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Edimbourg, 12 août 1848, Tanneguy Duchâtel à François Guizot
Richmond, Vendredi 11 août 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Midi
Je viens de lire votre lettre. Voici donc une nouvelle adresse pour la mienne. Si tout ce qui me donne tant de chagrin vous donne à vous un gendre, j'en serai charmée. Les nouvelles d’Italie sont excellentes. Milan pris à ce qu'il parait. Qu’est-ce qui vient faire la médiation ? Je pense que Radetzki l’enverra promener. Il est rentré at home. Personne au monde n'a le droit de l’inviter à en sortir. Savez-vous ce que je crois. L'Autriche érigera la Lombardie en état indépendant, sous un prince autrichien. Une autre Toscane. Qui est-ce qui pourra trouver à redire à cela ? Elle gardera Venise comme de raison. Tallenay est parti avant-hier soir pour Paris, furieux ; on lui a donné congé pas trop brusquement on ne sait pas pourquoi ; moi au moins je ne le sais pas ; est-ce parce qu’il m’a rencontré à Holland house ? Beaumont est arrivé. La reine va venir le recevoir. On dit que Normanby a contribué à cette nomination. Il le voyait beaucoup qu’est-ce que vous pensez de lui ? On dit que le Roi de Hollande est très mal. La nouvelle en est venue hier. Je suis charmée que vous soyez sans inquiétude pour Pauline. Ma santé est comme vous l'avez laissée. La Prusse est très intéressante comme nouvelles. Elle est mieux renseignée qu'aucun journal de Paris. Elle dit le secret des négociations très exactement, à ce que je sais. Du reste elle est assez modérée. Opposition, mais contenue. Adieu. Adieu.
Il y a bien longtemps que nous sommes séparés. Adieu.
Ketteringham Park, Vendredi 11 août 1848, François Guizot à Dorothée de Lieven
Onze heures
Tallenay n'a pas réussi à se faire laisser l’honneur de la reconnaissance de la République. Gustave de Beaumont est un honnête homme et un gentleman. Plus de mouvement d’esprit que d’esprit, modéré d’intentions et emporté de tempérament. Point Thiers du tout. Opposé à Thiers, autrefois, quand ils étaient ensemble dans l'opposition. Rapproché de lui aujourd’hui par la nécessité, mais au fond méfiant et hostile. Un des plus actifs de la tribu Lafayette dont il a épousé la petite-fille.
On dit à Paris que Tallenay est rappelé pour m’avoir salué et dit bonjour dans la rue, ce qu'il n'a pas fait. Je serais étonné si Gustave de Beaumont, me rencontrant, ne le faisait pas. Puisque la médiation commune a lieu sérieusement, je penche à croire qu’elle réussira, au début du moins. Les embarras et peut-être les impossibilités viendront après. L'Italie ne sera pas réglée. Mais la République y aura gagné d'être reconnue, et l'Angleterre d'avoir engagé la République dans la politique pacifique au moment de la crise.
Je reviens à ce que je vous disais hier, je crois ; le Président Cavaignac sera une seconde édition du Roi Louis-Philippe. Résistance et paix. Avec bien moins de moyens, de se maintenir longtemps sur cette brèche, où il sera bientôt encore plus violemment attaqué. Ce qui est possible, ce qu'au fond de mon cœur je crois très probable, c’est que les trois grosses révolutions de 1848, France, Italie et Allemagne n'aboutissent qu'à trois immenses failures. Pour la France et l'Italie, c’est bien avancé. L'Allemagne trainera plus longtemps, mais pour finir de même. Grande leçon si cela tourne ainsi. Mais le monde n’en sera pas plus facile à gouverner. Excepté chez vous, l'absolutisme est partout aussi usé et aussi impuissant que la révolution. Et il n’y a encore que la société anglaise qui se soit montrée capable d’un juste milieu qui dure. Je suis dans une disposition singulière et pas bien agréable ; chaque jour plus convaincu que la politique que j’ai faite est la seule bonne, la seule qui puisse réussir et doutant chaque jour d'avantage qu’elle puisse réussir. La lettre que je vous renvoie est très sensée. Je vous prie de la garder. Je vous la redemanderai peut-être plus tard. Si c’est là une chimère, c’est une de celles qu'on peut poursuivre sans crainte car en les poursuivant on avance dans le bon chemin.
Savez-vous notre mal à tous ? C’est que nous sommes trop difficiles en fait de destinée. Nous voulons faire, et être trop bien. Nous nous décourageons et nous renonçons dès que tout n’est pas aussi bien que nous le voulons. J’ai relu depuis que je suis ici, la transition de la Reine Anne à la maison d’Hanovre, et le ministère de Walpole. En fait de justice, et de sagesse, et de bonheur, et de succès, les Anglais se sont contentés à bien meilleur marché que nous. Ils ont été moins exigeants, et plus persistants. Nous échouerons tant que nous ne ferons pas comme eux. Je vous envoie avec votre lettre un papier anonyme qui m’arrive ce matin de Paris, par la poste. Les Polonais sont aussi mécontents de la République que le seront demain les Italiens. Je suppose que l’un d’entre eux a voulu me donner le plaisir de voir que je n'étais pas le seul à qui ils disent des injures. La grosse affaire à Paris, c’est évidemment le rapport de la Commission d'enquête. De là naitra, entre les partis, la séparation profonde qui doit engager la lutte définitive qui doit tuer la République. Dumon m'écrit : « Si je trouve Londres trop triste, j'aurais assez envie d'aller attendre à Brighton le jour où nous pourrons rentrer en France, le jour me semble encore assez éloigné. C’est déjà bien assez pour Cavaignac d'avoir à mettre en jugement les fondateurs de la République sans qu’il se donne l’embarras de mettre en même temps hors de cause les ministres de la monarchie. » Tous les procès à vrai dire, n'en font qu’un et il n’est pas commode à juger. On l’ajournera, tant qu’on pourra. Adieu.
J’aurai demain votre lettre à Lowestoft. Je pars à 4 heure. Adieu. Adieu. G.
Mots-clés : Diplomatie, Diplomatie (France-Angleterre), Discours du for intérieur, Histoire (Angleterre), Politique, Politique (Allemagne), Politique (Angleterre), Politique (France), Politique (Italie), Politique (Œuvre), Portrait, Posture politique, Presse, Réception (Guizot), République, Révolution
Richmond, Jeudi 10 août 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
midi
Lord John était très préoccupé de l’Allemagne surtout. Qu’est-ce que veut dire cette immiscion dans les affaires d’Italie ? Cette guerre au Danemark ? Ces prétentions sur le Limbourg de quoi se mêle Francfort ? Mais ni nous, ni la France, ni la Russie, ni la Prusse probablement ne peuvent le permettre. Nous espérons dans Wessemberg qu'il ait un esprit sage. Quand au Pce de Linange sa nomination nous déplait fort. La Reine est très fâchée. Nous pouvons être dans le cas de faire très mauvais ménage avec son frère. Sur l’Italie, il m’a donné à entendre que la médiation de la France & de l'Angleterre aurait pour base l'Adige. Mais d’un côté il ne sait pas si l’Autriche voudra s’en contenter après les victoires de Radzki, de l’autre il ne me semblait pas très sûr de la France qui a proclamé l’indépendance de l’Italie toute entière. Ensuite, il me dit quoique Cavaignac & Bastide. parlent dans le meilleur sens, on n’est cependant jamais très sûr du même langage deux jours de suite. Enfin il n’était pas très stons en fait de confiance, mais certainement extrêmement anxious d’éviter la guerre. On va faire venir la Reine à Londres pour un conseil où on reconnaitra la république française, et elle recevra. Talleney. Il m’a dit, " et vous aussi vous avez dit que vous reconnaîtriez." Je n’en sais rien. Le Morning Chronicle annonce ce matin que Gustave de Beaumont est nommé ministre à Londres. Ce serait du Thiers n’est-ce pas ? Voici une lettre du duc de Noailles. Renvoyez la moi après l'avoir lue. Constantin m’écrit : " Si l'armée allemande entre dans le Lettland nous intervenons et la guerre en est la conséquence. Que fera la Prusse ? Se soumettra-t-elle à Francfort ? S’exposera-t-elle à voir ses provinces envahies par notre armée ? Ou se joindra-t-elle à nous qui seule pouvons la soutenir et la rendre à son honneur national. " Les réponses de Lord Lansdown à Stanley semblent équivalentes à l’aveu que la flotte anglaise s'opposera de force à l'envoi des troupes napolitaines, contre la seule ses réponses confirment aussi de tous points ce que Lady Holland vous avait dit. Quelle conduite ! Lisez le leading article du Times ce matin, admirable. Que de topics, sur lesquels nous aurions à parler à perte d’haleine. Quel dommage, quel dommage d’être si loin. Votre petit mot ce matin est bien court. J'espère mieux demain. J'ai déjeuné hier chez la duchesse de Gloucester, bonne femme. Adieu, adieu.
Ketteringham Park, Jeudi 10 août 1848, François Guizot à Dorothée de Lieven
Midi
Voici mes deux raisons pour cette mer-ci. Il y a ici deux jeunes gens qui me plaisent et dont l’un paraît se plaire fort à moi et à ce qui me tient. Je suis bien aise d'être quelques jours de plus près d’eux, sinon chez eux. De plus ici, le voyage est fait ; donc bien moins de dépense. Ce n’est pas à Yarmouth que nous allons, mais à Lowestoft, jolie petite ville neuve et en train de grandir, avec une belle plage. J’y suis allé hier. J’y ai trouvé une petite maison sur la plage, propre et suffisante, moins chère que Yarmouth et Cromer. Nous allons nous y établir demain. Ecrivez-moi là : 9 Marine Terrace. Lowestoft Norfolk. Le chemin de fer va jusqu’à Lowestoft. Trois trains chaque jour qui vont à Londres, en 5 heures et demie. Nous aurons nos lettres le lendemain, comme à présent. Et puis dans les premiers jours de septembre, nous n'aurons plus de lettres.
Vous espérez que je commence à sentir le vide. Je vous gronderais si j’étais à Richmond. Il est bien évident que nous ne nous sommes jamais tout dit. Je suis décidé à essayer à mon retour. Nous avons assez d’esprit pour tout entendre, et je vous aime trop pour que la confiance, qui est ce qui vous manque, n’y gagne pas. Si vous étiez bien persuadée de ce qui est, c’est-à-dire que vous êtes tout ce dont j'ai le plus besoin au monde, vous pourriez avoir comme moi quelquefois de la tristesse, jamais d'humeur. C'est fort triste d'être triste. C’est bien pis d'être mécontent. Je veux absolument réussir à extirper de votre cœur toute possibilité de mécontentement.
Votre lettre où vous me racontez Ellice me revient ce matin, avec celle d'Aberdeen. Je crois tout ce que vous a dit Ellice. Je trouve que Cavaignac s’use sans se diminuer, et que Thiers avance sans grandir. Même les coups de fusil à vent ne le grandissent pas. Il tiendra beaucoup de place dans ce qui se fera un jour, mais il ne le fera pas. Certainement si l’Autriche veut garder la Lombardie, il y aura la guerre. Je n’ai pas grande estime de la République, ni des Italiens. Mais je ne puis croire que ni les Italiens, ni la république acceptent à ce point les victoires de Radetzky. En même temps je ne puis croire que l’Autriche n'accepte pas cette occasion de sortir glorieusement de la Lombardie qui la compromet, pour s’établir solidement dans la Vénétie qui la couvre. Je croirais donc au succès de la médiation Anglo-française si Charles-Albert n’était pas dans la question. Mais les Lombards, qui ont eu tant de peine à vouloir de Charles-Albert sauveur, ne voudront plus de Charles-Albert vaincu, et l’Autriche aimera mieux donner la Lombardie à tout autre qu'à Charles-Albert. C'est de là que viendront de nouvelles difficultés, et la nécessité de nouvelles combinaisons. L’Autriche y trouvera peut-être son compte, soit pour fonder au nord de l'Italie quelque chose qui lui convienne mieux que Charles-Albert, soit pour empêcher que rien ne s'y fonde. Si Charles-Albert ne gagne, ni la Lombardie, ni la Sicile, ce sera un grand exemple de justice providentielle. Il se passe quelque chose à Madrid que je ne comprends pas. Pidal ministre des Affaires étrangères c’est bon. Mais pourquoi Moss, son beau-frère, quitte-t-il Madrid pour Vienne ? Et que signifie l’arrestation de Gonzales Bravo ? En avez-vous entendu parler ? Brignole n’est donc pas rappelé. Je le vois toujours en fonctions. Je viens de recevoir la nouvelle Assemblée nationale. Très fidèle à l’ancienne. Le seul journal qui sans dire le mot, se donne nettement pour monarchique. Quelle est l’attitude de la Presse ? Je trouve les Débats bien faits, et tirant bon parti de leur modération pour faire ressortir l'incurable instabilité de ce gouvernement qu’ils n'attaquent point. J’ai ce matin des nouvelles de Claremont. Assez bonnes. On y est de l’avis de M. Flocon et on se tient fort tranquille. J’ai aussi des nouvelles d’Eisenach. On s’y porte bien ; on y vit dignement ; en grande partie aux frais de la Duchesse de Mecklembourg. Sans voiture. Le petit Prince a reçu la visite de quelques camarades de Paris. Adieu.
Pauline va bien. Je n’ai plus aucun sentiment d’inquiétude, Sir John aussi ira mieux. Adieu. Adieu. Vous ne me dites pas si votre fils est parti. G.
Mots-clés : Amour, Chemin de fer, Conditions matérielles de la correspondance, Diplomatie, Diplomatie (France-Angleterre), Eloignement, Enfants (Benckendorff), Enfants (Guizot), Finances (François), France (1830-1848, Monarchie de Juillet), Politique (Autriche), Politique (Italie), Presse, Réception (Guizot), Relation François-Dorothée, Relation François-Dorothée (Dispute), Vie domestique (François), Voyage
Ketteringham Park, Mercredi 9 août 1848, François Guizot à Dorothée de Lieven
7 heures
Je vais déjeuner et je pars pour Yarmouth. Le fils ainé de Sir John m’y accompagne. Je prendrai là des chambres dans un hôtel, à la semaine, et je reviendrai dîner à Ketteringham pour emmener, après-demain probablement, mes enfants à Yarmouth. J’ai été plus content de Pauline hier. L’ébranlement nerveux se calme. Il fait beau ce matin. Richmond doit être encore bien joli. Je n’aimais pas beaucoup Richmond ; vous m'aviez quitté pour y aller. Je l’aime parce que je vous y ai vue. Adieu. Adieu.
Ce qui m'ennuie le plus de cette course, c’est que je n'aurai votre lettre qu’en en revenant. Il faut se régler sur les heures des chemins de fer. Adieu. Adieu.
Paris, ce 9 août 1848, Amélie Lenormant à François Guizot
Richmond, Mercredi 9 août 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
onze heures
En relisant votre petit mot de Lundi, je le trouve bien triste. Cela ne vous est pas habituel. L’accident de Pauline vous a inquiété, la maladie de votre hôte, le dérangement de votre plan d'Ecosse, tout cela ensemble vous vexe. Vous concevez surement à sentir aussi le vide, l'absence de conversation, de nouvelles, dans un moment si immense comme intérêt, importance de tous les côtés. Croyez-moi tout votre plan d’été a été mauvais. Laissez là la mer du nord. Venez de ces côtés. Etablissez vos enfants avec Melle Chabaud dans un des petits homes de mer de la côte méridionale. Quand vous ne serez pas auprès d'eux, venez auprès de moi, ce régime vous ira beaucoup mieux. Et [?] pour mer, celle au midi n’est surement pas la plus mauvaise. Pourquoi ne m'avez-vous pas écouté plutôt ! Je ne veux plus faire de reproches, mais je voudrais que vous fissiez attention à mon conseil à présent.
J’attends votre lettre aujourd'hui avec anxiété. Les affaires grossissent beaucoup à Paris, en Italie. Que va-t-il arriver, et tout de suite ? Nous pourrions parler sur cela tout le jour, que je regrette entre autre nos trios avec Aberdeen. Ce n'est pas le moment vraiment de s'éparpiller à présent.
Midi. Voici votre lettre. Ainsi Yarmouth à présent. Pardonnez moi, mais tous ces changements n’ont pas de sens. Et voilà que vous n'arriverez au but de votre voyage qu'au bout de 15 jours. Je ne me trouve guère avancée. Voulez-vous bien me dire maintenant quel jour vous reviendrez à Londres ? Je suis de bien mauvaise humeur. Je ne vois pas du tout de quoi j'aurais à me réjouir comme vous me le diriez dans votre lettre de Samedi. Je n’ai aucune nouvelle à vous mander. Vous lisez les journaux maintenant. On dit que Yarmouth est la ville la plus sale de l'Angleterre Adieu. Adieu. Lord John Russell sort de chez moi. L'Angleterre va reconnaître la République. Il espère qu'on s'entendra sur l’Italie. La frontière de l'Adige absolument, c’est ce que veut l'Angleterre, pas moins.
Alverbank Gosport, the 29th July 1848, John Croker à François Guizot
Ketteringham Park, Mardi 8 août 1848, François Guizot à Dorothée de Lieven
Onze heures
J’ai cinq minutes. Je vais rejoindre à Norwich le train du chemin de fer qui va à Yarmouth. C’est à Yarmouth que mes enfants prendront quelques bains de mer. Le médecin sort d’ici. Il trouve Pauline pas mal, c’est-à-dire point de vrai mal, mais encore assez ébranlée. Il veut encore deux ou trois jours de repos. Puis quelques bains à Yarmouth, près d’ici, à peine un voyage. Les habitants de Ketteringham viendront nous y voir. A part la raison de santé, je vous dirai mes raisons pour aller à Yarmouth, près d’ici. Vous les trouverez bonnes. Je vous quitte. L’heure du train me presse. Merci de votre longue et bonne lettre qui vient de m’arriver. Je vous écrirai demain à mon aise. Adieu. Adieu. G.
Une heure On m’a fait observer que tout bien calculé, je n’arriverai probablement pas à Norwich à temps pour le train d’Yarmouth. Je n’irai donc que demain matin. Je vais là choisir un logement. Je reviendrai ici, et nous irons à Portsmouth à la fin de la semaine. Toujours pour trop longtemps mais pas pour longtemps. Le médecin n'a point d’inquiétude pour Pauline, mais elle a été [shaked] in her whole frame. Je ne lui ai pas refusé une promenade à cheval par ce qu’il y a beaucoup monté. Soyez tranquille ; je n’y monterai point. Guillaume monte très bien.
Je ne crois plus à l’intervention en Italie. On n'en veut évidemment pas plus à Paris qu'à Londres. L’Autriche cédera sur la Lombardie. On forcera les Italiens de céder sur la Vénétie. Et le Roi Charles Albert battu aura son royaume comme, s'il l’avait conquis. Quoique peu en train de rire, je ne puis m'empêcher de rire de la république ; elle copie, timidement ce qui s’est passé après 1830. La Lombardie sera la contrepartie de la Belgique. On règlera cette question là, comme l'autre, de concert entre Paris et Londres. Mais sans mettre le pied au delà des Alpes. Il faut dire de la République ce qu’on a dit de je ne sais plus qui : " ce qu’elle fait de nouveau n’est pas bon, ce qu’elle fait de bon n'est pas nouveau. "
Je compatis fort au chagrin de l'Empereur sur sa fille Olga. Mais elle a raison. Quelle honte au Roi de Wurtemberg ! Pis que le Roi de Bavière. Je suis humilié de la conduite des Rois comme si j’étais un Roi. J’ai mon Journal des Débats. On est fort en trais de refaire un autre parti conservateur. Et celui-là enterrera un jour la République. Chaque crise révolutionnaire en France fait monter au gouvernement une nouvelle couche de la société, prise plus bas. Et celle-là est à son tour forcée de devenir conservatrice, tant bien que mal. Je ne vois pas comment on s'y prendrait pour descendre plus bas que le suffrage universel. J’ai écrit à Lord Aberdeen. J’aurai demain ou après-demain tout ce qui m'a été envoyé à St Andrews. Ecrivez-moi encore ici, Adieu, Adieu. Quel plaisir quand nous nous retrouverons. Mais que de choses nous nous serions dites que nous ne retrouverons pas ! Adieu. Adieu. G.
Richmond, Mardi 8 août 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Midi
Mon fils a longtemps causé hier avec Tallenay. Celui-ci lui a dit qu’il n'y avait un jusqu’ici que de la conversation avec Palmerston. Le désir de s’entendre, le désir comme d’éviter la guerre, & d’offrir la médiation commune que cependant les prétentions de l’Autriche étaient telles qu'il était fort douteux qu'on puisse les présenter, & que lui Tallenay ne croyait pas du tout à la réussite ni de l’entente ni de la médiation. Et il y croyait moins encore depuis l’article du National que je vous ai envoyé hier, & qu’il regarde comme officiel. Tallenay ayant appris que Marast devait le remplacer a fait comprendre à Paris qu'il ne le souffrirait pas. Que s'étant chargé de les représenter dans un moment où ils n’avaient rien d’honorable & de convenable à envoyer, ni il était en droit d’attendre des égards. Qu'il concevait que lorsque les relations seront établies régulièrement on tient à avoir ici une bonne politique considérable. Mais que c’était lui qui devait rester jusqu'à ce moment, c.a.d. lui faire reconnaître la république. Il a ajouté que d’après ses lettres de Paris, on se conformerait à cela. Montebello a vu des lettres de Paris. Flocon a dit que dans 6 mois personne ne voudrait plus de la République. Cause perdue. Vous voyez comme l’Assemblée nationale s'échauffe. Le rapport sur l’enquête a fait un grand effet. Beaucoup de lettres menaçantes anonymes. Enfin cela va devenir gros. La déclaration de Palmerston hier au Parlement est quelque chose. Cela prouve le travail commencé. Mais il me parait impossible qu’après de si éclatants succès l’Autriche se contente de ce qu’elle demandait lorsqu'elle était en mauvaise situation d’un autre côté comment la France pourrait-elle faire moins qu'assurer la Lombardie à l'union italienne. Ici l’opinion sera un peu combattu. Mais en toute justice peut-on imposer à l’Autriche des sacrifices quand c’est elle qui a été attaquée, chassée, & que c’est elle qui triomphe ! Quel dédale. Et puis Francfort ! Et puis Berlin. ¨Pas d’hommage le 6. Ainsi un commencement de résistance à la volonté de Francfort. Que de choses à nous dire, que de raisonnements à perte de vues ! Comme vous êtes loin ! J’attends votre lettre ; je n'ai rien à vous dire de nouveau que ce qui précède. Ma santé est comme vous l'avez laissée. Je crois que mon fils part demain. Adieu. Adieu. Voici le National. Curieuse.
3 heures. Voici votre lettre. Vous me paraissez être in a perplexing state cela m'inquiète aussi. Vous serez probablement très mal à Cromer sans aucune ressource. Pourquoi ne pas revenir ? La mer du nord est la moins bonne pour les bains de mer. S'il les faut absolument allez donc les chercher sur la côte méridionale. St Leonard, Hastings, Weymouth, si vous ne voulez pas de Brighton. Encore plus chaud. Mieux civilisés. Enfin je ne trouve pas qu’il y ait beaucoup de good sens dans tous vos projets. Pardonnez-moi de croire que si je m’en mêlais cela serait mieux. La presse a reparu hier, je l’ai reçu, pas lu encore. Les Débats se moquent très joliment d’un nouveau journal de l’Etat qu’on veut mettre au monde.
Alverbank Gosport, the 7th August 1848, John Croker à François Guizot
Ketteringham Park, Lundi 7 août 1848, François Guizot à Dorothée de Lieven
Midi
Je ne suis pas content. Pauline est encore très fatiguée. Point de mal proprement dit ni à la tête, ni au cœur, ni nulle part. Mais moulue de tout le côté gauche. Et ses écorchures qui sèchent l'empêchent de bien dormir. Il lui faut encore deux ou trois jours de repos. De plus le maître de la maison, Sir John est dans son lit depuis hier, avec un rhume qui est, dit-on, de la goutte dans la poitrine. Il devait me conduire aujourd’hui à Cromer. J’irai demain seul avec Henriette. Cela fait de la tristesse et de l’embarras pour tout le monde. Les contrariétés s’enchainent. Trop heureux quand elles ne deviennent pas des chagrins. Je ne voudrais pas que cette maison-ci eût des chagrins. Ce sont d’excellentes gens, très affectueux et très ouverts. Je n’ai pas de lettre ce matin. Je m’y attendais. Pas de journaux non plus, ni anglais ni français donc rien à vous écrire. J'aurais bien à vous dire si vous étiez là. J’aurai après demain tout ce qui a été envoyé pour moi à St Andrews. Ecrivez-moi encore ici. J’irai certainement m'établir dans la semaine à Cromer si j'y vais. Mais en tout cas, on m'y enverrait d’ici mes lettres. C’est la route. J'espère que vous n’êtes pas mal. Vous ne m'en dîtes rien. Adieu, adieu. Je suis en triste disposition. Je ne m’y laisse pas aller. Mais quand même, on se retient sur une pente, on y est. Adieu. Adieu. G.
Mots-clés : Enfants (Guizot), Santé (enfants Guizot), Tristesse
Richmond, Lundi 7 août 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
11 heures
J'ai été hier à Holland house. J'y ai rencontré assez de monde. Voici le butin. La France et l'Angleterre travaillent en commun à une médiation entre l’Autriche et Charles Albert. La France fera appuyer cela par une démonstration militaire, mais la guerre non. Ce qui préoccupe le plus la France & tout autant l'Angleterre, c'est l’Allemagne. Ni l'une et l’autre ne veulent de l'unité allemande. Surtout par lord Palmerston. Partout il prêche la réaction, & la fomente avec la même ardeur qu'il mettait à prêcher la révolution. Le mouvement en France est très vif, mais le Roi & le gouvernement comprennent. Quels insensés ! On ne sait pas comment se sera passée la journée d’hier. L’hommage. Peut être y aura-t-on renoncé. Le sentiment public à Hanovre mauvais. Le roi avait été soutenu d’abord chez lui, mais depuis comme aucun souverain ne l’a invité, on a perdu courage et on l’abandonne. On blâme beaucoup la fuite du Roi de Wurtemberg. Lui aussi est allé se divertir & se reposer avec une actrice. la grande Duchesse Olga dans le mouvement ! Est-il possible ? Kielmansegg affirme. Bunsen n’aura pas les Affaires étrangères à Francfort Mais il sera probablement nommé Ambassadeur du [?] ici. Et ici on est très décidé à ne pas reconnaitre la nouvelle Allemagne. En général à ajourner le plus possible toutes les reconnaissances. Etrange situation négocier avec des gens qu'on ne reconnait pas. Conclure des conversations peut être, avec la France & n’avoir aucune relation officielle. On dit qu'on pousse à la république à Vienne pour se ménager les droits d'aller y rétablir la monarchie à la tête de l'armée, alors seulement l'Empereur y rentrera. Far fetehd plan. Les bruits de Paris sont que Cavaignac ne tiendra pas longtemps. Après lui [Lamartine] & Thiers. Après ceux là Changarnier ramenant la Monarchie. L’échec de Goudchaux faisait du bruit, mais on ne dit pas cependant qu'il se retire. Toutes fois c’est le Ministre du dictateur battu. Parmi les choses que m’a dit Ellice j’ai oublié je crois de citer que c’est décidément Marast qui sera envoyé à Londres, si le National règne encore quand on nommera un ambassadeur.
2 heures
Je suis contente, mais seulement à demi contente. L'Ecosse à bas, bon. Mais pourquoi les bannir de ceux en Norfolk, et pourquoi pas près d'ici sur la côte méridionale. Je ne comprends pas. Je vous adresse toujours ici chez M. Boileau. Il faudra me dire où [?] & quand je dois changer d’adresse. Je vous plains de n’avoir pas vos journaux. Vous voyez que toute cette invention de voyage était mauvaise j'espère que l’accident de Pauline n’aura point de suite. Comment n’avez vous pas su dire non quand elle vous a demandé de la laisser monter à cheval ? Sachez bien qu’il n’y a pas un cheval bien dressé en Angleterre, de même qu'il n’y a pas un garçon ni une jeune fille qui ne soit très bon Cavalier. Et bien, excepté Guillaume je crois tout le reste du ménage très peu exercé. Melle Chabaud, je ne sais pas, peut-être, mettez-la à cheval. Je vous conjure donc de n’y pas monter. Sachez donc une fois m’accorder ce que je vous demande. Je m'en vais me mettre à penser à votre Cromer dont je n'ai jamais entendu parler. Je compte que vous vous y amusiez bien, que vous aurez soif de causerie. Enfin, c’est certainement mieux que l’Ecosse. Mais ce n’est pas si bien que vous auriez pu faire. J'ouvre mes journaux. Le National de Samedi ne m’est pas arrivé. je découpe le leading article du journal de hier dimanche. J'ai souligné, ce qui me parait Capital. On laisse à l’Autriche. la Vénétie. Adieu. Adieu. J’ai le cœur plus léger depuis qu’il n’y a plus d’Ecosse. Je voudrais l’avoir content . Cela viendra, quand vous viendrez. Adieu.
Paris, ce 6 août 1848, Amélie Lenormant à François Guizot
Ketteringham Park, Samedi 5 août 1848, François Guizot à Dorothée de Lieven
8 heures
J’ai eu hier une pénible alerte. Pauline est tombée de cheval. Ce n’est rien. Point d’évanouissement, point de mal de tête. Quelques écorchures et un peu d’ébranlement. Elle n’et pas en peur et s’est relevée sur le champ elle-même. Elle a dormi. Elle est bien. Je compte tout-à-fait que dans deux ou trois jours, il n’y paraîtra plus. Pourtant le long voyage d'Ecosse me préoccupe pour elle. Je suis bien près d'y renoncer. Il faut que je leur fasse prendre des bains de mer sans aller si loin.
Je n'aurai point de journaux français ce matin. Ils vont me chercher à St Andrews. Et peut-être point de lettre de vous, ce qui me déplait beaucoup plus. Car vos lettres tristes me manquent autant que vos lettres contentes.
Plus je pense à la France, plus je trouve que la situation s’aggrave, et s’aggrave sans s'abréger. Charles Albert ne se tirera pas d'affaire tout seul. Si la France ne l’en tire pas, c’est la république en Italie. Si la France l’en tire, c’est la guerre en Europe. Et dans l’une ou l’autre hypothèse, il n’y aura point de résolution assez nette, point d'action assez forte pour en finir réellement et vite. Les hommes sont devenus timides sans cesser d'être fous. On n'avancera pas. On ne tombera pas. On chancèlera, Dieu sait combien de temps, tantôt du bon tantôt du mauvais côté.
Midi
Merci de votre lettre. Je ne l’espérais guère. Vous vous trompez dans vos conjectures, sur mes réticences. Je n’avais aucun projet, même vague, de rester ici plus de trois jours. Je n’y ai consenti que parce que j’ai abrégé de six à huit jours le séjour en Ecosse. Mais vous avez raison, dans vos calculs. Le voyage d’Ecosse serait plus cher que je ne pensais. J'y renonce décidément. Et mes enfants font leur sacrifice de bonne grâce, Dieu leur en saura plus de gré qu'à moi. Et ce sera justice. On me dit qu’il y a ici près sur la côté du Norfolk d'assez bons bains de mer. On me donnera des renseignements dans la matinée. Je vous écrirai demain avec détails. Je n'ose me promettre, de ceci, le retour immédiat et définitif à Brompton. Il me faut, des bains de mer. Mais, en tout cas, plus de grande distance, et l'absence bien moins longue. Et j'espère aussi quelque interruption à l'absence. Vous ne recevrez pas ceci avec plus de plaisir que je ne vous l'écris. Quoique les lettres tristes me manquent autant, les lettres contentes me plaisent davantage. Vous qui me reprochez de ne dire non qu'à vous, vous ne savez pas ce qu’il m'en coute de ne pas vous dire toujours oui.
Charles Albert dictateur, et M. Rossi premier ministre du Pape ! Car il acceptera si le Pape insiste. Vous dites vrai ; le monde est drôle. Mon optimisme est mis à de rudes épreuves. Pourtant je persiste à espérer. Attendons. On attend toujours en ce monde.
J'envoie votre lettre à Duchâtel qui est à Edimbourg ou à Portobello. Quand j'aurai mes renseignements sur les bains de mer d’ici, j'écrirai à St Andrews et à Lord Aberdeen pour leur donner congé. Adieu. Adieu. Il pleut beaucoup. Adieu. G.
4 heures
Je rouvre ma lettre. Je suis très contrariée pour vous. La poste ne part pas d’ici aujourd’hui parce qu’on ne distribuerait pas les lettres à Londres demain dimanche. Vous comprendrez pourquoi vous n’avez pas de lettre. Adieu, à demain. Dimanche 6 août, une heure. Je reviens du sermon. Il faut être correct ici. D'autant que mes hôtes sont affectueux et contents de m'avoir outre mesure. Trés bonnes gens et très bon échantillon de la country gentleman life. Ne soyez pas malade, même en peinture. Il y a des bains de mer à 24 milles d’ici à Cromer, et à 18 milles, à Leicester, près d’Yarmouth. Sir John m'y mène demain avec ses chevaux. J'y choisirai un appartement. On dit qu’il y a un assez bon hôtel. Et puis j'y mènerai mes filles. Pauline est bien. Quoiqu'ayant encore besoin de deux jours de repos. J’ai le cœur bien léger de ne plus aller si loin de vous. J’écris à Glasgow, à Edimbourg, à St Andrews et à Haddo. Pour ravoir mes lettres et faire mes excuses. Et à Brompton pour qu'on m'envoie ici et à Cromer mes journaux. Ils me manquent beaucoup. Votre lettre de ce matin, me met au courant. Si Cavaignac garde Goudchaux avant- un mois, il s’appuiera sur les Communistes. Adieu. Adieu.
Pauvre Aggy ! Le départ du Roi de Würtanberg me frappe. Plus d’un Roi l’imitera. Le dégoût est dans ces rangs là. Par fatigue, par mollesse, par esprit de doute et d’égoïsme. Les grands descendent et les petits ne montent pas. Adieu. Adieu, Adieu. G.
Mots-clés : Conditions matérielles de la correspondance, Finances (François), France (1848-1852, 2e République), Politique (France), Politique (Italie), Politique (Vatican), Politique extérieure, Relation François-Dorothée, Relation François-Dorothée (Dispute), Religion, Réseau social et politique, Rossi, Pellegrino (1787-1848), Santé (enfants Guizot), Voyage
Richmond, Samedi 5 août 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
2 heures
Quand une idée qui me plait s'empare de moi, je la prends pour un fait, & je la travaille. J’ai donc travaillé cette nuit. Et j'ai découvert qu’il ne vous fallait qu’un prétexte pour revenir du Norfolk ici et abandonner le reste de votre voyage. Voulez-vous que ce soit moi, très malade ? Et bien, je serai très malade. Et aussi longtemps qu’il vous plaira. Je n’ai vu personne. Je ne sais donc rien, mais vraiment les journaux donnent assez. Seulement ment je crois que vous n’avez pas les j. français & ce serait dommage. Le National décidément contre l’intervention. Le Constitutionnel aussi certainement elle ne se fera pas mais probable ment médiation menée de la France & l'Angleterre. Le discours de Thiers mercredi a fait beaucoup d’effet. Sa dispute avec Gouchaux semble être un événement. L’Assemblée nationale divisée & la rue de Poitiers en dissidence éclatante avec le Gouvernement. Il me serait très difficile de retrouver dans ma mémoire ce que m’a dit Ellice. Je m'étais hâté de vous l'écrire, et puis je l'ai dismissed de ma tête comme inutile. Le compte-rendu est à Glasgow post office. Aggy va très mal c’est probablement l’hydropisie. Tout cela rend peu probable que les Ellice restent à Brighton qu’elle meure ou qu’elle traine on partira de là. Vous ai-je dit que Bulwer est parti subitement pour Paris pour empêcher sa belle Espagnole d’arriver ? Il veut décidément le mariage. Entre ici et demain, je verrai probablement lord John. J'attends votre lettre d’hier. La voici. Merci, merci. Intéressante curieuse. Vous avez bien de l’esprit et du good sense, que j'aime au moins autant que l’esprit. D’après votre nouvel arrangement de voyage, je pense que je vous écrirai encore demain à Norfolk. Et depuis lundi à Edimbourg ! & depuis Mercredi à St Andrews. Est-ce comme cela ? à moins que ce ne soit Brompton. Hélène me mande que le choléra décroit. Pendant sa durée, l’amant avait perdu sa vertu ou au moins sa force diminue de moitié. N’est-ce pas curieux ? Les savants sont très occupés de cela. L'Empereur toujours inquiet de sa fille. Elle résolue à ne pas abandonner son mari. Le père ? approuve, admire, & pleure. Le Roi de W. est parti, son fils est régent. L’abdication s’en suivra. Adieu. Adieu. Pas un mot de plus de nouvelles.
Richmond, Vendredi 4 août 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
2 heures
Ce n’est pas ma faute si ma lettre hier est allé à Glasgow. J'ai là tracé de votre écriture que je ne devais écrire que deux fois dans le Norfolk. C’est ce que j'ai fait. En me disant le contraire hier il était bien clair que cela devait m’arriver trop tard. J'ai bien quelque soupçon de votre laisser-aller et de vos faiblesses. Et je m'en étonne toujours un peu. Quand on vous demande une chose, vous dites oui, excepté à moi. Montebello était ici hier soir & s’étonne que vous vous soyez embarqué dans un voyage si lointain avec tant de monde. Cela coûte cher en Angleterre et quand vous ferez vos comptes vous trouverez que des bains de mer pouvaient être pris à meilleur marché plus près. Personne ne vous forçait à les aller chercher à St Andrews. Reste les visites. D'abord les voilà réduites à Aberdeen, & Lord Breadalham ; car les Argyle n'y seront pas. Elle vient d’annuler. Hier elle était assez mal, un shivering, Breadalham c'est peu intéressant. Aberdeen revient dans deux mois. Je retourne aux dépenses. Second class même qu’est-ce que cela va vous couter pour une si grande distance ? Calculez. Et voyez si le bon marché de 3 semaines à St Andrews forme équilibre. Je parie que non. Et qu’en mettant par dessus cela mon chagrin, la spéculation est de tout point mauvaise puisque vous restez encore trois jours là où vous êtes, méditez sur tout cela & revenez, that is the best thing you can do.
Je vous envoyais hier à Glasgow ma conversation avec Ellice. Intéressante, je ne pense pas recommencer ; & une lettre de L. Aberdeen, je ne puis plus courir après. Hier j’ai été à Claremont très polis et très en train. Le roi affirmatif que la France n’interviendra pas, qu’elle ne peut pas intervenir. Je le crois aussi tout-à-fait. Et qui irait on aider ? Un Roi ou la république ? Car il parait maintenant que c’est là ce que voudront les Italiens. Curieuse situation. On dit aujourd'hui que Turin a proclamé son Roi dictateur. La mode française qui va faire le tour du monde. Quel bon tour à jouer au monde. En vérité tout est drôle. il n'y a que moi qui ne le suis pas du tout Comment voulez-vous que j'aille seule courir jusqu’à Haddo pour quelques jours de Haddo ; ce serait ridicule, et par trop fatigant, & encore une fois seule impossible. Revenez, pensez y bien, moi je vais y croire, je crois si vite ce qui me plait ! Voici une lettre que je vous prie d'envoyer à Duchâtel. Vous savez sans doute où il se trouve. Adieu. Adieu. Quelle tristesse. Que Votre absence. Que de choses à nous dire. Ah que vous avez eu tort. Si vous le répariez. Adieu. Adieu.
Je m’en vais être vraie. Quand vous écrivez au crayon les adresses Je me suis dit, je parie qu’il restera plus de deux jours chez Boileau. J’ai eu tort de ne pas vous le dire ; vous avez tort de méditer cela & de me le cacher. & vous me cachez cela parce que vous craignez que je ne vous querelle sur les délais. Voilà que je suis mise au régime que vous recommandez la vérité. Et puis voyez ce qui en arrive, c'est qu'on perd du temps à se dire cela, c.a.d. à l'écrire. Pauvre lettre par conséquent & qui va vous ennuyer. Adieu.
Ketteringham Park, Vendredi 4 août 1848, François Guizot à Dorothée de Lieven
Je n'ai pas de lettre. Je n'en dois pas avoir. Vous ne saurez qu’aujourd’hui que je reste ici deux jours de plus. J'en partirai lundi matin. Il n’y a pas moyen d'aller en un jour d’ici à Edimbourg. J’irai coucher Lundi à York et mardi à Édimbourg. J’y passerai le Mercredi. Je serai jeudi à St Andrews. J’y établirai mes enfants et j'écrirai à Lord Aberdeen pour lui demander quel jour il veut de moi à Haddo. Y viendrez-vous ? Si vous y venez dites-moi les projets pour que j'adapte mes mouvements aux vôtres. Nous pourrions passer là huit jours charmants. Je crains votre crainte de la fatigue. Ce qui est bien triste, c’est que demain encore peut-être, je n'aurai pas de lettres. Ce ne sera pas votre faute. Je ne me plains pas. Mais j’ai bien envie d'avoir une lettre.
Je reçois ce matin des nouvelles de Paris. Bien sombres pour le dedans et pour le dehors. Milan menace de la République, si on ne lui donne pas l’intervention. La République rouge menace Paris, si on ne donne pas à Milan l’intervention. Et si on donne l’intervention, Cavaignac ne pourra se passer pour la soutenir, de mesures qui ne peuvent se passer de l’appui de la république rouge. Bastide veut se retirer. Goudehaux veut se retirer, si en ne lui donne pas des nouveaux impôts. Il veut maintenir les anciens impôts, qui pèsent sur les pauvres comme sur les riches, et il ne le peut qu'en en établissant de nouveaux qui ne pèsent que sur les riches. Les riches se défendent. Les communistes se frottent les mains. M. Proudhon rit au nez de M. Goudehaux et de M. Thiers. Les journalistes relèvent la tête. Girardin épie le moment de prendre sa revanche sur Cavaignac. Sinon une nouvelle crise de guerre civile du moins un nouvel accès de chaos est près d'éclater, si on peut parler d'accès au milieu d’un chaos permanent. Ceux qui gouvernent la république sont très abattus. Leurs héritiers présomptifs sont très abattus. Le fardeau, chaque jour croissant, écrase ceux qui le portent, et épouvante ceux qui le regardent. Juste et universel châtiment qui ne fait que commencer. Je persiste de plus en plus à croire à la fin, et aux abymes du chemin qui mènera à la fin. Je n’ai jamais été moins désespérant et plus triste. On m'écrit : « J'ai vu chez lui M. de Girardin. Il est ferme, contenu, et passionnément irrité. Hier au soir, il est venu me voir : « La presse, m’a-t-il dit, paraîtra mardi. Je lui ai demandé si c'était sur une autorisation. « - Non - je ne sais comment cela se passera ; mais si par hasard il espérait qu’on se battra à son intention, il compterait sans son hôte. Je connais des gens qui, sous votre ministère, trouvaient que les tribunaux mutilaient la presse et que ce serait une occasion de chute. Je les ai entendus regretter qu’on n'eût pas fusillé de suite M. de Girardin. Les lâchetés qu'on entend font horreur. » Les lâchetés retardent les luttes, mais ne les empêchent pas. Tôt ou tard il faut y venir. Du reste je vois que la presse n’a pas paru mardi. On m'écrit encore : « Quelque doux que soit l'état de siège nous ne pouvons en faire une situation normale. Qui soit même si un jour on ne reprochera pas à la Constitution sa création au moment d’une dictature ? Il y a là un péché originel dont aucun baptême ne peut laver la souillure. » Vous voyez qu’on se prépare des arguments. Je suis très frappé des débats de l'Assemblée que mon Journal des débats m’apporte ce matin ; débat sur les journaux, débat sur les finances. L’attaque commence entre Cavaignac et son cabinet. Ils se défendront mal ailleurs que dans la rue, ce qui ramènera pour eux la nécessité de se défendre dans la rue. Toujours le même cercle, bien vicieux. Et que fera Francfort si Paris vient protéger Milan contre Vienne ? Vous ne me le diriez certainement pas si nous étions ensemble. Pourtant nos deux ignorances réunies valent presque une science. Adieu. On m'a mené hier à Norwich voir un Musée, une cathédrale et un château fort, et me faire voir à de vous bourgeois réunis devant la porte du château. Aujourd’hui il tonne et il pleut. Pourtant voilà un peu de soleil. Je me promènerai dans le parc. M. Hallam vient de partir. On attend d’autres voisins. Adieu. Adieu. Je vois presque de ma fenêtre les fils du télégraphe électrique qui longe le chemin de fer. Quel dommage que nous ne puissions pas nous en servir vingt fois par jour ! Adieu. Je me porte bien. Et vous ? Adieu. Adieu. G.
Richmond, Jeudi 3 août 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
jeudi 2 heures
Les victoires de Radetzky m’enchantent. Que va faire votre gouvernement ? Je doute qu'il intervienne. Je crois à une médiation anglo-française. Nous verrons. J’ai vu hier Ellice. Il part demain pour St Andrews. Je ne veux donc pas répéter ce qu'il vous dira mieux que moi. Mais pour le cas où ma lettre vous arrive avant la-personne voici à peu près. Thiers de l’influence, mais pas de pouvoir. Cavaignac honnête homme continuant la politique de Lamartine déshonnête. Entre les mains du National comme son devancier. De l’ordre à Paris. Du respect pour Cavaignac. Grande envie de rester à toute éternité sous l’état de siège. Intimité contre le gouvernement avec Normanby. Celui-ci très prudent. Ayant même eu peur de voir Thiers. Ellice s’est chargé de cela, comme il s’est chargé de tout. Cela va sans dire. Son opinion est qu’il y aura guerre qu'il faut la guerre pour qu’il en ressorte en homme qui devienne le Bonaparte ou le monde. Thiers sera le Talleyrand de ce dénouement, mais jamais le principal. Je ne sais pas autre chose car je n’ai vu personne. Constantin me dit que l’indignation est générale à Berlin. On foule aux pieds la cocarde tricolore. Jamais l’armée ne voudra obéir à Francfort, nous verrons, & tout de suite. Le temps est affreux. Pluvieux & froid. Adieu, " que le jour me dure ". Adieu. Adieu.
Ketteringham Park, Jeudi 3 août 1848, François Guizot à Dorothée de Lieven
Onze heures
Voilà votre lettre d’hier. Il y a du vrai dans votre premier reproche. Je crains trop les contradictions, les objections, les chagrins, du premier moment, ce qui m'empêche souvent de faire ou de dire ce qu’il faudrait pour éviter ceux du dernier moment. J’y veillerai pour m’en corriger quoique je sois vieux. C’est une faiblesse pleine d'inconvénients. Et quand les inconvénients arrivent, personne ne les sent plus vivement que moi. Juste mais triste punition de la faiblesse. Je n'accepte pas votre second reproche. Je traitais jusqu'ici l'affaire des papiers avec Génie par M. Palmerston. C'est pourquoi je ne lui avais pas écrit directement et spécialement quels étaient ceux que je tenais surtout à avoir ici. M. Palmerston n'ayant pas fait l'affaire, j’ai écrit à G. en lui donnant, à lui-même la résignation que j’avais donnée à M. P. G. avait fait remettre quelques papiers à P.. Mais ce ne sont pas ceux auxquels je tiens. Si vous étiez là, je vous expliquerais en détails. Mais soyez sûre que j’ai mis à cette affaire là tout le soin possible ! Soin difficile de si loin, et avec toutes les réserves qu’il faut garder.
On est bien craintif à Paris. On ne parle qu’à demi-mot. On ne remue qu'en hésitant. Pour tout ce qui se rapporte à certains moments et à certaines personnes. Mais j'en viendrai à bout. Et malgré, ma vive contrariété du retard, je ne puis avoir d'inquiétude réelle, et définitive. Ecrivez-moi, encore ici jusqu’à samedi après demain. Je n'’en partirai probablement que lundi matin. Moyennant que j'abnéguerai le séjour en Ecosse. J’irai seul chez Lord Aberdeen, pendant que mes enfants seront à St Andreas, Melle Chabaud y restera avec eux jusqu’au moment du départ. Viendrez-vous maintenant chez Lord Aberdeen ? Ce serait bien joli, j’emploierai ainsi le temps des bains St. Andrews. Il serait bien long et pas bien amusant de vous dire pourquoi ce nouvel arrangement se rattache à deux jours si plus passés ici. Mais c’est le fait, et le bon fait si vous venez à Haddo.
Voilà le Roi de Sardaigne bien évidemment en retraite. Retraite heureuse pour lui, si elle le force à traiter avec les Autrichiens c’est-à-dire si elle force les Italiens à le laisser traiter avec les Autrichiens au prix de Venise. Je vois ce matin dans le Globe qu’il a demandé à Paris l’armée française et qu’on lui a répondu par le médiation française. Ce serait un peu votre politique. Cependant M. Bastide vient de promettre encore l’intervention, si l'Italie insiste. Et j'ai peur qu'elle insiste. Charles Albert ne me paraît guère, en état de dire non à Mozzini. Les honnêtes gens en France regarderont comme une victoire l’ordre du jour de l'Assemblée nationale sur le discours de M. Proudhon. Et en effet, s'en est une, à quelles victoires sont tombés les honnêtes gens ! Cavaignac et Bastide ont eu toute raison de se refuser à Mauguin. Adieu. Adieu. Je vous quitte pour aller à Norwich voir une belle cathédrale. Je fais comme si j'étais curieux et on m’en sait gré. Le temps est passable. J’ai marché hier deux heures dans la campagne. Connaissez-vous Lord et Lady Woodhurst ? Non pas les personnes mais le nom. Les personnes sont deux jeunes gens de bon air et d'assez d’esprit qui sont venus dîner hier. Adieu. Adieu. Adieu. G.
Mots-clés : Archives (Guizot), Autoportrait, Conditions matérielles de la correspondance, Diplomatie, Enfants (Guizot), Exil, France (1848-1852, 2e République), Politique (Autriche), Politique (France), Portrait, Relation François-Dorothée (Dispute), Relation François-Dorothée (Politique), Réseau social et politique
Richmond, Mercredi 2 août 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
10 heures
Tout ce que vous prêchez dans votre lettre est excellent. Mais c'est à vous et non pas à moi qu'il faut le dire. Ce n’est pas moi qui ne dis pas tout. Ce n’est pas moi qui arrange des plans, qui fais des promesses, avant de vous en parler. Vous promettez des visites comme vous promettez des plans. Avec cette différence qu'ici vous vous croyez obligé par votre promesse et qu’en France vous vous en tiriez comme vous pouviez. Ordinairement mal. Vous ne m'avez pas dit, pour ne pas me faire de la peine, ou pour ne pas rencontrer de la contradiction. Vous vous êtes bien embourbé tout exprès pour ne pas pouvoir convenablement en sortir. Et de toute cette cascade de petites fautes est ressorti pour moi un des plus vifs chagrins que je puisse éprouver. C'est la vérité ce que je viens de vous dire là. Vous n'êtes pas assez vrai. Et bien encore. Voilà qu'au bout de 5 mois seulement vous désignez à M. Génie. lui même ce que vous voulez qu'on vous envoie ! Vous savez donc qui c’est chez lui que cela se trouve et vous m'avez toujours soutenue que c'était chez P. Pourquoi donc avoir attendu si longtemps à signifier votre volonté. Pourquoi tant d'occasions manquées ! Ah que je suis contrariée et inquiète. Tous les genres de soucis & de peines. Je n’ai vu fuir que Lady Allen, & Montebello. Ainsi rien. Je vais ce matin en ville pour affaires. Peut-être verrai-je quelqu’un dans ce cas j’aurai quelque chose à vous dire ! Je lis dans le Morning Chronicle ce matin une lettre particulière de St Aulaire à vous sur les mariages. Conversation avec Aberdeen en 1845, ou Aberdeen propose Aguila. Mon Dieu pourvu qu'on se borne aux mariages espagnols ! Adieu. Adieu, si tristement. Adieu.
Ketteringham Park, Mercredi 2 août 1848, François Guizot à Dorothée de Lieven
Midi
J’ai eu votre lettre à 10 heures en sortant de la prière. Je m'afflige, mais je [ne] me plains pas de sa tristesse. Ni Montaigne, ni Pascal, ni La Bruyère, ni personne n'a dit la moitié de ce qu’il y a à dire sur les contradictions et les incohérences dont notre cœur est plein. Les livres sont toujours, si au-dessous des personnes, et les paroles des réalités. J'en reviens à ce que je vous disais hier matin ; si nous nous étions toujours tout dit, si nous nous disions toujours tout, nous éviterions bien des chagrins, et nous supporterions bien mieux, ceux que nous n'éviterions pas. Voulez-vous que nous essayions une fois de nous dire tout ? Cela se peut-il ? J’ai fait mon voyage sans accident. Sauf un peu de pluie qui pénétrait dans les glaces mal jointes des voitures de seconde classe du railway. Car je me suis mis dans une voiture de seconde, classe très passable d'ailleurs. J’ai trouvé que plus d’une livre, pour cinq personnes était une économie à faire. M. Hallam et sa fille qui venaient par le même train se sont un peu étonnés. Mais c’est un étonnement qui ne me nuit pas. Je suis ici dans une bonne et grande maison de Country gentleman. Sir John est parfaitement content de deux choses, de sa maison et de me la montrer. Orgueilleux d'être anglais. Orgueilleux de descendre d’un Français. Des souvenirs de France étalés avec une complaisance affectueuse au milieu des conforts d'Angleterre. Et au bout de la pièce d’eau qui orne le parc, un pavillon portant mon nom. Whig, et whig plus vif que je ne croyais, il me pardonne tout puisque je lui fais le plaisir d'être son cousin. Mais il veut me réconcilier avec Lord Palmerston. Il m’en a dit hier tout le bien imaginable.
Vous avez raison ; l'Angleterre est heureuse. Tout lui tourne bien. Mais elle a droit d'être heureuse, car elle se conduit bien. Je ne connais pas de justice plus complète que celle de Dieu envers l’Angleterre à propos de l'Irlande en ce moment. L'Angleterre fait honnêtement sensément, courageusement depuis 30 ans, tout ce qu'elle peut pour soulager les maux de l'Irlande, les maux qu’elle lui a faits depuis 300 ans. Elle n'y réussit guères. L'Irlande reste pour elle, un fardeau énorme, une plaie hideuse. Et en même temps que l’ancien crime est puis le bon vouloir actuel est récompensé. L'Irlande ne vient pas à bout de devenir, pour l'Angleterre un danger. La bêtise irlandaise vient en aide à l'impuissance de la sagesse anglaise. Le volcan gronde toujours et n'éclate jamais. Il faudra un temps immense à l'Angleterre bien intentionnée pour guérir le mal et se guérir elle-même du mal de l'Irlande. Mais elle y réussira, si elle en a le temps, et j'espère que Dieu le lui donnera, car elle le mérite. Plus je regarde cette société-ci, plus je lui porte d'estime, et lui veux de bien. Il y a dans la maison., M. Hallam, son fils et sa fille, un dean d'Ely et sa femme. On attend demain l’évêque de Norwich, et je ne sais combien de Stanley. Nous étions déjà 21 ce matin à déjeuner. J’écris à lord Fritz-William pour décliner son invitation. J'attends impatiemment des nouvelles d'Italie. Il est clair qu'entre Autrichiens et Piémontais la mêlée est vive, et qu'aux dernières nouvelles il n’y avait point de vainqueur. Je ne connais rien de plus ridicule que cet immense bruit que font partout les Italiens, laissant d'ailleurs le Roi de Sardaigne à peu près seul aux prises avec l’Autriche. Et si le vieux gouvernement Autrichien avait eu la moitié de l’énergie de son vieux maréchal Radetzky, il aurait certainement réprimé un mouvement si superficiel quoique si général. Je doute beaucoup que Cavaignac ait inventé et suive, dans cette affaire italienne la bonne politique que vous faisiez si bien l'autre jour. Adieu. Adieu. La poste part d’ici à 3 heures, après le luncheon, on ira se promener. Il ne pleut pas. Le pays n’est pas joli. Mais au dessus de beaucoup de navets, il y a beaucoup d'arbres. C’est bien Wymondham. Adieu. Adieu. On n'a pas encore ici le Times de ce matin. Tenez moi bien au courant de votre santé. Adieu. G.
Mots-clés : Conditions matérielles de la correspondance, Discours du for intérieur, Finances (François), Politique (Angleterre), Politique (Autriche), Politique (France), Politique (Irlande), Politique (Italie), Portrait, Relation François-Dorothée (Dispute), Relation François-Dorothée (Politique), Voyage
[Paris], [1849], Pierre-Sylvain Dumon à François Guizot
Brompton, le 1er août 1848, François Guizot à Sarah Austin
Brompton, Mardi 1 août 1848, François Guizot à Dorothée de Lieven
7 heures
Je suis rentré hier triste. Ce matin, je pars triste. On ne prévoit jamais assez. On ne se dit jamais tout. Que de contrariétés, de vrais chagrins, nous nous serions épargnés l’un à l'autre depuis onze ans si nous nous étions toujours tout dit, sur le champ ! Et hier encore, que de choses j'aurais eu à vous dire que je ne vous ai pas dîtes ! Et probablement vous aussi. Je ne me résigne pas à cette imperfection de la vie, dans les affections les plus profondes et les plus sincères. Je ne me résigne pas davantage à votre chagrin. Il m’est bien venu par éclairs un sentiment doux à le voir, si vif. Mais ce plaisir égoïste s’évanouissait à l'instant devant votre peine. Votre peine seule me suivra. Et elle ne me quittera que quand nous nous serons rejoints. Encore une fois, pourquoi ne nous disons pas toujours tout ?
Je me suis levé de très bonne heure. J’avais une foule de petites choses à faire, de billets à écrire. M. Wright est arrivé, et ne m’a rien apporté que des choses insignifiantes. M. Génie. était à la campagne, au moment où il est parti. M. Pise n'avait pu le voir à temps. J’écris à Génie lui-même par André qui va passer en France le temps que je passerai en Ecosse, et je lui désigne à lui-même ce que je veux avoir ici, par la première occasion sure que je lui indiquerais. Vous n'êtes pas plus contrariée que moi de tous ces retards. Il est si difficile de régler de loin comme on veut de telles choses, quand on veut en même temps multiplier les précautions, et épuiser la prudence ! Adieu. Adieu. Je n’ai pas cœur à vous parler d’autre chose ce matin, quoique j'eusse beaucoup à vous dire sur les nouvelles d’hier que je trouve plus grosses plus j'y pense. Je ne crois pas que Paris se conduise aussi sensément et résolument que vous l’inventiez hier Adieu. Adieu. C'est de bien loin ! G.
Paris, août 1858, Ernest Legouvé à François Guizot
Richmond, Mardi 1er août 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
2 heures
Quelle triste nuit, quel triste réveil, quel triste jour ! Et cela sera comme cela tant que vous le voudrez. Vous savez cela. Voyons quand vous m’accorderez ma délivrance. Mon fils a renoncé à Paris. J’ai pensé que cela m’avançait et qu’il resterait ici plus longtemps pas du tout, il part à la fin de cette semaine pour Bade, où il veut chasser pendant deux mois. Le temps est affreux aujourd'hui de bourrasques, de l'orage, le ciel noir comme mon humeur. Je ne vois rien de nouveau dans les journaux. La révolte Irlandaise finit ridiculement. C'est un pays bien heureux que l'Angleterre ! Je voudrais avoir autre chose à vous envoyer aujourd’hui que ma tristesse. J’aurai peut-être mieux demain mais soyez sûr que la tristesse y sera toujours. Adieu. Je connais un peu le Norfolk pays de navets, il n'y a que cela en fait de pittoresque. J'écris la ville de province comme vous me l'avez indiqué mais je crois moi que c'est Wymondham.
Brompton, le 30 juillet 1848, François Guizot à Sarah Austin
Paris, ce 29 juillet 1848, Amélie Lenormant à François Guizot
Kensington Palace, the 29th July 1848, John Croker à François Guizot
Paris, Le 28 juillet 1848, Jean-Jacques Ampère à François Guizot
Paris, ce 22 juillet 1848, Amélie Lenormant à François Guizot
Mots-clés : Amis et relations, Chateaubriand, François-René de (1768-1848), Conditions matérielles de la correspondance, Décès, Enfants (Guizot), Exil, Femme (de lettres), Femme (mariage), France (1848 (Révolution de février)), France (1848-1852, 2e République), Livre, Politique (France), Publication, Réseau social et politique, Vie domestique (Guizot)
Claremont, le 19 juillet 1848, Louis-Philippe à François Guizot
Paris, ce 13 juillet 1848, Amélie Lenormant à François Guizot
Mots-clés : Amis et relations, Chateaubriand, François-René de (1768-1848), Conditions matérielles de la correspondance, Décès, Enfants (Guizot), Exil, Femme (de lettres), France (1848 (Révolution de février)), France (1848-1852, 2e République), Mémoires (Ouvrage), Portrait (Guizot), Publication, Réception (Guizot), Vie domestique (Guizot)
Clarendon hôtel, le 11 juillet 1848, le Duc de Noailles à François Guizot
Paris, ce 7 juillet 1848, Amélie Lenormant à François Guizot
Paris, ce 3 juillet 1848, Amélie Lenormant à François Guizot
Brompton, le 1er juillet 1848, François Guizot à Louis Vitet
Brompton, Samedi 1er juillet 1848, François Guizot à Sarah Austin
Paris, ce 28 juin 1848, Amélie Lenormant à François Guizot
Paris, ce 26 juin 1848, Amélie Lenormant à François Guizot
Brompton, Dimanche 25 juin 1848, François Guizot à Sarah Austin
Mots-clés : Exil, Femme (de lettres), France (1848-1852, 2e République), Publication, Traduction
Paris, le 21 juin 1848, Ludovic Vitet à François Guizot
Paris, ce 21 juin 1848, Amélie Lenormant à François Guizot
West Molesey, the 20th June 1848, John Croker à François Guizot
Brompton, Mardi 20 juin 1848, François Guizot à Sarah Austin
Mots-clés : Exil, Femme (de lettres), France (1848-1852, 2e République), Traduction