pas, d’une autre manière, lier à la famille la nourrice qu’il prenait tant de peine à me choisir.

     Cependant, son pauvre petit Aldric, depuis sa naissance, n’avait point de nourrice. Il avait expressément défendu que l’on me laissât à ma mère, qui était très malade et dont on désespérait même de pouvoir sauver les jours ; ainsi pendant tout le temps qu’il avait mis à me choisir une nourrice, j’avais été réduit à des aliments qui étaient contraires à ma faible contexture ; mais enfin il se présenta une femme dont les talents plurent à mon père, et qui voulut bien subir la fatale épreuve à laquelle avaient échouées tant d’autres. Mon père admira ses formes extérieures, la jugea digne d'être ma nourrice et l’établit en fonctions.

     Mais cette nourrice, Mme Durand, était loin d’avoir toutes les qualités nécessaires pour remplir l’importante fonction que M. Dancourt mon père lui avait confié.

     Son premier métier de tricoteuse à la journée ne lui avait pas donné de grandes lumières en fait d’éducation ; mais comme elle savait que bien d’autres qu’elle avaient entrepris autant sans avoir un mérite au-dessus du sien, elle résolut de suivre le chemin que celles-là lui avaient frayé.

     J’ai déjà dit que ma mère était fort en danger et qu’on désespérait même pour ses jours. Cela n’était que trop vrai : deux mois après ma naissance elle expira, et fut privée par là