Guizot épistolier

François Guizot épistolier :
Les correspondances académiques, politiques et diplomatiques d’un acteur du XIXe siècle


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Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893)

Auteurs : Mirbel, Lizinska Aimée Zoé de (1796-1849)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Noailles, Paul de (1802-1885)

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893)

Auteurs : Croker, John-Wilson (1780-1857)

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893)

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893) ; Thomine-Desmazures, Pierre-Jacques-Henri (1763-1847)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Royer-Collard, Hippolyte (1802-1850)
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Maintenant que votre voix vient de se faire entendre jusqu'au milieu de nous, et que vous nous avez parlé, non plus comme la première fois en philosophe et en publiciste, mais en citoyen actif, peut à venir combattre comme nous et avec nous, avec l'éloquence de votre parole et l'autorité de vos conseils pour la cause de la civilisation attaquée de toute part [...] Nous avons été heureux d'y retrouver cette élévation de vues, ce beau langage, qui nous semblaient perdus en France depuis plus d'un an. La netteté de votre position et votre courageuse franchise, ressortent avec éclat, à côté des ambages de M. Duchatel, de ses hésitations, de ses déclarations à double sens, & j'ajouterai, de son style inqualifiable. Si vous deviez rester à Londres, et du haut de votre exil volontaire, juger publiquement l'état présent de notre pays, lui expliquer les causes et les résultats de cette situation & enseigner au monde les moyens d'arriver à la solution d'un problème qui semble insoluble, je ne trouverai jamais assez d'approbation, assez d'éloges, assez d'admiration, pour ce noble rôle que vous vous feriez au milieu de cette tristesse des temps. [...]
Je crois, peut-être je me trompe, mais enfin je crois fermement que l'état de la France n'est pas précisément celui que vous supposez. Quelqu'un qui n'a pas vécu depuis un an au milieu de nous, et qui n'a pas vu de près et par lui-même ce qui s'est passé, ne saurait imaginer que le prodigieux changement se sont accomplis en si peu de temps dans ses esprits. Tout ce que vous dites de l'aversion générale pour la République et de l'impossibilité de s'établir en France et de prendre au sérieux ce mode de gouvernement a été vrai pendant les premiers mois qui ont suivi la Révolution de février ; mais il n'en est plsu de même aujourd'hui. Je n'ai, en ce qui me concerne, aucun goût pour la République mais en m'arrêtant avec une impartialité à l'observation sérieuse des faits, je me permettrai de dire que l'immense majorité de la France, (c'est Paris que j'appelle la France, parce que Paris est tout ; le reste se soumet) ne voudrait maintenant accepter aucune autre forme de gouvernement que la République. La Monarchie, il faut le reconnaître, est tombée dans le mépris ; quelle sécurité peut inspirer un gouvernement qui s'écroule devant un banquet qu'on ne peut pas même s'exécuter, qui ne peut compter ni sur la population, ni sur la Garde Nationale dont l'existence est peut-être incompatible avec la sienne, ni sur l'armée qui est travaillée par les fausses doctrines, qui vit nécessairement avec le peuple, & qui, chaque jour, devient de plus en plus, sinon ennemie du moins incertaine et hésitante ? 
Ce n'est point la République qu'on ne redoute maintenant, c'est les Républicains, c'est à dire les faubourgs et une centaine d'hommes.
[...]

Auteurs : Louis-Philippe 1er (1773-1850)

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893)

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893) ; Thomine-Desmazures, Pierre-Jacques-Henri (1763-1847)

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893) ; Lamidey, ? (?-?)

Auteurs : Veuillot, Louis (1813-1883)

Auteurs : Mallac, Eloi (1809-1876)

Auteurs : Mirbel, Lizinska Aimée Zoé de (1796-1849)

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893)

Auteurs : Mallac, Eloi (1809-1876)

Auteurs : Beaupoil, comte de Saint-Aulaire, Louis-Clair de (1778-1854)

Auteurs : Woodham, H. A. (?-?)

Auteurs : Croker, John-Wilson (1780-1857)

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893)

Auteurs : Dumon, Pierre-Sylvain (1797-1870)

Auteurs : Croker, John-Wilson (1780-1857)

Auteurs : Mallac, Eloi (1809-1876)

Auteurs : Royer-Collard, Hippolyte (1802-1850)

Auteurs : Duchâtel, Tanneguy (1803-1867)

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893)

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893)

Auteurs : Mirbel, Lizinska Aimée Zoé de (1796-1849)

Auteurs : Mallac, Eloi (1809-1876)

Auteurs : Croker, John-Wilson (1780-1857)

Auteurs : Mallac, Eloi (1809-1876)

Auteurs : Mirbel, Lizinska Aimée Zoé de (1796-1849)

Auteurs : Mallac, Eloi (1809-1876)

Auteurs : Mallac, Eloi (1809-1876)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L011_00255.jpg
Brompton- Samedi 2 Juin 1849
8 heures et demie

Je suis toujours horriblement pris du cerveau. J'éternue scandaleusement. Si Lady Lovelace m’a trouvé aimable hier soir, elle n’y est pas difficile. Il y avait là peu de monde, des savants et cet envoyé hongrois dont j'oublie le nom et qui disait à tout le monde : " dans quelques jours, nous reprendrons l'offensive, et il viendra de Hongrie de grands évènements. Je ne suis pas entré en conversation avec lui. Il y a certainement quelque faveur dans le public pour les Hongrois et s’ils s’étaient bornés à défendre leur ancienne constitution en se disant toujours fidèles à l'Empereur, on leur donnerait raison. Mais certainement aussi l’Angleterre ne se mêlera pas de leurs affaires. Personne ne disait rien d'ailleurs. Je suis sorti un moment après dîner. J’ai été voir des maisons à louer, dans mon quartier. Deux qui me conviendraient bien, Onslow square. Reste à savoir le prix. Et restera à attendre les événements. Je les attends avec une impatience où il y a peu de curiosité n'espérant pas grand chose de bon et prévoyant à peu prés tout le mal possible. Il ne m’est venu hier matin, après vous, aucune nouvelle de France. J'ai lu. J’ai reçu M. De Larive et M. Broadwood. J’irai aujourd’hui à l'Athenoeum et je verrai Duchâtel. Je voudrais travailler avec suite. J’ai bien des choses en tête. Que la vie est courte, et que de temps perdu dans cette vie si courte ! Milnes qui était hier chez Lady Lovelace soutient que le Président devrait faire sur le champ un cabinet rouge. Ledru Rollin en tête ; que ce serait le moyen de traverser et d’user ce parti au meilleur marché possible. On dira et on fera peut-être faire à ce pauvre Louis Napoléon tout ce qu’on a dit et fait faire à Louis XVI. Et il ne s’en tirera peut-être guèure mieux. J'attends les journaux. Je vous reviendrai après. Midi. Je n'ai point de lettre et les journaux ne contiennent rien. Cela finira par un Cabinet tiers parti, ou par le maréchal Bugeaud énervé par le tiers parti. On n'a pas le sentiment du mal et on a une peur effroyable du remède. J'espère bien vous voir ce matin. Je vous écris comme, si je ne devais pas vous voir. Je sors. Je vais chez Duchâtel. Je serai rentré à 2 h. Adieu. Adieu. G.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L011_00257.jpg
Il est quatre heures. Vous ne viendrez probablement pas aujourd'hui. Voici les nouvelles de Paris. Dupin a été nommé Président au premier tour de scrutin. Il a eu 336 voix (Dupin aîné) et 9 (Dupin seul) ; en tout 345. Ledru Rollin 182. Et Lamoricière (porté par la réunion Dufaure) 76. C'est un très bon résultat. Les rouges et le tiers parti ensemble n'ont que 258 voix. Les modérés seuls en ont 345. C'est une meilleure majorité qu’on n'attendait. On m'écrit de plus, (M. Mallac en sortant de chez le Maréchal Bugeaud), que cette majorité se montre décidée, compacte et très disposée à marcher sur le ventre de la minorité si la minorité veut l'opprimer. Quant au cabinet avant-hier, il semblait formé. Dufaure, Remusat, Vivien, Tocqueville. Ils avaient tous accepté. Bugeaud et Falloux étaient à l'écart. La séance violente de la veille a épouvanté Dufaure et relevé en même temps ses prétentions. Soit sincèrement, soit pour rompre, il a demandé l'éloignement de Changarnier. Rémusat voulait rompre aussi. Le président a refusé d'accepter seulement la discussion sur ce point. Ces messieurs se sont retirés. Le Maréchal a été rappelé. Il comptait sur Barrot, Barrot a objecté sa fatigue, et décliné absolument d'entrer sans Dufaure. On m'écrit : " Le maréchal est décide à aller jusqu'au bout. Les désertions successives ne l’intimident pas. Vous pouvez regarder la combinaison suivante comme arrêtée : - Présidence et guerre, le Maréchal - Affaires Etrangères, Gal Bedeau - Intérieur Maleville - Travaux publics, La Redorte - Finances, Benoist - Instruction publique, Falloux - Marine Piscatory - Commerce buffet. - Garde des Sceaux, M. Rouher député nouveau (ami de Morny). Ces messieurs devaient se réunir hier soir chez le président et en finir. Si on peut finir quelque chose. Ceci serait le mieux possible. Adieu. Adieu. Il fait bien beau. Vous aurez pris plaisir à vous promener. Adieu.

Brompton, Samedi 2 Juin 1849 4 heures

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Que vous arrive-t-il donc ? Point de lettre de vous hier. Point ce matin. Ni vous non plus. Êtes-vous malade ? Il est quatre heures. Je suis vraiment inquiet. Si vous ne venez pas ce matin, et si je n’avais pas de lettre demain matin, je serais très inquiet. J’irais à Richmond sur le champ. Je ne comprends pas. C’est une séparation qui commence mal. Dieu veuille que ce ne soit qu’un commencement ! Point de nouvelles aujourd’hui. Je ne suis pas allé à l'Athenaeum. Je vous attends. François Delassort et sa femme sortent de chez moi. Ils sont arrivés hier. Bien sombres. Mais point de fait nouveau, et précis. Ils viennent passer un peu de temps. Mais qu’est-ce que cela me fait ? J'espère bien que vous n'êtes pas malade, si vous êtes malade, comment ne m'avoir pas fait écrire un mot ? Adieu. Adieu

Brompton, Dimanche 3 Juin 1849 4 heures

Auteurs : Croker, John-Wilson (1780-1857)

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L011_00261.jpg
Richmond mardi 5 Juin 1849

Le temps est lourd et accablant. Si j’étais à Londres, je serais morte, c’est comme cela que je me console d’être à Richmond. Je ne trouve rien dans les journaux français. Le constitutionnel regrette que Bugeaud ne fasse point partie du ministère, mais il compte que la majorité restera unie. Il ne nomme pas Dufaure. Rome, Rome voilà la curiosité aujourd’hui ! Je vais dîner chez lady Allen. Je ne sais qui j'y rencontrerai. 6 heures. Les Colloredo, la marquise Douglas, et Mme Metternich rien que cela. Les Infants d’Espagne partent ou sont partis pour [?]. Le mariage est rom pu. Il s’est conduit comme un sot. Rien de nouveau du tout. Je n’ai pas eu de lettres. Adieu. Adieu. Demain. J'espère vous voir. Je vous recommande de. lire la lettre du Triumvir à M. Lesseps 24 mai, elle est très bien faite. Les r[?] à lui sont pitoyables. Voici un mot de Metternich que je vous envoie.

Auteurs : Mallac, Eloi (1809-1876)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton, mardi 5 juin 1849 10 heures

Hier m’a remis en contentement. Je n'étais pas de mauvaise humeur, ni injuste ; mais je n'étais pas content. Je supporte assez bien à la surface, l’imperfection des meilleures choses de ce monde ; mais, au fond du cœur, je ne l'accepte pas du tout. Rien dans les journaux. Evidemment le nouveau cabinet ne réussit pas dans le parti modéré. L'univers en parle mal. L’Assemblée nationale n’en dit rien. Le Journal des Débats prêche la résignation plus que l’espérance. Si ce cabinet avait pour résultat de compromettre et d’engager les chefs du tiers parti dans le parti modéré, ce serait bien mais ce sont des gens que rien ne compromet, et n’engage. Je les ai vus à l'œuvre. Ils avaient presque tous voté, les lois de septembre. Ils ont été des premiers à les attaquer. Ils en feront autant. Après déjeuner, j’irai voir Duchâtel et Lord Aberdeen de qui j’ai trouvé un billet en rentrant hier soir. Je vous écrirai en en revenant. Ils m'apprendront quelque chose. Quelle bonne chaleur ! Je n’en ai pas moins éternué à tout rompre en me réveillant.
3 heures Duchâtel était à Ascot. Mais sa femme m'a montré les lettres qu’il avait reçues hier de M. Vitet. Mêmes détails et mêmes impressions que dans les miennes. Seulement il n’espérait pas grand chose du cabinet qui ne s'est pas formé. A l’Athenaeum, la 3e édition du Morning Chronicle, que vous verrez ce soir annonce que le Message du Président à l’Assemblée n’a pas été présenté hier. Le nouveau Cabinet y a trouvé à redire, et à changer surtout quant à la question Italienne. Dufaure et Tocqueville en ont, dit-on, trouvé la politique too bold. On prétend que le Président l'a rédigé lui-même. Je n'en crois rien. On ne dit pas à quel jour la présentation est remise. L'ajournement ferait hier un mauvais effet dans l'Assemblée. Des dissentiments dans le Cabinet, des hésitations. Tout le monde s’inquiétait et la majorité s’irritait. Voilà une longue lettre du duc de Broglie, qui m’arrive. Illisible pour vous. Je vous la lirai demain. Une appréciation de la situation générale aussi sombre que possible, pour l'avenir comme pour le présent. Point de faits spéciaux et nouveaux. Voici ce qu’il y a de plus actuel : " Notre Chambre nouvelle, prise en soi est bonne. La majorité est saine, nombreuse, honnête, décidée. Mais, comme elle est composée, pour moitié, de légitimistes, on la traite déjà de contre-révolutionnaire, et les tiers partis qui se forment ou se font par faute de donner les mains à cette prévention. Il n'a pas été possible, pour cette raison, de former un ministère d’une couleur tranchée. Les négociants, les banquiers, les industriels ont demandé, à grands cris, un ministère de la couleur Passy et Dufaure. Le président a dû céder à son grand regret, il faut le dire, et après avoir employé tous ses efforts pour en venir là. A tout prendre je crois que c'est pour le mieux. Dans l'état où est l’armée, il faut mieux qu’elle ait à défendre un gouvernement qui ne soit pas suspect de royalisme, et la médecine expectante que nous allons essayer vaut peut-être autant que la médecine héroïque. " Je ne crois pas du tout que ce soit pour le mieux. C’est à coup sûr pour le pire dans l'avenir, et dans un avenir prochain. Le duc de Broglie regarde la bataille prochaine comme inévitable. J’ai causé longtemps avec Lord Aberdeen. Toujours, et même de plus en plus persuadé qu’il y a, dans le cabinet, un travail aussi actif que sourd, pour se défaire de Lord Palmerston, et que ce travail gagne du terrain, même assez haut. Une douce violence, faite par le Parlement, serait accueillie et est peut-être cherchée. Adieu. Adieu. Adieu. A demain dans la matinée. G.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L011_00267.jpg
Brompton, Jeudi 7 Juin 1849
8 heures

Voici la lettre que vous désirez. Montrez la mais ne la donnez à personne je vous prie dans l'état ou la France est près de tomber de telles vérités, si, par un accident quelconque, on savait qui les a dites, peuvent devenir des questions de vie ou de mort. M. P., en me rendant compte des négociations ministérielles auxquelles il a pris part, finit par cette phrase : " Je n’ai emporté de tout cela qu’une impression, c’est que le Président et La Redorte s'étaient très bien conduits, qu'on pouvait en toute sécurité, être le collègue du second et que le premier très loyal, très simple, très désintéressé sans vanité, sans susceptibilité aurait fait un roi constitutionnel excellent, mais que Dieu ne l'a destiné ni à sauver, ni à fonder des Empires. Qui sait cependant, car il a la foi ? " Hier une heure après votre départ, j'ai reçu de M. Mallac une lettre écrite avant-hier au soir, qui contient ceci : « J'ai vu le Maréchal ce matin. Il se tient à l'écart et en réserve. L'état de l’armée l’inquiète. Les lettres qu’il reçoit des commandants des corps qui forment l’armée des Alpes, ne sont pas rassurantes. L'esprit des troupes se gâte ; les folles idées qui sont répandues dans le peuple, fermentent dans la tête des soldats. Les règles de la discipline sont observés mais il faut les appliquer sans cesse. L'obéissance est devenue grondeuse et lente. Tout annoncé enfin que le mal fait des progrès, et que nous sommes en dérive. L'armée nous échappera comme tout le reste avant peu, s’il n’arrive pas un grand événement qui nous fasse sortir de l'impasse où nous sommes. Faire de l’ordre avec le désordre moral et du gouvernement avec l'absence de tout gouvernement, c'est un problème insoluble ; il faut que cette situation éclate, et qu’il en sorte le despotisme de Louis Nap. ou celui de la rue. Le dernier me paraît le plus probable. J’attache bien peu d'importance à ce que fera le nouveau Cabinet, s'il apporte des lois répressives, il pourra avancer l'heure de la lutte et c’est là notre meilleure chance, s’il se borne à vivre au jour le jour, il fera durer la situation quelques mois encore pendant lesquels tous les moyens de résistance auront péri. Alors le triomphe de la rue me parait certain. Toute la politique se réduit aujourd’hui à comparer les forces de l’insurrection et celles de la résistance et à savoir quand et comment la bataille s’engagera. " Vous voyez que tout le monde est unanimement noir. J’ai vu hier soir, chez la marquise de Westminster, beaucoup de monde rose et blanc qui ne pensait pas à autre chose, qu’à se montrer et à se regarder. Je n’y ai rien appris. J'ai trouvé Kielmansegge assez inquiet de la Constitution de Berlin et de la République des bords du Rhin. Il craint les amours propres d'auteurs et les ambitions populaires. Ici, l'attaque de lord John avant hier soir contre MM. Bright et Cobden, fait assez d'effet. Le mot narrow-minded a beaucoup blessé les radicaux. Les Torys ont beaucoup applaudi. Je le veux bien, pourvu qu'ils n'oublient pas qu’il y a peu de sureté à vaincre par la main de ses adversaires ; on finit toujours par payer les frais de la victoire. Adieu. Je sors à midi, pour aller passer une partie de ma journée en pleine Eglise anglicane, à St Paul dans le banc de l'Evêque de Londres d'où j’entendrai l'Evêque d'Oxford. Puis, j’irai la finir chez les Quakers, au milieu de la tribu des Gurney. On me dit qu'il y en aura cinquante avec qui je dinerai sous une tente. Braves gens, amis, au fond de l’autorité qu’ils tutoient. Et leurs femmes sous leur petite coiffe blanche, ne sont mi moins jolies que d'autres, ni moins charmées qu'on les trouve jolies. Ce que j’ai écrit il y a quelques mois, en parlant de la démocratie a fait son chemin. Lord Chelsea me disait hier à dîner : " Comment peut-on dire que c'est la forme de gouvernement qui fait la sureté ? Il y a aujourd’hui trois gouvernements forts et tranquilles l’Angleterre, monarchie constitutionnelle ; la Russie, despotisme, les Etats-Unis, république. Reste toujours l'embarras de choisir. " Adieu. Adieu. Je vous prie de prier qu’il ne pleuve pas puisque je dois dîner sous la tente. Je n'y resterai certainement pas s’il pleut. J'ai le cerveau encore pris un peu moins. pourtant. Adieu. A demain. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L011_00270.jpg
Richmond Jeudi le 7 juin

Rien de nouveau. Ma lettre de Lady Holland renfermant seulement ceci. Le Président a dit dans son intimité la plus intime qu'il faisait ses paquets, & qu'au premier vote insolent ou récalcitrant de l'Assemblée il partirait pour l'Angleterre, laissant une lettre d’adieux à la France & charmé de ce débarrasser d’elle. Aberdeen était venu pendant que j’étais en ville J'ai manqué lord Lyndhurst aussi & Koller. Que faire ! Le soir chez Metternich, rien de nouveau. Je vous écris de bonne heure aussi, comme vous m'avez promis de le faire, afin que ma lettre vous parvienne dans la journée. Une lettre de Marion rempli d'esprit, mais sans un mot de nouvelle. Furieuse de [?] des bombardements annoncés. " Quel prix à payer pour le rapiècetage(sic) du pauvre. Lambeau qui reste de l’honneur français. " Adieu. Nous sommes bien loin l’un de l’autre. Pourquoi n'êtes-vous pas à Richmond & Marion avec ? Voilà des perfections auxquelles on n’atteint pas dans ce monde. Adieu.

Auteurs : Duchâtel, Tanneguy (1803-1867)

Auteurs : Croker, John-Wilson (1780-1857)

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L011_00272.jpg
Richmond Dimanche 10 Juin

Voici un mot de Metternich. Vous ne m'avez pas envoyé la revue, je n'ai absolument rien à lire, & ceci m’aurait aider à traverser un peu mieux le Dimanche. J’étais prié hier au soir chez Lord John, mais arrivée là à 9 1/2. J’ai attendu une demi-heure. On ne sortait pas de table, je les ai planté là, je n’ai donc vu personne, & je n'ai rien à vous raconter, sinon que je n'ai pas dormi cette nuit, & que j’ai fait mille plans dont pas un agréable ; c’est qu’il n’y a plus moyen pour moi de rien trouver, de rien rêver, qui me convienne, ou qui soit convenable. Triste destinée ! Je crois que le choléra dispensera des explications à l’Assemblée. Ils auront peur d’être pris de la maladie, on ne siègera pas. 3 heures. J’ai vu lord John un moment. Il ne fait pas l’éloge de Bugeaud, et dit sur lui à peu près ce que Piscatory m'écrit . Il affirme. que le gouvernement français nie qu’on soit convenu de quoi que ce soit à [Gach] Il déplore beaucoup l'attaque sur Rome, et il dit après que fera-t-on ni le Pape, ni les Romains ne veulent rien devoir aux Français. Réflexions générales sur ce qui se passe dans le monde, la faute c’est qu'on ne parvient pas à l’entendre sur aucune question. Voilà à peu près. Il fait aussi froid ici qu'à Pétersbourg. Adieu. Adieu.
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