Citronnette

Ben reconnaissante en vérité ; mais je m’s'rais ben passée d’vot’ manège pour ça.

Labreloque

Faut pourtant s’résoudre à en agréer dès aujourd’hui la conjonction, car ça n’s’ra pas en vain qu’mon n’veu Cadet s’ra employé pour te ram’ner l’déserteur.

Cadet

J’crois morgué ben. Et pis d'ailleurs, n’est-ce pas un parti sortable ? Ah ! y n’vous convient pas, mam’zelle, d’vous insurectionner contre le vouloir paternel. Faut qu’ça soit : vot’père et moi l’ont niché là.

La Scie

qui pendant leur entretien était à se démener. Dans un coin du théâtre sans les avoir vus ni en avoir été aperçu arrive en gesticulant tomber au milieu d’eux, les regardant avec surprise.

Ah ! ah ! j’tomb’ de mon haut.

Citronnette

Ah ! l’imbécile ! À part en soupirant. Le v’là pourtant celui que j’décorais d’une perférence. C’n'est t’y pas un sort ! j’ons moins évu l’art de l’fisquer que l’cabartier. Queu guignon !

Cadet, à La Scie après l’avoir relevé.

Ah qu'il est solide sur pilotis l’bib'ron. Il aurait bien mieux fait de boire de l’eau.

La Scie regardant autour de lui
              et apercevant Citronnette.

De l’eau ! est-ce que tu me prends pour une incendie ? Tiens ! queu satisfaction, v’là ma p’tite Citronnette ! Faut conv’nir que l’vin n’m'a pas égaré aujourd'hui puisqu'il m'a conduit *Ill.* à propos aux alentours de ta personne. C’est z’une bonne fille en vérité que c't’enfant-là. Aussi a-t-elle pris sur mon cœur un terrible ascendant.

                     Le vin n’éteindra pas nos flammes
                     Il ranimera nos amours.
                     Ce jus divin unit les âmes.
                     Ah ! qu’il fait passer d’heureux jours.
                     Aimons, buvons toute la vie
                     Et proscrivons l’eau désormais.
                     On ne doit s’en servir jamais
                     Que pour éteindre un incendie.

Crois en ton z’amant qui te jure une fidélité inviolable.

Citronnette

Oui, que l’vin t’fait perdre avec la raison.

La Scie lui prenant la main.

P’chûr !

AIR

                          Belle, pour vous je sens là
                          Une ardeur qui me presse.
                          Oh mais j’en mourrons, oui dà
                          Si vous n’répondez à ma
                          Tendresse, tendresse, tendresse.

Il lui baise la main, Cadet et Labreloque le repoussent.

Cadet à La Scie.

• Obitz-Lumbroso, Bénédicte (responsable scientifique)
• Walter, Richard (édition numérique)