Il faut que je ferme ceci & que je le porte chez Génie. Adieu. Adieu. Vos filles sont venues elles ont été très aimables pour moi, et m'ont apporté de charmantes brioches bien chaudes très utiles. Elles ont bonne mine toutes les deux. Adieu. Adieu.
Voilà le petit Nessellrode qui reste aussi. Je vous redirai tout demain. Adieu. Adieu. God bless you dearest.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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3. Paris Mardi 8 octobre 1844 à 11 heures.

Quel bon réveil ! Une lettre de vous, je m’agitais dans mon lit pour deviner comment s’était passé cette nuit de Dieppe, & puis les assassins et tous les autres dragons que je me mets en tête. Lorsqu'on m’apporte votre lettre d’Eu. Je n’ai pas besoin de vous dire mes rages, mes imprécations au récit de vos aventures. Pas de places aux postières ! Il ne manquait plus que cela ! Et par une soirée froide humide, et le vent en face. Ah mon Dieu ! Vous voyez que tout le monde autour de vous est bète. Comment est-ce que Herbert vous a envoyé une voiture comme cela. Vraiment je suis en fusion. Jamais je ne l'ai été autant. Mais voyons. Le nuit a été calme, je n’ai pas dormi ainsi je sais très bien que j’aurais pu dormir sans inquiètude. A huit heures épais brouillard, mais vous étiez in smooth water. A présent, brillant soleil. L’arrivée doit être belle. Et mon dieu je me figure cela, & Dieu sait ce qui se passe ! A distance le plus sûr c’est d'être toujours alarmée.
Que de serment je fais à chaque séparation, de ne jamais en espérer de vous ! Il y avait l'Angleterre à dîner hier chez les Appony j’y ai diné aussi ; il n’y avait que cela. Aujourd’hui répétition chez les Cowley. On parle beaucoup du voyage.
Je suis restée jusqu'à 10 heures, & puis je suis revenue trouver mon lit. J’ai écrit à mon fils en lui envoyant toute ma correspondance sur son affaire. Comme la paquet est gros c'est à vous que je l'adresse. Ayez la bonté de le faire passer à Londres. Pilot a promis de s’engager par écrit pour l’année prochaine. Je n’ai pas entendu parler de Morny. Vraiment vos journaux sont des imbéciles. Vous ferez fort bien de dire à Windsor que personne ici ne fait attention à toute ces sottises qui se disent sur la visite du roi. C'est vrai, car c'est trop bête. Voilà vite qu'on me demande ma lettre. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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2. Paris lundi 7 octobre 1844,
1 heure

Voici ma seconde lettre depuis votre départ. Départ, absence, c’est abominable. Je ne suis pas raisonnable. Je m’inquiète, je me désole. Hier je suis arrivée à 5 1/2 à Champlatreux. Très bonne et Gracieuse réception, M. & Mme Molé sur le perron. Personne au Château que M. & Mme de la Ferté & Madame, je ne sais what de l’aigle. Petite femme une lionne.
Le diner à 7, la causerie générale jusqu'à 10 1/2. Ce matin à 9 heures promenade à pied dans les serres, & à 9 1/2. All night go on. J’étais ici avant midi. Il ne s’est pas dit un mot de politique. L’humeur est douce & galante.
Voilà Génie qui entre votre lettre à la main. Belle lettre ! Belle aventure. Vous voyez bien que vous ne songez à rien. Que personne ne s’occupe de vous, et de ce qui vous regarde chez vous. Partir avec une roue qui ne tourne pas ! Rester pour cela cinq heures de plus sur la grande route. Coucher dans une méchante auberge. Une chambre qui n’aura pas été avec des matelas froids, du linge humide. Un stupide valet de Chambre qui n’aura su rien faire ! Je suis dans une colère, ah mon dieu, que je suis en colère ! Ce voyage commence mal. Je vais plus que jamais me chagriner. Je ne saurais rien vous dire que mon désespoir.
Le temps est clair, mais le vent est très froid et très contraire et suffisamment fort pour vous rendre bien malade. Si vous étiez très bien portant, très fort, je serais très inquiète. Voyez un peu ce que je suis aujourd'hui ! 3 heures
Je viens de voir Appony & Bacourt. Point de nouvelles, ils m'en demandent. Voici une lettre de Lady Palmerston reçue à l’instant et que je vous envoie. Ils ne viennent pas à Paris. No harm. Adieu. Adieu, plus que dearest. Si vous pouvez vous soigner. Si je pouvais avoir demain de bonnes nouvelles. Et que je serais contente. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Me voici arrivée. J'ai hâte de vous voir, de vous regarder et de vous dire adieu. Dites moi où vous voulez que cela soit. Je puis aller chez vous de suite ou à telle heure de la matinée que vous fixerez. Rien ne me gêne. Et, il faut que je vous voie ce matin parce que comme mon fils dînera avec moi, je ne pourrais pas me débarrasser de lui à temps pour vous aller voir ce soir. Je vous préviens qu’il ne fait pas chaud chez moi ; on n’allume le feu que dans cet instant. Ainsi il vaut sans doute mieux que j’aille chez vous. Commandez que je vous remercie de vos deux lettres. Adieu. Adieu.

Dimanche 29. à 1 heure.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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3. Saverne Samedi 3 août 1844
6 h. du matin

Je veux encore vous dire adieu sur terre de France. Je serai triste en passant le Rhin ! Hier n’a pas été si bien que les autres journées. Un accident ; le postillon sous les chevaux... La voiture presque renversée. Mon Constantin a sauté dehors avec une prestesse de cosaque. Il a tout fait, coupé les traits, relevé le postillon. Enfin nous nous sommes remis de la frayeur et de l’accident. Cela a fait un délai d'une heure. Le pauvre postillon y perdra un doigt.
Je vais donc revoir mon frère aujourd’hui. Je commence à y penser. J’aurai un peu de plaisir, et quelques conversations curieuses. A propos, si l’envie de voir Strasbourg lui venait, s’il était curieux (ce qu'il sera) d’un exercice des chasseurs d’Orléans, Hennequin serait-il homme à l’orienter pour le jour où cela pourrait se rencontrer ? Ou bien pourriez-vous lui faire tenir quelque autorisation auprès du Chef militaire pour cela ? Cela serait de la bien bonne grâce. Je vous dis ceci en l'air, mais Constantin croit que son oncle serait le plus heureux du monde de voir pareille fête.
Les visiteurs de Bade arrivent à Strasbourg sans passeports. Au reste je vous reparlerai de cela encore quand je l’aurai vu. Je vais déjeuner et partir. Je soutiens bien le voyage. Constantin est tout étonné du peu d'embarras que je lui donne, mais cela vient de ce qu’il est là et que je ne m’inquiète pas de mille détails du voyage. Ma santé va assez bien. Adieu. Adieu. Ecrivez-moi, soignez-vous. God bless you dearest.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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9. Beauséjour Mercredi le 6 septembre 1843

Me revoilà dans mon home et j'en suis bien aise. J’ai encore dîné hier à Versailles et j’étais ici à 8 heures, & dans mon lit à 9. J'ai bien dormi jusqu'à 6 heures. à 7 heures j’étais sur les fortifications, je viens de faire ma toilette et me voici à vous. J’attends votre lettre. Le Galignani et les journaux ont devancé votre récit. Je sais que Lundi s’est bien passé. Belle promenade & concert. Je voudrais que tout fut fini. Dieu merci c'est le dernier jour.
Kisseleff est venu me trouver à Versailles hier sur les 3 heures, nous ne nous sommes vus seuls que dix minutes. Le Duc de Noailles est arrivé. Dans les 10 minutes il m’a dit qu'il avait écrit à Brünnow ceci : " On dit que le corps diplomatique (de Paris) montre quelque dépit de l’entrevue royale, quant à moi je me tiens dans un juste milieu. Je dis que c'est un événement très favorable au Roi et à son gouvernement et voilà tout. Si les autres disent plus ou autrement je trouve que c’est de la gaucherie. " Je l'ai encore loué. Il me dit qu'Appony avait changé de langage. Je le savais moi-même de la veille. Il est évident que c’est le rapportage de Molé et La confidence que je lui en ai faite qui ont amené ce changement. C'est donc un service que je lui ai rendu. Mais il n'en sort pas sans quelque petits blessure.
J’ai régalé le duc de Noailles de tout ce récit qui l’a fort diverti. Il a jugé l'homme comme vous et moi. Je lui ai dit qu’on savait que son langage à lui était très convenable. Cela lui a fait un petit plaisir de vanité. Il est évident que tous les jours ajoutent à son éducation politique, et qu’il meurt d’envie de la compléter. Je lui ai lu ainsi qu'à Kisseleff les parties descriptives de vos lettres. Cela les a enchantés surtout le duc de Noailles. Il trouve tout cela charmant, curieux, historique, important. Non seulement il n’y avait en lui nul dépit mais un plaisir visible comme s’il y prenait part. Je lui ai lu aussi un petit paragraphe, où vous me parlez du bon effet du camp de Plélan. Il m’a prié de le lui relire deux fois. Il est évident qu'il voudrait bien qu'on se ralliât. Il suivrait, il ne sait pas devancer. Il m’a parlé avec de grandes éloges du Roi, et de vous, de votre fermeté de votre courage, de votre habileté, de votre patience sur l’affaire d’Espagne. Il est très Don Carlos il a raison, c’est la meilleure combinaison parce qu'elle finit tout et convient à tous. Mais se peut-elle ? Il regrette que la Reine ne soit pas venue à Paris. " Un jour pour Paris, un jour pour Versailles. Elle aurait été reçue parfaitement. Le mouvement du public est pour elle aujourd’hui tout à fait. Une seconde visite sera du réchauffé. Aujourd’hui tout y était, la surprise, l’éclat. " C’est égal j’aime mieux qu’elle n'y soit pas venue. Kisselef m’avait quittée à 4 1/2 pour s’en retourner par la rive droite. Comme le Duc de Noailles partait par la gauche nous avons eu notre tête-à-tête jusqu'à cinq. Kisseleff partait triste, il avait peu recueilli. Tous les deux avaient dû dîner en ville et n'ont pas pu rester. J’ai dîné ave Pogenpohl que j’ai ramené jusqu’ici. J’ai remarqué qu'il en avait assez de Versailles. Un peu le rôle de Chambellan. La promenade et le dîner, et encore par la promenade quand j'en avais un autre. Mais c’est juste sa place.

Onze heures. Voici le N°8 merci, merci. Que vous avez été charmant de m'écrire autant ! Enfin vendredi je vous verrai c’est bien sûr n’est-ce pas ? Passez-vous devant Beauséjour ou bien y viendrez-vous après avoir été à Auteuil ? Vous me direz tout cela. Que de choses à me dire ; nous en avons pour longtemps. Et puis, l’Europe a-t-elle donc dormi pendant Eu ? Comme nous allons nous divertir tous les jours des rapports de partout sur l'effet de la visite ! J’irai ce matin en ville mais tard. Je passerai à la porte de Génie pour causer avec lui. Et puis commander ma robe de noce pour lundi. Ensuite en Appony pour voir le trousseau. J’y resterai pour dîner. Voici donc ma dernière lettre. Adieu. Adieu. Adieu. Apportez-moi moi la jarretière, je m’inquiète que vous ne m'en parlez pas. Ce que vous dites de la princesse de Joinville est charmant ! Adieu encore je ne sais pas finir. Adieu. Prenez soin de vous demain. J’ai si peur de la mer. Et puis j’ai peur de tout. Revenez bien portant, revenez. Adieu. Je me sens mieux aujourd'hui.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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8 Versailles Mardi le 5 Septembre 1843
Midi

Voici ma seconde lettre aujourd’hui en vous expédiant vite la première pour ne pas faire attendre l’homme de Génie. Je n’avais pas lu encore ce que vous m'avez envoyée. Je viens de le lire avec attention, c’est excellent et vous êtes vraiment très vertueux. La pièce jointe est parfaite à lire et même à donner. Il y a dans le compte-rendu des choses qu'il faudrait soustraire ce qui fait que je me bornerai au récit. Je ne sais pas encore, si je m'en chargerai moi-même où si le dirai à mon petit homme. Je vous rendrai votre papier " Si j'avais le temps, elle m'aimerait " vous me disiez cela hier en me parlant de Lady Cowley. C'est charmant et cela a fait éclater de rire l'Autriche et la Prusse.

Une heure.
Vraiment je me sens très souffrante, et je partirai. J’attendrai 5 heures parce que je crois que le duc de Noailles doit venir me voir. Adieu Je n'ai rien à ajouter. Je trouve tous les journaux aujourd’hui fort bons. Les fonds ont beaucoup haussé. Enfin ce voyage est ce qu’il devait être un grand et bon événement. God bless you et revenez. Je vous conjure de ne point vous embarquer du tout jeudi si le temps était gros ou seulement pas bon. C'est des bétises. Il ne faut rien rien risquer. Que je serai heureuse de vous revoir ! Vous ne me dites pas quand ? Je doute que vous reveniez avant jeudi minuit ainsi vendredi de bonne heure. Mais vous me ferez dire que vous êtes arrivé vendredi à mon reveil n’est-ce pas ? Ayez bien soin de vous je vous en conjure. Adieu. Adieu. Vous concevez que si vendredi à 8 h. du matin, je n’ai pas un billet de vous qui me dise que vous êtes à Auteuil j'irai me jeter dans la Seine. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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9. St Germain midi le 17 août 1843

Par quatre ou cinq raisons, matelas élastique, gens d’écurie couchant au dessous de ma chambre. Victoire toussant la nuit & &, je n’ai pas dormi du tout, et pour comble d'infortune ayant été obligée de me lever pour fermer ma porte et ne m’étant pas couverte j’ai repris un point de côté comme j'en ai quelque fois en hiver, et il m’a fallu recourir à une sueur abondante pour m'en débarrasser. Je me suis donc levé tard, en mauvais état, en mauvaise humeur, & voilà l’heureux début de St Germain !
C’est parfaitement bête, car le lieu est ravissant, l’air et le temps aussi. Mais au lieu de mes conforts auxquels Je tiens beaucoup je suis dans une méchante auberge. C’est honteux pour Henri IV. J’attends encore votre lettre. Il parait que St Germain est plus loin que Versailles. Les journaux même n'y sont pas venus encore. Nous sommes arrivés ici hier à 4 heures à 6 Kisseleff et Pogenpohl sont venus dîner avec nous. Dolgorouky qui devait venir partait le même jour. Kisselef a quelque chose à vous montrer sur la Grèce , je crois que c’est de Londres qu'il l’a reçu. Il dit beaucoup que cela va bien mal en Grèce. Il dit aussi qu’on craint que Piscatory n’ait des penchants trop constitutionnel pour l’êtat du pays. Du reste il ne savait rien.
2 heure & demi. Voilà Etienne et une charmante lettre, car je vous reverrai plutôt, ma joie est grande autant que j'ai la force d’en avoir aujourd’hui. Génie m’explique que vous devez avoir reçu le courier qui vous manquait. Mais quel ennui et que je vous plains, car si votre lettre m’avait manqué je sais bien que je n’aurais plus le sens commun. Au reste comme tout vous manquait à la fois vous ne vous, serez pas inquiété pour moi. Je désire bien appendre que vous avez retranché, the objectionable word de ce que vous aviez envoyé à Londres mandez-le moi. Adieu, il faut renvoyer Etienne pour que ma lettre ne manque pas le courrier. Adieu. Adieu.
Vous me dites que vous me reverrez cinq jours plutôt après m’avoir dit que vous quitterez le Val Richer le 21 ou 22, mais vous ne pouvez donc arriver que le 23, cela ne fait que trois jours de gagne. N’ai-je pas bonne grâce de vous quereller encore ? Adieu. Adieu. Adieu. Je serai à Beauséjour Mercredi prochain en même temps que vous. Mais dites-moi encore plus exactement votre retour. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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5. Beauséjour lundi 2 h 1/2
le 14 août 1843

J'ai trouvé en ville votre petit mot d'Evreux. Le timbre de l'enveloppe portait Lisieux. Vous êtes donc arrivé sans accident. Dieu merci ! J’ai eu ma petite entrevue en ville. Je suis bien contrariée de ce qu'il m’a dit. Vous le serez un peu. Peut-être trouverez-vous que votre présence ici eut mieux valu dans ce moment. Prenez garde, un faux pas peut mener loin. Je voudrais bien vous parler. Je vous disais ce matin quelque chose qui trouve assez son application. Ceci est un moment des plus importants pour vous et pour la question. Je n’aime pas votre absence. Ce n’est pas à moi du tout que je pense en vous disant cela. C’est vrai ce que je vous dis là. Voici une lettre de mon frère que vous me renverrez.
Adieu. Adieu. J’ai voulu encore ajouter ce petit mot. Les numéros sont utiles pour cela. Adieu, le 26, j'ai bien envie de ne plus y croire mais dans le bon sens. C'est-à-dire qu'il est indispensable que vous reveniez avant. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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192 Saverne Mercredi 5 juin 7 heures du soir 1839

J'ai fait hier 20 postes 1/2 et je suis arrivée à Soul morte de fatigue. Madame de T. n'a rien fait pour la diminuer, au contraire, attendu que vous me croyiez en bien bonnes mains. Moi j’étais parfaitement la dupe de mes espérances. Au lieu de secours elle était un obstacle et elle a couronnée la journée en prenant un rez-de-chaussée bien commode, et m’envoyant moi 35 au second pour être bien mal. Secours moral de sa part tant que je voudrais, mais matériel non. C'est une leçon dont je profiterai. Il n’a pas été question qu’elle entre dans ma voiture, enfin rien rien que ce qui lui convenait. Vous voyez que j'ai de la rancune.
En voilà une page toute éclairée. Ici je suis seule heureusement, est bien, je vais manger et me reposer demain je serai à Baden vers les quatre heures, sauf accident. Il pleut des torrents, les routes sont gâtées. Aujourd’hui je me sens mieux et j'ai hâte de vous le dire, et de vous dire aussi que j’ai passé ma journée au Val-Richer et que j’y resterai certainement jusqu’à dimanche. Il me tarde bien d’avoir une lettre J'espère la trouver demain. Adieu, adieux et encore adieu.
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