Javotte

                      Et qu’ai-je besoin d’écouter
                      Quand d’vous je n’voulons rien entendre ?

Cadet

                      Vous refusez de m’écouter
                      Et vous brûlez d’entendre.
                               

Javotte

Eh ! bien oui, à c'te fin d’en être plus tôt débarrassée.

Cadet

V'là donc c’que j’ai à vous dégoiser.

Il chante.

                        Vivre loin de ses amours
                        Ce n’est pas mourir tous les jours.
                                     

Javotte

Si vous l’pernez sur c'te note-là, finissez-en tout d’suite. Car voyez-vous j’suis franche, vous avez d’l’attirail pour moi et je n’me sens aucun z’venez-ici à l’encontre d’vot’ mérite.

AIR de la romance de L’Arioste

                 L’amour dans le fond de mon cœur
                 Depuis longtemps a pris séance ;
                 Et sans connaître son bonheur
                 Je sens déjà trop sa puissance.
                 Mais de mon cher Bambochinet
                 Quand je voudrais fuir les approches,
                 Mon cœur en vain se défendrait
                 De ne pas aimer ses bamboches.
                                 

Cadet

Tranquillisez-vous, objet récalcitrant, je n’voulais que fignoler z’un moment. Je n’viens point ici pour ébranler vos sensations. J’suis trop au pas des circonstances pour ignorer z’à quel point ma présence peut troubler le calme d’un objet sensitif ; mais si j’esquive la lumière d’vos beaux yeux, laissez-moi du moins z’exhalter les lamentations  d’un cœur sentimental au sujet d’vos amours.

Javotte

Pourquoi pas.

Cadet d’un ton mystérieux.

Mam’z’ell’ Javotte… Motus… vous aimez un ingrat.

Javotte

Y aurait-t-y du vraisemblable ?

Cadet d’un ton hypocrite.

Allez, je n’veux pas t’en

• Obitz-Lumbroso, Bénédicte (responsable scientifique)
• Walter, Richard (édition numérique)