Guizot épistolier

François Guizot épistolier :
Les correspondances académiques, politiques et diplomatiques d’un acteur du XIXe siècle


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Auteurs : Lenormant, Charles (1802-1859)

Collection : Aucune collection
Auteurs : Metternich, prince de (1773-1859)
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Auteurs : Mallac, Eloi (1809-1876)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Je ne puis attendre jusqu'à une heure pour savoir de vos nouvelles. J'écris un mot à Mlle Lacy pour lui en demander. Dites-lui je vous prie, de me donner quelques détails. Quel malheur de demeurer si loin ! Je me suis réveillé dix fois, en pensant à vous. Adieu. Adieu. si je pouvais apprendre que vous avez un peu dormi ! Adieu. Adieu

Lundi 5 mars-1849

Mots-clés :

Auteurs : Dumon, Pierre-Sylvain (1797-1870)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Grouchy, Augusta Virginie née Senée de (1812-1889)

Auteurs : Louis-Philippe 1er (1773-1850)

Auteurs : Mirbel, Lizinska Aimée Zoé de (1796-1849)

Auteurs : Grouchy, Augusta Virginie née Senée de (1812-1889)

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Auteurs : Sauzet, Paul (1800-1876)

Auteurs : Austin, Sarah (1793-1867)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)

Auteurs : Mirbel, Lizinska Aimée Zoé de (1796-1849)

Auteurs : Lenormant, Charles (1802-1859)

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893)

Auteurs : Fleischmann, Wilhelm August de (1787-1875)

Auteurs : Carné, Louis de (1804-1876)

Auteurs : Croker, John-Wilson (1780-1857)

Auteurs : Veuillot, Louis (1813-1883)

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893)

Auteurs : Mecklembourg-Schwerin, Hélène Louise Élisabeth de (1814-1858)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton. Vendredi 16 fév. 1849
Midi

Demain sera charmant. Et je serai charmé que vous me fassiez honte de mes mauvaises pensées. J’ai tort de dire mes. Je ne devrais dire que ma. J’en ai bien rarement. Votre lettre de demain matin me dira si vous voulez que j'aille dîner avec vous. La dernière tentative pour ajourner la fin de l'Assemblée à échouer. Les élections auront très probablement lieu, le 22 avril. Cela met mon retour en France aux premiers jours de mai. Je n’ai point de nouvelles ce matin. Duchâtel, qui sort de chez moi, m’a apporté les siennes. Tout à fait d'accord avec les miennes. Seulement il ne croit pas qu'au fond Molé sait bien en ce qui touche notre élection. Il se croit sûr que Molé, sous main, travaille activement contre lui à Bordeaux. Je lui ai montré ce que j’ai écrit au duc de Broglie. Il approuve complètement et écrira dans le même sens. Thiers a fait sa paix avec le Président. Il a vu que les affaires du Président allaient mieux, et il s'est rapproché de lui. C’est Morny qui l’écrit à Flahault. Flahault toujours très bien, très gentleman et tenant un très bon langage. Dites, je vous prie, au Prince de Metternich que je regrette, et que je regretterai beaucoup mes visites à Brighton. Nous avons à peine commencé à causer, et nous avons ce me semble, de quoi causer des années. J'espère que nous nous reverrons à Londres. Je me désespère même pas de Paris. Faites-moi aussi la grâce de demander pour moi, à la Princesse de Metternich, une petite place dans ses souvenirs de Brighton. Et notre bonne Marion ? Est-ce quelle ne m’écrira pas quelques fois pour son compte ? Est-ce qu’elle ne viendra pas vous voir ? Il y a bien peu de personnes qui gagnent plus on les voit. C'est le sort de Marion. Je la charge de mes amitiés pour ses sœurs. Adieu. Adieu. Il fait plus froid ce matin. Prenez bien vos précautions demain. Adieu. Adieu. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton vendredi 16 fév. 1849 4 heures J'ai bien le projet d'aller à Londres demain, mais je ne sais pas l'hiver et je ne serai pas en état de dîner avec vous. Par conséquent ne venez qu’après le dîner. Je suis beaucoup plus souffrante que vous n'avez l'air de le croire, et je ressemble beaucoup à Versailles cependant je veux partir. Je vous attendrai un peu avant.
8 heures Vos anecdotes de Paris. sont divertissantes. 8 h. du soir. Je persiste. Et je partirai demain. Je vois que le Constitutionnel est nul pour l'Autriche. Voilà le donc la République à Rome. C'est dégoutant. Plus contente de Bugeaud. Quel Bavard ! Adieu. Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton, jeudi 15 février 1849

J’aime bien votre écriture. Et ce temps doux qui doit vous être bon même ne sortant pas. Soyez sure que ce sont vos promenades par le froid, qui vous ont donné ce redoublement. Que je serai content samedi, car j'y compte et sans rhume. Voulez-vous que je vienne dîner samedi, avec vous ? Ne manquez pas de me dire à quelle heure, vous arriverez. J’attends le vote définitif sur la proposition Lanjuinais. Mais je ne crois au succès d’aucun des amendements tentés pour ajourner les élections. J’ai eu hier une nouvelle lettre de Génie contenant de nouveaux détails sur ce qui me touche. Toujours la même chose. Et Molé se faisant valoir à Dumon de sa bonne conduite, déplorant les passions du centre gauche : " La révolution de Février ne leur a rien appris ; ils sont toujours personnels, jaloux, envieux, mêlés à toute sorte d’intrigues ! " M. Marrast sera renommé président pour le mois prochain, malgré ses mésaventures à l'opéra. Dimanche dernier quand il est entré dans sa loge, les chuts, les Ah ! Ah ! ont été si vifs et si soutenus qu’il n’y a pas eu moyen de rester. Au moment où il sortait, le sifflet de la coulisse a donné le signal de la rentrée en scène. Le public a aussitôt appliqué ce sifflet à Marrast, applaudissant et criant bravo. C’est la troisième fois qu’il est forcé de renoncer à sa soirée d'Opéra. Les républicains sont les seuls qui ne s'amusent pas. Mad. Lenormant m'écrit matin : " Paris est tout en danse. C’est une frénésie. On a hâte de mettre à profit la sorte de trêve dont nous jouissons. Le faubourg St Germain n'est pas le moins pressé de se divertir. La Duchesse de Laynes donne de très beaux bals. Au dernier, on a agité la question de savoir si le faubourg St G. irait au bal du Président (il en donne un vendredi). Après des discours éloquents de ces dames, on a décidé qu’on devait son concours au Président ; concours de sa personne ; c'est pourquoi les hommes prennent toujours les armes au premier coup du rappel ; mais qu’il n’y avait pas urgence à prêter un concours moral, et qu’on s'abstiendrait. Ainsi le concours moral, c'est le concours dansant. " Je vous envoie mes balivernes.
Avez-vous vu celle-ci dans vos journaux ? Au spectacle, je ne sais lequel, on chantait un couplet contre la République. Un coup de sifflet se fait entendre. Un homme se lève de sa place et dit très haut : " Est-ce qu’il y aurait ici un républicain ? " Le siffleur s’est tu. Le public a applaudi. Voilà les consolations de la France. Adieu. Adieu. Vous auriez bien dû me dire si vous aviez dormi. Vous ne savez pas ce qu’il faut dire. Je vous écrirai encore demain. Vous ne partirez certainement pas, samedi avant 11 heures. Probablement à 1 heure, adieu. Adieu. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton jeudi le 15 fév. 1849
3 heures

Ah qu'il y a une mauvaise parole, une mauvaise et injuste pensée dans votre lettre d’hier. En deux mot de conversation je vous ferais honte, je n'ai pas assez de mes yeux pour vous écrire cela. J'approuve complétement ce que vous avez écrit au duc de Broglie. Voilà les amis français ! Je n'ose pas dire que je suis mieux aujourd’hui, ce serait probablement un mensonge se soir. Quoiqu’il en soit à moins de catastrophe j'ai bien le projet d'aller à Londres samedi. Ecrivez moi encore demain. Je suis très contente du Président. Sa visite à la bourse me plait. Il a de bonnes inspirations. Metternich est en pleine sécurité sur Bruxelles. Cette médiation n’ira pas. Je crois qu’on le tient. fort au courant.
8h. du soir. Metternich dit que la fuite du duc de Modène est en Humberg. Les Autrichiens occupent Modène. Il est très noir sur l'Allemagne. Evidemment Vienne et Berlin ne s'entendent pas. Schwarzenberg le dit dans sa proclamation. Cela finira par une guerre civile. C’est l'impression de M. de Metternich. Mme de Rothschild arrive ici demain. Elle sera très intéressante à entendre. Si elle ne vient que tard demain soir. Je ne la verrai pas, ce que je regretterai. Adieu. Adieu

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton le 14 février. 1849
Midi.

J'ai été bien triste hier, car vous l'aurez été ce matin en recevant la lettre de Marion. Une rechute avec redoublement des accès terribles, pas moyen de tracer un mot. Le médecin ce matin décide que je reste encore ici deux jours. Je ne partirai que Samedi. Votre lettre hier est bien longue et intéressante. Quoiqu'on fasse contre vous, vous n'y perdez pas. Je m’étonne de la sottise. Votre tranquillité fait un excellent contraste. Laissez user tous ces gens-là et tous ces évènements. Je crois tout-à-fait à l’Empire. Je n’y vois pas de mal, pourvu que cela ressemble à du despotisme. Hier le Times au jourd’hui le Chronicle sont des articles excellents sur Palmerston. Bulwer dit qu’il ira en Amérique pour [?]. C’est trop tôt montrer la comédie. Je n’ai pas de lettres.
8h. L'enveloppe était faite, et je n’ai pas pu reprendre ma lettre. Marion continue ce soir. Elle prétend que je vois mieux qu’hier à cette heure-ci. Moi, je n’en suis pas sûre. Adieu. Adieu.

Auteurs : Mirbel, Lizinska Aimée Zoé de (1796-1849)

Auteurs : Merle d'Aubigné, Jean-Henri (1794-1872)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton. Mercredi 14 février 1849

J’étais sûr que vos promenades par ce froid ne vous valaient rien. Il n’y a qu’une manière de se débarrasser d'un rhume, c’est de rester dans la même atmosphère, et dans une atmosphère douce. J'espère avoir de meilleures nouvelles demain. J'en veux bien à votre toux de vous avoir empêchée de m’écrire vous-même. Je doute que ce soit à votre toux que je doive m'en prendre. Mais je n’y veux pas regarder de plus près. Guérissez-vous de la toux ; elle vous fait mal et vous conseille mal. Au fait ne soyez pas souffrante ; il n’y a que cela qui me préoccupe. Je répète que j’aime mieux que vous ne veniez pas demain. Il vaut mieux ne pas voyager par ce froid. J’ai vu hier le général Dumas. Rien de plus que ce que je vous ai mandé hier, mais bien ce que je vous ai mandé. Très timidement, très indirectement. J’ai très nettement, été toute espérance que je laissasse faire, de moi, un bouc émissaire. Voilà la phrase dans laquelle se résume ma lettre au duc de Broglie : " Je ne demande rien à personne. Rien à mes anciens amis. Rien à plus forte raison, à mes anciens adversaires. Je ne recherche point la réparation qui m’est due. Mais lorsqu'elle vient spontanément à moi, j'ai droit d'attendre qu'on ne se mette pas en travers pour l'empêcher de m’arriver. Et je ne le souffrirai pas. " Ma conversation avec Dumas a été le commentaire de cette phrase. La Reine est dans le même état. Abattu, ne voulant, ni manger, ni marcher, quoique ses médecins l'exigent. Le duc d’Aumale vient de louer, un pied à terre à Londres, entre Charing-cross et la rivière. Il y passe ses journées à arranger une petite bibliothèque. Les nouvelles du général Changarnier excellentes. L'espoir est là. Je viens de voir Montebello. Il part demain pour aller passer quinze jours à Paris, voir sa mère, et aviser un peu à ses affaires électorales dans le dép. du Gers en celui de la Marne. Il y tient et il a quitté la France depuis si longtemps qu'on l'y connaît peu. Il a besoin d’exhorter ses amis. Je l'ai mis bien au courant de la situation. Il est absolument de mon avis. Son attitude et son langage seront très bons. Il regrette fort de n'avoir pas le temps d'aller vous voir. Barante est spirituel, sensé, ingénieux et judicieux, un peu terne, et pas très frappant. ni pour les hommes de beaucoup d’esprit ni pour le gros du public. De plus, un peu confus et incohérent ; les idées se suivent plus qu'elles ne se tiennent. Adieu. Adieu. Il me semble que je vous entends tousser. Cela me poursuit. Adieu. Je remercie la bonne Marion. Adieu. G.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton Mardi 13 février 1849
8 heures

Tout ce qui m’arrive directement ou indirectement, me confirme la longue lettre que je vous ai montrée il y a trois jours, et ce que nous nous sommes dit, tant sur la situation générale que sur ce qui m’est personnel. Evidemment le Président gagne, non seulement parce qu’il se conduit bien, mais parce que les partis qui veulent autre chose que lui s’aperçoivent qu'ils ne peuvent. rien, quant à présent du moins et se résignent à lui plutôt que de se rapprocher entre eux pour se passer de lui. Les légitimistes surtout lui témoignent faveur. Il lui savent gré d’avoir soutenu, non seulement son Cabinet, mais spécialement M. de Falloux dans son cabinet. Il l’a soutenu, non seulement contre les attaques du dehors, mais contre les dissentions et les attaques intérieures du cabinet même. Passy voulait qu'on renvoyât MM. de Falloux, et Léon Faucher, et qu’on prit à leur place Dufaure et Gustave de Beaumont. Je le reconnais bien là ; jeter tout de suite par dessus le bord ceux contre qui on crie, pour les remplacer par les voix les moins aigres parmi ceux qui crient. Le Président n'a voulu entendre, ni à la chute, ni au démembrement de son cabinet. Les partis ajournent entre ses mains, leurs espérances et leurs querelles. Aspire-t-il à l'Empire ? A-t-il aussi ses prétentions d'avenir qu’il ajourne aussi, ne pouvant mieux faire ? C’est la question obscure, même pour ceux qui l'approchent. Il est honnête et sournois. Il ne trahit ni ses ministres, ni ses projets. Les plus habiles croient qu’il a une ambition sans bruit, comme son entêtement. On parle plus d'Empire loin de lui, qu'autour de lui. De tous les meneurs Thiers est évidemment celui qui pense le plus mal du Président. Le plus mal, c’est-à-dire le plus légèrement, qui en tient le moins de compte, et croit le moins à son avenir de président ou d'Empereur. Thiers et les Régentistes font de plus en plus bande à part, mécontents de tout le monde et mécontentant tout le monde. Plus de couverts. et plus pressés que les autres ; par étourderie naturelle, par humeur de leur désappointement en Février dernier, et envie de le réparer parce qu'à tort ou à raison, ils se croient les plus forts. Mais comme ils ont tous les autres contre ceux, Légitimistes, Impérialistes, Républicains, ils agissent au fond, tout aussi peu, et montrent plus leurs desseins qu'ils ne les avancent. L’ajournement de toutes les espérances, de toutes les prétentions, plus ou moins cachées, mais toutes impuissantes, c’est là le fait caractéristique de la situation. Soyez sure que, pour tout le monde, il n’y a qu'ajournement, personne ne renonce à ce qu'il veut et n'accepte ce qui est comme une solution. Pour ce qui me touche, curieuse comédie, très mêlée et obscure en apparence, très claire au fond et en tout cas très active. De M. Thiers à ceux de mes amis qui le voient, mêmes protestations qu’il désire mon élection, qu'il l’appuiera, qu’il veut s’entendre avec moi sur toutes choses. De la part de ses amis et de ses alliés, travail très acharné, direct et détourné, contre mon élection. Voici les deux moyens les plus neufs. On dit aux conservateurs, un peu tièdes, ou un peu badauds " Pourquoi faire arriver M. Guizot, dès le début de l’assemblée prochaine ? M. Thiers va si bien ! Il s’engage si vivement dans la cause de l'ordre, avec les amis de l’ordre ! S’il se trouve tout de suite en face de M. Guizot, l'ancienne rivalité pour recommencer ; M. Thiers peut reculer vers les idées et les hommes de la révolution. M. Guizot viendra un peu plus tard. " On ne se contente pas de Paris ; on veut agir par Claremont ; on emploie le Roi pour m’engager à l’attente, à l'ajournement, à l'abdication. C'est de bien loin, bien timidement , mais la tentative a paru dans quelques paroles du Roi à Duchâtel qui y est allé, il y a trois jours. Le général Dumas qui arrive de Paris a apporté cette consigne. Il est venu me voir. Je n’y étais pas. Il reviendra. Mon langage est très simple et très net. Je ne demande rien à personne. Je reste ici, et j’y attends les élections. Mais si mon pays m’appelle, il me trouvera prêt. Je le dis d'avance, et je ne me laisserai éconduire par personne. Toutes les jalousies sont ridicules aujourd’hui. Toutes les coteries seront impuissantes. Je n'en formerai aucune pour moi ; mais je n'en accepterai aucune contre moi. J’ai écrit hier en ce sens au duc de Broglie une lettre que je vous montrerai. Et une aussi à Piscatory, plus propre à éventer les pièges et à les déjouer. Duchâtel a les mêmes renseignements. On l'englobe, nécessairement, dans le même travail ennemi. Il prend le même parti que moi. Il reste ici jusqu'après les élections, malgré l'ennui de chercher une nouvelle maison. Il n'a la sienne que jusqu'au 1er mars. Voici une petite lettre de Barante. Il m'a envoyé sa brochure avec un exemplaire pour vous que je vous apporterai jeudi. A quelle heure arriverez-vous ? Je ne puis dire combien ces deux dîners me déplaisent. J’aimerais presque mieux que nous ne vinssiez que samedi. Dialogue entre Thiers et sa femme. Elle parlait mal du Président, de sa cour, des personnes qui y vont, de l'air et des prétentions de la maison. Ma chère amie, pas de ces propos ; tout cela ne vaut rien ; il faut être plus respectueux. - Ah, par exemple si vous croyez que je me gênerai pour le président, vous n'y pensez pas. Vous ne vous gênez pas pour mieux que lui. Souvenez-vous que vous alliez chez le duc de Nemours, en cravate noire et en bottes. Je ne m'en souviens que trop. J’avais tort, grand tort. Ah, si ce bon temps là pouvait revenir, je n'irais plus jamais aux Tuileries, qu’en cravate blanche, peut-être même, en culotte courte. Pour ceci pourtant, je ne m’engage pas. " Le Maréchal Sébastiani est à peu près en enfance. Très courtisan du Président, chez qui il va à tort et à travers. Même au bal. On en est choqué. D’Haubersaert lui disait l'autre jour, la veille du bal : " M. le Maréchal ne pourriez- vous pas avoir demain, pour ne pas aller au bal, le rhume que vous auriez du prendre sur la place Louis XV, le jour où vous avez assisté à la lecture de la Constitution ? " Voilà un volume. Ce serait bien plus long si vous étiez là. Une heure Je crains que ce ne soit ce froid, qui ravive votre rhume. Vous avez la manie de vous promener par le froid. Adieu, Adieu. Je regrette votre séance avec M. de Metternich. Je disais un jour à M. de Talleyrand : " Le premier plaisir de ce monde, c’est la conversation. " Il me dit : " Non, c'est l’action. Nous ne disions vrai ni l'un ni l'autre. Il y a un autre plaisir qui vaut mieux que ces deux là. Adieu. Adieu. Adieu. G.

Auteurs : Ellice, Marion
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Brighton, ce 13 Fév.

8 h. La princesse est si fatiguée par la toux qu'elle me charge de vous écrire ce soir. Elle a un peu plus de rhume aujourd’hui Verity est venu ce matin et a été tout surpris de la trouver souffrante. Il lui a défendu de sortir et de jouir de ce beau jour de printemps. Les yeux ne vont pas plus mal, mais ils se ressentent du rhume. Enfin c'est un désagrément, un ennui et une grande fatigue, car la toux est incessante. La journée s'est passée tant bien que mal. M. de Flahaut est venu la voir et elle l’a trouvé très sensé. Elle a été charmée d'un article du Times ce matin. Tout-à-fait excellent. Puisque vous lui mandez que vous êtes pris jeudi et vendredi, cela l'ébranle dans son projet d’aller à Londres après-demain. Elle se décidera demain matin. Elle se couche dans ce moment. Je suis bien désolée de vous annoncer tant de mauvaises nouvelles, et je vous prie de mesurer mes regrets à mon dévouement sincère dont je vous renouvelle l'ordonnance. M. Ellice

Auteurs : Nassau Senior, William (1790-1864)

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton. Lundi 12 février 1849

Je vous ai écrit samedi. Ma lettre a été portée avant 4 heures Vous l'aurez eu lundi. Deux à la fois. C’est quelque bêtise de la poste de Brompton, concourant, avec l'ennui du dimanche. Vous ne me dites rien de votre rhume. J'en conclus qu’il s'en va. Rien hier à l'Athenoeum. Les journaux français n'étaient pas arrivés. Duchâtel n'est pas venu. Je suppose qu’il fait quelque visite de campagne. J’y passerai demain. Je suis accablé de journaux ce matin. Tranquilles et vides, comme Paris. C’est un des plus grands maux des secousses qu’on ne sait plus s'en passer. Je ne trouve que ce petit article de l'Assemblée nationale qui vous plaira un peu, et aussi à Lord Aberdeen. Vous avez raison de soutenir votre distinction des deux langues sur audace. J’en ferai autant, si on m'en parle. Très mauvaises nouvelles d'Italie ce matin, de Rome et de Florence. Progrès de l’anarchie, et apathie de la réaction. Les révolutionnaires plus sots et les modérés plus poltrons que jamais. Le remède ne viendra pas du dedans. Naples se suffira. Mazzini finira par enlever Gènes comme Livourne, Rome et Florence. Bientôt la banqueroute et le papier monnaie partout, à la suite de Mazzini. Il en parle tout haut et ses amis s’y préparent. On n'entend plus parler des Espagnols devant Gaëte. Cavaignac peut avoir dit à Rothschild ce qu’il a voulu. Vous verrez et que feront ses amis, Billault entre autres, dans la discussion du budget. Ils désorganiseront tout pour se rendre populaire et rendre le gouvernement impuissant. Je viens de voir un bon bourgeois qui arrive de Paris et qui dit qu’on s'y croit sauvé aujourd’hui, mais que demain on s’y croira perdu. Vrais enfants. C’est triste. Voici un ennui qui n’est pas politique, mais qui n'en vaut pas mieux. J'ai depuis dix ou douze jours deux invitations à dîner pour cette semaine, l’une jeudi chez les Collman, l'autre vendredi chez M. Hallam. Précisément quand vous arrivez. J'en ai refusé deux pour mercredi et un pour samedi. Je me puis manquer à ceux que j’ai acceptés. Je trouverai moyen de m'échapper à 9 heures. Mais cela me déplait beaucoup. Adieu. Adieu. Je viens d'écrire de longues lettres au duc de Broglie, à Piscarory; à Génie. Le jeune de Witt part ce soir. Adieu. Adieu. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton Lundi 12 février 1849
4 heures

C'est bien long. Voici deux jours & demi passés sans un mot de vous. J’attends la poste avec impatience Je suis toujours faible. On m’a fait prendre l’air Il fait l’été. Je n'en jouis pas. Je n’ai encore vu personne aujourd’hui et les journaux du matin. sont pauvres. Voici vos deux lettres. Je pensais bien que la poste était mon ennemi. Voici tous les journaux français. Rien. 8 h. du soir. Metternich m'a interrompue et il est resté jusqu'à l’heure de mon diner. Très spirituel, très sensé, inventif. Il vous aurait beaucoup plu et il n'était pas trop long. Je me suis reprise ce soir de mon rhume. Mes yeux. Enfin je suis en pauvre état. Adieu. Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton Dimanche 11 fév 1849

Dimanche est décidément un bien mauvais jour. Surtout quand je vous ai quittée le Samedi. Je n'ai vu personne, que des gens qui ne disent rien, et à qui on ne dit rien. J’irai ce matin à l'Athenoeum, et j'y trouverai Duchâtel. Mais nous n'aurons évidemment pas de nouvelles d’ici à quelque temps. Nous en attendons plus rien que la fin régulière de l'Assemblée dans deux ou trois mois. Deux ou trois mois sans rien, c’est difficile. Milner m'a envoyé hier un pamphlet qu’il vient de publier : the event of 1848, a letter to the marquess of Lansdowne. Lord Lansdowne a le vol des pamphlets. Celui-ci, est au fond Palmerstonien. C’est la politique de l’Europe, dans ses rapports avec l'Angleterre, Italien et anti Russe. Un billet très amical, auquel j'ai répondu par un billet assez franc. Je passerai aujourd’hui et demain à écrire des lettres.
Cornélis de Witt part demain soir pour Paris. Je veux vider tout ce que j'ai à dire à propos de la dernière lettre dont je vous ai laissé un feuillet que j'espère recevoir demain. Plus je pense à ce travail contre moi, plus je trouve cela misérable et au dessous de la situation. C’est décidément le plus grand mal de mon pays que la situation surpasse infiniment les hommes. Ils n'ont ni l’esprit, ni le cœur assez grand pour ce qu’il y a à faire. Les petites passions ne disparaissent jamais, mais elles tiennent bien moins de place dans un horizon plus haut. Adieu, Adieu, si vous étiez à Londres, ou moi à Brighton, nous causerions sans fin. Mais de loin aujourd’hui, je n'ai rien à vous dire. Je m'irrite d'attendre jusqu’à demain pour savoir comment va votre rhume. Il fait bien beau ce matin. Adieu. Adieu. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton Dimanche 11 février

J'ai été bien désappointée de ne pas recevoir un mot de vous ce matin. Pourquoi ne m'avez vous pas écrit ? Une lettre remise même tard me parvenait. Il n’en est pas de même ici. Il n’y a pas de poste partant le Samedi après 2 heures. Ma journée s’est passée solitaire. Pas même Mad. de Metternich qui dinait de bonne heure pour aller au spectacle français le Domino noir ! J’ai revu Aberdeen après sa visite chez Metternich. Redoublement d’espoir, comptant beaucoup sur la reine. J’ai vu Freddy Leveson. Il m’a parlé d’audace et d'esprit. Ellice en avait parlé aussi à Marion. Elle a donc montré ma lettre. Cela a fait une sorte d'évènement. J’ai dit que j’avais bien entendu ne pas dire une impertinence, je ne l'aurais pas adressée à la femme. J’ai soutenu la différence entre les deux langues au besoin vous le direz aussi. Et après tout je ne regrette pas l’expression, et je parie que lui n'en est pas blessé.
8h. du soir. Naturellement rien de nouveau. On parle beaucoup de la brillante réception chez le Président jeudi dernier, tout le faubourg St Germain, force diamants, l'ameublement du temps de l'Empire, et le Président les mains sur le dos. Les homards de la fête à Molé. Rothschild a été chez Cavaignac, qui l'a assuré qu'il donnerait son appui au gouvernement dans toutes les mesures de finance. Billault est du parti Cavaignac. Adieu. Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton- Samedi 10 fév. 1849
3 heures

Je ne trouve rien en arrivant que des journaux insignifiants et des invitations à dîner que je vais refuser. On me dit qu’il y a des gens qui disent que l'Assemblée constituante fera durer très longtemps la discussion de la loi électorale, et vivra encore ainsi quatre ou cinq mois. Je ne le crois pas. Je crois que si elle l'essayait, elle attirerait sur elle-même quelque violence. Elle me paraît résignée. Ce sera encore bien assez long. J’ai achevé Macaulay en route, et pensé à vous. Puis à Paris. Je suis presque aussi triste de l'avenir que du présent. Je cherche ce que je puis faire pour aider mon pays à se relever. Je suis bien plus préoccupé de son abaissement que de son malheur. Adieu. Adieu. Je ne veux que vous dire que je n’ai pas été écrasé par le railway. C’est bien ennuyeux de n'avoir rien de vous demain. J'en sais plus long que Raphaël. Adieu. Adieu. Adieu. G.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton. Mercredi 7 février 1849

Il n’y a que vos yeux et votre gorge qui puissent me faire perdre patience. Je veux espérer que vous serez mieux demain. Quelques précautions que vous preniez en vous promenant sur la route de Londres, ce temps chaud, humide, et venteux doit vous enrhumer. J’ai trouvé en arrivant beaucoup de lettres. Toutes animées, et sombres. On ne cédera pas, et en espère peu. Les victoires ne servent à rien. Il est vrai que les défaites ne tuent pas. Déplorable état ! Quel poids il faudra pour faire rentrer dans l’ordre tous ces déchainements intraitables ! Je vous apporterai ces lettres. En voici une en attendant pour vos menus plaisirs. Malgré ses succès personnels, mon hôtesse est noire aussi. Je vous apporterai une lettre du vieux Maréchal Soult. Très amicale. Je ne saurais vous dire quel effet de fatigue me font toutes ces lettres ! Tant de mal causé par tant de non sense ! Si peu d'espoir dans tant de mouvement ! Que serait-ce si j'étais au milieu ? Je suis dégoûté avant d'avoir touché. Je suis las avant d'avoir fait un pas. J’ai cent raisons, très bonnes, pour ne pas croire mon pays perdu. Et je n’entrevois pas comment il se sauvera. Nul remède n’est bon si le malade ne veut pas le prendre et le garder, s’il n’y avait point de remède, il faudrait bien essayer de la résignation. Mais il y a des [?] et de la vie dans le malade. Je m'endors de lassitude en y pensant. Endormi, je me fatigue en y rêvant. Il faut attendre encore. Un peu de jour se lèvera peut-être. Je vais faire des visites ce matin. J'en fais très peu. Je suis d’une impolitesse brutale. Je n’ai pas de voiture. Pourtant il y en a quelques unes que je ne puis supprimer. Lady Peel est venue hier chercher mes filles. Lady Monteagle, Mad. Van de Weyer &. Lady Alice est venue aussi hier. Montebello vient déjeuner avec moi ce matin. Il n’est pas du tout pressé de partir. Voilà votre lettre et les journaux. Si vous êtes mieux demain, tant mieux. Si vous n'êtes pas mieux, je n’en serai que plus content d'être avec vous. Les journaux de ce matin me conviennent assez. Les bons ont l’air de croire que la victoire de lundi vaut quelque chose, et que la Montagne ne parviendra pas à prendre le pouvoir avant les élections.
Adieu. Adieu. Je trouve la lettre d’Hélène charmante, et je suis vraiment touché de la vivacité de son langage sur moi. Vous l'en remercierez un peu vivement n’est-ce pas ? Adieu. Adieu, à demain. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton 7 Fév. 1849 8h.

J'ai passé ma journée dans mon lit occupée à transpirer et à guérir. Ce qui m’a empêchée de vous écrire moi-même. Je désire bien que vous me trouviez en meilleure condition demain, mais je n'en réponds pas Comme je n’ai pu recevoir personne aujourd'hui je n'ai pas la moindre. nouvelle. La majorité à l'assemblée me déplait. J'aurais préféré une bonne crise. Je serai charmée de voir Lord Aberdeen vendredi. Adieu. Adieu.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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West Molesey Mardi 6 février 1849

Je ne puis partir d’ici qu'à 4 heures. Je ne sais si j’arriverai à Brompton assez tôt pour le poste. Je ne veux pas qu'une lettre vous manque. Après-demain, à 2 heures nous serons ensemble. J’ai reçu hier au moment où je partais un billet de Lord Aberdeen qui me dit : « Have you any thought of going to Brighton in the course of some days ? I should be very glad, if possible, to meet you there, whenever it may be. " Je lui réponds pour l'engager à être à Brighton vendredi 9, entre 2 et 4 heures. Nous aurons ainsi notre journée préalable. Cela vous convient-il ? Bonne conversation ici. Et utile pour l'avenir. Car je persiste à croire à un avenir. Je trouverai, en arrivant ce soir à Londres, des nouvelles de la journée d’hier à Paris. Le Morning Chronicle m'a fait dire qu’il m’enverrait à midi et demie les nouvelles de la veille, toutes les fois qu’elles auraient quelque importance. Adieu. Adieu. Dans tous les cas, je vous écrirai demain matin de Brompton. Je trouverai votre lettre aujourd'hui en y arrivant. Il n’y avait pas moyen de me la faire envoyer ici. Adieu, Adieu. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton Mardi 6 février 1849

Une nuit abominable. C'est un gros rhume, une grosse courbature, & je me sens extrêmement misérable aujourd’hui. Je ne resterai levée que quelques heures. Il faut que je tâche d'être présentable jeudi. Voici Hélène. Vous voyez comme elle est fanatique pour vous et comme elle regrette Paris ! Tout ce que vous mande M. Lenormant prouve que Paris est encore bien malade. 8h. du soir. Je vous remercie de votre petit mot de chez Croker. Cette pauvre reine ! La Princesse de Parme vient ici jeudi dîner, danser, et coucher chez le Duc de Devonshire. J'ai encore eu une lettre de Lady Palmerston disant qu'il faut chasser l'assemblée et que cela se fera. Mon rhume me rend si bête que je ne puis pas continuer même à dicter, d’ailleurs je n’ai rien à dire qu'adieu, et Adieu.

Auteurs : Lenormant, Amélie (1803-1893)

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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West Molesey Lundi 5 fév. 1849
9 heures et demie

Le Roi nous a retenus très longtemps à Claremont. J’ai tout juste le temps de tenir ma parole. Rien de nouveau dans la conversation. Il ne savait rien. La Reine n’est point bien quoiqu'un peu moins faible. J’ai causé avec le médecin. On a aperçu un commencement, d'infiltration d'eau dans les entrailles. On lui met depuis hier des vésicatoires. M. de Mussy est très inquiet. Le Roi ne veut pas l'être et je crois vous avoir déjà dit qu'on ne veut pas qu’il le soit. Les Princes à Londres, sauf le duc et la duchesse de Nemours qui se promenaient dans le parc. Je n’ai vu le Roi seul que deux minutes, Croker était là tout le temps. Adieu. Adieu. Paris est bien chaud. Je dis plus que jamais que deux mois pareils sont impossibles. Ou un autre Cabinet, ou l'expulsion de l’Assemblée. Adieu. Adieu. G.

Auteurs : Guizot, François (1787-1874)
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Brompton lundi 5 Février 1849

Vous me demandiez s'il y avait complot Lundi dernier à Paris. Voici ce que m'écrit mercredi M Lenormant. Ellice, arrivé hier, m'a apporté sa lettre : " Nos adversaires avaient la partie belle avant-hier. Au premier signal, les colonels des 4e, 5e, 6e, 7e et 11e légions de la garde nationale auraient fait marcher leur monde et l’auraient rangé autour de l'Assemblée. La garde mobile suivait le même mouvement. Les clubs descendaient dans la rue. On recommençait les barricades de Juin. Les quatre légions aristocrates auraient pris peur ; la 3e nous aurait d'abord abandonnés. Nous tombions infailliblement aux mains des rouges. Pour nous sauver, nous avons eu d'abord les admirables dispositions de Changarnier, et ensuite le refus des trois quarts des ouvriers de prendre part à un mouvement qui aurait eu pour résultat de renverser Napoléon. Maintenant la majorité hostile qui s’était constituée dans l'Assemblée nationale est intimidée ; et comme aujourd’hui, par le fait de l'étrange constitution qu'on nous a donnée, une crise ministérielle ne peut avoir lieu sans emporter le président, le cabinet a le point d’appui nécessaire pour achever de réduire la chambre... Nous avons deux hommes résolus M. de Falloux et le Général Changarnier. Léon Faucher, montre aussi de l'activité et de l’énergie. Barrot quoique beaucoup plus mou, semble préoccupé de la pensée de réparer ses fautes ; sa conduite est une expiation. " Et il ajoute dans une lettre d'avant hier samedi 3 : " Nous sommes sous le coup d'une nouvelle menace de trouble pour lundi. La proposition Rateau étant remise à lundi, et la loi sur les clubs venant aussi lundi ou mardi, on dit tout haut qu’on ne pendra les aristos que lundi. On ne dit plus les aristocrates. On crie : Mort aux aristos. Cependant ne nous croyez pas encore vaincus ; le président est très ferme et très uni à son ministère. La ville de Paris est une immense place de guerre, et Changarnier a pris ses positions très habilement. Une partie du corps d’armée des Alpes arrive à Orléans aujourd’hui. Si les malheureux essayent encore un mouvement, nous aurons l'avantage. J'ai peine à croire qu'ils engagent ce mouvement. La classe ouvrière ne se déclarerait pour eux que dans le cas où nous serions battus. " Que pensez-vous de ce tableau ? je ne vous envoie pas la lettre même. Elle est pleine de longs détails sur mes affaires personnelles, électorales et autres. Vous avez tout ce qu’il y a d’important. Je regrette de ne pas voir Ellice aujourd'hui. Je pars à midi, pour Claremont et Croker. Point de nouvelles hier à l’Athenaeum. J’y ai vu Duchâtel qui n’avait rien. Je ferme ma lettre pour qu’elle soit mise à la poste de 9 heures vous l'aurez le soir. Je vous écrirai de West Molesey. Adieu. Adieu. Adieu. G.

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton lundi 5 fév.

Voilà un peu de fièvre la gorge prise et les yeux repris. Je ne sais où j’ai pris tout cela. C'est bien ennuyeux. Vous avez un bien bon, caractère. Vous me pardonnez tout. (Je réponds à Béhier) Que va-t-il arriver à Paris ? le Ministère s'il veut continuer doit se livrer à une crise. Il faut chasser l’assemblée. Il n’y a pas deux jours de [?] entre eux et elle. Je suis curieuse de ce que vous me direz sur Claremont. Et la reine ? 8h du soir. Je ne suis pas plus brillante ce soir que je ne l’étais ce matin. Je n'ai vu que M de Metternich qui ne savait rien. Je crois à l'Empire tout de suite. Adieu. Adieu.

Auteurs : Louis-Philippe 1er (1773-1850)

Auteurs : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Brighton Dimanche Le 4 février 1849

Lady P. m'écrit une lettre triomphante. Greville une lettre longue. Aboutissant à dire qu’il n’y aura rien. Stanley devait faire trembler le gouvernement Pal. fait trembler ses collègues, personne ne le fera jamais trembler lui même. Enfin, un fiasco. J’ai lu Palmerston. Effronté, spirituel. Ce que vous dites des autres est bien vrai ; il ne vaut pas la peine de s'occuper de Londres.
8h. Je vous envoie Lady Palmerston et une nouvelle lettre d’Ellice. Il doit être à Londres dans ce moment Metternich est évidemment trés mécontent de ce qui s’est passé au parlement. Je ne sais pas de nouvelles. Quelle attrape pour Bulwer que l'Amérique. Au fond P. à raison. Mais cette pauvre Georgine ! Quel mari et quel poste ! Adieu et adieu.
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