s'rait chaude au moins. Avec ça j’suis fifre dans la garde nationale. Si aussi ben j’l'usse été plus tôt, j’eusserions fait parler d’moi dans les journals.

AIR

                À la guerre certainement
                Quoique d’lâche on me traite
                On me verrait assez souvent
                Bon soldat… de retraite
                    Vraiment.
                Bon soldat… de retraite.
                       

Mais chut, voici Cadet.

SCÈNE 10

CADET, BAMBOCHINET

Cadet

T’as l'air tout Saturne l’ami, est-ce que t’aurais trouvé c’matin queuque difficulté dans la correspondance d’tes amours.

Bambochinet

C’est l'temps pluvieux !

Cadet

Fameux prétesque ! Allons cachoteux, on sait tout, tu peux me r’verser ta douleur.

Bambochinet à part.

Ouais, beau confident, nous voyons c’que c’est, allons pied à boule, nom d’une pipe. Haut. Comment, t’es au pas ?

Cadet

Eh oui, j’viens d’me trouver nez à nez avec la p’tit’Citronnette qui m'a conté ça. C’n'est pas étonnant, gnia longtemps que c’projet-là z’était à la rédaction ; fallait qui sortasse. Mais j’suis d’bon compte, j’en veux à c’te p’tite Javotte d’être si renarrée ; elle aurait dû t’avouer c’te manigance.   

Bambochinet

Faudrait z’un télégraphe pour t’entendre.

Cadet

J’parle pourtant assez clair. Comment, tu n’vois pas qu’toutes les fâcheries d’Javotte sont des manigances manigancées exprès ? Va, mon ami, t’es encore de l’an 3, si tu n’sens pas ça ; pour moi j’t'avertis qu’Javotte n’sra jamais ta future.

Bambochinet 

C’te gouaillerie-là commence à m’chicaner[1].

Cadet

T’as tort, mon fils, t’as tort : je n’veux pas m’amuser, rien n’est plus sûr. Mme Gigomard n’veut fiancer sa fille qu’à un aveugue.

Bambochinet

Allons tu ris, coco.

Cadet

• Obitz-Lumbroso, Bénédicte (responsable scientifique)
• Walter, Richard (édition numérique)