Guizot épistolier

François Guizot épistolier :
Les correspondances académiques, politiques et diplomatiques d’un acteur du XIXe siècle


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Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Austin, Sarah (1793-1867)

Auteurs : Panizzi, Antonio (1797-1879)

Auteurs : Rath, Jeanne-Henriette (1773-1856)

Auteurs : Croker, John-Wilson (1780-1857)

Auteurs : Bourbon, Marie-Amélie de (reine des Français) (1782-1866)

Auteurs : Mecklembourg-Schwerin, Hélène Louise Élisabeth de (1814-1858)

Auteurs : Croker, John-Wilson (1780-1857)

Auteurs : Panizzi, Antonio (1797-1879)

Auteurs : Guignard, Alexis de, comte de Saint-Priest (1805-1851)

Auteurs : Humboldt, Alexander von (1769-1859)

Auteurs : Croker, John-Wilson (1780-1857)

Auteurs : Villemain, Abel-François (1790-1870)
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Mr le Président de la commission pour la propriété littéraire et artistique a cru devoir en changer le jour car on ne peut s'y passer de votre présence. Et pour moi je suis de ceux qui désirent avoir l'honneur d'assister demain lundi au mariage de Melle votre fille.

Auteurs : Louis-Philippe 1er (1773-1850)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Louis-Philippe 1er (1773-1850)

Auteurs : Villemain, Abel-François (1790-1870)
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Vous me supposez plus de pouvoir que je n'en ai. Mais j'ai transmis l'indication que vous me donnez. La séance de la commission ne pouvant guère avoir lieu mardi, elle sera fixée sans doute pour mercredi, à l'heure que vous désirez. Cela dépend de M. le président de l'Institut. Mais nous devons tous souhaiter votre présence à la première et peut-être unique délibération de la commission sur cette question important de l'élection de trois membres de l'Institut au conseil supérieur de l'Instruction publique.

Auteurs : Croker, John-Wilson (1780-1857)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Panizzi, Antonio (1797-1879)

Auteurs : Woodham, H. A. (?-?)

Auteurs : Austin, Sarah (1793-1867)

Auteurs : Croker, John-Wilson (1780-1857)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Sauzet, Paul (1800-1876)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Val Richer, Vendredi 31 mai 1850
9 heures

e suis arrivé ici à 5 heures et demie. J'étais seul dans la malle poste. J’ai beaucoup pensé, à vous et au monde présent. J’ai un peu dormi. Il fait beau et chaud. Ma vallée est verte et calme. Peu de fleurs encore. J'ai emporté une impression triste. J’en trouve ici une douce. Elles se mêlent, sans se détruire. C’est la vie humaine. Je l’arrangerais mieux, pour vous et moi, si j'en étais chargé. Ma présomption ne va pas plus loin. Faute de pouvoir cela, j’arrange mes papiers et mes livres. Je suis un peu las. Adieu. Adieu, à demain une plus longue conversation. Adieu, Dearest. Soignez-vous bien et dites-moi tout sur votre santé. Adieu, adieu. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris vendredi le 31 Mai 1850

Triste abominable ressource ! N’avoir plus que mon papier vert pour vous retrouver. Ah que j’avais le cœur lourd hier. et aujourd’hui & tous les jours à venir ce sera de même. Je n’ai vu personne hier matin, le soir j’ai été dire adieu à la Princesse Wittgenstein qui part aujourd’hui. J’y ai rencontré Kisseleff qui viendra tantôt ici pour compléter ce qui peut manquer au petit extrait ! Ensuite chez Madame Kalergis. Molé y était. La négociation avec Normanby se poursuit et avance. Lahitte dit, que dès qu’il aura sa satisfaction il sera satisfait et ne laisse aucune espérance qu’il traîne. Molé comprend très bien l’importance que ce ne soit pas fini avant le 7 juin (la discussion à la chambre des Lords ) mais il est convaincu que tout sera conclu et & rétabli avant. Les petites finesses du métier, les ressources les plus élémentaires sont inconnues, et d’un autre côté le désir de terminer, & de soutenir Lord Palmerston est grand chez le Président. Il paraît que Palmerston cédera tout. Il faut convenir que si cela est ainsi ce sera passablement honteux pour lui. Bref never mind.

2 heures. [Chraptovitch] est venu m’interrompre. Deux heures de conversation excellente, sur tout sur ce qu'il y a de plus intime. Vous êtes le héros de Nesselrode. Le gendre au désespoir de votre départ. Il aurait tant aimé causer avec vous. Le maître est tout-à-fait dans vos idées. Adieu, il faut que je ferme parce que vont venir mes visiteurs. Adieu. Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Val Richer Samedi 1er Juin 1850
Midi

Malgré le souvenir de Lady Cowley, le mot abominable, me plaît venant de vous. Oui, l'absence est abominable. Et ses commencements sont encore ce qu'elle a de moins mauvais. Je dis déjà : que le jour me dure. Que sera-ce dans quinze, dans trente jours ? [...]

L’efficacité du blâme de la Chambre des Lords ; mais je voudrais qu’il conservât au moins sa saveur. Venant après, il ne sera guère plus piquant qu'utile. Il serait si facile de traîner huit ou dix jours ! Après ou avant, il faut pourtant que le blâme des Lords vienne. Il en restera toujours quelque chose. Ce sera le sentiment [?] officiellement.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris Samedi 1er Juin 1850

Hier matin le duc de Nesselrode, Duchâtel, Dumon. [?] Montebello, Kisseleff. Le soir Nesselrode & Montebello. La Prusse, l’Autriche & Naples. La loi votée à une très grande majorité comme vous voyez. On s’attend aujourd’hui à du scandale à propos des pétitions contre la loi. Il m’a semblé que je pouvais rendre un compte succint à vos amis de votre dernière matinée. Ils en étaient curieux & ont été charmés. Ils étaient ici successivement, pas ensemble. Antonini a eu une audience. du Président dans laquelle celui-ci lui a dit que Palmerston avait promis de ne pas employer la force à Naples mais qu'on ne pouvait pas se fier aux promesses de Palmerston. “ Le président a dit encore à Antonioni qui lui faisait compliment sur l'appui éclatant que lui donne la France dans sa conduite ferme envers l'Angleterre" cela prouve bien à quel point l’entente cordiale avec ce pays-là est antipathique à la France. Tout cela est bon, mais je crains que les faiblesses ne reviennent. La négociation en est toujours là. Mais on sait ici à quel point Palmerston désire aboutir avant la discussion du 7. Cela donne ici une grande force, j’espère qu'on en profite.
La duchesse d’Orléans est allé rejoindre la famille royale et St Léonard. On dit qu’elle était restée en arrière dans l’attente d’un événement à Paris. Quelles illusions ! Des avertissements sont partis de Londres il y a 3 semaines sur des tentatives d’assassinat des 3 souverains, roi de Prusse & les deux Empereurs. Cela m’a été dit par Molé & par Hatzfeld. 2 heures. Une longue lettre de d'Ellice assez importante pour que je l'envoie à Aberdeen. Ellice doute qu'Aberdeen & Stanley soient in earnest. S’ils l’étaient le vote de mesure renverrait indubitablement. Immense effect est le terme dont il se sert. Je suis entourée, La Redorte est venu, bien ennemi de Changarnier. Voici votre lettre merci.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Val Richer, Dimanche 2 Juin 1850
8 heures et demie

Voici votre lettre. Je suis bien aise que vous ayez vu beaucoup de monde. Je veux bien que vous soyez triste, mais non pas ennuyée, voilà la mesure de mon égoïsme ; le trouvez-vous bien dur ? Vous avez très bien fait de mettre mes amis au courant de ma dernière matinée. Si Lord Stanley et Lord Aberdeen ne sont pas in earnest, il faut qu’il y ait, pour eux, impossibilité absolue de former un cabinet qui dure car ils n'auront jamais une meilleure occasion de renverser celui qui existe ; une occasion qui ne les engage à rien sur les affaires intérieures, qui n'élève aucune question entre les free-traders et les protectionnistes, qui laisse possibles toutes les combinaisons & &.
J'ai peur que, là comme en France, il n’y ait, parmi les meilleurs, une grande horreur de la responsabilité et un goût immense du repos. Le monde périra par la mollesse des honnêtes gens. Je crois au motif qu'on vous a dit du retard de Mad la Duchesse d'Orléans à rejoindre le Roi à St Léonard. Il y a encore plus d'illusion que de toute autre chose dans son esprit. Je crois aussi à l’inimitié de votre nouveau visiteur pour le général Changarnier. Pensez-y quelque fois en causant. Au fond, le n°31 du faubourg St Honoré est bien avec et pour l'Elysée malgré les airs de salon et les apparences de langage quelques fois contraires. Le voyage de Fontainebleau m'a assez frappé. Que d’embarras toutes ces inimitiés frivoles jettent dans les affaires !

Midi.
Je vous reviens après déjeuner. Je me hâte. Je vais être assiégé de visites, le beau temps, le Dimanche et de nouveaux mariés à voir. Ils sont très contents l’un de l'autre, et je crois qu’ils ont raison. Voilà donc la loi électorale volée. Certainement elle a produit partout, un effet d'intimidation pour les rouges, d'encouragement pour les modérés. Je vois cet effet autour de moi. Il passera vite s’il n’est pas nourri ; mais il est réel. Bien moins grand pourtant ici qu’à Paris. Je trouve, à tout prendre, la situation peu changée. Il est vrai que je n’ai encore vu presque personne. Mais l’air qu’on respire est le même.
Que votre Empereur se garde bien des assassins. La perte serait immense. Il commence son grand rôle en Europe.
Je ne puis pas croire à un coup de main de Lord Palmerston sur Naples ; et s’il tentent j’espère que le Roi de Naples résistera. Pour le coup, ce serait le coup de grâce pour Palmerston, malgré tous les partis pris de l’opposition anglaise. Adieu, adieu. Mes journaux sont venus ce matin. Adieu. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris Dimanche 2 Juin 1850

Quelle admirable morceau sur l'Emp. dans votre lettre, & comme cela roulera. J’ai vu hier votre visiteur de jeudi matin. A propos de bottes, il m’a parlé de son contentement, de son admiration, quelle force de raisonnement, quelle simplicité quelle frappante rédaction de ses idées. Enfin dans l’enthousiasme. J’ai dit que je vous avais vu un moment & que vous m'aviez l'air d’un égal contentement. Je suis inquiète La Redorte est noir, féroce. Féroce contre le gouvernement Changarnier. Il faut que le Président le brise. S'il ne le fait pas il se couvre de honte. Mais mon Dieu pourquoi, qu’est- ce que ce bruit. Il est resté dans les généralités. Il faut qu’il obéisse, le P[résident] est le maître & & &. Ce qui m’a frappée, c’est qu’ayant rencontré le soir le général. Il m’a dit. Je puis être paralysé, un nouveau [?] peut se produire tout est possible. Vous avez lu l’article du Moniteur d’hier Je vous ai dit hier je crois qu'Ellice regarde le vote de censure s'il avait lieu, comme d’une portée immense c'est le mot. The Whole cabinet would resign. Mais il ne croit pas que St[ratford] & Ab[erdeen] soient in earnest. Pardonnez-moi si je rabache. Chang[arnier] me disait hier qu'on ne conclurait pas avant le 7. Pal[merston] marchande.
1 heure. Grande consternation. Tout le monde s’attend à une explosion entre Ch[angarnier] & P[almerston] Je viens de voir K[isseleff]. Je n'ai qu’une minute. Adieu Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Lundi le 3 juin 1850

Pas de rencontre hier matin. Thiers était parti pour deux jours pour Lille. Chez moi, le soir Lahitte, Molé, Berryer et tout le monde. Lahitte content de lui même & avec raison. J’ai conjuré de trainer. Molé insiste sur cela aussi. Le Chancelier a tenu hier soir le même langage à Lahitte. Celui-ci dit. S'il me cède tout je n’ai pas le droit de traîner, c’est vrai, or, il me semble que Pal[merston] est en train de consentir à ce que la convention de Londres soit la bonne, pourvu que le gouvernement grec la préfère à l’autre. Ceci aussi semble logique & convenable. Voilà donc où l'on en est. Cela n’est pas fait, mais c’est en train de l’être. Selon moi, la reculade serait si éclatante, que je ne vois pas même le tort que cela ferait à la discussion de vendredi, si c’était fait jusque-là. Mais voici bien des doutes sur vendredi, on dit que les Pairs auront peur. Peur parce que c’est fait du ministère. Selon des nouvelles de là il y aurait majorité de 16 ou 17 contre la motion de St[ratford]. Nous verrons. Hier aux courses de Versailles. Lord & Lady Normanby étaient dans la tribune du Président, & très bien venu de lui. Cela a fait un mauvais effet. C'est de bien mauvais goût. Le langage de Lahitte excellent contre Palmerston. Berryer me dit que le P[résident] est fâché du succès de la loi & de l’énorme majorité. Molé me dit exactement le contraire. Qui croire ? Tous les Elyséens ont voté pour. La situation de Changarnier est toujours très chanceuse au dire de tous. Piscatory pas intéressant & pas au courant.
2 h. Ma visite maniaque me dit que le P[résident] est absolu, capable de choses très inattendues on a l’air de croire qu'il y aura aujourd’hui un message. Quoi ? J'écris du volume à Ab[erdeen] et voici mille interruptions. Chang[arnier] sort d'ici. Il veut qu' Aberdeen fasse mention de notre dépêche du 3 de mai dans la discussion vendredi. Et qu’il ne se gêne pas. Je lui vante donc la bride sur le cou. Adieu. Adieu. Je suis bien pressée. Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Val Richer. Lundi 3 juin 1850
Sept heures

Certainement il vaudrait mieux que l'affaire Anglaise ne fût pas arrangée avant le débat du 7 et qu'un peu d’incertitude planât encore sur la situation. Cependant, même arrangée, quelle mauvaise affaire pour Lord Palmerston et comme il serait aisé de le lapider avec les pierres qu’il a amassées lui-même sur son chemin. Tant de fourberie perdue ! Tant de présomption humiliée ! Sa rouerie arrogante vaincue par la bonne foi inexpérimentée de Lahitte !
Les Anglais, quelquefois si brutaux dans leurs personnalités, ne savent pas tourner et retourner poliment le poignard dans les blessures de leurs adversaires ; ils ont des ménagements et des réserves qui contrastent singulièrement avec leur goût pour la grosse ironie et l’injure. Que l’arrangement soit conclu ou non, que Palmerston ait cédé, ou persisté, il ne devrait sortir du débat que mis en pièces ; il a fait là une de les choses dans lesquelles il faut absolument réussir pour pouvoir en parler.
Si vous étiez ici, si nous nous promenions ensemble, le beau soleil la fraîche verdure, le calme gai de ma vallée nous feraient oublier Palmerston et les débats de Londres. Mais vous n’y êtes pas, et j'oublie ma vallée, la verdure et le soleil pour vous parler de Palmerston.

10 heures
Vos dernières lignes me désolent sans m'étonner. Je suis parti craignant cette explosion. Ce sera bien mauvais. Se rejeter dans tous les hasards pour de si pitoyables motifs ! Nous sommes dans des mains d'enfants. Je veux croire encore qu’on s’arrangera. Et je le crois presque. Il y a un point de déraison qui me semble toujours impossible. Je m’y suis trompé souvent. Avais-je tort dans ce que je vous disais hier en vous parlant de La Redorte Je reçois de Londres une lettre curieuse. On me dit que la question grecque est à peu près morte " Tant qu'elle a été ouverte, personne n'a osé y toucher ; depuis qu’elle est fermée, l’intérêt n’y est plus. Il faudrait encore plus de talent que n'en a Lord Stanley pour la faire revivre. Il y a huit jours, on parlait avec conviction d’un vote hostile dans la chambre des Lords ; aujourd’hui, on n'y a pas renoncé, mais il en est moins question. On le disait aussi, parmi les whigs, que ce serait la dernière fois qu’on s’exposerait à subir de pareilles ignominies, et les vives remontrances de la Cour, ont été un peu mieux écoutées qu’auparavant. Mais [wows] made in pain. Il ne s’agit pas le moins du monde de mettre Lord Clarendon au foreign office ; mais il ne serait pas de toute impossibilité que Lord John s’en chargeât provisoirement lui-même. Faible lueur d’une faible intention.
On est d'accord ici pour soumettre la question des conventions rivales au Roi Othon lui-même. Palmerston s'est borné à exposer à ses collègues les deux voies qu’il y avait à suivre ; ils se sont décidés aux concessions.» Je vous envoie ce qui me vient. Paris me préoccupe bien plus que Londres. Que dites-vous du langage du Prince de Prusse ? Il a voulu se lier avant de partir et annuler d'avance l'influence de l'Empereur. Adieu, Adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Mardi 4 Juin 1850
Toute la journée. Je suis envahie. J’en ai trop, car je n’ai le temps d'écrire à personne pas même à vous comme je le voudrais. L’affaire de Changarnier peut être reportée elle n’est pas fini. Il sort de la fort amoindri. Il est évident que le Président a eu le dessus sur lui maintenant, car l'article du Moniteur était convenu. D'accord avec Chang[arnier] : d'un autre côté ses propensions orléanistes un peu trop dévoilées lui ont beaucoup nui auprès des Légitimistes. Supposez un éclat entre lui & l’Elysée, l’Assemblée ne soutiendrait pas Changarnier. Le voilà donc affaibli à droite et à gauche. C’est triste quand il était le seul homme. On dit que sur les bancs de l’Assemblée hier on faisait circuler le projet de demander de l’argent. Cela n’a pas pris, on le critiquait fort. On doutait du succès malgré beaucoup de bonne volonté de la part de beaucoup de monde. Ne croyez pas aux nouvelles de journaux. Nous ne nous engagerons pas du côté de la Prusse. Nous essaierons de tenir la balance, & peut-être dirons-nous à tous deux. " Celui qui sera l’agresseur nous aura pour ennemi."
On parle très diversement de l’état du Roi, du côté de Thiers on le croit plus mal que vous ne dites, & Thiers invoque le témoignage de Guéneau de Mussy. On croit le médecin dans l'intérêt régentiste. Lui et d’autres empêchent que les bons n’approchent du roi. Que pensez-vous de ceci ? Ces doutes se sont élevés dans l’esprit de Nesselrode. Il redoute le médecin. Delessert part pour Londres aujourd’hui. D’Haussonville est parti ce matin. Montebello qui avait voulu partir avant hier, reste pour la loi déportation qui sera reprise après demain. Demain réunion du 17 chez le duc de B[roglie] pour la conduite à suivre en général, les lois à porter & & Nous ne croyons pas ici que l'Empereur parle de Varsovie à la France. Il ne viendra rien aujourd’hui peut-être. Il arrive à Pétersbourg, c’est de là que son Chancelier vous dira le reste. Pourquoi vous parler ? C'est à vous à venir à nous, vous n'en donnez pas le moindre signe. Vous n'êtes pas un gouvernement. C'est pourquoi vous en prenez l'initiative de rien. Vous êtes isolé venez à nous, vous serez très bien accueillis, mais nous, nous n’avons pas besoin d'aller au devant. Voilà le résumé de réflexion de [Chroptovitch]. Il part dans peu de jours, pour un rendez-vous avec son beau-père. Certainement il est venu regarder ici. Il repart sans admiration. Adieu. Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Val Richer, Mardi 4 juin 1850
8 heures

Je ne cesse de penser à cette brouillerie. Je n’y crois pas. Il me semble impossible que le président. rompe ainsi avec la majorité au moment où il vient de s'unir, si intimement à elle par la loi électorale. La majorité laisserait-elle partir Changarnier, sans prendre fait et cause pour lui ? Je ne crois pas cela non plus. Mais tout est possible aujourd’hui ; le bon sens n’est plus une boussole. Plus j’y pense, plus cela me paraît grave si cela arrive. La majorité brouillée avec le Président et brouillée dans ses propres rangs ; l’armée aussi troublée et divisée ; les fonctionnaires, partout incertains et cherchant leur voie. C'est le chaos jeté dans le chaos, et des enfants jouant avec le chaos. Je n'y veux plus penser ; je n’y ai rien à faire et n’y puis rien prévoir. Etes-vous inquiète ? Voyez-vous des chances de désordre dans Paris ? J’espère que non.
Mes préoccupations sont peut-être fort ridicules et tout est arrangé pour quelques jours. Vous me direz cela dans une heure. Quel ennui d'attendre !
Avez-vous très chaud à Paris, et en souffrez-vous ? Ici le temps est admirable. Le souffle de l’été sur la fraîcheur du printemps.
Les nouvelles de St Léonard ne sont pas bonnes. Le mieux s'est arrêté. Des jaunes d'oeuf pour toute nourriture. Le Roi fait à peine quelques pas dans sa chambre, soutenu par deux hommes. M. de Mussy est très inquiet, sans croire pourtant à rien d’imminent. Je crains que mon voyage ne soit fort avancé. J'attends demain une lettre qui me fera peut-être écrire au duc de Broglie pour lui demander s'il est prêt.

10 heures
Votre lettre me rassure un peu. Je vois que c'est votre maniaque surtout qui croit le mal imminent. Tout le monde n’est pas aussi près d'une convulsion que lui, quoique personne n’en soit bien loin. J’espère que tout se calmera, ou s’ajournera. Je reçois à l’instant de divers côtés des nouvelles très diverses de St Léonard ; les unes inquiétantes, les autres rassurantes, du moins pour le moment. Faites-vous dire, je vous prie, exactement par Duchâtel ce que dit son frère Napoléon qui en arrive. On me presse de presser mon voyage. Je vais écrire au Duc de Broglie. Je ne voudrais pas avoir l’air trop empressé, et aller pour rien. Il ne faut pas non plus attendre trop tard. Personne n'a moins de goût que moi pour l'indécision. Il n’y a pas moyen d’y échapper toujours.
Que signifie cette joie de Berlin sur l'adhésion de l'Empereur à la politique germanique et à l'union restreinte de la Prusse? J’ai peine à croire qu'entre ces deux Princes, le Prince de Prusse soit le convertisseur et l'Empereur le converti. Adieu, Adieu. Dût-il m'en coûter quelques lignes, je suis bien aise que vous écriviez des volumes à Aberdeen. Il a besoin d'être informé et encouragé. Adieu. G.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Val Richer, Mercredi 5 juin 1850
8 heures

Causez, je vous prie un peu à fond avec Duchâtel, Dumon et Montebello de la santé du Roi, et de la nécessité des voyages. La diversité des renseignements qui m’arrivent m'inquiète. Je crains que l’événement ne nous surprenne et que nous ne fassions là trop tard ce qui est convenable envers le Roi, et nécessaire pour influer sur l'avenir. Faute d'une résolution ferme et claire des conversations qui constateraient bien les derniers avis et les derniers voeux du Roi seraient fort utiles. Montebello comptait partir après le vote de la loi électorale ; où en est-il de son intention ? Lahitte a plus qu'un prétexte, il a une excellente raison pour ne pas en finir immédiatement. Après ce qui s’est passé et la discordance évidente entre la conduite anglaise à Londres et à Athènes, il ne doit accepter définitivement la concession de Lord Palmerston et se considérer lui-même comme satisfait que lorsque l’offre de l’alternative entre les deux conventions [Wyre], et Drouyn de Lhuys aura été faite à Athènes même, et faite sans équivoque, sans subterfuge sans rien qui puisse contraindre le choix du roi Othon et donner ensuite à Lord Palmerston le droit de dire : « C’est la Grèce elle-même qui a choisi la convention [Wyre] ; elle la préfère donc ; c'était bien la peine que la France fit tant de bruit. Cela ferait à le France et au général Lahitte une position un peu ridicule. Qu’il dise donc que pour lui, il sera satisfait dés que l’offre de Lord Palmerston aura reçu son accom plissement c'est-à-dire dès que la Grèce aura choisi ; mais qu’il attende, pour déclarer, sa satisfaction définitive, que la Grèce ait en effet choisi. C'est là une marche désagréable certainement à Lord Palmerston, mais la seule régulière et sure.

10 heures
Je suis charmé que la querelle, entre le général Changarnier et le Président soit replâtrée. Changarnier peut y avoir perdu quelque chose, mais il retrouvera et cela vaut infiniment mieux qu'une explosion.
Je trouve fort sensée, l'appréciation du gendre de son beau-père. Si vous aviez besoin de nous pour quelque dessein précis et prochain, vous ne vous arrêteriez pas à de telles objections ; vous nous feriez des avances. Mais vous n'avez en ce moment, rien à faire pour quoi vous ayez besoin de nous. A quoi bon des avances qui ne seraient qu’une marque de confiance dans une force et dans une durée auxquelles vous ne croyez pas ? Je doute beaucoup de ce qu'on vous à dit sur M. Gueneau de Mussy. J’ai quelque raison de croire le contraire. Je vais tâcher d'éclaircir le fait. Adieu, adieu.
Vous ne me parlez pas de départ. J'incline à croire que tant que Paris sera si intéressant vous n'en sortirez pas. N'avez-vous pas trop chaud ? Adieu, adieu.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris le 5 juin 1850

La crise morale, au lieu de la crise matérielle. Voilà ce qui apparaît aux yeux de tous & surtout de celui qui désirait tant la lutte dans les rues. L'Assemblée avait fort mal accueilli les bruits qui circulaient sur une demande d’argent. Hier on a envoyé trois fois à l'Elysée pour conjurer de retirer le projet de loi. Edgard Ney y est allé encore à 5 1/2. Inutile Le Président a persisté. Achille Fould a lu le projet. La Montagne riant, huant. La majorité complet silence. Et contre le renvoi aux bureaux 10 ou 12 membres seulement ; Montebello, Thiers, Marny, je ne sais encore qui. Voilà où l'on en est. Les jeudis sont fermés. Il est impossible que la Chambre refuse. On ne peut pas laisser mettre le Président en prison. Tout calcul fait, la république coûtera à l’Etat 2 millions de plus que la Monarchie. Je vous écris en gros. Voici votre lettre. Ce qu’il y a de bon là dedans, et la chance de vous voir encore ici. Tout le monde parlait hier du mauvais état du Roi. Mais le frère de Duchâtel ne le représente pas du tout comme si mal, pas si près de sa fin. Beaucoup de monde est parti hier. Delessert est parti le soir, je lui ai donné une lettre pour Ab[erdeen]. On a lavé la tête à Marescalchi pour avoir été à la soirée de Lady Palmerston. Je laverais volontiers celle de B. pour le même fait. Manquer à la Reine et faire sa cour à Lady P[almerston] C’est trop fort. Thiers a dit hier soir à [?] " le Président doit faire son 18 Brumaire. Toute la France l’applaudirait." Que dites-vous de cela ? Pas la moindre question de fusion, de Monarchie, une ou deux.
2 heures La Redorte sort d'ici. Au désespoir, l'affaire de hier. Mauvaise pour le Président tout aussi mauvaise pour la majorité. Nous verrons. Adieu. Adieu. Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L013_00036.jpg
Val Richer, jeudi 6 juin 1850
7 heures

Deux choses me frappent dans les conversations et les journaux de province : le travail assez actif qui se poursuit pour rallier et échauffer le parti modéré au nom de sa récente victoire dans l'assemblée ; l'ardeur de la portion intrigante du parti légitimiste à accueillir et à propager les idées de la gazette de France et de M. de la Rochejacquelein. Le parti modéré a vraiment le sentiment de la victoire. La guerre légitimiste s'agite avec l’aveugle impatience d’enfants mal élevés qui se croient près de mettre la main sur l'objet de leurs désirs. Jamais peut-être le parti modéré n'a été plus disposé à s'organiser politiquement, et jamais le progrès qu’ont fait les théories et les habitudes anarchiques dans le parti légitimiste lui-même n’a été plus évident. Il faut absolument que cette queue là soit coupée et rejetée parmi ces débris de toutes nos révolutions qui feront longtemps encore une opposition absolue et absurde à tout gouvernement. Le vrai et complet parti modéré, ne s'organisera qu'à cette condition, et en luttant contre cette queue là comme contre toutes les autres.

9 heures
Voilà les journaux et votre lettre. Je comprends l'émotion ; mais convenez qu'elle est bien ridicule. Il faut choisir ; veut-on, avoir un président de la république comme on en a un aux Etats-Unis, ne voyant personne, ne donnant un verre d'eau à personne, faisant tout simplement les affaires du pays sans aucun lien ni rapport avec la société du pays ? Cela se peut ; cela ne va pas mal aux Etats- Unis. Mais si cela convient à la France et à l'Assemblée nationale, il faut le dire tout haut, et non seulement permettre, mais prescrire au Président cette façon de vivre. Je dis prescrire car il y a en France, sur ce point des habitudes, des traditions des siècles d’habitudes et de traditions à abolir. Ce n'est pas trop d’une loi formelle pour les abolir et introduire un régime nouveau. Si on ne veut pas de cette abolition, si on ne la croit pas possible, si le président. doit être un personnage non seulement politique, mais sociable, si la République française entend conserver un peu la physionomie de la France, France de l'ancien régime, France de l'Empire, France de la Restauration, France de la Monarchie de Juillet, il faut absolument donner au président ce qu’il lui faut absolument pour jouer ce rôle-là. Je ne connais rien de plus honteux et de plus odieux que cette double prétention d'avoir un Président qui dépense, et de ne pas payer ce qu’il dépense, ce double parti pris des fêtes, et de la banqueroute, des charités et de la banqueroute. Et quand cette situation éclate, on se récrie ou s'indigne : on dit : " Ne nous parlez pas de cela. ". Si j'étais le président, je n’en parlerais peut-être pas ; mais je publierais toutes les semaines, dans le Moniteur, les comptes de ma maison, de toutes les dépenses de ma maison, et je laisserais au public à juger, si c'est moi qui suis le banqueroutier. Sur cette misérable question domestique comme sur les grandes questions politiques le pays-ci ne sera pas gouvernable tant qu'on ne l'obligera pas à voir les choses comme elles sont, et à entendre toute la vérité.
Si l'affaire grecque n'est pas tout-à-fait arrangée et conclue, Normanby en familiarité publique avec le président est quelque chose de plus que du mauvais gout ; c'est de l’insolence. Adieu. Adieu.
Je suis bien impatient des réponses que j’attends sur le véritable état de St Léonard. Adieu. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Jeudi le 6 juin 1850

Hier soir Piscatory, Morny Berryer. Celui-ci disant qu'il n’y aura pas 60 voix pour donner l’argent. Bêtise ! Piscatory enragé aussi, disant : C'est une Révolution. Nous ne pouvons pas voter pour, nous ne serions plus réélu. Bêtise aussi. Je l'ai assuré qu'il voterait les 3 millions. Il s’est un peu fâché. Je parie que j'aurai raison. Morny dit que tant qu'on pouvait croire à un arrangement plus en grand qui aurait impliqué une dotation On n’avait pas pu porter la question d’argent, mais à présent il faut cependant manger, & on est criblé de dettes. Et voilà. Il n’y a de fâcheux là dedans que l'opportunité Viel-Castel était ici aussi, il m’a assuré qu’il n’y avait rien de fait, & qu'il doutait que ce fut terminé à temps pour servir lord Palmerston dans la discussion de demain. J’ai conjuré Morny aussi d'empêcher que cela ne fut fini aujourd’hui. Il est de cet avis & y travaillera.
Normanby a dit hier à [ ?] qu'on ne lui donnait pas réponse ici à sa dernière proposition d’avant hier qu’il croyait très acceptable. Que ce délai était désolant parce qu'il avait de l’inquiétude pour demain. J'avais eu une lettre de Lord Aberdeen disant combien il était désirable qu’on ne conclût pas avant vendredi. J’en ai fait usage. J’ai du misgivings pour demain. On me dit que les Evêques voteront contre la motion de Lord Stanley. Je ne sais rien de la santé du roi. Duchâtel était ici hier soir. Dumon hier matin, ni l’un ni l’autre n’avait de nouveau. Je vous ai dit que Montebello ne partait pas. Je dine aujourd’hui chez M. de Hubner. Il attend après demain des nouvelles de John. Sur ce qui se sera dit et fait à Varsovie. Molé est toujours malade. Je le verrai un moment chez lui. Adieu. Adieu. J’en reste toujours à mon plan. Le 25 je pars pour Aix-la-Chapelle. Peut-être viendrez-vous avant ! Quel plaisir ! Si vous allez en Angleterre il est clair qui c’est d'ici que vous partirez avec Broglie.

Auteurs : Croker, John-Wilson (1780-1857)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Val-Richer Vendredi 7 Juin 1850
7 heures

Je trouve les journaux timides sur la dotation du Président, timides à la défense et timides à l'attaque. Il aura son argent, mais il le payera cher. Ce serait trop cher s’il était roi, ou destiné à le devenir. Un pouvoir temporaire peut risquer cela, le risque lui vaut mieux que de n'avoir pas le sou tant qu’il dure et d'être en banqueroute quand il s'en va. L’Ordre le journal d'Odilon Barrot, est bien vif contre. Il y a là des rancunes qui se donneront libre carrière toutes les fois que le Président leur en fournira l'occasion.
C'est ce soir le débat à la Chambre des Lords. La motion de Lord Stanley est bien rédigée, modérée et incisive. Mais je suis de l’avis d'Ellice ; je doute que Stanley et Aberdeen soient in earnest. Ils n’oseront pas se charger du gouvernement ; et les Whigs jouent évidemment le jeu de leur en imposer le fardeau pour les effrayer du succès. Ils déclineront, sous main, le succès. Ce sera grand dommage. Je suis convaincu qu’un grand Ministre conservateur, aurait aujourd’hui en Angleterre une admirable chance, et ferait jouer à l'Angleterre un rôle admirable en Europe. Ce ne serait plus le Torysme de M. Pitt et de Lord Castlereagh, un Torysme agressif et belligérant ; mais un Torysme grave et mesuré pratiquant pacifiquement la bonne politique, blâmant hautement la politique révolutionnaire et lui retirant partout tout appui, un Torysme de principes de langage, et d’attitude, puissant par l'autorité plus que par les coups. Il n'en faudrait pas davantage au point où en est aujourd’hui l’Europe, pour la faire rentrer dans la bonne voie. Les difficultés intérieures seraient plus grandes pour un cabinet Tory ; pourtant je les crois, surmontables. Rien ne me déplaît davantage que les honnêtes gens manquant à faire le bien ; bien plus que les coquins faisant le mal. C'est pourtant ce qui arrivera à Londres.

10 heures
Vous avez raison de prédire à Piscatory qu’il voterait les 3 millions. Bien d'autres en feront autant. Et ils voteront bien autre chose. Je suis très curieux de Varsovie. Je vois dans un journal que l'Empereur d’Autriche est parti pour y aller. Est-ce vrai ? Certainement le rôle Russe entre Berlin et Vienne est difficile. Prusse et Autriche prétendent l’une et l'autre à des choses fort nouvelles et qui dénaturent fort la confédération germanique. En tout, le monde est en train de vouloir du nouveau, et rien n'est plus difficile que de démêler, le bon dans le nouveau. Je suis charmé de votre nouvelle que rien n'est fini avec Lord Palmerston. Bon article dans les Débats d’hier. Mais je n'ai pas confiance dans Londres. Il n'y a point de prudence égale à la prudence anglaise.
Pas de réponse encore sur ce que j'ai écrit à propos des voyages à St Léonard. Adieu. Adieu. Hubner doit être bien content de vous avoir à dîner. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris le 7 juin Vendredi

J’ai trouvé M. Molé, fort malade. très mauvais visage au moins. Jaune, faible. Il a toujours la fièvre. Bonne conversation, rien à relever que vous ne sachiez ou que vous ne deviniez. Il n'était pas bien au courant de la négociation avec Londres. Il croyait toujours que Lahitte ne faiblirait pas. Mais moi je suis convaincue que Lord Palmerston se sera fâché hier de tout accorder, et avec la complicité du télégraphe français vous savez bien qu'en deux heures de temps on peut parler à Londres de sorte qu’en en terminant même qu’aujourd’hui. Cela arriverait encore à temps pour gâter la discussion de ce soir. Quoiqu’il en soit, nos amis de Londres sont des nigauds d'avoir tant attendu. Thiers était du dîner de Hubner. Il m’a dit qu'il a prévenu le Président de son voyage à Claremont et qu'il comptait y aller dans peu de jours croyant le roi assez mal pour craindre qu’il ne meure très incessamment. Je suis sûre qu’il ne sera de vos voyages respectifs comme de vos luttes parlementaires chacun veut garder son discours, pour répondre à celui de l’autre. (tout ce qu’il m’a dit hier m’a prouvé qu’il est entièrement orléaniste.) Pourvu que l’occasion de le faire en vienne à manquer à tous les deux. (Transportez les deux dernières sentences, ce sera plus concret.) On ne sait rien de Varsovie que ce que disent les journaux. Hubner & Hatzfeld sont également perplexes. Schwarzenberg avait quitté Varsovie, & voilà que son empereur s'y rend, c’est au moins ce que dit le télégraphe de Cologne. c’est drôle. Ce qu’il y a de sûr c'est que le Prince de Prusse est allé à Pétersbourg voir l’Impératrice. Lahitte a dit hier à Chreptovitz si Lord P[almerston] me cède tout je ne puis pas ne pas me reconnaitre satisfait. C’est juste.
Je suis de santé comme j’étais à votre départ. Le mien approche le 20 ou 25, mais je crois que Je verrai Chancel avant, parce que que tout le monde traite d’extravagante l'ordonnance d’aller à Aix-la Chapelle pour la poitrine.
1 heure. Ellice me mande que le Cabinet, très alarmé, et craignant une grande majorité contre lui ce soir, & envoyé une pétition à lord Stanley pour la conjurer au nom du bien public, de remettre la discussion à huitaine. Quand on donne des motifs pareils on n'ose pas refuser. Il donc été obligé de fléchir. La discussion est remisé à Lundi 17. Ellice dit qu'il y aura une grande majorité contre le gouvernement. D’un autre côté voici K[isselef] qui apprend, mais par voie détournée, que Brunnow a l'ordre de partir. Je saurai tantôt ce qu'il y a de vrai. Le vrai est que Brunnow avait demandé un congé, Il lui a été accordé pour l’été de 1851. Ceci serait donc un vrai rappel. Il y a une lettre du Prince Albert à l’université de Cambridge qui indique de la défaveur pour le gouvernement. Je n’ai pas lu encore. Vos réflexions sur les 3 millions sont excellentes. J'en ferai usage. Adieu. Adieu. J’attendrai pour ma lettre, mais je n’attends pas de nouvelle nouvelle à vous mandez.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Val Richer, samedi 8 Juin 1850
7 heures

Vous me dites que Montebello ne part pas. Est-ce qu’il ne part pas du tout ? J'espère qu’il ne fait que retarder sa course de quelques jours, et que, la loi de déportation une fois votée, il ira. Je crois sa visite importante. Est-ce que M. Molé est sérieusement malade ? Je suis en train de questions. Manie d'absent. Je ne saurai que demain quelque chose de la séance d’hier soir à Londres. Je n'y compte pas. La question n'est pas assez grosse pour forcer les votes, et les acteurs ne sont pas assez décidés pour exploiter sérieusement une petite question. Ce sont deux curiosités très différentes que celle qui attend quelque chose et celle qui n'attend rien. Pourtant la curiosité y est toujours. Sans croire aux journaux, je suis assez frappé de ce qui vient de Berlin sur la visite du Prince de Prusse à Varsovie. Evidemment, cette visite a changé quelque choses aux dispositions de l'Empereur. Il a bien raison du reste de ne pas se jeter à l'aventure dans ce chaos allemand. Décidé et réservé, c'est son attitude depuis Février, elle lui a réussi. Il n'en doit sortir, s'il en sort, que pour quelque chose de très grand et d’indispensable.

10 heures
Les journaux répètent, et vous confirmez le départ de l'Empereur d’Autriche pour Varsovie. Il y a ou concert entre les trois souverains, ou lutte de deux devant un. Je crois plutôt au dernier fait. La querelle de l’Autriche et de la Prusse n'ira pas à la guerre ; ils ne le veulent pas eux-mêmes et au besoin vous l'empêcherez. Mais c'est une querelle, très sérieuse, querelle de prépondérance et d’ambition, qui recommencera toutes les fois que la question révolutionnaire sommeillera. Les jours de repos sont finis pour l’Europe ; l'être paisible qui était la réaction de l’ère belliqueuse de l'Empire est accomplie. Nous entrons dans la réaction contraire. Je ne crois pas aux grandes et longues guerres ; mais des menaces des commencements des échantillons de guerre, des révolutions, des quasi-révolutions, de contre-révolutions une instabilité générale, rien qui dure et rien qui finisse, c'est là ce qui nous attend pour longtemps.
Ce que Thiers vous a dit de son projet de visite à St Léonard me frappe assez et je crois à votre application de son départ ou de son retard. Je suis ennuyé de cette antithèse ; elle est trop longue et trop monotone.
Voilà Londres fini ; car évidemment le retard, c’est la fin. Quand le cabinet viendra amener qu’il est raccommodé avec la France, la Chambre des Lords ne votera pas une censure ; ou si elle la vote, le cabinet n’en tiendra compte. Ce sera de l'opposition platonique. Les individus s'en peuvent accommoder, mais les corps ne se résignent pas à étaler ce mélange de mauvais vouloir et d'impuissance. Ajournée au 17, la motion de Lord Stanley tombera dans l’eau ou sera rejetée.
Est-il vrai que Mercredi dernier, à l'assemblée générale de l'Institut, au milieu d’un grand discours de Salvandy, un pigeon blanc, qui s'était introduit dans la salle est venu se poser sur sa tête et s'est si bien empêtré dans son toupet qu’on a eu quelque peine à l'en dépêtrer ? On me mande cette bouffonnerie. Je n’y puis pas croire. Ce serait trop drôle. Adieu, et merci de votre longue lettre. Avez-vous encore vos deux fils ? Adieu Adieu. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris Samedi le 8 Juin 1850

Montebello part demain soir pour Londres, il sera de retour le 16. Il vous écrira dès Mardi 11 pour vous dire au juste l'état dans lequel il aura trouvé le malade. J’avais assez de monde ici hier soir. Les diplomates, & ses amis Français, le favori Merode, le chancelier, Viel-Castel. Celui ci affirme qu’on prendra toutes ses précautions pour la rédaction de l’arrangement quand cet arrange ment sera convenu. Il ne tardera pas à l’être. Palmerston cède peu à peu sur tout. On ajustera les deux conventions de façon à faire disparaître tout ce que celle d’atténuer a d’onéreux de plus que celle de Londres. C’est particulièrement sur l'engagement pris par la reine de ne rien réclamer de l'Angleterre pour pertes & avaries qu’a coûté le différend. Pal[merston] ne voulait pas résilier cela, & Lahitte s’est obstiné. On croit que sous peu de jours, demain peut-être, Lord P[almerston] cèdera tout. Le bruit du rappel de Brunnow ne repose que sur une lettre particulière de Mareschalchi, ce n’est pas suffisant. Les 3 millions courent bien des chances. Personne ne veut laisser passer cela, & je parie que tous ou à peu près le voteront. Cependant il y a des obstinés dans tous les rangs. Légitimistes, conservateurs. M. Moulin par exemple, un des meilleurs. Il ne veut pas. On ne peut pas deviner ce qui se dira aujourd’hui dans les bureaux.
Voici la dernière phrase de la seconde lettre d’Ellice, celle où il m'annonce l'ajournement. I still think the case in the Lord very serious, & that we cannot get out of it. Une lettre du Prince Albert à l’Université de Cambridge prouve de l’humeur contre le Ministère qu'il appelle the present cabinet. Ceci semble très ominous à Ellice La lettre est dans le Galignani. Je crois que vous le recevez. 2 heures. Je n’ai vu jusqu’ici que [Craptovitch] qui n’a absolu ment rien. Je ferme ma lettre très peu intéressante aujourd'hui je crois que le duc de Noailles s'employait hier pour faire voter ses amis pour les 3 millions. Adieu. Adieu

P. S. Thiers part Lundi, il l'a dit hier à M. Molé. La Redorte vient de me raconter 10 bureaux 4 pour, 4 contre 2 douteux. Les autres pas connus encore. D’Houdetot écrit à son frère que le roi baisse visiblement.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Val-Richer, Dimanche 9 juin 1850
8 heures

Savez-vous ce qui arrivera par suite de l'ajournement du débat grec à Londres ? Palmerston recevra d'Athènes quelque note, quelque lettre déclarant que le gouvernement grec ne se soucie pas du tout d'échanger l’arrangement Wyse contre l’arrangement Drouyn de Lhuys, et que, tout considéré, il aime mieux que ce qui est fini soit fini et qu'on n’en parle plus. La différence entre les deux conventions n'est pas assez grande pour que la Grèce y mette un grand prix, et elle aimera probablement mieux ne pas causer ce déplaisir à l'Angleterre dont elle a éprouvé l'acharnement, au profit de l'amour propre de la France qui ne l'a pas efficacement protégé. En sorte que l’arrangement Drouyn de Lhuys sera écarté par la grève sans que Palmerston en ait fait pleinement la concession à la France. Car vous voyez bien qu’il n’a pas encore fait cette concession ; si elle était faite, on ne négocierait plus. Lahitte n’a demandé et ne peut demander que cela. S'il l’avait obtenu, il se serait déjà déclaré satisfait et lord Lansdowne n'aurait pas éludé la discussion. Palmerston discute, marchande. A Paris, il a l’air pressé, mais il ne cède pas davantage. A Londres, il demande du temps, et on lui en donne. Athènes le tirera d’embarras en repoussant cet échange entre les deux conventions qui devient plus insignifiant et plus impraticable à mesure que le temps s’écoule. Et à la fin comme au commencement de l'affaire, par ruse, comme par force, Lord Palmerston aura fait sa volonté. Que dira alors Lord Stanley ? Les honnêtes gens sont obligés d'avoir plus d’esprit et d'être plus fermes que les brouillons. Avoir raison ne les en dispense pas.
Le général Trézel revient de S Léonard et m'écrit : " J’ai trouvé le Roi, fort maigri, fort affaibli, confiné dans sa chambre et fatigué de surcroît par un troisième rhume. Il a consacré plus de force et de vie que cet état n’en devrait faire espérer ; la parole est toujours nette et facile ; l’esprit aussi prompt, aussi lucide que de coutume d'ailleurs quelques symptômes favorables se manisfestaient depuis plusieurs jours dans les fonctions de l'estomac, et donnaient l’espoir que ce dépérissement graduel pourrait s'arrêter. J’ose à peine me livrer à cet espoir. La reine des Belges est fort affaiblie aussi par une fièvre lente assez inquiétante. » Absolument rien de nouveau sur la grande question. Je savais bien qu’on ne dirait rien de plus à Trézel. Toujours le langage de la politique d’attente et d'abstention. Il a paru au général que dans le cas où la famille royale perdrait son chef, le duc et la Duchesse de Nemours seraient assez disposés à prolonger leur séjour en Angleterre, à cause de leurs très bons rapports avec la Reine Victoria, mais que la Reine et ses autres enfants quitteraient bientôt un pays qui ne leur plaît pas.
Vous avez bien raison de consulter Chomel avant de partir. Je vous ai dit qu’Aix la Chapelle m'étonnait. Je ne vous crois point la poitrine malade ; mais c’est un climat rude, et le froid ou l’humidité par dessus l’ennui, c’est trop pour vous.

10 heures
Je suis charmé que Montebello parte. Je me déciderai d'après ce qu’il m’écrira. Je n’ai pas encore la réponse définitive du Duc de Broglie. Je ne me préoccupe guère des trois millions. On les votera. Ou bien on marchandera et on finira par s’arranger. Adieu, Adieu. Je vais déjeuner à Lisieux. Adieu. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L013_00052.jpg
Paris le 9 juin dimanche. 1850

La commission détestable. De grands doutes que la dotation soit accordée. Quoi alors ? Le chaos. J’ai dîné hier avec Thiers (chez Mad. Kalergi) il part demain pour St Léonard, il y a passera deux ou trois jours. Il a ouvertement proclamé à dîner son orléanisme. Il a dit et soutenu des thèses très extravagantes. Molé est venu après le dîner. Tous les deux prévoyant le rejet de la loi. Tout le monde frappé de l'ordre du jour de Changarnier. Remis complètement à sa place vis-à-vis du Président et la dernière phrase très bonne à propos de la garde municipale. Longue visite de Morny, bien content de ce que vous m'avez mandé à propos du projet. Quelques avances vers nous, j’ai expliqué comment il fallait les adresser autrement, et que vraiment ceci n’avait pas encore l'air d’un gouvernement. Très ferme résolution de rester ferme vis-à-vis de l'Angleterre. Il n'y a rien de conclu. Molé & Thiers ont laissé pour la possibilité que ce ne soit pas encore fait avant la discussion de Lundi 17.
Montebello part ce soir mais ils sont convenus lui & Thiers qu’ils ne se trouveraient pas à St Léonard ensemble. Thiers très attendri en parlant de l’état où il va trouver le Roi. Broglie a dit à Molé que d’Haussonville revenu de là dit qu'il y a des hauts et des bas dans la santé. Voilà tout ce que je sais. Les Ministres ont déclaré dans les bureaux, qu'ils voulaient la loi telle qu'elle a été présente, et que si on la rejette ou l’amende, ils se retirent. Je suis très pressée, tant de gens à voir ce matin. Et beaucoup à écrire. Je voudrais bien donner à K[isselef] & Chreptovitz quelque chose de mon activité & surtout de ma haine, je me reposerais. Adieu, adieu.

Auteurs : Reybaud, Louis (1799-1879)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Val Richer Lundi 10 juin 1850
6 heures

Duchâtel m'écrit comme vous que l’argent du Président passera, après bien du tirage. Il croit aussi que sa loi du tombeau Napoléon passera cette semaine, et il ira alors à St Léonard, deux ou trois jours plus tôt ou plus tard selon que les nouvelles seront plus ou moins inquiétantes. Je ne sais pourquoi je vous redis tout cela qu’il vous dit surement lui-même. Habitude de nous redire tout ; on a bien de la peine à croire à l'absence, même quand on la sent. J’ai bien de la peine aussi à admettre ce que vous dit Ellice que l'affaire grecque reste toujours sérieuse dans la Chambre des Lords, malgré l'ajournement, et que le Cabinet ne s’en tirera pas. Flatterie pour votre désir. Ce serait trop beau. Il serait vraiment très beau qu’une affaire point grave en elle-même, et complètement terminée devînt l'objet d’un débat sérieux, et que par pur respect de la bonne politique, pour le seul honneur du pays, le Cabinet fût sérieusement censuré, et tombât devant cette censure. Quelle que soit mon estime pour l'Angleterre, je n'en espère pas tant. Je vois de plus, d'après ce que vous me citez, qu’il ne s’agit pas de substituer simplement, selon le choix du roi Othon, la convention Drouyn de Lhuys à la Convention Wyse, et qu’on en fait une troisième, un amalgame des deux premières. Si on retranche de celle-ci l’article qui mettait l’Angleterre à l'abri des réclamations de la Grèce pour pertes et avaries et si la Grèce élève en effet des réclamations, ceci peut prolonger et envenimer l'affaire.
J’ai passé hier ma matinée à Lisieux. J'ai vu assez de monde. Pays étrangement tranquille. On parle sans la moindre inquiétude de l'insécurité universelle. On prévoit et on discute les révolutions futures ; et on s’établit dans cette prévoyance comme dans un mal dont on ne peut ni guérir, ni mourir. On semble assuré que quoi qu’il arrive, on ne sera pas beaucoup pire qu’on n'est, et on se résigne, assez aisément à n'avoir ni plus haute ambition, ni plus grave crainte. C’est un spectacle profondément humiliant.
Qu'est-ce que la princesse Léonida Galitzine qui va a Trouville, et dont il me semble que vous m'avez parlé ? On me dit qu'elle est soeur de Paul Tolstoy, et que c’est une bonne et aimable personne, un peu timide et sauvage, qui a perdu sa fille aînée il y a quelques années, et que le chagrin dévore. Est-ce vrai ?

9 heures
Mauvaises nouvelles du Roi, de Londres et de Paris. J’attendrai ce que Montebello m’écrira, et que Thiers soit revenu. Je ne veux pas, comme de raison, m'y trouver avec lui. Broglie ne sait pas quel jour il sera disponible. Je ne puis l'attendre indéfiniment. Je le verrai en passant par Paris, et s'il est prêt, je l'emmènerai sinon, j'irai sans lui. Car je passerai par Paris. Adieu, adieu. J’ai cinq ou six petites lettres à écrire. Adieu. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris lundi le 10 Juin 1850

Montebello n’est point parti. L'affaire du tombeau de l'Empereur sera portée à l’assemblée après demain, Duchatel a désiré qui Mont[ebello] reste pour cette discussion. Thiers part aujourd’hui & avec toute ses femmes. Il sera demain à St Léonard. Il y restera deux ou trois jours, il ne touchera pas à Londres, & il veut être de retour ici samedi : je l'ai encore vu hier matin à Passy. très bien sur l’affaire anglaise. Delessert mande que le roi est très bien de tête, mais le corps s’en va. Il peut dîner un mois, il peut partir dans deux jours. Il n’y a pas de temps à perdre. Tous vos amis disent qu'il faut que vous vous pressiez et tout bien considéré nous croyons que vous devriez être ici samedi au plus tard pour aller en Angleterre lundi. Je suppose que d’autres que moi vous disent cela.
J'ai été bien contente du général de Lahitte hier. Bien ferme, bien décidé. Il ne faiblira pas, & il croit que P[almerston] se rendra. Dans ce moment votre lettre. Elle me frappe. Vos observations peuvent être justes. P[almerston] intrigant à Athènes. C’est possible. Mon espoir que nos agents à Athènes empêcheront cela. Brunnow a fait le 14 mai une prestation formelle à Londres contre le dénouement à Athènes. Le [cabinet] impérial vient de confirmer & ratifier cela, & de l’envoyer ici. On est content
Midi. Je viens de lire la protestation. Elle est très énergique, très forte. Brunnow ce jour là 14 mai demandait à Drouyn de Lhuys de la signer avec lui, il n’a pas voulu. Nesselrode l’a dit à Castelbajac en le plaignant un peu, à quoi Castel. Que venait de recevoir un courrier de Paris a répondu nous avons fait mieux que cela, nous avons rappelé notre Ambassadeur. Nesselrode s'est dit content. C. Greville me mande. Les puissances du continent renverseront P[almerston] si elles se décident à rester froidement polies, & à faire comprendre qu’elles ne feront aucune grande affaire avec l'Angleterre sous cette administration du Po. Ce sera une situation intolérable, & que nous ne voudrons pas endurer. Lady Allen me mande que Brunnow part le 20 après le Drawing room de la Reine, & que John Russell a dit à Disraeli que c’était un recall. J’en doute d’après l’approbation très méritée de sa protestation.
2 heures. Je suis chargée de vous dire qu'avant hier il y a eu un long entretien entre Molé, Thiers & Broglie. Les deux derniers parfaitement d’accord, tellement que Molé ne peut plus reprendre ce sujet avec votre ami. Il est bien important que vous veniez & que vous partiez. Je compte sur Samedi au plus tard. Adieu.
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