Auteurs : Lesuire, Robert-Martin (1736-[1815])

Transcriptions
BAMBOCHINET
ou
chacun sa malice.
Vaudeville poissard en un acte.
Le théâtre représente le marché des Innocents[1], à droite est un cabaret à l’enseigne du Baptême de St Jean, à gauche une maison dans laquelle demeurent Mme Gigomard et sa fille.
SCÈNE 1
LABRELOQUE, CADET
Cadet
Jour de Dieu, quoi qu’vous m’appernez, là, pèr’Labreloque ? Comment, comment z’un méchant philistin comme c’Bambochinet a la chose d’vouloir r’pousser vot’fille Citronette, après avoir évu celui d’verser dans son cœur la tendresse à boisseau. Ah ! n’souffrez pas ça !
Labreloque
Sarpejeu, je n’sons pas de pâte à endurer z’un tel affront ; y n’sra pas dit qu’ma fille Citronette aura t’été l’joujou d’un enjôleur qui prend feu comme d’la paille et s’éteint comme un lumignon. Mais c’est qu’ça n’est pas tout, l’perfide, n’s'est pas limité à un abandon pur et simple.
Cadet
Est-ce qu’il a poussé plus loin l’outrage ? Allons, détaillez moi ça au plus jusse.
Labreloque
Vraiment oui !
AIR d’Arlequin afficheur
Ce volage enclin aux plaisirs
Est la terreur de l’innocence.
Pour satisfaire ses désirs
Aux belles il promet constance,
Mais à ses serments qui croirait ?
De beaux sentiments il trafique
Avec gente Brunette.
Oh mon Dieu ! mon Dieu ! Si on le laissait faire,
Notre fripon se marierait
Avec toute la république[2].
[1] Ce marché est ouvert en 1788 à la place du cimetière des Innocents.
[2] Peut-on y lire un indice de datation ? La première république est instaurée le 21 septembre 1792 consécutivement à l’abolition de la monarchie constitutionnelle et prend fin le 18 mai 1804.
Informations sur cette page
- Obitz-Lumbroso, Bénédicte (responsable scientifique)
- Walter, Richard (édition numérique)