La correspondance inédite du géomètre Gaspard Monge (1746-1818)

La correspondance inédite du géomètre Gaspard Monge (1746-1818)


88. Monge au général Bonaparte

Auteurs : Monge, Gaspard

Transcription & Analyse

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Rome, le 8 floréal de l'an V
 
Au général Bonaparte,[1] commandant en chef de l'armée d'Italie
 
Citoyen général,
 
La Cispadane et la Lombardie vous sont incontestablement redevables du plus beau présent que puissent recevoir des nations, de leur liberté.[2] Mais je crois que la France vous sera aussi redevable de la sienne et à l'invincible armée d'Italie. Recevez-en mon remerciement individuel.
Vous m'avez renvoyé une lettre du ministre de la justice,[3] en date du 11 ventôse. Par cette lettre, écrite avant que l'on ait connaissance à Paris du traité de paix avec Rome[4], le ministre demandait pour l'Imprimerie nationale les poinçons de tous les caractères exotiques de celle de la Propagande. Cette demande, à laquelle il aurait été facile de satisfaire si vous étiez entré à Rome en vainqueur, devenait difficile à remplir depuis le traité de Tolentino.[5] Mais le Directoire nous a depuis adressé un mémoire du citoyen Dubois-Laverne, directeur de l'Imprimerie nationale[6] et qui se borne à demander pour chaque caractère une matrice frappée avec les poinçons de la Propagande. Dans cet état, la question n'éprouve plus aucune difficulté. Le ministre Cacault a trouvé auprès du secrétaire d'état[7] toutes les facilités pour cet objet. Je viens de la Propagande où j'avais vu donner tous les ordres nécessaires.[8] Le nombre des caractères s'élève en tout à 5 511. Chaque matrice coûtera environ 1 f 10s. de France et la dépense totale qu'entraînera cette opération sera à peu près de 8 266 f. de France.
    Je vous prie, citoyen général, d'autoriser le citoyen Cacault à la faire.
Pour vous éviter le travail d'une réponse, je rends compte de tout cela directement au ministre de la justice, en le priant d'en faire part au directeur de l'Imprimerie nationale.
                                               Monge.
 
 

[1] Napoléon BONAPARTE (1769-1821).

[2] Monge ici fait référence à la République transpadane qui correspond à l’ancien duché de Milan. Elle succède à l'Administration générale de la Lombardie mise en place par Bonaparte en août 1796 et à la république cispadane constituée des villes de Reggio, Bologne, Modène et Ferrare en décembre 1796. Voir les lettres n°40, 48, 53, 63, 65, 76 et 84.

[3] Philippe-Antoine MERLIN DE DOUAI (1754-1838).

[4] Traité de Tolentino du 1er Ventôse an V [19 février 1797] après la rupture de l’armistice de Bologne en septembre 1796.

[5] Voir la lettre n°86.

[6] Philippe Daniel DUBOY-LAVERNE (1755-1802), directeur de l’imprimerie nationale. Voir la lettre n°86, 109, 114, 133, 134

[7] Giuseppe Maria DORIA PAMPHILI (1751-1816).

[8] François CACAULT (1743-1805), ministre plénipotentiaire à Gênes envoyé en mission à Rome. Voir lettre n°86.

Relations entre les documents


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Notice créée par Marie Dupond Notice créée le 12/01/2018 Dernière modification le 05/02/2024