mon très honorable père se proposait de les faire traverser ; une d’elle, par exemple, ayant été assez heureuse pour lui plaire, se croyait quitte de tout examen ; mais point du tout, mon père n’en passait pas par là et pour parvenir à son but, ou plutôt pour pouvoir la disposer au second et dernier examen, voici comme il l’apostrophait :

     « Vous êtes bientôt parvenue à l’instant où vous allez être honorée de la tâche glorieuse que je veux vous faire remplir. J’ai reconnu en vous toutes les qualités morales qu’il faut qu’ait la nourrice de mon fils. Mais il ne suffit pas d’avoir ces qualités seules, il faut que le bon moral soit accompagné du bon physique. Un physique irrégulier et impur serait indigne de mon fils. Ainsi apprêtez-vous à subir cette épreuve. »

      À ces paroles les pauvres femmes ne comprenaient rien ; mais mon cher père, par ses gestes leur faisant apercevoir à quoi il prétendait, vous jugez qu’il y en avait beaucoup qui ne voulaient point subir cette épreuve et qui se retiraient peu satisfaites. Enfin je ne sais si vraiment mon père avait en vue seulement mon bonheur, ou bien, si par ce choix si délicat, il n’avait pas d’autres vues, et s’il ne voulait